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7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Frédéric Voinot

En février 1914, Frédéric Voinot accède à la fonction de commissaire de police des communes de la Seine. Son premier poste est celui d’Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), qu’il connaît déjà puisqu’il y servait, en tant que secrétaire, en 1910.

Il doit gérer, en mai 1914, un conflit « Entre rouges et jaunes » selon le quotidien Le Voltaire. Un terrassier aurait roué de coups un de ses camarades parce qu’il refusait d’adhérer au syndicat.

Au cours de la première guerre mondiale, les commissaires de police sont mobilisés à leur poste. Cependant, pour des raisons administratives, la situation de Frédéric Voinot est incomprise de l’administration militaire. Elle considère que, comme il n’a pas récupéré son ordre de route en août 1914, il doit être déclaré « insoumis », ce qui est fait en novembre 1915. Il sera cependant rayé des contrôles de l’insoumission en novembre 1915, l’armée reconnaissant l’y avoir inscrit à tort. Son statut de réformé pour raisons de santé sera d’ailleurs confirmé en octobre 1919.

Pendant le conflit, il entreprend de réformer son commissariat d’Aubervilliers, en y créant, en avril 1917 un service spécial de sûreté, chargé de réprimer les vols et agressions à main armée. Il réalise des battues de nuit sous la conduite d’un sous-brigadier.

La même année, en août, Voinot est nommé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il participe à une collecte humanitaire en octobre 1917, lors des Journées joinvillaises. Il sera le dernier titulaire du poste de commissaire de police de Joinville. En effet, le commissariat, créé en 1874, comprenait une vaste circonscription, incorporant des villes nettement plus grandes, notamment deux chefs-lieux de cantons, Saint-Maur-des-Fossés et Nogent-sur-Marne, qui réclamaient d’avoir leurs propres postes.

Un arrêté de mars 1919 leur donne satisfaction, supprimant la circonscription de Joinville au profit des deux nouvelles entités. Voinot est désormais chargé de la circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, nouvellement recrée, car elle existait déjà sous le second Empire.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Voinot est affect en mai 1921 au quartier de Picpus (12e arr.). Il y reste un an, rejoignant en juin 1922 le quartier des Ternes (17e arr.). Il doit gérer en août 1929 une manifestation de cinq cents personnes, organisée par l’Association défensive des commerçants parisiens, qui protestaient contre l’expulsion, sans indemnité, d’un marchand de cycles par le propriétaire de son magasin. Un accord fut finalement trouvé par le secrétaire de l’Association et les protestataires qui avaient été arrêtés furent relâchés sans poursuites.

Voinot exerce toujours la fonction de commissaire de police du quartier des Ternes en août 1934. Il se retire sans doute en 1938 car, lorsqu’il se voit attribuer la Légion d’honneur fin août 1939, il est présenté comme retraité.

Cependant, il reprend du service au cours de la deuxième guerre mondiale. Il est, en avril 1940, commissaire de police d’Ivry. Puis, on le retrouve, en février 1942 dans son ancienne fonction à Aubervilliers, et il l’exerce toujours en décembre 1943.

Sans qu’il soit possible de faire un lien avec le commissaire Voinot, on note la nomination d’un certain Frédéric Voinot, en avril 1941, comme membre de la délégation spéciale instituée dans la commune de Lamorlaye (Oise) pour remplacer le conseil municipal dissout. Il en démissionne en septembre la même année.

Pour sa part Frédéric Théodore Voinot meurt le 4 janvier 1949 à son domicile du boulevard Saint-Germain de Paris (5e arr.). Il était âgé de 72 ans et n’avait pas eu d’enfant vivant.

L’hebdomadaire communiste, dirigé par le maire d’Aubervilliers et ancien ministre, Charles Tillon, le Journal du Canton d’Aubervilliers, publie le 15 janvier l’article suivant : « Nous apprenons que vendredi 7 janvier, à 9 h. 30, a eu lieu l’inhumation à Dugny, du sieur Voinot, commissaire de police d’Aubervilliers sous l’occupation. Il laisse le souvenir de l’activité néfaste qu’il mena contre les patriotes. Chacun se rappelle, en particulier, les menaces qu’il adressait à la population qui déposait des fleurs sur les tombes des aviateurs alliés. »

Fin

Ancien commissariat de police de Joinville-le-Pont, adjacent à la mairie

 

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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 00:01

Henri Adolphe Jules Noizat naît le 2 septembre 1921 à Paris (13e arr.). Il est le fils de Marcelle Julie Marie Grosjean, employée de chemin de fer, et de Claude François Noizat, employé de bureau, comptable à la Société des transports en commun de la région parisienne (TCRP).

