Pierre Marie Derrien naît le 24 juin 1912 à Lohuec (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor). Il est le fils de Jeanne Marie Le Brun et de son époux, Yves Derrien, laboureur.
Devenu garçon boucher et vivant boulevard Richard-Lenoir, avait, selon l’historienne Annie Pennetier, effectué son service militaire à Brest en tant que pompier dans la Marine nationale. Il épouse à Paris (18e arr.) en janvier 1937, Juliette Maria Galland. Ils s’installent à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), villa des Varennes. Ils sont tous les deux marchands forains.
Toujours d’après la notice que lui consacre A. Pennetier dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Pierre Derrien devient un des responsables du parti communiste clandestin à Champigny. Engagé dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), il est arrêté sur son lieu de vente, le marché de Champigny, par la police française le 23 juillet 1943. Il aurait été dénoncé et torturé. Incarcéré dans les prisons de la Santé (Paris) et de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne), il est condamné à la peine de mort le 15 octobre 1943 par un tribunal militaire allemand (Gross Paris Abt B). Il a été fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).
Pierre Derrien (photo Maitron)
D’abord inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, le corps de Pierre Derrien a été transféré au cimetière de Champigny le 2 décembre 1944, où il est enterré en même temps que trois autres résistants communistes de la ville, Lucien Rigollet, Jean Savu et Augustin Taravella.
Pierre Derrien a été reconnu comme membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), avec le grade de sous-lieutenant. Il a aussi obtenu le titre d’interné-résistant en octobre 1958. La Médaille de la Résistance lui a été attribuée en janvier 1961. Le nom de Pierre Derrien figure sur le monument aux morts de Champigny et sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Il était père d’une fille. Son épouse, Juliette Derrien, membre du parti communiste après-guerre, a été conseillère municipale de la commune voisine de Joinville-le-Pont entre 1945 et 1947.
Plaque de la rue Pierre-Marie-Derrien à Champigny-sur-Marne
Charles Paul Henri Haubert naît le 19 avril 1909 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Jeanne Crignon, originaire du Nord, et de Charles Paul Henri Haubert, pharmacien, préparateur de travaux de chimie générale à l’École supérieure de pharmacie de Paris ; ils ne sont alors pas mariés et ont une importante différence d’âge (près de dix-huit ans) mais ils s’épousent en août 1910. Ils vivent rue Trousseau puis rue Louis-Braille (12e arr.) où ils exploitent une pharmacie.
Devenu mécanicien, Charles Haubert se marie en juin 1930 à Arnouville-lès-Gonesse avec Suzanne Clotilde Guichard. Ils divorcent en juin 1939. En 1937, il vit rue du Repos, près du cimetière du Père-Lachaise (Paris, 20e arr.).
Après la deuxième guerre mondiale, Charles Haubert vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il se présente en mai 1953 sur la liste d'Union républicaine et résistante, qui est principalement composée de communistes, dont la maire sortante, Amélie Trayaud, et le secrétaire de la section de Joinville du PCF, Henri Bideaux. Elle comprend cependant également des personnalités indépendants, du les adjoints sortants, Decrombecque et Blocher, ainsi que Haubert, présenté comme syndicaliste.
La liste arrive en tête avec dix sièges, devant deux listes de droite (six sièges chacune), les socialistes SFIO alliés aux radicaux-socialistes (trois élus) et les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (MRP, deux élus). Haubert obtient 2 410 voix pour 6 748 suffrages exprimés (35,7%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits. Il est élu. Lors de l’élection, les listes Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) et Rassemblement des gauches républicaines (RGR, centre-gauche) s’allient avec le MRP et font élire Georges Defert (RGR) comme maire.
Haubert siège assidument au sein du conseil municipal. En mars 1958, est un des trois élus mobilisés pour l’établissement de la liste électorale pour les conseils de prud’hommes, en tant qu’ouvrier, avec Depoutot (employé) et Garchery (patron). En octobre 1958, Charles Haubert démissionne du conseil municipal.
Il épouse, en avril 1963 à Joinville Rolande Gabrielle Jollivet.
Charles Haubert meurt le 26 mars 1989 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Il était âgé de 79 ans.
