Julien Aimé Auguste Delorance naît le 12 avril 1886 à Merville (Nord). Il est le fils Victor d’Arthémise Virginie Lesimon et de son époux, Aimé Delorance, nacellier, originaire de Belgique. En 1906, il vit à Watten (59£), où sa mère est marchande de légumes, et est constructeur de bateaux. Il se marie à Épône (Seine-et-Oise, act. Yvelines) en octobre 1919 avec Marie Françoise Bourse. Ils auront trois filles.
À partir de 1920, les Delorance vivent à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne) puis, en 1926, dans la commune voisine de Joinville-le-Pont et en 1923 dans celle limitrophe de Champigny-sur-Marne.
D’abord charpentier construisant des bateaux, activité en vogue sur les bords de Marne où le nautisme est prisé, Delorance devient ensuite menuisier à Paris.
En 1932, il appartient à la section de Joinville du parti socialiste SFIO. Il souscrit pour le quotidien de cette formation, Le Populaire, et dans une collecte de « défense socialiste et républicaine pour la paix et le désarmement. »
Julien Delorance meurt le 6 décembre 1946 à Champigny-sur-Marne. Il était âgé de 60 ans.
Maurice Morlot naît le 28 décembre 1893 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clarisse Louise Leneveu et de Pierre Morlot, ciseleur qui vivent rue des Acacias.
Sans doute est-ce lui qui, alors charpentier et âgé de 18 ans, vivant avenue de Bry dans la commune voisine du Perreux, est renversé par une automobile à Ville-d’Avray alors qu’il circulait à vélo en mai 1912. L’année suivante, en mars, il s’engage pour trois ans à Nogent-sur-Marne, devançant son service militaire, déclarant la profession d’imprimeur. Il est affecté au 5e régiment de chasseurs à cheval. Il passera ensuite dans un régiment de hussards puis dans une unité de génie pendant la première guerre mondiale. Il est démobilisé en août 1919.
Marié avec Émilienne Marie Bauer, native de Romainville, Maurice Morlot vit à compter de 1924, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. Il exerce la profession de régisseur de films. Il assure la régie générale du film Le Glas, film de Maurice Charmeroy en 1924, aux studios de Courbevoie et de La Villette celle de deux films d’Alexandre Ryder en 1929 et 1930. En 1931 et 1934, il est l’administrateur de René Hervil toujours à Courbevoie pour Nicole et sa vertu. C’est à Joinville qu’il travaille comme assistant de René Guissart pour Dédé en 1934 et le film musical Toi, c'est moi en 1936. Au studio d’Épinay et dans les environs de Marseille et de Toulon, il assure la régie de l’adaptation de Chéri-Bibi par Léon Mathot en 1937. Toujours en Provence, il administre la réalisation de Bifur 3 par Maurice Cam.
En compagnie d’un autre joinvillais, Alphonse Sauvageau, Maurice Morlot fonde en juin 1933 le Syndicat du personnel français de la production cinématographique, qui rassemble des administrateurs, régisseurs ou assistants-metteurs en scène. Il en est le président. Son organisation adhère à la Fédération nationale des syndicats d'artisans français du film, dont Morlot est le secrétaire général en 1934.
Un des combats menés en 1934, c’est la revendication d’une limitation des techniciens étrangers, notamment allemands, aux tournages en France. En juin 1934, l’assemblée générale du syndicat réunit 83 adhérents.
À l’expiration de son mandat en décembre 1934, Morlot décide de ne pas solliciter son renouvellement, faisant état de l’impossibilité dans laquelle il était de dégager suffisamment de temps pour l’activité syndicale. Il est cependant élu vice-président et René Montis prend la présidence.