La famille vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le centre-ville, rue de Paris. Son père est engagé dans la vie locale : membre de la Ligue des droits de l’Homme, adhérent au parti socialiste SFIO puis, brièvement au parti communiste, avant de revenir à la SFIO, il est un chroniqueur actif d’un hebdomadaire local, la Gazette de l’Est. Il exerce aussi des responsabilités au sein du Secours rouge international. Claude Noizat démissionne en 1931 de la SFIO, publie des textes antisémites et annonce en 1935 qu’il est membre actif du parti social-national, formation d’extrême-droite.

Dans le courant de l’année 1936, la famille Noizat quitte Joinville pour s’installer à Thorigny-sur-Marne (Seine-et-Marne). Il participe à la chorale locale, en tant qu’artiste qui donne un concert dans la commune voisine de Chanteloup pour le 14-Juillet 1939.

À l’image de l’engagement de son père et d’autres membres de sa famille, Henri Noizat affiche pendant la deuxième guerre mondiale des opinions politiques d’extrême-droite, favorables à la collaboration l’Allemagne nazie. Il est impliqué en février 1941 dans la création d’un comité Jeunesse de France (mouvement antisémite). L’objectif est de regrouper des jeunes travailleurs et chômeurs « pour travailler, apprendre à aimer et à suivre Pétain », chef de l’État. Noizat est chargé de la propagande.

L’engagement d’Henri Noizat est connu par sa correspondance, saisie en Russie et citée par le journaliste soviétique Ilya Ehrenbourg, qui publie un article, le 19 mars 1942, dans le quotidien francophone de Londres (Royaume-Uni), France, sous le titre « Sur le front russe, une poignée de traîtres ». Le texte, daté du 18 mars à Moscou, cite des « documents qu’on trouve sur les légionnaires français tués », évoquant les membres de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF). Créée en juillet 1941, après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, la LVF a obtenu soutien du Rassemblement national populaire de Marcel Déat, du Parti populaire français de Jacques Doriot, et du Mouvement social révolutionnaire d'Eugène Deloncle.

Selon Ehrenbourg, Henri Noizat, qui a 20 ans en 1941, aurait été membre de La Cagoule, organisation secrète d'action révolutionnaire, mouvement terroriste d'extrême droite actif dans les années 1930 en France. Eugène Deloncle était son principal dirigeant et Ehrenbourg assure que Noizat en était proche. Un conseiller municipal de Joinville, élu en 1935, a été cité comme membre de La Cagoule, Georges Lorry (1897-1943).

La présence en Russie soviétique de Noizat est liée à son adhésion à la LVF, dont deux bataillons sont engagés le 1er décembre 1941 au sud du lac de Djukowo, à une soixantaine de kilomètres de Moscou. Décimés par les combats et par le froid, la LVF se retire et les quelques dizaines de sont relevés le 7 décembre.

Ehrenbourg précise que Noizat avait une amie allemande, Sophie Willemer, qui avait alors quitté la France pour la Thuringe. Geneviève, la sœur d’Henri Noizat se félicitait dans une de ses lettres que le Mouvement social révolutionnaire (MSR) de Deloncle ait éliminé un membre du RNP qui aurait cessé de soutenir l’Allemagne. Un frère non identifié de d’Henri Noizat lui écrivait qu’il avait été nommé chef des légionnaires de Lagny (Seine-et-Marne), ville proche de Thorigny. Il se réjouissait de « la défaite complète des Russes », annoncée par un communiqué berlinois et écrivait à Henri : « Tu arriveras pour nettoyer le terrain. Quel coup de balai ! »

Il existe deux hypothèses quant à son décès. Selon un jugement du tribunal civil de Meaux (Seine-et-Marne) du 18 janvier 1967, Henri Noizat serait « décédé au cours de l’hiver 1945-1946 à Moscou (URSS) », où il aurait donc été interné après avoir été fait prisonnier. Selon l’article cité d’Ilya Ehrenbourg, sa disparition remonterait aux combats qui ont vu la LVF se disloquer, c’est-à-dire au début de décembre 1941 : « au nombre de ces mercenaires, il y a le cadavre du traître Henri Noizat. »

Soldats français de la LVF en Russie

 

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Après la victoire de la liste de droite présentée par l’Union des républicains de Joinville, l’élection de la municipalité a lieu le 17 mai 1935. Par 25 voix sur 27, Léon Lesestre est élu maire ; Chaussée, Caillon, Béal, Kirbuhler sont ses adjoints.