Louis René Loutellier naît le 16 juillet 1903 à Paris (15e arr.). Il est le fils de Marguerite Monturet, originaire de Corrèze et de son époux Louis Joseph Loutellier, épicier, né dans la Sarthe. Ils exploitent un commerce rue de l’Amiral-Roussin mais, après une faillite en 1905, ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Cimetière, dans le quartier de Polangis. La mère est employée dans la société cinématographique Pathé, dont les usines sont dans le quartier voisin de Polangis, et le père travaille comme employé dans diverses épiceries.
Ils déménageront à plusieurs reprises, à Joinville et dans la commune voisine de Champigny, boulevard de Polangis (partagé entre les deux villes), rue des Marronniers, rue des Corbeaux (act. avenue des Canadiens) puis rue d’Aval. Le père meurt en juillet 1912 à Maresché (Sarthe) et la mère peu après en avril 1913 à Paris (13e arr.). Il est probablement élevé par sa tante, Germaine Monturet épouse Bonge ou par son oncle, Pierre Monturet, fruitier, qui vivent alors rue du Faubourg-du-Temple à Paris (10e arr.).
Après la première guerre mondiale, devenu ouvrier cimentier, Louis René Loutellier réside de nouveau à Joinville-le-Pont. Il épouse en mai 1932 dans cette ville Thérèse Marie Françoise Mallet. Ils vivent d’abord boulevard de Polangis puis avenue du Président-Wilson, dans le quartier de Palissy.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Loutellier est résistant à l’occupation allemande.
Après la Libération de la mairie le 20 août 1944, un arrêté préfectoral du 26 septembre désigne une délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune. Cependant, un de ses membres, Alexandre Legay, est démis le 31 janvier 1945. En effet, sa belle-mère, Amélie Trayaud, siège également dans la délégation spéciale, ce qui est interdit par l'article 35 de la loi du 5 avril 1884 sur l’organisation des communes. Elle sera, ultérieurement, brièvement maire communiste de Joinville en 1953.
Sur proposition du Comité local de Libération de Joinville et après l'avis du Comité parisien de la Libération Louis-René Loutellier est désigné comme membre de la délégation spéciale le 2 février 1945. Il fait ainsi fonction de conseiller municipal. Son mandat prend fin lors des élections municipales du 29 avril 1945.
Louis René Loutellier meurt le 3 février 1956 à Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor). Il était âgé de 52 ans.
Henri Petitjeannot naît le 20 juillet 1896 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Jeanne Marie Félicité Ruyer et de son époux Henri Georges Petitjeannot, comptable. La famille vit alors boulevard de Picpus puis va s’installer à Vanves (Seine, act. Hauts-de-Seine), rue des Chariots.
Après le divorce de ses parents en février 1905, la mère et les enfants résident en 1914 rue de la Liberté, dans le centre de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Du fait de la première guerre mondiale, Henri Petitjeannot, qui est devenu employé de bureau est mobilisé de manière anticipée pour ses obligations militaires. Il intègre en avril 1915 le 104e régiment d’infanterie. Il rejoindra en décembre 1915 le 54e puis en mars 1916 le 124e. Il est cité à l’ordre du régiment en avril 1917 pour « Après avoir progressé à la grenade dans un boyau, a réussi à y établir un solide barrage et a assuré la défense pendant deux jours sous de très violents bombardements ». Il rejoint en mars le 4e régiment de tirailleurs puis en mai le 7e et est nommé caporal en décembre 1918. Il est démobilisé en septembre 1919.
Il réintègre sa famille à Joinville, mais ils ont déménagé pour le quai de la Marne. Henri Petitjeannot épouse à Joinville en septembre 1920 une voisine, Jeanne Victorine Pezet, couturière.
En décembre 1923, Henri Petitjeannot est titularisé dans les services du Trésor au ministère des finances, en tant qu’employé d’administration puis, en mai 1924, employé principal. Il est affecté en novembre 1927 à la perception de Choisy-en-Brie (Seine-et-Mame). Il rejoint ensuite la Caisse des dépôts et consignations.
L’Humanité signale, en mai 1932 un « Petit Jeannot à Joinville » qui souscrit dans un appel lancé par le quotidien communiste pour récolter « Deux millions pour l’action de classe ». C’est peut-être Henri, mais éventuellement aussi son frère cadet Maurice (1903-1955), cantonnier ; il réside également à Joinville.
