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15 juillet 2021 4 15 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie d’Henri Vel-Durand

Henri Victor Louis Vel naît le 8 mai 1867 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Marie Christine Émilie Claudel et de son époux Maurice Samson Louis Vel, avocat qui vivent rue Saint-André des Arts. Il porte les trois prénoms qui étaient ceux d’un frère né en 1865 et mort âgé de trois semaines ; la famille reproduira cette homonymie avec ses deux sœurs cadettes, la première ne survivant également que quelques jours. La famille s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où Henri fréquente l’école communale. Ils vivent ensuite dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, dans le quartier du Parc, avant d’acquérir, en 1882, une villa qui restera sa résidence à Joinville-le-Pont, dans le quartier du Canal, à proximité de Saint-Maur. Elle porte d’ailleurs l’adresse d’une voie de cette dernière commune, la rue Saint-Honoré, qui prendra ensuite le nom de Maurice-Berteaux.

À l’instar de son père et de son oncle paternel Henry, préfet du Morbihan et du Nord puis conseiller d’État, il adoptera le nom de « Vel-Durand » qui était déjà celui de son grand-père Gaspard, fabricant de chocolat.

Le quotidien d’extrême-droite La Libre parole attaqua son père et son oncle du fait de leur origine juive. Ainsi, le journaliste antisémite Raphaël Viau menaça Louis Maurice Vel-Durand en mars 1896 parce qu’il avait osé critiquer Édouard Drumont, directeur du journal : « Nous engageons vivement ce vilain Youtre à être plus réservé à l'avenir dans son charabia judische. »

Devançant l’appel au service militaire, Henri Vel-Durand s’engage pour un an en novembre 1886 et est affecté au 15e régiment d’artillerie. Dans la réserve, il devient ensuite sous-lieutenant en février 1889, lieutenant en février 1898 puis capitaine en juin 1911.

Comme son père, Henri Vel-Durand fut d’abord clerc d’avoué puis devint avocat en 1889 et exerça à la Cour d’appel de Paris, où sa présence est attestée en 1896. Il devint, en janvier 1899, suppléant du juge de paix de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Conservant toujours son titre d’avocat à la cour d'appel de Paris, il prit en décembre 1901 la fonction de suppléant du juge de paix de Charenton (Seine, act. Val-de-Marne).

L’engagement dans la vie publique d’Henri Vel-Durand se manifeste dans différents domaines. Il préside en juillet 1887 la Société amicale et de prévoyance de la préfecture de police de Paris et en est toujours l’avocat conseil en février 1898.

Il est également membre de l’Union de la jeunesse républicaine, association d’éducation populaire créée, en 1882, sous le patronage de Victor Hugo. Il en est secrétaire en octobre 1896 ; le président est le député du Gard, Gaston Doumergue, futur président de la République. Dans le cadre de cette organisation, Vel-Durand donne des conférences, par exemple une en juin 1897 à Joinville sur la suppression des octrois, qui existaient à l’entrée de la plupart des villes, dont Joinville. En juin 1904, Henri Vel-Durand préside l’Union de la jeunesse républicaine et lance une souscription pour élever à Paris (15e arr.) une statue à Garibaldi. en 1926, il était toujours fidèle à l’association.

Même s’il n’a pas combattu encore, très sensible aux questions militaires, Vel-Durand est, en 1900, un des fondateurs de la 740e section de société des Vétérans, qui rassemble les anciens combattants de la guerre de 1870. Il en est le président, fonction qu’il exerce toujours en 1912. Il en reste membre en 1926, quand elle s’est élargie aux combattants de la première guerre mondiale.

Le mariage d’Henri Vel-Durand avec Antoinette Henriette Soudée est célébré à Paris (6e arr.) en avril 1899. Elle est la fille d’un architecte, inspecteur des travaux de la ville de Paris. Son oncle homonyme, alors conseiller d’État et commandeur de la Légion d’honneur, est témoin du mariage.

Quittant ses fonctions d’avocat et de suppléant du juge de paix, Henri Vel-Durand est nommé en octobre 1905, par décret du président de la République, greffier de la justice de paix de Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), nouvellement créée. Il verse une indemnité de cinquante-quatre mille francs au greffier de Saint-Maur qui couvrait précédemment l’ensemble du territoire. Son office est installé rue des Jardins. Il fut transféré dans la Grande-Rue après-guerre.

L’avocat Henri Vel-Durand s’implique très rapidement dans la vie politique de sa petite commune.

En mai 1896, alors qu’il est encore un inconnu pour beaucoup de ses concitoyens, et même les chroniqueurs de la presse locale, il figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par le comité radical-socialiste. Sans concurrents, la liste du maire est élue intégralement dès le premier tour et Vel-Durand devient conseiller municipal. Il joue rapidement un rôle significatif, étant élu en juin 1897 délégué sénatorial, puis en janvier, avril et décembre 1899. En décembre 1893, il avait été désigné comme représentant de la commune dans une des commissions d'études de la Ligue Paris banlieue, celle chargée de l’éclairage.