Trois hebdomadaires locaux commentent favorablement son élection. Pour Union régionale (libéral), « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains car c’est un travailleur, intelligent, honnête et bienveillant ». Dans la Gazette de l’Est, journal globalement de droite, le correspondant de Joinville signe en tant que membre du parti social-national (extrême-droite) : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal ». Même le radical-socialiste Voix des communes est positif : « Lesestre, homme intelligent, actif, ayant le goût de l’administration ». Les Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite, se réjouissent : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. »

Au sein de la municipalité, Lesestre garde en direct les attributions de l’administration, des finances, de la comptabilité et du contentieux. Il prend, à 57 ans, sa retraite de l’Assistance publique pour se consacrer complètement à son mandat.

En juin 1935, Lesestre reçoit une délégation du comité des chômeurs de la ville et leur indique que le conseil municipal a voté l’adjonction de deux chômeurs au sein de la commission paritaire locale, qui gère l’indemnisation des personnes sans emploi. Le même mois, il accueille à Joinville une séance du 18e congrès des mutilés et anciens combattants. Il inaugure en juillet le dispensaire de la Mutualité maternelle, rue de l’Église, qui offre des consultations pour les nourrissons.

La construction de l’hôpital intercommunal de Créteil, dont Joinville est membre avec les autres communes du canton (Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés) permet à Lesestre d’assurer en janvier 1936 que « Des entreprises et des chômeurs de Joinville seront occupés sur le chantier de l’hôpital ». Il devient président du conseil d’administration de l’établissement.

Lors de la désignation des électeurs sénatoriaux en septembre 1935, l’Union des républicains place ses 12 candidats, dont Lesestre. Il se prononce en faveur de la candidature du député sortant et ancien ministre, radical indépendant, Adolphe Chéron, pour les élections législatives de mai 1936. L’appel qu’il signe, en avril, le fait se retrouver avec son prédécesseur à la mairie, Georges Briolay.

La création de l’école de garçons Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis, est une des grandes affaires du mandat, même si le projet a été initié par la municipalité précédente. Autre héritage, la garantie qui avait été accordée à une société, sise à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), pour la construction d’un groupe d’habitations à bon marché (HBM), la cité Égalité dans le quartier de Palissy. L’entreprise ayant fait faillite, la commune est appelée pour la caution donnée, ce qu’elle refuse mais qui lui sera imposé par les autorités et les tribunaux administratifs. La cité rejoindra alors le patrimoine de l’Office municipal des HBM.

Avec beaucoup de professionnels du cinéma, dont Joinville constitue alors un des principaux pôles en France, Lesestre s’associe au projet de remplacer la petite église de Sainte-Anne de Polangis par un édifice dénommé Notre-Dame du Cinéma. Malgré une mobilisation de donateurs, le nouvel édifice ne verra pas le jour avant la guerre et fut ensuite abandonné. Lesestre accueille à plusieurs reprises le cardinal de Paris, Mgr Verdier, dans les églises de la commune mais également dans les studios de cinéma de Joinville.

En février 1937, Lesestre devient membre de la Commission d'aménagement et d'extension du département de la Seine. Le même mois, il est opéré d’une mastoïdite à l’hôpital Saint-Antoine de Paris (12e arr.) ; son médecin traitant est transporté vers l’établissement dans le taxi de Paul Rouhaud, conseiller municipal communiste et virulent opposant à Lesestre.

Dans la presse locale, notamment l’hebdomadaire Union régionale, plaide en avril 1937, pour l’augmentation des allocations d’assistance pour les vieux. Il défend également cette position au conseiller municipal. Il renouvellera son plaidoyer l’année suivante.

Lors de l’Arbre de Noël en janvier 1938 du parti social français (PSF), formation d’extrême-droite du colonel François de La Rocque, issu des Croix-de-Feu, qui accueille 400 enfants de Polangis dans le restaurant Maxe, le PSF salue la présence de « notre ami Lesestre, maire. »

Alors qu’en janvier 1938 la préfecture de la Seine décide d’interdire les baignades en Marne pour des raisons sanitaires, Lesestre organise, avec le Club athlétique de Joinville, présidé par le miroitier radical-socialiste Gabriel Vélard, un meeting au cours duquel les 200 participants « exigent que soit maintenue la baignade. »

De nouveau, en mars 1938, Lesestre est électeur sénatorial sur une liste exclusivement composée de membre du comité d’Union républicaine. En juillet la même année, il prend la présidence du Comité local du Rassemblement universel pour la paix, qui regroupe des syndicalistes et des responsables d’associations d’anciens combattants, et se déclare  « Profondément indigné des bombardements effectués sur des villes ouvertes et même sur le sol national », évoquant la situation en Espagne.