Au milieu des années 1930, les époux Petitjeannot ont leur domicile chemin de la Lande, à Champigny-sur-Marne, commune limitrophe de Joinville. Ils s’installeront ensuite avenue de la République puis avenue de Coeuilly.
Au cours des élections municipales de mai 1935 à Champigny, Henri Petitjeannot figure sur la liste du maire sortant Gaston Chardin, socialiste SFIO. Avec 33,2% des votes valides au premier tour, elle est dépassée par le Front républicain et social (34,8%) tandis que les communistes ont 24,3% et les radicaux-socialistes 8,2%. Petitjeannot recueille 1 775 voix pour 5 598 suffrages exprimés (soit 31,7%) sur 5 802 votants et 6 580 inscrits.
À l’occasion du second tour, la liste socialiste fusionne avec les radicaux et bénéficie du désistement des communistes. Elle remporte largement le scrutin, avec une moyenne de 58,7% contre 39,0% pour la droite et 2,3% de divers. Petitjeannot est élu avec 3 229 bulletins pour 5 532 valables (58,4%).
Parmi les 27 élus, tous socialistes ou radicaux, figure également le futur député SFIO Gaston Allemane. La formation socialiste, qui avait 10 cotisants en 1933, en compte 30 en 1934, 25 en 1935, puis 110 en 1936.
De nouveau mobilisé en septembre 1939 au cours de la deuxième guerre mondiale, Henri Petitjeannot rejoint en mars 1940 une unité d’ouvriers d’administration. Il est démobilisé en août 1940 à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
Henri Petitjeannot meurt le 28 janvier 1977 à Paris (12e arr.) où il est hospitalisé. Il était toujours résident à Champigny. Âgé de 80 ans, il était père d’un enfant et avait été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Jean Baptiste Delpérier naît le 21 mars 1838 à Frayssinet (Lot). Il est le fils de Catherine Mondou et de son époux Jean Baptiste Delpérier, maréchal des logis de gendarmerie. Il utilisera, au début de sa vie professionnelle, le prénom de Léon puis reviendra à celui de Jean Baptiste, qui était également celui de son grand-père et de son arrière-grand-père paternels. Son père a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1839.
Installé à Paris, Jean Baptiste Delpérier il devient, en 1852, vétérinaire et maréchal-ferrant à Paris (6e arr.) rue de la Barouillère (act. rue Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle). Il est diplômé comme médecin-vétérinaire de l’École nationale vétérinaire d'Alfort à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne) en août 1861.
En octobre 1862, désormais domicilié à Joinville-le-Pont tout en conservant son cabinet parisien, Jean Baptiste Delpérier épouse dans cette ville Marie Cornélie Dalibon. Dans le cadre de son activité professionnelle, Delpérier s’intéressera principalement aux chevaux. Il publie son premier ouvrage scientifique en 1869 : Du levier digital.
Au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Jean Baptiste est le vétérinaire du deuxième escadron de la garde nationale à cheval. Il sert notamment pendant le siège de Paris (septembre 1870 – janvier 1871).
Inventeur du « clou Delpérier », le vétérinaire publie en 1881 une Monographie sur les ferrures à glace. Son dispositif vise à permettre aux chevaux de marcher sur de la glace ou de la neige. Considéré comme très simple à placer dans des étampures ad hoc et sans danger pour l’animal, le clou Delpérier, même s’il a des concurrents, dispose d’une forte réputation. Encore en février 1929, le quotidien socialiste Le Populaire en faisait l’éloge : « Depuis l'apparition de l'invention de Delpérier, on a voulu innover de nombreux autres systèmes. Aucun, il faut le dire n'a pu présenter de meilleures qualités ». Un Manuel raisonné de la ferrure à glace Delpérier est publié en 1886 par l’imprimerie familiale, située à Cahors (Lot).
Après le décès de sa première épouse en juin 1879, Jean Baptiste Delpérier se remarie à Paris (6e arr.) en novembre 1883 avec une professeure de piano, Alexandrine Emma Kownacka, fille de Joseph Kownacki, professeur de dessin, ancien officier polonais engagé dans la lutte contre l’empire russe en 1830 et réfugié en France après l’écrasement de la révolte. La famille Kownacki était voisine de la propriété Delpérier à Joinville. La rue où ils demeurent, limitrophe de Champigny, porte désormais le nom de rue du 42e de Ligne, régiment qui s’est illustré dans la défense de la capitale contre les Allemands en 1870-1871. Le terrain des Delpérier se situait sur les deux communes.