Après la réunification de la CGT avec la CGTU en 1936, la Fédération nationale des syndicats des artisans du film décide, le 7 mai 1937, de se transformer en Syndicat général des artisans du film et d’adhérer à la Fédération du spectacle de la CGT. La nouvelle organisation rassemble metteurs en scène, opérateurs de prises de vues, ingénieurs du son et ingénieurs spécialisés, personnel de la production ainsi que la presse filmée. Son objectif est de « maintenir la qualité professionnelle des artisans de la production du film ». Il vise à la signature de la convention collective des techniciens contribue à l'élaboration du texte d'application des quarante heures. Les metteurs en scène André Berlhomieu et Marcel L'Herbier sont respectivement président et secrétaire général, tandis que Sauvageau est vice-président. Ultérieurement, l’organisation sera rebaptisée Syndicat des Techniciens de la Production Cinématographique.
Maurice Morlot meurt le 22 juillet 1973 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Il était âgé de 79 ans. Sa fille Denise sera scripte de cinéma et épousera le réalisateur et résistant Christian-Jaque.
Le secrétaire général du Secours catholique l'abbé Jean Rodhain, qui a créé l’institution en septembre 1946, appelle en 1959, après la fin de ses mandats électoraux, Henri Melchior en tant que délégué permanent de l’association humanitaire pour Paris et la banlieue. Il est l’initiateur du jumelage avec le Secours catholique de Dakar. En région parisienne, le mouvement se mobilise pour les personnes incapables de payer leur loyer. Il met en place des centres d'hébergement pour travailleurs africains et organise des permanences sociales au cœur des bidonvilles.
Avec le support d’Henri Melchior, plusieurs centaines d'étudiants participaient les week-ends à la remise en état de logements insalubres dans la capitale et sa banlieue, chez des personnes âgées ou des familles d'immigrés. Ils s'étaient dénommé « taudis-boys. »
Se préoccupant des sortants de prison, Henri Melchior est l’animateur, en octobre 1972, d’un congrès du Secours Catholique, à Paris intitulé « Action en faveur des détenus et sortants de prison ». Soulignant leur le délabrement psychologique, il critique la faiblesse de l’Administration pénitentiaire, dans le domaine de la réinsertion. Melchior cesse sa fonction permanente au Secours Catholique en 1974.
Il était également engagé dans le mouvement Siloé du père René Pinsard, qui œuvrait en faveur des personnes en détresse physique et morale, en accueillant jeunes et prostituées dans un bistrot du quartier Pigalle à Paris. Melchior est le gérant du restaurant Pigalle-Providence, 21, boulevard de Clichy à Paris.
Henri Melchior meurt le 16 février 1982 à Corbeil-Essonnes (Essonne). Il était âgé de 70 ans. Une plaque à sa mémoire a été apposée en mai 1985 sur son ancienne habitation au 23, avenue Jamin à Joinville-le-Pont.
Particularité familiale, l’hommage aux rois-mages : le grand-père paternel d’Henri Melchior portait le nom de Gaspard Balthasar Melchior.
Après le second conflit mondial, Henri Melchior devient le représentant du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien) à Joinville-le-Pont. D’après le témoignage d’Emmanuel La Gravière, s'agissant des responsabilités politiques ou sociales, Melchior aurait fixé sa règle de conduite en déclarant : « Ne rien demander, ne rien refuser ». En 1945, Henri Melchior est candidat, en cinquième position, sur la liste du MRP pour les douze sièges à pourvoir dans le premier secteur de l’arrondissement de Sceaux pour le conseil général de la Seine. La liste MRP arrive en seconde position avec 51 926 voix pour 181 901 suffrages exprimés (28,5%) et obtient quatre sièges. Elle est devancée par la liste d’union du PCF avec des radicaux (41,4%, 5 sièges) et suivie des socialistes SFIO (17,4%, 2 sièges) et par une liste de droite (11,8%, 1 siège). Melchior n’est pas élu mais un autre joinvillais entre dans l’assemblée départementale, Robert Deloche, maire communiste.
Pour les élections municipales organisées en octobre 1947, Henri Melchior est tête de liste à Joinville. Ses candidats obtiennent en moyenne 404 voix pour 6 974 suffrages exprimés (5,8%) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits ; la liste n’a pas d’élu. Elle est devancée par le RPF (droite gaulliste, 44%, 13 élus), le PCF est ses alliés radicaux (43,3%, 13 élus) puis les socialistes SFIO (6,5%, 1 élu). La municipalité reste communiste grâce au soutien à Robert Deloche de l’élu socialiste.