C’est en présence de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, que Lesestre inaugure en novembre 1938 le groupe scolaire Jean-Charcot, dans le quartier du centre. Comme l'école Jules-Ferry, à Polangis, ces deux établissements sont depuis devenus des collèges après-guerre.

Le contentieux sur les HBM ayant été tranché en défaveur de la commune, Lesestre, avec la totalité des conseillers municipaux de la ville, y compris les deux communistes, adresse en avril 1939 une protestation « Aux contribuables joinvillais » indiquant que la  mise en œuvre par le préfet de la garantie communale, inscrite d’office au budget, entraîne une hausse des impôts.

En mai 1939, Lesestre devient membre du comité du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Avec les autres membre du bureau, il proteste en juin contre le fait que le décret ministériel, publié le mois suivant, dépossède les 52 communes de la banlieue du droit d'arrêter la fixation et le mode de perception des taxes d'octroi et leur impose, en outre, de rémunérer trois fonctionnaires choisis par le ministère des Finances.

En janvier 1936, Lesestre, en tant que maire, est nommé membre suppléant du Conseil supérieur des postes, télégraphes et téléphones. Il continue d’exercer cette fonction en 1940.

À suivre

Léon Lesestre en 1943

 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

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20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 05:01

Début de la biographie de Léon Lesestre

Léon Joseph Alexandre Lesestre naît le 23 décembre 1877 à Paris (4e arr.). Il est le fils d’Anne Lesestre, couturière, vivant dans un hôtel rue Saint-Louis, et d’un père non dénommé. La sage-femme qui déclare la naissance à l’état-civil le fait sous le nom erroné de Lesselle. La rectification sera faite lors de la reconnaissance de l’enfant par sa mère, le 5 janvier 1878, dans la même mairie. Elle est native de Bourges (Allier) où son père est sculpteur et sa mère commerçante.

En 1894, Anne Lesestre vit à Paris avec son fils, rue Frémion (15e arr.) ; elle épouse un cocher, qui n’est pas le père de Léon, et, deux fois veuve, se remarie ensuite à Paris puis en Seine-et-Marne.

Ayant fait « de bonnes études », selon le journaliste Jean Clochard, il entre comme comptable aux établissements Sautter-Harlé, entreprise de construction électrique et de production de moteurs, installée avenue de Suffren à Paris (15e arr.).

La semaine d’après ses dix-huit ans, devançant son service militaire, Léon Lesestre s’engage en décembre 1895 dans l’armée pour quatre ans, et rejoint le 4e régiment de hussards, unité de cavalerie fondée sous la Révolution française et alors basé à Meaux (Seine-et-Marne). Renouvelant régulièrement son engagement, Lesestre est nommé brigadier en janvier 1898 puis devient sous-officier comme maréchal des logis en novembre la même année. Il s’inscrit, en juin 1904, au concours pour devenir officier d’administration mais échoue aux épreuves orales.

À la fin de son dernier contrat, en décembre 1910, Lesestre demande à bénéficier d’un emploi civil, comme le prévoit la loi du 21 mars 1905. Il reste à l’armée en attendant sa nomination, qui se fait en avril 1912 en tant que commis de l'Assistance publique, qui gère les œuvres sociales et les hôpitaux de Paris et d’une partie de la banlieue. Il obtient une retraite proportionnelle aux 16 ans et 3 mois qu’il a passés dans l’armée, fixée à 528 francs.

En août 1905 à Meaux, Léon Lesestre avait épousé Réparate Stéphanie Honorine Zapel, couturière, native de Nice, fils d’un maître-tailleur du même régiment de hussards. Après la fin de la période militaire, la famille s’installe à Paris (13e arr.), d’abord rue de Tolbiac puis rue Bobillot.

Dès le début de la première guerre mondiale, Lesestre est mobilisé, au sein du 116e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sergent. En avril 1915, il est nommé sous-lieutenant puis, en août 1917, lieutenant. Il est affecté en mars 1918 au dépôt des éclopés de Fère-en-Tardenois (Aisne) puis en mai la même année à celui d’Hermé (Seine-et-Marne). Il est démobilisé en février 1919 et aura donc porté l’uniforme pendant près de 21 ans.