Membre depuis 1873 de la société La Tempérance, qui lutte contre l’alcoolisme, Delpérier publie en 1898 une Étude spéciale du sabot du cheval et des altérations unguéales.
Il quitte la région parisienne au cours des années 1900 et s’établit sans doute d’abord à Cahors (Lot), où il aurait géré l’imprimerie précédemment exploitée par son frère Frédéric, puis à Lafrançaise (Tarn-et-Garonne).
Jean Baptiste Delpérier meurt le 21 mars 1911 à Lafrançaise, où il résidait avec son épouse. Il est décédé le jour de son anniversaire, à 73 ans. Il était père de cinq enfants dont l’aîné, Georges, fut un célèbre statuaire, chevalier de la Légion d’honneur, qui réalisa notamment une statue de Ronsard à Tours et le monument aux morts de Joinville-le-Pont. Jean Baptiste Delpérier était décoré depuis janvier 1887 du Mérite agricole, titulaire d’une médaille d'or de la Société nationale de médecine vétérinaire depuis novembre 1886, d’une médaille d'argent de la Société nationale d’agriculture depuis juillet 1898 et d’une médaille de vermeil de la Société protectrice des animaux depuis mai 1902.
Ernest Émile Masson naît le 31 mai 1874 à Dampierre-sur-Salon. Il est le fils de Berthe Jeanne Eugénie Maillot et de son mari, Célestin Adrien Masson, gendarme.
Travaillant comme journalier, il s’engage en 1892, âgé de 18 ans, dans l’armée pour quatre ans à Besançon (Doubs). Il sert dans le 9e bataillon d’artillerie de forteresse. À la fin de son service militaire, en novembre 1896, il s’installe d’abord à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il épouse en janvier 1899 dans cette commune Berthe Jeanne Eugénie Maillot, originaire de Seine-et-Oise et fille de cheminots. Ils vivent dans plusieurs quartiers de Paris avant de revenir à Champigny en 1900, de nouveau dans la Grande-Rue puis en 1912 rue du Clos-Bellot et en 1914 rue de Joinville.
Au cours de la première guerre mondiale, rappelé à l’armée, Ernest Masson est classé pour un service auxiliaire du fait de son obésité (115 kilos), liée à un emphysème des boulangers, ainsi que du fait d’une arthrite sèche au genou gauche. Il est renvoyé dans ses foyers en juin 1915.
Après le conflit, Ernest Masson prend la gestion de l’hôtel, café, restaurant, tabac Au Rocher Fleuri, situé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue Pauline.
La salle Masson est un des principaux lieux de réunion d’organisations de gauche dans la commune.
En 1919-1920, le parti socialiste SFIO et sa jeunesse s’y réunissent trois fois. À partir de 1921, transformé en parti communiste, ce sont les structures culturelles et de jeunesse qui y tiennent leurs assemblées. La Jeunesse communiste y a installé son siège et y donne des cours d’algèbre, de géométrie et de dessin industriel en 1921. Elle organise en janvier 1922 un meeting dédié aux communistes allemands Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Les Fêtes populaires, groupe interne à la section communiste s’y réunissent aussi à partir de février 1921 puis le groupe artistique en 1923. À partir de janvier 1923, la section communiste locale y tient également des réunions.
Composé d’anciens communiste ayant quitté le parti communiste lorsque l’interdiction d’appartenir à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et à la franc-maçonnerie a été édictée, l’Union fédérative socialiste (UFS) utilise aussi la salle Masson comme site de réunion à compter de mars 1923. C’est également le cas de la LDH. En mars 1923, l’Association républicaine des anciens combattants organise chez Masson un « Grand meeting contre la guerre et l’occupation de la Ruhr », avec le soutien de la LDH et de l’UFS.
Le Rocher fleuri accueille également d’autres manifestations, comme l’annuel banquet des sapeurs-pompiers de la commune, en décembre 192 ou l’assemblée générale de la société mutualiste Assurance fraternelle en janvier 1924.