À suivre

L'entrée de la maison de Vel-Durand à Joinville

 

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25 juin 2021 5 25 /06 /juin /2021 00:01

Pierre Bureau naît le 2 février 1875 à Saint-Léger-la-Montagne (Haute-Vienne). Il est l’aîné des neuf enfants vivants de Jeanne Meyrat et Léonard Bureau, cultivateurs.

Du fait de l’importance numérique de sa famille, il n’est soumis qu’à une mobilisation d’un an au service militaire, qu’il effectue en 1896-1897 dans un escadron du train des équipages. À sa démobilisation, il s’installe rue des Barres à Paris (4e arr.). Il déménage à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue des Écoles, en 1900 et est alors contremaître. Il épouse, en mai 1901 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont Alice Marie Anne Noireau, fille d’un entrepreneur de menuiserie. Ils emménagent dans cette commune, au sein du quartier de Polangis, avenue Jamin.

Lors des élections municipales de mai 1908 à Joinville, un candidat nommé Bureau, très probablement Pierre, se présente sur la liste du comité socialiste évolutionniste. Elle a été constituée à l’initiative de quelques radicaux et socialistes dissidents, parmi lesquels Eugène Hainsselin, Théophile Leteuil et François Provin. La liste s’oppose à celle de la majorité sortante, menée par le maire Eugène Voisin, avec le soutien du comité radicale-socialiste, et à une autre, présentée par le parti socialiste SFIO. Les radicaux emportent 21 des 23 sièges à pourvoir, en laissant un aux évolutionnistes aux côtés d’un indépendant. Au second tour, Bureau remporte 439 voix pour 1 189 votants (36,9%) et n’est pas élu.

Sur le plan professionnel, Pierre Bureau constitue une entreprise de maçonnerie, basée dans le quartier de Polangis, avenue du Château (act. av. Foch). Un de ses frères, Jules, l’a rejoint. Leur entreprise va connaître des difficultés, qui amènent Pierre Bureau à se déclarer en faillite en août 1911. Il parvient à un concordat avec ses créanciers en janvier 1912, lui permettant de rembourser ses dettes sur sept ans.

Au cours de la première guerre mondiale, Pierre Bureau est mobilisé dans le 4e puis le 20e escadron du train. Il est détaché, en février 1917, dans une fumisterie industrielle à Ivry-sur-Seine, l’entreprise Leterne. Il est ensuite affecté en juillet de la même année au 4e régiment de cuirassiers puis en février 1918 au 6e régiment de dragons. Il est démobilisé en février 1919.

Après le conflit, Pierre Bureau reprend son activité de maçonnerie. Un autre de ses frères, Paul, le rejoint également. Il s’implique également dans la vie associative locale. Il fait ainsi partie de la commission de réorganisation et de propagande constituée pour la reconstitution de l’Union des commerçants et industriels de Joinville en juin 1923. L’union est présidée par Lucien Lavoipierre, couvreur et militant conservateur.

C’est très certainement Pierre Bureau qui est vice-président de l’Union sportive de Joinville (USJ) au moment de sa création en octobre 1919. Elle a pour président Stephen Durande, tapissier et futur maire de la commune. Il en est encore un des responsables en octobre 1925. Il est également, en 1924, vice-président de l’Union amicale de Joinville Champigny, structure présidée par le directeur des usines Pathé, Victor Dosse.

Enfin, Bureau est un des cofondateurs de l’Association syndicale libre des propriétaires riverains de la rivière de Polangis, toujours avec Dosse notamment.

Pierre Bureau meurt le 22 avril 1948 à Joinville. Il était âgé de 51 ans et père de quatre enfants.

Joinville, le Château de Polangis

 

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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 00:01

François Xavier Paul Eugène Boivin naît le 27 juin 1870 au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est le fils d’Hortense Anaïse Duval et de son mari Jean Baptiste Germer Boivin, instituteur.

Après avoir fait des études à l’école nationale des Arts et métiers, François Paul Boivin vit à Yerville, commune du pays de Caux dans son département d’origine. Il exerce la profession de dessinateur. Ayant obtenu son diplôme, il est dispensé partiellement de service militaire et n’est mobilisé que pour un an au lieu de deux entre novembre 1891 et septembre 1892, dans le 11e régiment d’artillerie. Il est nommé brigadier en mai 1892

Le mariage de François Paul Boivin, qui était revenu au Havre, avec Adèle Marguerite Guérin est célébré en octobre 1893 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils s’installent dans cette commune dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Il réalise un voyage professionnel en Allemagne en avril 1894.

À partir de 1903, il s’établit comme ingénieur et adhère à la Société des ingénieurs civils de France. Il crée, toujours à Joinville, son entreprise de miroiterie en 1911 à son domicile.

L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes cite en avril 1904 le nom de Boivin comme étant, avec Dalbavie, Raoult et Moulinet, un des quatre conseillers municipaux qui ont abandonné le maire sortant, Eugène Voisin, au profit des « adversaires de la République » et de la « coalition réactionnaire », qu’ils associent au nationalisme et au cléricalisme. Cependant, Boivin n’avait pas été élu en 1900 et il est peu probable qu’il ait obtenu un siège au cours d’une élection partielle ; il n’est pas candidat en 1904 et ne revendiquera pas une qualité d’ancien élu en 1919. Il s’agit probablement d’une confusion avec François Provin, effectivement conseiller municipal sortant et allié aux trois autres cités.