La première intervention publique connue de Lesestre est sa participation, en faisant état de son grade de sous-lieutenant, à une souscription du Secours national en juillet 1917.

Au sortir du conflit, les Lesestre vivent à Thorigny (Seine-et-Marne), rue du Temple. Ils déménagent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résident rue du Canal en 1924.

Revenu à l’Assistance publique, Léon Lesestre travaille d’abord au bureau de bienfaisance du treizième arrondissement de Paris. Il est nommé commis principal en janvier 1924, affecté à la pharmacie centrale des hôpitaux, puis premier commis principal en juin 1930. Il est contrôleur des services économiques des hôpitaux avec le grade de régisseur-comptable en 1932.

Membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des mutilés et anciens combattants en 1928, Lesestre est vice-président puis président d’honneur de la société des anciens combattants de Joinville. Il participe aux congrès de la Fédération, par exemple en 1932 à Bruxelles (Belgique) où il présente un rapport sur l'assistance publique en France et en 1933 à Salins-les-Bains (Jura), où il défend cette fois un rapport sur le chômage. Le 18e congrès, en juin 1935, clôture ses travaux à Joinville-le-Pont sur son invitation. Il est à nouveau réélu administrateur de la Fédération en juin 1936 à Chauny (Aisne) puis en août 1938 à Angoulême (Charente).

L’engagement le plus durable de Lesestre se fait au sein d’organismes regroupant des philatélistes. Il adhère en octobre 1924, au Groupement philatélique d'échanges puis rejoint la Société philatélique de Saint-Maur-des-Fossés (SPSM), fondée en décembre 1925, dont il est le président depuis sa création et jusqu’en 1955.

À suivre

Léon Lesestre en 1938 (1er rand, 2e à partir de la gauche)

 

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21 juin 2021 1 21 /06 /juin /2021 00:01

Suite de la biographie d’André Biscaldi

Sur le plan politique, André Biscaldi s’affiche de manière particulièrement active en faveur du mouvement royaliste Action française. On retrouve une cinquantaine de fois mention de ses activités entre 1910 et 1938 dans le quotidien éponyme. Lors de réponses aux appels à souscription, il associe souvent dans ses réponses à souscription son épouse, sa fille (même quand elle n’a que quelques jours, puis sa compagne.

Dans les messages envoyés par André Biscaldi au journal royaliste, il y a d’abord la mémoire de son frère, Amédée, évoquée au moins treize fois jusqu’en 1936, cette dernière fois associée à celle de son second frère, Raoul. Les messages sont aussi directement politiques : en juin 1919, il écrit « pour que l’Action française vive, grandisse et assure le salut public ». En octobre 1920, il souhaite que l'Action française écrase, la presse vendue des Téry, et autres fourriers de la Social-Demokraiie et de la Finance anonyme et vagabonde », attaquant ainsi Gustave Téry, fondateur du quotidien L’Œuvre. Il appelle à « venger Marius Plateau », fondateur des Camelots du roi, assassiné en 1923 par une jeune anarchiste, Germaine Berton. Il contribue également en faveur de la veuve et des enfants d'Ernest Berger, trésorier de l'Action française et ancien adjoint de Marius Plateau, également victime en mai 1925 d’une autre anarchiste, Maria Bonnefoy. En 1929, les époux Biscaldi veulent que leur « petite Jeanine ne voie pas une sixième invasion », après celles de la France en 1792, 1814, 1815, 1871 et 1914. Il se prononce en octobre 1932 « Pour le diable Bitru », faisant écho à la polémique contre l’Action française lancée par le journaliste Eugène Gâtebois (alias Flavien Brenier). Biscaldi précise : « Trop petit Coty, ses bourriques et ses pique-assiettes », visant le parfumeur François Coty, propriétaire du quotidien L’Ami du peuple, qui a publié les articles en question.

Certains de ses messages ont une dimension interne. Ainsi, il critique les divisions internes au mouvement en février 1926 : « Ne vous égaillez pas, les gars ».

On retrouve souvent Biscaldi, avec son épouse, aux cérémonies, comme en mars 1927 pour l’anniversaire de la mort du prétendant au trône de France, le duc d'Orléans où, fréquemment le 21 janvier en mémoire de la mort de Louis XVI à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris.

C’est probablement André Biscaldi qui, en décembre 1935 envoie son obole au nom « d’un chômeur et sa famille ». Il envoie un message de sympathie à Charles Maurras, emprisonné fin octobre 1936 pour son rôle dans l’agression qui a visé le chef du parti socialiste SFIO Léon Blum.