En avril 1924, l’établissement de l’avenue Pauline est vendu à Raymond Vialatelle (1912-1992). Il sera également dans le même lieu hébergeur de manifestations sociales et politiques entre 1935 et 1938.
La famille quitte Joinville. Ernest Émile Masson meurt le 26 mars 1926 à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine), où il résidait route de Montrouge. Il était âgé de 51 ans.
Déplacé sur l’avenue Galliéni, le Rocher fleuri était toujours exploité à Joinville en 2020.
Le restaurant Denis, voisin du restaurant Masson à Joinville-le-Pont
Lucien Clément naît le 5 août 1885 à Bourguignons (Aube). Il est le fils de Marie Reine Clémence Potée et de son mari, Edme Victor Gaston Clément, cultivateurs.
Entre octobre 1906 et septembre 1908, alors manouvrier, il effectue son service militaire dans le 6e bataillon d’artillerie à pied. Il est embauché en 1909 par la Compagnie de des chemins de fer l’Est et affecté à la gare de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue des Remises.
En septembre 1912, il épouse dans une autre ville adjacente, Champigny-sur-Marne, Juliette Colas, couturière.
Au cours de la première guerre mondiale, il est maintenu à poste d’employé ferroviaire. Après la fin du conflit, le couple vit rue du Chemin-Vert à Saint-Maurice, autre commune attenante à Joinville.
Abandonnant les chemins de fer, Lucien Clément devient industriel et exploite une fonderie. La famille s’établit vers 1923 à Joinville, quartier de Polangis, avenue Ratel.
Dès 1924, Lucien Clément est trésorier de la Mutualité scolaire, société de secours mutuels communale, qui offre contre une cotisation des indemnités en cas de maladie et contribue à l’éducation à l’épargne des élèves, au travers de livrets constitués en vue de leur retraite. Il en est toujours administrateur en 1938.
En novembre 1932, Clément devient membre du bureau du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS), structure qui regroupe la plupart des adhérents et sympathisants des formations républicaines de droite dans la commune de Joinville. Il est présidé par Émile Lecuirot, dirigeant d’un club d’aviron.
Des élections municipales complémentaires sont nécessaires en octobre 1934 pour pourvoir à dix postes rendus vacants par des démissions et décès. Le CURAS négocie avec le parti radical-socialiste, dont le maire Georges Briolay est membre, la constitution d’une liste commune comprenant quatre radicaux et six candidats de droite. Clément figure parmi les représentants du CURAS. L’objectif de leur liste est de « Continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles. »
Le scrutin voit également la présence de listes communiste, socialiste SFIO et d’un groupe indépendant, qui comprend également des radicaux et est surtout composé de commerçants, plutôt proches du maire. C’est la Concentration républicaine qui est en tête au premier tour, Clément recueillant 859 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,4%) sur 2 360 votants et 3 225 inscrits. Au second tour, le groupe indépendant se retire tandis que les socialistes SFIO se désistent en faveur des communistes. Avec 1 116 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,6%) sur 1 964 votants est élu avec l’ensemble de sa liste.
Après l’assemblée générale du CURAS en décembre 1934, Clément devient vice-président tandis que Léon Lesestre est élu président.
Quand le conseil municipal vote le budget municipal en décembre 1934, Clément et ses colistiers s’abstiennent, contestant la diminution de l’indemnité de bicyclette au personnel communal.
Le CURAS se transforme en février 1935 en Union des républicains, sous la présidence de René Kirbühler. Au moment de la constitution, les statuts prévoient une incompatibilité entre les fonctions du bureau et du conseil municipal et Clément n’y siège donc pas et René Kirbuhler devient président.
À l’occasion des élections municipales de mai 1935, l’Union des républicains adopte un programme prévoyant la « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs », promouvant l’atténuation des dépenses publiques, la simplification des rouages administratifs, l’application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène.
Le groupement de droite décide également de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux « pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». L’argument est que l’Union des républicains de Joinville fait référence aux « fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons. »
Clément figure sur la liste de l’Union des républicains lors des élections municipales de mai. Il est présenté comme fondeur. Plusieurs formations nationalistes apportent leur soutien, dont les Jeunesses patriotes et le Parti social français. La liste se présente comme constituée « d’hommes d’ordre et d’action », étant « sans aucune préoccupation politique, n’ayant pour but que la bonne gestion communale. »
Au premier tour, l’Union des républicains arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés, devant les radicaux-socialistes de la municipalité sortante (26,8%), les communistes (23,5%) et les socialistes (12,3%). Clément obtient 947 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,2%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.
