Suite de la biographie de Joannès Allardet.
Sur le plan politique, Joannès Allardet est l’un des acteurs du conflit qui secoue le groupe socialiste de Champigny qui démissionne fin 1903 de la Fédération de la Seine du Parti socialiste français pour rejoindre l’Unité socialiste révolutionnaire. Il se déclare membre de la minorité hostile à celte résolution, ennemi de la « répétition machinale de phrases aussi creuses que révolutionnaires ». Il lance le 4 décembre l’appel à la fondation d’un nouveau groupe prônant une « politique socialiste audacieuse et sage, fondée sur la pratique de plus en plus large du suffrage universel, inspirée enfin comme le voulait Proudhon, d'idées scientifiques et de principes positifs ». Les deux autres signataires de l’appel sont Albert Thomas et Poisson. Le groupe se reconstitue le 8 décembre sous le titre d’Union des travailleurs socialistes de Champigny, Allardet étant secrétaire, Rilhac trésorier et Albert Thomas délégué du groupe à la Fédération de la Seine du PSF auquel il a immédiatement ré-adhéré.
Le groupe prépare activement les élections municipales de 1904. À l’issue du premier tour, les deux listes socialistes ne trouvent pas d’accord avec les radicaux-socialistes ; elles fusionnent mais ne présentent que six candidats, correspondant au nombre de sièges qu’elles devraient avoir à la proportionnelle. La liste du PSF a cinq représentants : Albert Thomas, professeur à l’université, Henri Gaillot, sculpteur-dessinateur, Allardet, représentant de commerce, Louis Brossier, maçon, et Rivière, sculpteur ; la liste du parti socialiste de France (PSdF) en a un, Henri Martinet, menuisier. Seul Albert Thomas, qui jouit du soutien des radicaux, est élu.
Comme secrétaire du comité cantonal de Nogent-sur-Marne de la Fédération socialiste-révolutionnaire de la Seine du PSF, Allardet anime la campagne d’Henri Gaillot pour le conseil général. Comme Brise (PSdF), il se désiste au second tour pour Blanchon, radical-socialiste, qui est réélu.
Fin 1904, Allardet prend l'initiative de constituer l'Œuvre du trousseau de Champigny, qui veut apprendre aux jeunes filles de la classe ouvrière la couture et « tout ce qu'une bonne ménagère doit savoir pour diriger son intérieur et élever sa famille ». Mme Thomas est présidente de la société tandis que Mme Gaiilot en est membre. Elle est toujours active, avec le soutien de la municipalité, dans les années 1930.
Après l’unification de 1905, Allardet reste secrétaire du groupe de Champigny du parti socialiste unifié SFIO.
Dans l’hebdomadaire local Réveil socialiste, auquel il collabore régulièrement, Allardet consacre un article en février 1906 au coût de la scolarité pour les enfants reçus dans les écoles supérieures et professionnelles de Paris. Il demande que le conseil général prenne en charge ces frais, les enfants domiciliés dans a capitale étant admis gratuitement : « il n'y a aucune raison pour qu'en banlieue les parents soient tracassés par des enquêtes qui peuvent être plus ou moins impartiales. Que l'on ne nous dise pas que la banlieue n'est pas Paris, elle en fait partie intégrante, puisque ses habitants sont pour les trois quarts Parisiens ». La famille Allardet est directement concernée, puisque deux de ses filles vont fréquenter l’école Sophie-Germain (act. lycée) de la rue de Jouy et qu’il demandera et obtiendra chaque année des bourses couvrant une partie de ses frais.
Le groupe socialiste de Champigny et Allardet organise en septembre 1907 au théâtre de la Verdure, à Cœuilly, une grande fête familiale et champêtre, avec le concours du Théâtre social de Paris.
Au cours des élections municipales de mai 1908, la liste de concentration républicaine et socialiste passe entière et fait élire 15 radicaux-socialistes et 8 socialistes. Outre la réélection d’Albert Thomas, le scrutin permet l’entrée des responsables socialistes Allardet et Martinet.
Allardet est le principal chroniqueur pour Champigny de l’hebdomadaire Voix socialiste, lancé en février 1909 et qui paraît jusqu’à l’automne 1910. Il y évoque principalement la vie municipale, notamment des échos du conseil, mais parle parfois des faits personnels comme la scolarisation de ses filles. Il traite prioritairement la question des écoles. Allardet polémique régulièrement avec Maurice Fauqueux-Driessens, rédacteur, de l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes et, sous le pseudonyme de Critico, de l'Union radicale et socialiste mais également conseiller municipal de Champigny. Ainsi, il dénonce le 7 mai 1909 « sa prose fielleuse » et l’avise que le groupe socialiste a « des camarades qui ont la tête chaude et dam, il pourrait, ce qui serait fort désagréable pour lui, faire connaissance avec la machine à bosseler et la chaussette à clous ». Il rectifie cependant le 28 mai : « Bien entendu, il n’a rien à craindre de mes camarades ; il n’est personne qui n’ait compris que nous nous sommes simplement payé sa tête. »
À suivre.