Bien qu’il ait résidé dans deux communes qui entourent cette ville, c’est dans la section de Joinville-le-Pont de l’Action française qu’André Biscaldi milite. Il est en nommé vice-président, lors de la constitution officielle de ladite structure, en mai 1926, au côté de Charles Pernot et d’Alfred Masse. Il sert de relais pour la transmission des contributions de cette section au moins jusqu’en 1932.

Peut-être est-ce André Biscaldi qui écrit, dans le mensuel La Réaction, qui se présente comme l’organe royaliste de la banlieue Est, un article documenté sur les élections municipales à Joinville-le-Pont, dans lequel il est pris parti en faveur d’un candidat indépendant, Claude Noizat. Le journal assure ne pas le connaître mais se félicite qu’il « se réclame de l’esprit du 6 février », évoquant les manifestations antiparlementaires de 1934, et ait « affiché des dessins vengeurs du Témoin, de Paul Iribe », dessinateur fétiche de l’extrême-droite. Noizat ne sera pas élu.

Pendant la deuxième guerre mondiale, André Biscaldi devient membre du Parti populaire français (PPF), formation d’inspiration fasciste devenue l’un des deux principaux partis collaborationnistes. Même si Jacques Doriot, son fondateur, était un ancien communiste, une grande partie des membres du PPF était issue de l'extrême-droite. Lors du congrès du PPF en 1942, sur 7 200 membres présents, 420, soit 6%, étaient des anciens de l’Action française. Peut-être est-ce Biscaldi qui organise, en octobre 1942, une rencontre du PPF pour Saint-Maur et Joinville avec comme orateur Jolivet, membre du bureau fédéral.

Avec plusieurs cadres du PPF, dont Jacques Doriot, Biscaldi se réfugie en Allemagne en août 1944, après l’avancée des troupes alliées en France. Le gouvernement nazi a concédé au PPF l'île de Mainau, sur le lac de Constance où ils annoncent la création, en janvier 1945 d’un soi-disant Comité de libération française.

Il rentre en France pour reprendre un emploi dans la compagnie d'assurances Le Soleil. Il est licencié sans indemnité en mars 1948, par arrêté du préfet de la Seine, sur la proposition du Comité régional interprofessionnel d'épuration dans les entreprises. Le motif de son licenciement est qu’il « a, par son adhésion au PPF, favorisé les desseins de l’ennemi et s’est réfugié en août 1944 en Allemagne. »

André Biscaldi meurt le 27 mai 1979 à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). Il était âgé de 86 ans et père d’une fille. Il avait été décoré de la Croix de guerre (1914-1918).

Fin

Une affiche de l'Action française en 1918

 

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19 juin 2021 6 19 /06 /juin /2021 00:01

Début de la biographie d’André Biscaldi

André Biscaldi naît le 11 novembre 1892 à Senlis (Oise). Il est le fils d’Ernestine Marie Zorra et de son mari Louis Biscaldi, marchand tailleur. Ses parents sont natifs du Piémont et de nationalité italienne. Ils obtiennent, en février 1894, la nationalité française pour eux-mêmes et pour leurs cinq enfants vivants.

Suivant les cours de l’École libre des frères chrétiens, André Biscaldi y obtient un prix d’honneur en août 1905. Il joue au football comme demi dans l’équipe GSP Saint-Rieul de Senlis, engagée dans le championnat de l’Oise.

Son père ayant acquis une boutique de tailleur pour hommes boulevard Saint-Germain à Paris (5e arr.), la famille vient s’installer rue du Bac.

André Biscaldi est arrêté en compagnie de deux autres camelots en décembre 1910, à tout juste 18 ans, pour avoir manifesté bruyamment dans les rues au sortir de la réunion de Paris (6e arr.) rue Saint-André-des-Arts qui a acté de la scission des organismes royalistes, parmi lesquels l’Action française prend le dessus. Il sort dans la soirée. Ces séjours en prison sont, pour les militants d’extrême-droite, des motifs de gloire en interne. Rapportant que Biscaldi avait raconté cette manifestation à la section de Senlis, le quotidien Action française écrit qu’il « a eu l'honneur d'être arrêté. »

De manière très régulière, André Biscaldi, comme toute sa famille, va participer aux appels de fonds lancés par la presse royaliste. Il en approuve les thèmes. Ainsi, en décembre 1910, il contribue, avec son frère Raoul, à la souscription « Le Juif sera vaincu » dont l’objectif est de « lutter contre la presse juive, contre la presse enjuivée, contre la presse asservie ». Il est de nouveau contributeur de l’appel « Pour la propagande du journal et contre l'or juif » en août 1913.