Il n’est pas douteux cependant que Boivin s’intéresse à la politique. Il participe à l’activité de la Ligue des Patriotes, un mouvement pionnier du nationalisme français ; il souscrit en février 1914 pour la réalisation d’un monument en mémoire de Paul Déroulède, fondateur du mouvement.

Rappelé au début de la première guerre mondiale en septembre 1914, il est renvoyé dans ses foyers en octobre, sans doute pour poursuivre l’activité de son entreprise. De nouveau rappelé en mai 1915, il est détaché à la Maison Varoult à Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est démobilisé en décembre 1918.

Lors des élections municipales de novembre 1919 à Joinville, Boivin rejoint la liste du bloc indépendant, menée par deux élus sortants, Jules Beauvais, qui avait conduite en 1912 la liste libérale, et Georges Bitterlin, membre de l’Action française (royaliste). La liste fait face à celle de la plupart des sortants, sauf le maire Ernest Mermet, qui ne se représente pas ; elle est conduite par Henri Vel-Durand, ancien radical, avec l’appui des radicaux-socialistes et la participation de certains socialistes indépendants. Enfin, le parti socialiste SFIO présente aussi une liste, avec Georges Laruelle à sa tête.

Le bloc indépendant arrive en troisième position avec 26,2% des votes, derrière la SFIO à 29,0% et l’union républicaine et sociale à 44,8%. Boivin recueille 440 voix sur 1 694 suffrages exprimés (26%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. Le bloc indépendant se retire après le premier tour, et la liste d’Henri Vel-Durand emporte tous les sièges. L’ancien maire, Mermet, meurt le soir du second tour.

En 1926, Boivin est membre du conseil d’administration du comité de Saint-Maur, Joinville et Créteil de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge).

Vers 1930, il transfère probablement la responsabilité de sa miroiterie à son gendre, Gabriel Bureau. L’activité a été transférée à Paris (12e arr.).

François Paul Boivin meurt le 2 novembre 1935 à Joinville. Il était âgé de 65 ans et père d’une fille.

Le pont de Joinville en 1916

 

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22 mai 2021 6 22 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie de Gabriel Bureau

Sous l’impulsion d’un ancien conseiller municipal de Joinville, Auguste Hautemulle, négociant en vins, Gabriel Bureau se présente lors des élections cantonales de la 2e circonscription du canton de Saint-Maur, qui comprend les communes de Bonneuil, Créteil, Joinville et une petite section de Saint-Maur-des-Fossés. Il se présente comme « républicain indépendant pour la paix, l’ordre, le travail » avec un programme axé sur la défense des anciens combattants. Il est étiqueté républicain national, groupement à droite sur l’échiquier politique français.

Sont également en lice le sortant, Louis Auguste Prieur, radical indépendant, le communiste André Parsal, un radical-socialiste, un autre radical indépendant et un socialiste indépendant. Au premier tour, Bureau arrive en tête à Joinville, avec 39% des suffrages exprimés. Cependant, il obtient des résultats beaucoup plus modestes dans les autres communes. Dans tout le canton, il recueille 1 072 voix soit 19,1% des 5 620 suffrages exprimés pour 5 685 votants sur 7 573 inscrits. Le communiste arrive en tête avec 36,4% devant le sortant qui a 30,5%.

Un représentant du parti social-national, Claude Noizat, appelle Bureau à « se désister, pour l’ordre, pour la liberté, pour tous ceux qui pensent français ». Il réclame un « Front national contre front commun », les radicaux-socialistes soutenant, au second tour, le candidat de gauche. Bureau maintient cependant sa candidature. Si son score est limité à 232 voix, soit 4,9% des 5 718 suffrages exprimés, sa présence suffit cependant à faire pencher la balance en faveur de Parsal, qui devance de 57 voix Prieur.

Le 18e congrès national des mutilés et anciens combattants tient sa dernière journée en juin 1935 à Joinville-le-Pont. Bureau y accueille le ministre des pensions, Henri Maupoil.

En novembre 1936, Gabriel Bureau est signataire, au nom de la société des mutilés et anciens combattants, d’un appel commun en faveur de la paix à l’occasion de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 avec André Blocher, responsable de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), proche des communistes et Robert Derivière, en charge de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants, militant socialiste SFIO. Il s’associe de nouveau à un appel lancé par le Comité local du Rassemblement universel pour la paix en juillet 1938, s’indignant des bombardements effectués sur les villes espagnoles. Les cosignataires sont le maire de Joinville, Léon Lesestre (droite), le délégué de la Confédération générale du travail, J. Carré et de nouveau Blocher.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Gabriel Bureau poursuit l’exploitation de son entreprise. Il est nommé en juin 1942 membre de la commission provisoire d'organisation pour la famille professionnelle du verre puis, en janvier 1944, membre du conseil d'administration du Syndicat unique des employeurs de la famille du verre qui couvre les départements de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne.