À Paris (15e arr.), Henri Melchior épouse en octobre 1949 Georgette Marcelle Chambroy, également syndicaliste. Il est signalé toujours responsable de la section MRP de Joinville.
Suite à la démission de Jean Varnoux, un de ses prédécesseurs sur la liste MRP pour le scrutin départemental de 1945, Henri Melchior obtient son premier mandat électoral en janvier 1950 et devient conseiller général.
S’étant installé dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne en 1952, Melchior y conduit la liste MRP pour les élections municipales de mai 1953. Avec en moyenne 1 020 voix pour 14 612 suffrages exprimés (7%) sur 19 395 inscrits, sa liste a deux élus. Elle est devancée par les communiste de Louis Talamoni (46,7%, 16 élus) les gaullistes alliés au RGR (20,4%, 6 élus), les socialistes SFIO (12,6%, 4 élus) et une liste dissidente du RPF (9%, 3 élus) ; vient ensuite une liste socialiste indépendante (3,4%, pas d’élu). Melchior obtient personnellement 1 234 votes (8,4%) et est élu.
Toujours en mai 1953, Melchior sollicite le renouvellement de son mandat de conseiller général, cette fois en étant à la tête de la liste MRP, qui n’obtient plus qu’un seul siège, sur les onze à pourvoir, derrière le PCF (5 sièges), la droite (3 sièges) et la SFIO (2 sièges). Réélu, Melchior devient vice-président du conseil général.
Au sein de l’assemblée, il se consacre aux problèmes de la jeunesse, de l'enseignement, des sports, des constructions scolaires, de la jeunesse délinquante. Il est à l’initiative de classes de neige, de centres de formation professionnelle et de la mise en place de l’apprentissage pour adultes. Melchior contribue à la constitution de cités familiales d’accueil, de centres pour les jeunes travailleurs isolés, notamment à Nogent, et de la construction de groupes scolaires. Il mène également un combat moral, contre les publications pornographiques et la publicité des « films licencieux. »
Très régulièrement, Melchior intervient pour des familles en difficulté, notamment en matière de logement. Il prend également position contre les discriminations dont seraient victimes les nord-africains.
Lors des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, qui voient le retour du scrutin majoritaire, Melchior est le candidat du MRP dans la 4e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne). Il a notamment face à lui le maire communiste de Champigny, Louis Talamoni et le maire gaulliste de Nogent, Roland Nungesser.
Au premier tour, Melchior remporte 10 277 voix sur 54 174 suffrages exprimés (19%), pour 55 350 votants sur 67 617 inscrits, arrivant en troisième position derrière Nungesser (23,6%) et Talamoni (21,7%). Ces trois candidats se retrouvent au second tour, Melchior étant cette fois deuxième avec 16 884 votes sur 53 320 exprimés (31,7%) et 54 283 votants. Il devance le communiste (26,5%) mais est battu par Roland Nungesser (41,9%).
Henri Melchior naît le 27 août 1911 à Boulogne (Seine, act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine). Il est le fils de Louise Charlotte Hubert et de son mari Georges Alfred Casimir Melchior, employé. Ils vivent 62, rue de Bellevue. Cette même année, la famille s’installa à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis.
En 1921, Henri est comme son frère aîné Maurice employé à la compagnie des Chemins de fer de l’Est, qui exploite la ligne ferroviaire desservant Joinville. Il travaille en 1926 à la Société des Cinéromans, entreprise cinématographique fondée en septembre 1919 par Serge Sandberg et installée dans le quartier voisin de Palissy, à Joinville, sur des terrains loués par Charles Pathé. En 1936, un an après le décès de son père, Henri et Maurice sont répertoriés tous deux dans le recensement de la population de Joinville comme agent PP (probablement de la préfecture de police).