Biscaldi s’engage, dans les Camelots du Roi, service d’ordre et mouvement de jeunesse du groupe royaliste Action française, dont Charles Maurras est l’inspirateur. Il fait partie du groupe du 14e arrondissement de Paris. En décembre 1910, il rend compte à la section d'Action française de Senlis et du Valois de sa participation à une manifestation des Camelots du Roi et raconte qu’il « a eu l'honneur d'être arrêté. »

Le service militaire d’André Biscaldi débute en octobre 1913. Il est reste donc mobilisé dans son unité, le 171 régiment d’infanterie au début de la première guerre mondiale, en août 1914. Il passe au 35e régiment d’infanterie en septembre 1915 et est blessé, en novembre. Il est soigné à Carcassonne (Aude), à l’hôpital-auxiliaire n° 1.

Traduit devant le Conseil de guerre en décembre 1916 pour « refus d’obéissance sur un territoire en état de guerre », il se voit reconnaître des circonstances atténuantes et doit faire deux mois de prison ; après-guerre, sa condamnation est amnistiée. Transféré au 44e régiment d’infanterie puis au 135e, il est de nouveau hospitalisé à Angers (Maine-et-Loire) à quatre reprises entre mars 1917 et juin 1918, date à laquelle il est réformé pour « maladie mitrale très mauvaise ». Il a probablement été intoxiqué par des gaz de combat. En septembre 1921, une pension de 10% lui sera accordée. Il est démobilisé en décembre 1918.

Ayant séjourné à l’hôpital d’Angers (Maine-et-Loire) en 1917-1918, André Biscaldi y a rencontré Marguerite Jeanneteau, qu’il épouse sur place en novembre 1920. Ils vivent à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Godefroy de Cavaignac puis, à partir de 1924, dans la commune voisine de Saint-Maurice, avenue des Canadiens. À partir de 1931, André Biscaldi vit avec Jeanne Dupuis-Guébert, toujours à Saint-Maurice, mais dans la Grande-Rue. Cette dernière est présentée comme son amie dans le recensement de 1931, puis comme sa femme en 1936, bien qu’il n’y ait pas de trace de leur mariage. Ils élèvent la fille d’André Biscaldi et Marguerite Jeanneteau, Janine.

En matière professionnelle, André Biscaldi est géomètre topographe. Il se présente, à partir de 1924 comme métreur-vérificateur. À l’instar de son frère Raoul, et probablement avec lui, il est se déclare comme architecte en 1931. Il cesse probablement cette activité et semble avoir été chômeur en 1935. Il est ensuite contremaître pour l’entreprise de bâtiment Gillet à Paris.

À suivre

Des camelots du roi lors de la fête de Jeanne d'Arc

 

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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 00:01

[Notice inspirée du Dictionnaire international des militants anarchistes.]

René Louis Émile Martin naît le 4 octobre 1887 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il est le fils de Fanny Berthe Morvan et de son époux, René Alexandre Martin, marin. En août 1912 à Brest. René Louis Martin, à ce moment ouvrier au port et résidant à Lambézellec (act. quartier de Brest) épouse Henriette Yvonne Marianne Callet.

Réformé et pensionné à la suite de la première guerre mondiale, René Martin, résidait rue Turenne à Brest et travaillait à l’arsenal de la ville.

En avril 1920, il est élu au bureau de l’union départementale CGT lors du congrès régional tenu à Carhaix-Plouguer. En octobre, il devient administrateur de la Maison du peuple dont la commission administrative comptait alors 7 anarchistes sur 19 membres. Il est membre des jeunesses syndicalistes et du groupe libertaire reconstitué en janvier 1921 par J. Le Gall. Martin adhéra à la CGTU, après le congrès régional de Landernau en avril 1922 et devint secrétaire de l’union locale. Dans le Syndicaliste du Finistère (août 1922), il justifia son adhésion par ce qu’il appelait « la trahison » de la majorité confédérale de la CGT pendant la guerre et rappela que « les partis politiques, communistes ou autres, doivent foutre la paix au syndicalisme ».