Au second tour, les communistes et les socialistes fusionnent leurs listes, tandis que les radicaux-socialistes maintiennent la leur. L’Union des républicains obtient 25 des sièges à pourvoir, en laissant deux à des candidats de gauche (communistes). Clément est élu avec 1 165 voix pour 2 899 suffrages exprimés (40,2%) sur 2 924 votants.
Pour l’élection sénatoriale d’avril 1938, Clément est élu délégué par le conseiller municipal sur une liste qui ne comprend que des membres du comité d’Union républicaine.
Sous le régime de l’État français, instauré pendant l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, les conseils municipaux élus sont remplacés par des assemblées nommées. Le 20 février 1942, un arrêté préfectoral désigne Lucien Clément comme membre du conseil municipal de Joinville ; le maire, Lesestre, et trois des adjoints au maire sont reconduits. Au total, quatorze des élus de 1935 sont maintenus, deux avaient été révoqués (les communistes Deloche et Rouhaud), onze des élus de 1935 ne sont pas maintenus tandis que six non élus sont intégrés (dont une femme).
À la Libération le 25 août 1944, le comité local de Libération prend le contrôle de la maire, remplaçant le conseil municipal, et les membres du bureau municipal sont arrêtés.
Lucien Clément meurt le 12 janvier 1955 Joinville-le-Pont. Il était âgé de 69 ans et père d’une fille. Il avait été décoré en tant que chevalier du Mérite social en mars 1938 pour son rôle mutualiste, après avoir eu une mention honorable en septembre 1933. Il est également décoré des Palmes académiques en février 1939 en tant qu’officier d’académie pour services rendus aux œuvres postscolaires.
Victor Hippolyte Robert-Peillard naît le 1er août 1899 à Grasse (Alpes-Maritimes). Il est le fils d’Élise Émilie Eyguesier et de son mari Jules Jean Louis Robert-Peillard, directeur du casino.
La liquidation judiciaire du café-restaurant juste avant sa naissance amène la famille à déménager à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), le père devenant voyageur de commerce. Ils vivent en 1900 rue des Sapins puis déménagent quelques années plus tard pour la commune voisine de Joinville-le-Pont, où ils s’installent dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes.
Pendant la première guerre mondiale, Victor Robert-Peillard, qui est alors employé de commerce, s’engage en janvier 1918 pour la durée de la guerre. Il rejoint le 21e régiment de génie puis les 1er, 2e, 3e, 6e et 7e régiments de la même arme. Poursuivant son service militaire après le conflit, il est nommé caporal en août 1919 puis sergent fourrier le mois suivant. Il est détaché en Alpes-de-Haute-Provence 1920 pour assurer, dans la Somme, l’encadrement des travailleurs coloniaux puis assure cette même fonction à Marseille. Il est démobilisé en juin 1921.
En août 1924, Victor Robert-Peillard épouse à Saint-Maurice Marguerite Adrienne Mégret. Ils s’installent dans cette commune, adjacente à Joinville, dans la Grande-Rue. Il devient également voyageur de commerce.
Cependant, Victor Robert-Peillard reste manifestement lié à Joinville, où résident toujours sa mère, un frère et une sœur. C’est dans la section joinvillaise du parti socialiste SFIO qu’il s’engage dans l’activité politique. Il en est membre en 1930 et en 1935. Il fait alors partie du comité de presse, qui assure la promotion du quotidien Le Populaire, avec Robert Derivière et Victor Hochet.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, un Robert-Peillard est signalé comme membre de l’organisation humanitaire officielle, le Secours national d’entraide du maréchal. Il s’agit soit de Victor, soit de son frère Jean Paul, qui avait été fait prisonnier par l’armée allemande en 1940 et était peut-être alors libéré. Cette association organise, en décembre 1941, le Noël du maréchal ; au cours de la manifestation, le maire, Léon Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal [Pétain], sauveur de notre France ». En décembre 1943, Robert-Peillard participe au Déjeuner des vieux, au titre du Parrainage des vieux.