Selon l’ancien sénateur Emmanuel La Gravière (MRP), Henri Melchior est militant à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) dès ses 13 ans, c’est-à-dire en 1924 ou 1925 ; cependant, le mouvement se constitue en 1926 et est fondé juridiquement en 1927. Melchior est proche de Paul Bacon, premier secrétaire général de la JOC, qui sera résistant, député et ministre, et qui réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.
Mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, Henri Melchior est fait prisonnier. À son retour de captivité, toujours installé avec sa mère à Joinville, il reprend des études pour devenir professeur de l'enseignement technique. De nouveau comme Paul Bacon, il milite à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Selon l’hommage qui lui fut rendu en mai 1985 par Pierre Aubry, maire de Joinville, Henri Melchior, « par sa conduite, a sauvé de nombreuses vies humaines durant la seconde guerre mondiale. »
À Joinville-le-Pont, dans sa paroisse Saint-Anne, il côtoya l’abbé Jacques Hollande, nommé curé de Polangis en juillet 1942 et qui le resta jusqu’en mars 1944 quand le cardinal Suhard, archevêque de Paris, l’a nommé supérieur de la Mission de Paris, laquelle constitua le mouvement des prêtres ouvriers.
Roland Louis Martin naît le 13 décembre 1925 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Aline Lebel et de son mari Eugène Louis Martin, mécanicien tourneur.
Ils vivent route de Joinville (act. av. Roger-Salengro). Le père meut en décembre 1930 et Roland est alors élevé par sa mère et sa grand-mère maternelle.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Roland Martin rejoint la Résistance à l’occupation nazie et est membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Le 20 août, le comité de libération de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune voisine de Champigny, sort de la clandestinité et occupe la mairie. Le 22 les FFI, les FTP et les cheminots résistants dressent des barricades sur le pont de Joinville et rue Chapsal, à l'entrée de la commune. Le 25 août, alors que Paris est déjà libéré, une violente bataille s'engage à Joinville.
Au début de l'après-midi, une unité allemande, repliée sur le fort de Champigny, veut détruire la barricade de la rue Chapsal défendue par des volontaires, venus des communes voisines. Elle entend faire sauter le pont pour protéger sa retraite et ralentir la progression des alliés.
Des barricades s'élèvent rue de Paris. Des renforts FFI viennent de Nogent, de Saint-Maur, de Saint-Maurice et de Champigny tandis que les Allemands ripostent à la mitrailleuse lourde et au canon. La bataille pour le pont de Joinville fait rage tout l'après-midi. Vers 19 h, un char américain venu de la gare reçoit la reddition des soldats allemands.
Au soir du combat, on relève une quinzaine de morts, et de nombreux blessés dont quatre mourront ensuite. Roland Martin tombe les armes à la main face aux Allemands à la hauteur du 48, avenue Gallieni. Des plaques commémoratives apposées en différents sites de Joinville rappellent le souvenir des 19 disparus : Georges Arkhangeslsky, Joseph Belbéoch, Gaston Belny, Eugène Bonnard, Alexandre Buchou, Jules Charon dit Siki, Marie Chevrier, Pierre Demont, Jean Dewilde, Eugène Dumont, Émile Dupuis, Juliette Josselin Demarcy, Marcel Fournier, Pierre Metz, Émile Pilz, Cyrille Poitevin, Georges Tabouret et Jean Viacroze.
Le lundi 28 août les obsèques des victimes sont célébrées solennellement, en présence d'une foule considérable.
La mention « Mort pour la France » est apposée sur l’état-civil.
Le nom de Roland Martin a été donné à une rue de Champigny-sur-Marne. Son nom figure également sur le monument aux morts de Champigny et sur une plaque apposée à Joinville près du lieu de sa mort, 48 bis, avenue Galliéni.
Adolphe Louis Breton naît le 27 février 1902 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Rosalie Eugénie Legout, veuve Coutable et de Charles Antoine Breton, emballeur, qui vivent rue du Viaduc.
Alors plombier, installé rue de la Liberté à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), Adolphe Breton se marie en avril 1922 avec Blanche Antoine. En avril 1941, il se remarie à Lyon (1er arr.) avec Clémence Marie Louise Chapelotte.