Cette même année 1922, Martin signe un article collectif intitulé « Plus que jamais vive Cottin », en référence à la tentative d’attentat contre Clémenceau de ce dernier. Il fut condamné à trois mois de prison avec Pierre Gouzien, Louis Marchand et Pierre Camblan. En mai 1923, Martin fut avec Gouzien et Quemerais l’un des délégués anarchistes au congrès de fondation de l’Union régionale unitaire dont Quelerais sera nommé secrétaire. Les 22-23 juillet 1923, avec Texier et Tircor, au comité confédéral national de la CGTU, il dénonça le rôle des Commissions syndicales obligeant tout syndiqué du parti communiste à appliquer la ligne du parti.

Martin était membre du Comité de défense sociale et secrétaire du Comité Sacco-Vanzetti qui organisa le 19 octobre 1921 un meeting de solidarité où prirent la parole Fister de l’union anarchiste et J. Le Gall du groupe de Brest et à l’issue duquel, un cortège se forma, se dirigea vers le Consulat des États-Unis dont les vitres furent brisées à coups de pierres.

Á l’été 1922, lors d’un meeting de soutien aux grévistes du Havre, il avait déclaré « Dans l’avenir, il faudra pouvoir descendre autant de policiers et de gendarmes qu’il y aura de victimes ouvrières ». Cette même année il participa avec L. Guérineau, C. Journet, Boudoux et G. Bastien à l’enquête sur ‘e fonctionnarisme syndical » publiée par La Revue anarchiste de Sébastien Faure.

Le 6 juillet 1923 il participait à la fondation du Comité de vigilance et d’action contre les menées fascistes d’Action française et autres groupes réactionnaires, où il représentait la CGTU ; le bureau comprenait six anarchistes et quatre communistes. Il semble qu’il ait été le secrétaire du syndicat unitaire du bâtiment et diffusait le quotidien Le Libertaire, auquel il collaborait, avec une carte de colporteur. En novembre 1923 il participait au 2e congrès national CGTU de Bourges, qui vit la prise en main par le parti communiste sur le syndicat. Au congrès de 1924, après s’être opposé vainement à ce contrôle, il quittait la CGTU et adhérait à l’autonomie. Secrétaire de la Bourse du travail autonome de Brest, il fut perquisitionné à de nombreuses reprises en particulier en juillet 1925 où la police saisit de nombreux journaux et tracts. En 1927, il réintégra la CGT.

Secrétaire du groupe anarchiste de Brest et partisan de la Plate-forme dite d’Archinov, il fut l’un des rédacteurs et l’administrateur du journal Le Flambeau (Brest, 80 numéros 1927-1934) dont le gérant était J. Treguer et qui en 1929 tirait à 3.500 exemplaires et comptait 400 abonnés. Le 9 mars 1928, suite à un article paru dans le journal et sur plainte de l’évêque, il fut condamné par le Tribunal correctionnel de Brest à 100 fr. d’amende et à 3000 fr. de dommages et intérêts qu’il ne put payer et fut emprisonné pour un an pour contrainte par corps. De la prison, il refusa que ses compagnons se cotisent pour payer les dommages et intérêts. Suite à plusieurs interventions, dont celle de la Ligue des droits de l’Homme, il fut libéré le 4 décembre 1928. Puis Martin fut le responsable de l’édition de l’ouest de Terre Libre (Brest, 1934) et collabora à l’édition parisienne de ce journal publiée par Marchal et Planche (1936-1937) et à l’édition nîmoise publiée par A. Prudhommeaux (1937-1939).

Mi-octobre 1931, Martin fut délégué de Brest au congrès de l’Union Anarchiste à Toulouse, et participa également au congrès tenu à Paris en octobre et novembre 1937. Il collabora pendant les années 1930 au journal Le Libertaire ainsi qu’à l’organe pacifiste La patrie humaine (Paris, 1931-1939). Pendant la guerre d’Espagne il fut responsable avec R. Lochu du Comité pour l’Espagne libre puis de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) de Brest. En 1937 il accompagna P. Odéon à la Colonie Ascaso de Llansa, visite à la suite de laquelle il écrivit « Sauvez les gosses » (Le Libertaire, 18/03/1937).

En 1940 Martin quittait Brest et s’installait à Asnières où il rejoignit sans doute sa fille qui en 1937 avait épousé Maurice Laisant.

Selon Jean Maitron, René Martin aurait pendant la seconde guerre mondiale rejoint le Parti populaire Français (PPF) de Jacques Doriot (extrême-droite)

Martin est l’auteur d’une pièce de théâtre, La Tyrannie des Prêtres (Retour des Bancs), publiée en 1927. Elle a été jouée à plusieurs reprises dans des manifestations anticléricales.

René Martin est décédé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) le 13 décembre 1964. Il était âgé de 77 ans.

 

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