Victor Robert-Peillard meurt le 13 janvier 1961 à Joinville. Il était âgé de 61 ans.
Jean Mégrot naît le 8 mars 1907 Paris (9e arr.). Il est le fils d’Alice Honorine Bock et de son mari Cléophas Ernest Georges Mégrot, employé de bourse. Ils vivent rue de Trévise. Mais Jean, de santé très fragile, est confié bébé à ses grands-parents paternels, à Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre), où son grand-père est maréchal-ferrant. Il y est toujours au début de la première guerre mondiale mais rejoint ensuite sa mère (qui s’est séparée de son père) et vit à Paris (18e arr.), rue des Abbesses, en avril 1918. Il travaille pour un patron dès qu’il a douze ans, tout en continuant à fréquenter le patronage de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste de Montmartre. C’est là qu’il annonce qu’il veut devenir prêtre.
En 1920, il intègre la maîtrise de Notre-Dame de Paris et y reste jusqu’en 1923, année où il rejoint le petit séminaire de Conflans à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avant d’intégrer, en 1926, le grand séminaire à Issy-les-Moulineaux. Du fait de sa santé, il est peut-être dispensé de service militaire et est ordonné prêtre catholique en l’église Saint-Sulpice de Paris (6e arr.), en juin 1932.
Pour son premier poste, il est nommé vicaire à Saint-Germain de Vitry (Seine, act. Val-de-Marne), banlieue ouvrière, auprès du curé Roger Derry, qui sera ensuite résistant pendant la deuxième guerre mondiale et décapité par les Allemands en 1943. En mars 1935, l’abbé Mégrot est nommé vicaire de la paroisse de La Varenne Saint-Hilaire à Saint-Maur-des-Fossés, toujours dans le Sud-est parisien.
Il veut changer de voie et rejoint, en novembre 1936, l'abbaye Notre Dame de Tamié, monastère cistercien-trappiste à Plancherine (Haute-Savoie), dans le massif des Bauges où il devient frère Marie Bernard. Mais, selon l’historien Jean Roblin, « son tempérament indépendant et impulsif lui rend impossible toute discipline ». Il quitte l’abbaye en juillet 1937 et, après un congé qu’il passe chez sa mère, redevient vicaire dans la paroisse Sainte-Anne de Polangis, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en mars 1938.
Au début de la deuxième guerre mondiale, en octobre 1939, le père Mégrot est transféré à l’église Sainte-Geneviève et Saint-Maurice de Nanterre (Seine, act. Hauts-de-Seine). Encore vicaire, il doit gérer seul la paroisse, le curé en titre étant mobilisé tandis que le premier vicaire a été tué dans une action militaire. Face au froid et aux difficultés d’approvisionnement, il fonde en hiver 1941 une soupe populaire, l’une des premières de la banlieue Ouest de Paris. Le 20 décembre, il réussit à servir 300 repas après une expédition clandestine dans l’Orne pour se procurer du ravitaillement.
Même si le Service historique de la défense n’identifie pas Jean Mégrot en tant que résistant, plusieurs historiens, comme Marianne Andreucci-Pastor ou Roblin attestent de son activité de soutien à la résistance à l’occupation allemande, notamment par l’aide aux personnes recherchées ou voulant échapper au travail obligatoire en Allemagne.
Après la mort en août 1945 de sa mère, avec laquelle il vivait toujours, Jean Mégrot fait un second séjour à la Trappe de Tamié. Il n’y reste que quelques mois et est nommé en octobre 1946 second vicaire de la paroisse de l’Immaculée-Conception de Billancourt (Boulogne-Billancourt, Seine, act. Hauts-de-Seine). Il intervient en particulier auprès des travailleurs immigrés nord-africains de la commune.
Il quitte la banlieue pour une paroisse parisienne, Notre-Dame du Rosaire (14e arr.) en octobre 1952 puis il retrouve l’Est du diocèse à Coeuilly, dans la commune de Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). C’est de parmi les dépendances de l’évêché de Paris la plus éloignée de Notre-Dame. Il rénove une chapelle à l’abandon puis, en 1958, supervise la construction de l'église Notre-Dame du Sacré-Cœur. Le quartier, qui accueille désormais plusieurs cités populaires, était encore rural et l’abbé Mégrot se présentait comme un curé de campagne. La paroisse couvrait cependant une population défavorisée et l’abbé Mégrot contribue à l’installation de sans-logis. Il obtient de l’évêché d’expérimenter la gratuité des mariages et enterrements à partir de 1955.