Résidant alors à Crançot (Jura, act. Hauteroche), où il est installateur sanitaire, Adolphe Breton est déporté le 29 février 1944 au camp de concentration de Dachau (Allemagne, act. Autriche). Il est transféré le 18 août 1944 à un autre camp de concentration, Mauthausen (Allemagne, act. Autriche). Le 31 août, il est affecté au commando Linz III, qui dépend de ce camp. Il est libéré le 5 mai 1945 et est rapatrié en France à Longuyon le 20 mai.
Adolphe Breton meurt le 9 mars 1992 à Paris (18e arr.). Il était âgé de 90 ans.
Mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, Duquenne se présente en mars 1943 comme « un Français qui revient d’Allemagne, et qui, soldat en 1939-40, a passé deux années dans les stalags. »
Des combats et de son séjour outre-Rhin, Duquenne revient avec un sentiment favorable au nouveau régime. Il rejoint en effet le Rassemblement national populaire (RNP), formation collaborationniste, fondée par Marcel Déat en février 1941 sur une ligne politique néo-socialiste et pro-allemande.
En novembre 1942, Duquenne est le délégué général du Front social du Travail (FST) pour la région parisienne. Il s’agit d’une structure interne au RNP, qui promeut une forme corporatiste d’organisation des forces productives. Il siège au comité directeur national du FST, dont il est délégué à l'organisation en février 1943. L’intervention de Duquenne est mentionnée dans une quinzaine de réunions publiques du RNP et du Front social du Travail, y compris dans plusieurs villes de province.
La section troyenne du RNP invite Duquenne, en mars 1943 pour animer une soirée cinématographique sur le thème « Un voyage en Allemagne » avec une causerie sur les conditions de vie des travailleurs allemands. Le quotidien Le Petit Troyen assure que « la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville était comble ». La soirée commença avec des vues touristiques des villes, paysages et monuments allemands, dont « Munich, métropole de l’art allemand et berceau du national-socialisme » et « Berlin, capitale du Reich. »
Seul orateur, Duquenne explique qu’avant la guerre, il appartenait au parti SFIO, et pendant des années, il a mené le combat pour améliorer le sort des travailleurs. Dès 1938, il aurait, selon le compte-rendu « constaté l’effort des juifs et de la haute finance en vue de déchaîner un conflit qui eût pu être évité. »
Après tous ces évènements, M. Duquenne explique avoir voulu « connaître la vérité » et est allé en Allemagne.
On lui avait dit que, là-bas, la liberté n’existait plus ; que les valeurs intellectuelles étaient réduites au silence ; qu’une dictature impitoyable faisait tout ployer son joug ; que les classes laborieuses étaient réduites à l’esclavage. Duquenne assure que « Rien de plus faux que ces allégations. »
Arrivé en Allemagne, M. Duquenne indique avoir observé la vie de l’ouvrier. « Il a vu partout des êtres calmes, propres, bien vêtus et soignés de leur personne. Il a aussi apprécié la camaraderie dont font preuve les ouvriers allemands vis-à-vis des français, les premiers ne manifestant aucun sentiment de haine à l’égard des seconds. »
Poursuivant, Duquenne assure que « Là-bas, tout est propre, gai, accueillant, l’ordre règne et la comparaison sur l’état du travailleur n’est pas en faveur de notre pays ! L’ouvrier jouit en Allemagne d’une grande sécurité au point de vue de la défense de ses intérêts ». L’orateur fait ressortir « cette sorte de camaraderie qui règne entre les ouvriers et les directeurs des usines, qui souvent partagent les repas des travailleurs, à l’usine même ou dans les restaurants communautaires. »
En conclusion, Duquenne appelle à « combattre les efforts du Juif et du bolchévisme ; et de notre côté, lutter pour l’avènement du vrais socialisme. De l’autre côté de la frontière, on nous tend la main : le devoir des Français est de répondre à ce geste. Il ne faut plus que dans les deux pays, de nouveaux monuments aux morts soient élevés. Les architectes ont des tâches plus nobles à quoi s’adonner. Que tous nos efforts soient consentis vers le socialisme et vers la construction de la paix. »
Selon Le Petit Troyen, « des applaudissements répétés saluèrent la fin du discours de M. Duquenne ». Assez curieusement, la réunion se termina avec la projection d’un film « montrant la vie des fauves en liberté dans un jardin zoologique. »
En novembre 1943, Duquenne prend part aux « assises nationales du monde du travail » organisée par le FST en faveur d’une « véritable construction socialiste », qui se tienne au Palais de la Mutualité et à la Maison de la Chimie à Paris. Il est également de porte-parole d’une autre structure du RNP, l'Union des Vieux Travailleurs.
