Émile Victor Simonard naît le 12 novembre 1875 à Paris (7e arr.) Il est le fils de Marie Céline Tisserandet et d’Émile Anatole Simonard, employé.
Employé lui aussi, il est en 1894, membre actif du Syndicat des employés du commerce, un des plus anciens mouvements professionnels français, fondé en 1887 et qui fut à l’origine de la constitution de la Cftc (Confédération française des travailleurs chrétiens) avant de participer à sa transformation en Cfdt (Confédération française démocratique du travail).
Devenu prêtre, Émile Simonard est nommé aumônier de l'institution de Saint-Nicolas, à Issy (Seine, act. Hauts-de-Seine) en juillet 1901. Un an plus tard, il est affecté, comme vicaire, à Saint-Jean-Baptiste de Belleville à Paris (19e arr.). Dans cette paroisse, il participe régulièrement aux rencontres de la section de Belleville de son ancien syndicat. Il les exhorte par exemple en 1904 à former un cercle d'études consacré aux questions économiques et professionnelles. Il célèbre la messe pour la fête de la Saint-Michel, patron du syndicat, le 25 septembre à l’église Saint-Eustache, dans le quartier des Halles. L’abbé Simonard est proche de Jules Zirnheld (1876-1940), dirigeant du syndicat et futur président de la Cftc.
Un syndicaliste, Louis Bosler, décrit ainsi l’abbé Simonard en octobre 1904 : il « nous a parlé véritablement en ancien, en militant, en prêtre convaincu des nécessités de son temps, partageant ses grandes aspirations en ce qu'elles ont de légitime et de conforme à la justice : Ayons dans l'idée syndicale une foi qui déborde, et attachons-nous à la culture professionnelle et au développement de la valeur humaine. »
Lors d’une réunion des prêtres s'occupant d'œuvres en février 1905, l'abbé Laudat, vicaire à Ivry, défend les inconvénients des associations professionnelles, tandis que l'abbé Simonard parle au contraire de leurs avantages.
Le 2e Congrès national des anciens élèves des frères et des écoles et institutions libres catholiques, tenu à Paris en octobre 1905, voit Simonard jouer un rôle conséquent, le compte-rendu mentionnant plus d’une dizaine de ses interventions, sur les programmes, la défense des syndicats professionnels catholiques, le système de retraite, les mutuelles, le recrutement des enseignants, l’édition du bulletin et même le choix de la ville où se tiendra le prochain Congrès.
Le congrès des sections du Syndicat du commerce, en avril 1906, est l’occasion pour l'abbé Simonard de formuler des conseils : « Le syndicat doit être pour vous un procédé et non un moyen Déployez, chers amis, pour faire aboutir vos légitimes revendications toute l'intelligence et toute la décision dont vous êtes capables ; que les sections soient comme les membres du corps syndical. Combien de services ne peuvent-elles pas rendre! Soyez des apôtres ; profitez des leçons de l'expérience, afin de toujours aller de l'avant avec audace et prudence ; soyez avant tout des hommes d'action, sachant mettre à profit le présent. L'heure n'est plus aux amusements frivoles ; ménagez votre temps, c'est l'étoffe dont la vie est faite, sachez l'employer efficacement et soyez certains que Dieu récompensera toujours vos laborieux efforts ». Il les encourage à « ne pas se désintéresser du grand courant social. »
L’inauguration du nouveau siège social syndical, 14bis, boulevard Poissonnière à Paris (9e arr.) est bénie en juin 1907 par l'abbé Simonard.
Devant le Congrès de la protection de la jeune fille, qui se tient à Dijon en juin 1910, Émile Simonard corrobore la description du baron de Montenach, député de Fribourg (Suisse), sur les « logis antisociaux, insalubres, immoraux qui, avec leurs escaliers de service et la promiscuité de leur sixième étage, sont un danger permanent pour tous, et pour les jeunes bonnes en particulier. »
Après son départ en 1911, pour devenir vicaire de Saint-Ambroise à Paris (11e arr.), il poursuit son œuvre d’aumônier syndical, contribuant à la relance de la section syndicale Saint-Ambroise ou faisant une allocution pour les futurs soldats. En 1912, il les exhorte ainsi : « Vous devez avoir, mes chers amis, la foi patriotique, parce que vous êtes soldats, et la foi syndicaliste. »
A suivre
commenter cet article …