Malade, il présente sa démission de curé en juillet 1960. Elle est acceptée en avril l’année suivante. Il est hospitalisé à Nanterre puis à Paris, avec quelques périodes de rémission. Jean Mégrot meurt le 6 septembre 1962 à l’hôpital Notre-Dame du Bon-Secours de Paris (14e arr.). Il est inhumé à Champigny-sur-Marne. Il était âgé de 55 ans.
Jules Warin naît le 18 janvier 1853 à Sedan (Ardennes). Il est le fils d’Esther Victorine Percheron et de son mari, Ponce Warin, boulangers.
Au cours des années 1870, il effectue des études de pharmacie à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; il publie en 1878 une Étude sur l'acide mucique, antioxydant que l'on retrouve dans différents fruits, notamment la pomme. Il s’établit comme pharmacien à Stenay (Meuse). Il a sans doute effectué un service militaire comme sous-officier dans une unité sanitaire.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) vers 1882, sa pharmacie route de Brie. Les deux quartiers de la rive gauche de la Marne, Palissy et Polangis, sont encore peu peuplés mais se développent rapidement, de même que la partie de Champigny proche, autour du lieudit la Fourchette. Ils ne disposent que de fort peu de services publics. Pour se rendre à l’école communale de Joinville, les enfants doivent parcourir d’assez longues distances.
En 1880, des parents de ladite zone, proches des milieux radicaux-socialistes et socialistes-révolutionnaires, décident de créer un groupe scolaire libre, qui ouvre d’abord une école laïque enfantine (maternelle). Warin est à l’initiative de sa constitution, qui devient effective en 1882. Comme président du conseil d’administration, il procède en 1888 au recrutement d’instituteurs pour permettre l’élargissement de l’école à l’enseignement primaire, en 1889.
La ville de Champigny prend à sa charge l’école, qui est communalisée en octobre 1892 tout en continuant à accueillir les enfants de Joinville. Warin et le conseil d’administration décident donc la dissolution de leur association en mai 1893. Du côté de Joinville, un ensemble scolaire est ouvert à Polangis en 1899. À cette occasion, le docteur Piettre, vice-président du Conseil général de la Seine, prononce un éloge de l’action de Warin et de la mobilisation de la population du quartier, qui avait supporté seule les frais de l’école de la Fourchette.
En matière sociale, Warin est également membre du comité de Saint-Maur-Joinville de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) en 1885 et de l'Œuvre des enfants tuberculeux en 1891-1892.
Sur le plan professionnel, Jules Warin suit les cours de l’École supérieure de Pharmacie de Paris. Il publie en 1890 une mise en garde sur la digitaline, que certains médecins prescriraient à tort selon lui. Devenu lauréat en 1893, il est nommé pharmacien de première classe et publie une étude sur Les bulles glutineuses.
Il a installé une pharmacie dans le 14e arrondissement de Paris, rue Guilleminot. En juin 1894, il épouse, au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), Augustine Martin, abandonnée par ses parents à sa naissance.
Soutenant sa thèse sur une Étude comparative sur la préparation de quelques extraits fluides, Jules Warin devient docteur en pharmacie avec la mention très bien en 1901. Il ouvre une officine à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Il poursuit des publications scientifiques, comme en 1908 sur l'extrait de cola ou en 1913 sur un Extrait fluide de quinquina pour vin. Pour ses produits, il dispose d’un dépôt à Paris (4e arr.), rue du Pont-Louis-Philippe
Élu membre correspondant national de la Société de pharmacie de Paris, en avril 1903, Jules Warin est également président de l'Association des docteurs en pharmacie des universités de France.
Jules Warin meurt le 7 juillet 1915. Il était âgé de 62 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. En avril 1899, il avait été décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie, pour son rôle en faveur de l’école de la Fourchette de Champigny-Joinville.
Saluant sa mémoire, la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine met en avant « la droiture de son caractère et la solidité de sa technique professionnelle. »