Cependant, à côté de ces fonctions officielles, Gabriel Bureau s’était engagé dans la résistant à l’occupation allemande. Il rejoint, en novembre 1940 le réseau Saint-Jacques, créé trois mois plus tôt par Maurice Duclos. Le réseau Saint-Jacques a été un des premiers réseaux de résistance de la France occupée. Missionné par le premier ministre anglais Winston Churchill, Duclos a orienté son activité vers le renseignement. Son réseau sera ensuite intégré au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), sous les ordres du capitaine Passy.

Après-guerre, Gabriel Bureau est président du groupement des anciens combattants de Joinville. Il a cédé la présidence de la Société des mutilés et anciens combattants à Georges Delsaux.

En matière professionnelle, Gabriel Bureau reste gérant de la miroiterie Bureau et Cie. Il la fusionne, en janvier 1954 avec une autre société et cède alors sa responsabilité de dirigeant.

Gabriel Bureau meurt le 18 juillet 1956 à Paris (11e arr.). Il était âgé de 61 ans et père de deux enfants. Décoré de la Croix de guerre, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis décembre 1916 puis officier dans cet ordre en mai 1934.

Fin

Insigne du réseau Saint-Jacques

 

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 00:01

Début de la biographie de Gabriel Bureau

Gabriel Alphonse Narcisse Bureau naît le 18 août 1895 à Saulnières (Eure-et-Loir). Il est le fils de Louise Charlotte Cécile Marchand et de son mari Prosper Émile Bureau, cultivateur. Il suit l’enseignement du pensionnat Jean-Baptiste-de-La-Salle à Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), rue Saint-Gervais.

À la fin de ses études, devenu métallurgiste, il est appelé pour son service militaire en décembre 1914. D’abord affecté au 4e régiment de zouaves, il postule pour devenir officier et est nommé aspirant en avril 1915. Promu sous-lieutenant en juillet 1915, il rejoint le 1er régiment de zouaves puis le 3e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs africains. Il est grièvement blessé en mai 1916, par un éclat d’obus qui l’atteint à l’épaule, au front et à la cage thoracique, tandis que sa main droite restera inutilisable. Il combattait alors à la tête de sa compagnie sur la cote 304, près de Verdun (Meuse) pour rétablir un réseau téléphonique.

Le comportement de Bureau lui vaut quatre citations, dont une à l’ordre de la brigade, une à l’ordre de la division et une à l’ordre de l’armée. Il est promu lieutenant en décembre 1918.

Ayant vécu antérieurement boulevard Magenta à Paris (10e arr.), Gabriel Bureau épouse Jeanne Marie Pauline Fanny Boivin en octobre 1918 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille d’un ingénieur et militant nationaliste, Frédéric Paul Boivin. Le couple s’installe dans une maison contigüe à celle des Boivin, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc.

Sur le plan professionnel, Gabriel Bureau devient représentant de commerce pour le bureau d’ingénieurs de son beau-père. Il exercera cette activité jusqu’au milieu des années 1920.

Dans sa ville, Gabriel Bureau prend l’initiative, avec Simon Lavogade, Émile Muckensturm et Étienne Pégon, de créer la Société des mutilés, réformés et veuves de guerre de Joinville en mars 1919. Il en est le président. L’association d’agrandira en regroupant en 1928 les anciens combattants titulaires de la carte et les victimes de guerre ; elle deviendra la Société des anciens combattants de Joinville.

L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes publie, en novembre un article consacré au discours prononcé le 1er novembre 1925 devant le monument au morts par Bureau. L’article était intitulé « Une menace fasciste à Joinville » et le journal assure que « la réplique courte mais cinglante du représentant du ministre ne laisse aucun doute » sur le fait que l’allocution était « un appel au fascisme. »

En 1930, Gabriel Bureau est devenu un industriel, patron d’une miroiterie installée avenue Ledru-Rollin, à Paris (12e arr.). Il participe en décembre de cette année à la constitution d’un syndicat d’initiative à Joinville, dont le restaurateur Robert Maxe, premier adjoint au maire, est président et dont il est le vice-président. Il prend en charge l’organisation des fêtes. En juin 1932, le syndicat d’initiative fusionne avec l’Union des industriels de Joinville.

Au sein de la Fédération des associations de mutilés, victimes de guerre et anciens combattants, Bureau présente, en association avec le maire de Joinville, Léon Lesestre, qui en est vice-président, un rapport sur le chômage présenté au congrès de 1933. Il conseille, en avril 1935, Louis Caillon, exploitant de la ferme de la Faisanderie dans le Bois de Vincennes, qui est expulsé de son établissement que la ville de Paris veut reprendre ; anciennement sur le territoire de Joinville-le-Pont, la ferme a été annexée en 1929 avec l’ensemble du Bois. Bureau met en relation Louis Caillon avec Henri Dorgères, président du Front paysan, qui avait fondé les Chemises vertes, groupe à l’idéologie proche du fascisme italien.

À suivre

Le monument aux morts de Joinville-le-Pont

 

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18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 00:01

Désiré Urbain Bagnol naît le 14 février 1885 à Mazan (Vaucluse) Il est le fils d’Anne Joséphine Milhe-Poutingon et de son mari Julien Nicolas Bagnol, épicier.