Outre ses fonctions au plan national, Duquenne est responsable de la section de Champigny-Joinville du RNP. La permanence du RNP se tient près de chez lui.
Malgré l’évolution de la situation en France, Duquenne reste fidèle à son engagement au sein de l’organisation de Marcel Déat même après l’arrivée des alliés en France. Il est ainsi l’orateur de réunions, qui se tiennent à Paris (19e et 10e arr.) les 7 et 8 juillet 1944, au cours desquelles doivent être « données les dernières informations politiques et les directives du Parti concernant la situation intérieure française. »
Albert Amédée Duquenne meurt le 2 février 1971 à Paris (15e arr.). Il était âgé de 68 ans, exerçait alors le métier de voyageur représentant placier, et demeurait rue Hippolyte-Maindron à Paris (14e arr.). Il était décoré de la Croix de guerre 1939-1940.
Au cours de l’année 1939, Duquenne est un orateur fréquemment sollicité, y compris en province. Il est ainsi à Neuilly-Saint-Front (Aisne) puis au Mans (Sarthe) ainsi qu’à Noisy-le-Sec en janvier lors d’un rassemblement d'aide à l'Espagne républicaine ou à Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines) en février. Il est à plein temps dans des activités politiques, employé par la Fédération socialiste.
Duquenne est également l’organisateur de fêtes, comme à la salle Wagram (Paris) en janvier pour les jeunes, ou à Vincennes pour la région de l'Est parisien, où Léon Blum évoqua les premières années de son enfance passées à l'école de Fontenay-sous-Bois et sur les pelouses du bois de Vincennes, avant d’appeler « aux devoirs d'hospitalité, de générosité, d'humanité » en évoquant « le martyre et l'exode du peuple catalan. »
C’est en tant que secrétaire de l'Union des sections du canton de Saint-Maur qu’Albert Duquenne conduit une réunion « contre la politique de régression sociale, pour la paix et la solidarité internationales » à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne) en février.
Lors du congrès du Kremlin-Bicêtre (Seine, act. Val-de-Marne) en mars, les socialistes se félicitent que L'Entente des Jeunesses de la Seine soit « maintenant heureusement reconstituée, en plein essor ». Le même mois, Duquenne est à Joinville-le-Pont avec Mercier, des Petits commerçants et Jean Garchery, député de Paris et père d’un futur maire de Joinville.
On retrouve Duquenne comme organisateur d’une conférence à Alfortville avec Marcel Clerc, ex-commandant des brigades internationales en Espagne. Il intervient dans une réunion électorale à Asnières en avril. La journée d'études qu’il préside à Issy-les-Moulineaux le même mois accueille 200 jeunes autour de sujet comme le guesdisme, ta presse, les origines du 1er mai.
Le bureau de la Fédération socialiste de la Seine adopte, avant le congrès du parti, une motion qui, tout en approuvant « dans son esprit » la motion de politique générale portant les signatures de Paul Faure et Charles Spinasse, revendique que soit placé « au-dessus de tout, l'unité et la cohésion du Parti ». Ils estiment que ne sont pas suffisamment précisés les rapports avec le Parti communiste et ses filiales, « Or, ce problème est capital dans la région parisienne où le Parti, qui en a fait loyalement l'expérience, a toujours été diminué et affaibli par la pratique des actions communes ». Duquenne signe le texte en tant que membre de la section de Joinville avec Léon Berthet, qui sera adjoint au maire à la Libération.
