Mise à jour de l’article « Vernière et le projet inabouti des logements sociaux de Polangis » du 04/11/2019 après accès à de nouvelles archives.
Albert Jean Baptiste Vernière naît le 9 février 1871 à Montilly (Allier). Il est le fils de Catherine Élisa Guillet et de Pierre Vernière ; ses deux parents sont instituteurs, comme le sera également sa sœur Marie Denise, épouse de Jean Forge (1869-1940).
Pour sa part, Albert Vernière fait des études scientifiques, d’abord à Paris. À 18 ans, il devance l’appel au service militaire et s’engage, pour trois ans, à Paris (3e arr.) en octobre 1889 et est affectée au 125e régiment d'infanterie. Il revient à la vie civile en septembre 1892 et effectue des périodes en tant que réserviste en octobre 1897 et mars 1902.
Il reprend des études en Languedoc, à l’université de Montpellier (Hérault). Albert Vernière enseigne à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague, établissement catholique privé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est dans cette ville qu’il épouse, en février 1898, Adrienne Micheline Sarda, fille d’un important minotier établi dans le quartier du Haut-Vernet.
Pour l’activité professorale, le couple va s’installer en région parisienne, d’abord à Courbevoie en 1900. Mais il continue à avoir des relations fortes avec l’Occitanie ; c’est à Perpignan, dans la demeure des beaux-parents, que naissent en septembre 1900 et mars 1903 leurs deux premiers enfants. Vernière fait, en octobre 1902 une conférence sur « la liberté d'enseignement » à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Il obtient son certificat d'études, physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences de Montpellier en juin 1903.
Désormais installé durablement autour de la capitale, les Vernière vivent à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1904-1905. Puis après avoir cessé son métier de professeur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1907 quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette) puis en 1908 dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue du Chalet (villa Schaken) et en 1909 de nouveau à Joinville, avenue des Platanes.
La Compagnie générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville, dans le quartier de Palissy.
Vernière est, sans doute à partir de 1906, employé de la société Pathé qui lui confie une fonction s’apparentant à celle d’un chargé des relations extérieures. Il dispose d’un statut confortable, puisqu’une voiture et un chauffeur sont mis à sa disposition. Il veut construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville. Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.
Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, et a placé, en octobre 1908, 3 800 billets pour 19 000 francs. En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.
Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des rapports avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.
En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.
Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite La Libre Parole.
En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.
Vernière quitte la maison Pathé vers la fin de 1908.
Les années 1900 sont ceux de déboires avec l’armée. Peut-être du fait de ses déménagements qu’il n’aurait pas signifié, il ne répond pas à des appels pour effectuer des périodes de réserve. En novembre 1907, il est déclaré « insoumis », une mesure levée en novembre 1910 pour prescription ; mais il est de nouveau inscrit sur les registres de l’insoumission en mars 1911.
Au cours de la première guerre mondiale, résidant alors à Paris (20e arr.), rue Duris, Albert Vernière est arrêté par la police en septembre 1915. Une ordonnance rendue en octobre prononce un non-lieu à son égard, et il est affecté au 98e régiment territorial d'infanterie. Cependant, il ne rejoint pas son poste, du fait de son statut d’homme marié père de trois enfants vivants.
N'exerçant plus de profession, Albert Vernière vit à Ardillières (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), sans doute auprès de son père. Il meurt dans ce village de l’Aunis le 25 avril 1918. Âgé de 47 ans, il était divorcé et avait eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.
L’usine Pathé à Joinville-le-Pont ; les bâtiments et la cheminée sont toujours existants en 2024
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