Le père étant devenu garnisseur, employé du chemin de fer Paris-Lyon-Marseille, la famille vit dans le département du Rhône, probablement à Saint-Genis-Laval. Désiré Bagnol anticipe à 18 ans son service militaire en tant qu’engagé volontaire pour trois ans au 95e régiment d’infanterie entre 1903 et 1906. À la sortie de l’armée, il épouse en septembre 1906 à Oullins, Éléonore Sauvan, originaire d’Arles. Il est alors commis d’économat, probablement à l’hospice Saint-Pothin (act. hôpital de l'Antiquaille Lyon).

Pendant la première guerre mondiale, Bagnol est d’abord mobilisé en août 1914 au 159e régiment d’infanterie puis affecté, en septembre, à la 18e section d’infirmiers. Il est affecté, en 1916, à l’hôpital militaire d’Alix dans le Beaujolais (Rhône).

Après le conflit, son épouse décède alors qu’il est toujours mobilisé à l’hôpital d’Alix en février 1919, lui laissant une fille âgée d’un an. Il est démobilisé le mois suivant et s’installe à La Mulatière, dans la banlieue lyonnaise puis en Arles (Bouches-du-Rhône). Il s’y remarie en février 1921 avec Marie Magdeleine Bouisson.

On retrouve Désiré Bagnol en région parisienne quand il acquiert, en mai 1937 des parts de la Société d'exploitation du Joinville-Palace, un des cinémas de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), située rue du Pont (act. rue Jean-Mermoz). Il devient le directeur de l’établissement et s’installe rue de Créteil (act. avenue du Maréchal-Leclerc).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Bagnol organise dans son établissement une soirée en faveur du Secours national entraide d’hiver du maréchal, organisme caritatif se revendiquant du chef de l’État, le maréchal Pétain. Elle est animée par Mme Dumas et groupe lyrique de Joinville.

Un arrêté du 20 février 1942 nomme Désiré Bagnol, toujours directeur de cinéma, en tant que conseiller municipal de Joinville-le-Pont. Le maire est resté Léon Lesestre, qui avait été élu en mai 1935 et a été maintenu à son poste par les autorités de collaboration avec les occupants allemands. En août 1944, le comité local de libération occupe la mairie et prend la place des membres nommés du conseil municipal ; le maire et les adjoints sont arrêtés.

Après la guerre, Désiré Bagnol quitte la ville pour la Côte d’Azur. Sa présence est mentionnée à Nice (Alpes-Maritimes) en octobre 1957. Il y meurt le 10 mai 1959, âgé de 74 ans. Il était père d’une fille.

La rue du Pont à Joinville

 

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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 00:01

Victorin Léon Soyez naît le 11 novembre 1870 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Victorine Julie Robberechts et de son mari Louis Antoine Soyez, mécanicien. La famille séjourne rue Amelot mais réside à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Comme la quasi-totalité des habitants du village, elle s’est réfugiée dans la capital pendant le siège de Paris par les troupes allemandes entre le 4 septembre 1870 et le 18 mars 1871.

Après la fin du conflit, la famille retourne à Joinville, où elle réside rue des réservoirs puis rue du Canal (act. rue Henri–Barbusse). Sa mère décède quand Victorin a 7 ans ; son père se remarie en 1878 et emménage dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés. Cependant, sa belle-mère décède quand il a 14 ans, six mois après son frère cadet. La disparition de son père, en février 1888 le laisse orphelin à 17 ans avec deux jeunes frères. Son grand-père paternel devient son tuteur.

À partir de septembre 1891, il effectue un service militaire raccourci à un an en tant qu’aîné d’orphelins.

Comme son père, Victorin Soyez devient fabricant d’objets en plumes. Il transforme l’atelier familial de la rue du Pont-de-Créteil, à Saint-Maur, en une société en 1892, qu’il exploite avec son frère Émile sous le nom de Soyez frères. Avec l’entreprise Bardin à Joinville, où travaillait son père jusqu’à la mort du fondateur, la plumasserie est une industrie importante sur les bords de Marne.

Marie Eugénie Platier devient l’épouse de Victorin Soyez en mai 1893 à Paris (17e arr.). Ils s’installent avenue de Marinville, à Saint-Maur.

Toujours à l’instar de son père, qui avait été élu conseiller municipal de Joinville-le-Pont en 1878, Victorin Soyez va s’impliquer dans la vie civique au sein de sa commune de résidence, Saint-Maur. À l’occasion d’une élection municipale partielle, il est élu conseiller municipal en décembre 1895 dans la deuxième section de la commune de Saint-Maur-des-Fossés. Au premier tour, il était arrivé en tête avec 212 voix contre 141 à un radical-socialiste et 109 à un socialiste-révolutionnaire. Faute d’accord entre ces deux derniers, il est élu au deuxième tour par 242 voix contre 146 au socialiste-révolutionnaire. Soyez est présenté, par le journal radical Voix des communes comme « le candidat de M. Lacroix », le maire, conservateur, de Saint-Maur.