Intervenant en juin 1939 lors d’une fête à l’occasion de la sortie du 100e numéro du journal de la section socialiste de Nogent-sur-Marne, Le Socialiste Nogentais, est qualifié dans Le Populaire de « mordant mais sincère orateur socialiste ». Le même mois, il parle lors de réunion de cheminots à La Chapelle (Paris) et Nanterre (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est réélu membre de la commission exécutive de la Fédération de la Seine au titre de la Motion A, conduite par Gaston Allemane, député de Champigny, avec 1143 voix.
Resté en région parisienne, c’est Duquenne qui assure la réouverture des bureaux de la Fédération mi-septembre 1939. Il assure la représentation de la commission exécutive fédérale, au moins jusque fin octobre. La dernière mention le concernant dans la presse socialiste est un numéro du Populaire du 28 octobre, mentionnant sa présence à la réunion de la commission exécutive le 23.
À suivre
le service d'ordre des Jeunesses socialistes de la Seine en 1939
Avec Fernand Imbert, Albert Duquenne est l’un des deux secrétaires du comité fédéral mixte de l‘Entente des jeunesses socialistes de la Seine ; Imbert est le secrétaire « jeune », élu par l’assemblée générale, tandis que Duquenne est le secrétaire « adulte », désigné par la commission exécutive fédérale. Il intervient, au titre de la Fédération dans de nombreuses réunions, y compris en province (Pithiviers, août 1937). Il s’efforce de mobiliser les jeunes socialistes pour des défilés, selon l’historienne Christine Bouneau, « dans une scénographie qui cherche à mettre en valeur sinon à faire une démonstration de force. »
Suite au conflit entre la direction nationale de la SFIO et la Fédération de la Seine, dirigée par le responsable de la Gauche révolutionnaire, Marceau Pivert, et ses partisans, toutes les sections sont dissoutes. Des secrétaires provisoires sont désignés pour chaque arrondissement de Paris et chaque commune de la Seine afin de les reconstituer. Les adhérents qui veulent réintégrer le parti sont priés de s'adresser à eux et de signer l'engagement de respecter la discipline et les décisions. Le 16 avril 1938, Duquenne est désigné comme secrétaire provisoire, chargé de la reconstitution de la section de Joinville, bien qu’il réside à Champigny. Le 20 avril, il est remplacé par un adhérent joinvillais, désigné par sa section, Jean Brision. La réunion de reconstitution de la section a lieu le 29 avril au café Chez Camus.
Devenu un des secrétaires de la Fédération SFIO de la Seine, membre du bureau fédéral, Albert Duquenne intervient régulièrement auprès des partenaires. C’est ainsi lui qui répond au parti communiste, en juillet 1938, qui interpelle les socialistes au sujet de l'augmentation du prix du gaz et de l'électricité. Il renvoie la question aux élus départementaux. Quelques jours plus tard, on le voit signer une tribune, parue dans les quotidiens communiste L’Humanité et socialiste Le Populaire « Contre les pillards de Paris. »
En septembre de la même année, une ordonnance de référé du tribunal civil de la Seine permet aux socialistes de récupérer leur local fédéral, 7, rue Meslay à Paris (3e arr.), qui avait été conservé par l’ancienne direction des partisans de Marceau Pivert. Albert Duquenne et Marcel Bloch, au nom des loyalistes, accompagnent l’huissier qui fait l’état des lieux. Le Populaire considère que « le siège fédéral a été vidé et pillé. »
Le bureau de la Fédération de la Seine comprend Robert Prieur, ancien chef de cabinet de Paul Faure; l’avocat Maurice Paz, Francis Desphelippon, ex-secrétaire général de l'ARAC (anciens combattants) et Duquenne.
L’activité de Duquenne se concentre sur des interventions publiques contre le fascisme (souscription en octobre 1938, manifestation le 12 février), à la lutte contre les décrets-lois du gouvernement ou à la formation des jeunes socialistes (organisation de soirées éducatives et de journées d'études). Il préside le congrès des Jeunesses socialistes de la Seine en novembre 1938 à Champigny, où 120 délégués représentent 51 groupes.