Lors des élections municipales de mai 1896, la commune de Saint-Maur est divisée en trois sections. La liste progressiste des partisans du maire emporte les 9 sièges du premier secteur, tandis que 8 radicaux-socialistes sont élus dans le troisième. Soyez, qui conduit les progressistes du deuxième secteur, est élu avec un de ses colistiers au premier tour. Les partisans du maire remportent au second tour les 8 sièges qui restaient en course, donnant ainsi une large majorité aux conservateurs. Pendant le mandat, Soyez est, à quatre reprise, désigné comme délégué sénatorial.

Lors des élections municipales de mai 1900, la division de Saint-Maur en sections électorales a été supprimée. Au premier tour, Soyez arrive en tête des candidats avec 1 533 voix pour 3 840 votants (40%). Cependant, du fait de l’union des radicaux-socialistes et des socialistes-révolutionnaires à l’occasion du second tour, il n’est pas élu. Il ne sera pas candidat aux élections municipales de 1904 ni à celles de 1908. Cependant, cette année-là, il est de nouveau délégué sénatorial en décembre.

L’entreprise des frères Soyez participe à plusieurs expositions universelles et internationales, en 1900 à Paris, en 1908 à Londres et en 1910 à Bruxelles.

Pendant la première guerre mondiale, Victorin Soyez est affecté direction générale des approvisionnements jusqu’en août 1916, où il rejoint le 43e puis le 83e régiment d’artillerie. Il est démobilisé peu après l’armistice en novembre 1918.

Après le conflit, Victorin Soyez poursuit l’exploitation de Soyez frères, qui devient société anonyme en octobre 1930. Les plumes restent l’activité principale et l’entreprise continue la production de cure-dents, mais elle diversifie ses produits avec des tuyaux, raves (lampes de mineur), chalumeaux (pailles), etc.

Une partie des propriétés familiales est expropriée en juillet 1933 pour la construction du futur lycée Marcelin-Berthelot (Saint-Maur). Contestant l’offre qui leur est faite, les Soyez obtiendront satisfaction devant la Cour de cassation.

La production de plumes s’oriente, en 1938, vers les loisirs : jouets, volants pour le badminton, paillantines pour fleurs, tuyaux de plumes pour pinceaux, articles de pêche…

Victorin Léon Soyez meurt le 6 juin 1952 à Paris (11e arr.). Il était âgé de 81 ans, père de trois enfants et résidait boulevard Beaumarchais. Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en janvier 1907 puis officier de l’instruction publique en février 1914, Victorin Soyez avait obtenu une médaille d'or lors de Exposition universelle de Paris en 1900. Il avait été fait chevalier du Mérite social en août 1937.

Ses deux fils, Émile Louis et Alfred Roger, restèrent en charge de l’entreprise familiale. Ce dernier avait été résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.

La société Soyez frères est toujours active et contrôlée par Pierre Soyez, cinquième génération à en assumer le contrôle, après son père, Gérard Soyez (1935-2020). En 2017, elle réalisait un chiffre d’affaires de 10,8 millions d’euros avec 84 employés. Depuis 1958, elle est établie à Donzy (Nièvre). Si l’activité plumes a cessé, la production de pailles est au contraire devenue majoritaire, se faisant désormais en plastique comme pour les cure-dents. Premier fabricant européen de pailles, elle en fabriquait 5 milliards en 2017, dont plus de 60% sont exportées. En 2019, l’entreprise a obtenu un financement européen pour se réorienter vers des matières alternatives, en particulier du papier collé, réputé de meilleur impact environnemental.

Personnel de l'entreprise Soyez frères en 2007 à Donzy (Nièvre)

 

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6 mai 2021 4 06 /05 /mai /2021 00:01

Gustave Émile Lucot naît le 17 septembre 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Testel et de son mari Jean Ferdinand Lucot, entrepreneur de maçonnerie.

Au décès de son père, en 1885, Émile Lucot reprend la gestion de l’entreprise familiale, importante société installée rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc). L’hebdomadaire local Voix des communes remarque : « Lucot, fils, redevient ce qu’était son père, l’entrepreneur-juré de la commune ». Il devient propriétaire de la société en avril 1890.

Plusieurs des ancêtres d’Émile Lucot ont joué un rôle politique dans la commune. Sous la Révolution française, Louis Toussaint Lucot, blanchisseur, est officier municipal (adjoint au maire). Son petit-fils, Jean Louis Nicolas Lucot est conseiller municipal entre 1830 et 1869 et fondateur de l’entreprise de maçonnerie familiale. Le fils de ce dernier, et père d’Émile Lucot, Jean Ferdinand Lucot est également conseiller municipal entre 1870 et 1885.

Lors des élections municipales de mai 1888, Émile Lucot est candidat sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson. Ce dernier, dont Jean Ferdinand Lucot était un des colistiers, se présente cette fois avec une liste concurrente, celle soutenue par le comité radical-socialiste, sur laquelle figurent plusieurs conseillers sortants. La liste Pinson remporte au premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir ; Lucot, avec 237 voix pour environ 560 suffrages exprimés (42%) n’est pas élu, mais il arrive cependant devant les radicaux-socialistes, sauf un. Au second tour cependant, trois de ces derniers remportent le vote, tandis qu’un seul des colistiers de Pinson complète la majorité municipale. Avec 198 voix pour environ 425 suffrages exprimés (47%), Lucot est battu.

Au cours des années 1890, Émile Lucot se désengage de l’activité familiale et déménage rue de Paris.

Dans le domaine sportif, Émile Lucot s’intéresse d’abord à l’aviron. Il est barreur d’une yole de la Société nautique de la Marne, le principal club joinvillais, basé sur l’île Fanac. À la fin du siècle, il pratique la boxe française avec le Cercle d'Escrime de Joinville-le-Pont, qui se transforme en 1899 en Société Sportive de Joinville-le-Pont et s’appuie sur les instructeurs de l’école militaire de gymnastique, basée dans le Bois de Vincennes.

Après l’implantation des usines Pathé sur les bords de Marne, Émile Lucot est embauché par la firme cinématographique. L’activité d’Émile Lucot pendant la guerre n’est pas connue. Il épouse à Joinville en juin 1916 Pauline Émilie Anaïs Hourdequin.

Après le conflit mondial, Émile Lucot travaille toujours pour Pathé, dans leur établissement de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne). Il prend sa retraite au début des années 1930.

Gustave Émile Lucot meurt le 10 avril 1937 à Joinville. Il était âgé de 74 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Usines Pathé à Joinville en 1911

 

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4 mai 2021 2 04 /05 /mai /2021 00:01

Jean Ferdinand Lucot naît le 9 novembre 1831 dans la commune qui venait de prendre le nom de Joinville-le-Pont. Il est le fils de Marie Félicité Neveu de son époux, Jean Louis Nicolas Lucot, alors marchand de vins et plus tard entrepreneur de maçonnerie. Il est également l’arrière-petit-fils d’un officier municipal (adjoint au maire) de la période révolutionnaire, Jean Toussaint Lucot.

Probablement vers 1850, Jean Ferdinand Lucot se voit attribuer une concession en Algérie dans le village de Hennaya (act. wilaya de Tlemcen). Il s’agit d’y développer des cultures maraîchères et des vignes. S’il y réside réellement, il semble toutefois être rapidement rentré en France.

En février 1858, Jean Ferdinand Lucot, qui est alors maçon chez son père à Joinville, épouse Louise Testel. Elle est la fille, née d’un premier lit, d’Anne Simonin, épouse, en secondes noces, de son père, Jean Louis Nicolas Lucot. Il reprend ensuite l’activité de maçonnerie de son père à Joinville. En 1864, il obtient le marché de la construction de la gendarmerie de la commune.

En septembre 1870, Jean Ferdinand Lucot est élu membre du conseil municipal que venait de quitter son père, décédé avril 1870. Le maire est Auguste Courtin et son adjoint est Louis Ferdinand Rousseau, tous deux conservateurs. La commune est violemment touchée par les combats entre les forces allemandes et françaises au cours de la bataille de Champigny, qui fait près de trois mille morts, dont une partie sur le territoire de Polangis. La population évacue Joinville, en majorité, et la municipalité s’installe à Paris pendant le siège de la capitale. L’école du Parangon a été transformée en hôpital provisoire.

Après l’arrêt des combats et le retour des joinvillais dans leurs habitations, la commune est occupée par des troupes wurtembourgeoises puis bavaroises. Le pont sur la Marne, qui relie les deux parties du territoire, a été détruit. Jean Ferdinand Lucot est réélu lors du scrutin de juillet 1871, qui reconduit également Courtin et Rousseau. Son mandat prend fin en 1874.

Le maire, Auguste Courtin, ayant démissionné, une élection partielle est organisée en septembre 1876. Lucot est élu conseiller municipal, Louis Ferdinand Rousseau devient maire avec comme adjoint.

Lors des élections municipales de janvier 1878, la liste conservatrice de Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, est battue par des républicains menés par Gabriel Pinson qui est élu maire. Lucot ne siège plus au conseil.

Un singulier procès sous l’accusation de tentative d’escroquerie est intenté à Lucot en mars 1881 devant le tribunal de la Seine. Le quotidien Le Temps relève que c’est « une de ces causes qui relèvent de la science beaucoup plus que de la loi et où se révèlent les faiblesses et les misères de l'entendement humain ». Chargé, en 1879, de la construction d'un égout à Joinville-le-Pont, Lucot se voit adresser, en avril 1880, l’avis de paiement d’une somme conséquente de 27 800 francs, qu’il se fait alors payer. En novembre 1880, affirmant avoir retrouvé ledit avis et croyant ne pas l’avoir encaissé, il se présente de nouveau pour obtenir le versement de cette somme. C’est ce qui lui vaut de comparaître en justice. La défense cite comme témoins de moralité Gabriel Pinson, maire de Joinville, qui le considère comme « au-dessus de tout soupçon » et Auguste Courtin, l’ancien maire, qui cite de lui des traits d'exquise probité. C’est la déposition de son médecin qui emporte la décision des juges : jeune, Lucot chuta d'un échafaudage, et il est resté sujet à des absences de mémoire. Pour le docteur Laurent, « Il est manifeste que son esprit n’est pas parfaitement net ». Lucot est acquitté. À cette période, l’entreprise Lucot employait régulièrement 200 à 250 ouvriers.

Après que Pinson ait rompu avec les membres les plus radicaux de son conseil, Lucot revient siéger en janvier 1881 au sein de l’assemblée communale. Il est réélu en janvier 1884, toujours avec Pinson comme maire et Eugène Voisin en tant qu’adjoint.

Jean Ferdinand Lucot, qui résidait rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc) meurt le 4 février 1885 à Joinville. Il était âgé de 53 ans et père de trois enfants.

L’hebdomadaire Voix des communes, de tendance radicale, commente ainsi sa disparition : « Si M. Lucot était un simple conseiller, ayant consacré ses loisirs aux affaires de la ville, il est probable que Joinville resterait plus calme. Mais M. Lucot n’avait pas de loisirs, tant il s’occupa activement, jusque la dernière heure, de ses propres affaires. Du reste intelligent, actif, dénué des préjugés d’un autre âge, dans lesquels s’encroûtent trop de ses contemporains, il réussit à devenir plus que millionnaire. »

L’enterrement de Lucot est également évoqué longuement par Henry Vaudémont, le rédacteur du journal radical : «  Avec une touchante unanimité, j’ai entendu éreinter M. Lucot sans que jamais une seule voix s’élevât pour prendre sa défense. Le plus modérés le représentaient comme un ours, une façon de sauvage, ne se plaisant qu’à se promener, un mètre sous le bras et à engueuler (c’est le mot) ses ouvriers. Les autres insistaient sur sa ladrerie. (…) [D’aucuns] citaient des histoires de tombereaux qu’il se faisait payer pour déblayer et vendait ensuite pour remblayer. Ils contaient aussi de lamentables aventures survenues à des imprudents qui, calculant mal leur devis, empruntant pour finir leur maison, se trouvaient, en fin de compte, obligés de tout laisser à l’entrepreneur. En présence de toutes ces récriminations, je m’attendais à voir la population protester par une abstention générale. Ah bien oui ! La foule se porta aux obsèques. Le curé pardonna évangéliquement ses votes anticléricaux. (…) L’illustre Hugedé portait sur un coussin les décorations du philanthrope ad patres [sapeur-pompier volontaire et membre de la fanfare]. (…) Si M. Lucot s’est moqué du monde autant qu’on veut le dire, il a joliment bien fait. Lorsqu’un public est vil et plat à ce point, il faudrait véritablement être un saint pour résister à la tentation de le bafouer et de l’exploiter. »

Son fils, Émile Lucot, poursuivra l’entreprise familiale et tentera, sans succès, de continuer la même activité politique.

La gendarmerie de Joinville, construite par Lucot

 

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 00:01

Amédée Louis Rouette naît le 24 septembre 1813 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Louise Desterne et Louis Amédée Rouette, boulangers.

Son grand-père, Pierre Louis Rouette, boulanger également, est alors membre du conseil municipal de Nogent-sur-Marne. Son père deviendra aussi conseiller municipal à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur et le restera quand la commune sera rebaptisée, en 1831, Joinville-le-Pont.

Ayant épousé Élisa Dautier, Amédée Louis Rouette exerce aussi le métier de boulanger. Il est cependant également meunier, attributaire en décembre 1850 d’un marché de fourniture de mille quintaux de froment pour l’armée. Installé à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville, il y est aussi répertorié en tant que menuisier à partir de 1854, tout en poursuivant le commerce de grains. Il réside à Joinville, dans le Centre, rue de Paris.

Comme plusieurs dizaines de résidents de Joinville, Rouette participe à l’effort de guerre en Crimée par des dons à l'armée d'Orient en 1856. Il contribue aussi à l’aide en faveur des inondés en novembre 1866

Poursuivant la tradition familiale, Amédée Louis Rouette est désigné comme conseiller municipal à la fin du régime du Second Empire, en janvier 1869 avec le conservateur Auguste Courtin comme maire. Il est élu à la même fonction après la proclamation de la Troisième République en septembre 1870, Courtin étant toujours en fonction.

La commune est touchée par de nombreux bombardements lors des combats du siège de Paris. La majorité de la population, et l’équipe municipale, se réfugient à Paris. Une mairie provisoire s’installe d’abord dans le quartier de Montparnasse puis boulevard Voltaire. Le pont sur la Marne, principal axe de la ville, est détruit en décembre 1870. Après la défaite, la population revient à Joinville où s’installent des garnisons allemandes qui occupent le terrain jusqu’en automne 1871.

Lors du scrutin de juillet 1871, le conseil municipal est largement reconduit, Auguste Courtin étant toujours maire et Rouette conseiller. Ils sont de nouveau réélus en novembre 1874. Louis Ferdinand Rousseau, le premier adjoint, également de tendance conservatrice et bonapartiste, remplace Courtin, qui quitte la commune, en septembre 1876. Mais la liste que conduit Rousseau lors des élections municipales de janvier 1878 est battue par les républicains conduits par Gabriel Pinson. Rouette ne siège plus au conseil.

Amédée Louis Rouette meurt le 10 juin 1891 à Joinville. il était âgé de 77 ans et avait eu deux enfants.

Sa veuve, Élisa Rouette, sera membre de la section de Joinville l'œuvre de l'allaitement maternel, principale association humanitaire dans la commune, en 1902-1904.

Le pont de Joinville, 1871

 

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