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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 00:01

La poète et résistante Marietta Martin a vu son nom donné en octobre 2024 à une rue de la ville d’Arras, sa commune natale. L'inauguration de la rue Marietta Martin est a priori prévue aux alentours du 8 mars 2025. C’est l’occasion de reprendre ici sa biographie.

 

Marietta Martin, née le 4 octobre 1902 à Arras (Pas-de-Calais), est la fille d’Arthur Martin, rédacteur en chef du quotidien d’Arras, le Courrier du Pas-de-Calais, et d’Henriette Martin-Le Dieu. Orpheline de père à l'âge de quatre ans, Marietta vit avec sa mère, professeur de piano à Arras et sa sœur, Lucie. Lors de l'offensive allemande dans le nord de la France en août 1914, sa mère et sa sœur se réfugient à Paris et s'installent dans le 16ème arrondissement, où Marietta les rejoindra après un séjour en Angleterre.

Elle fait ses études secondaires au Lycée Molière, où travaille sa mère, s'inscrit comme étudiante à la Faculté de médecine puis change de voie et prépare une licence de lettres et un doctorat. Elle parle couramment l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien, le polonais et le danois. Musicienne, elle joue du piano et du violon. Marietta voyage dans une bonne partie de l’Europe, malgré une santé très délicate, et fait notamment de longs séjours en Pologne, où vivent sa sœur et son beau-frère, Adam Rosé, diplomate et ministre. Ses voyages lui inspirent la rédaction d’un essai sur Marie-Thérèse Rodet Geoffrin, visiteuse française du roi de Pologne Stanislas Auguste à Varsovie en 1766.

En 1925, elle présente sa thèse de doctorat en littérature comparée sur la vie et l'œuvre d'un médecin allemand qui a eu Stendhal pour patient, le docteur Koreff, qu’elle qualifie d’aventurier intellectuel. Elle poursuit ses travaux par un mémoire sur le Saint-Simonisme qui fait l’objet de deux articles dans le Journal des débats en 1926.

Malade des poumons, Marietta Martin passe plusieurs années en Suisse, dans un sanatorium de Leysin (canton de Vaud) entre 1927 et 1931. Elle y écrit de nombreuses lettres, parfois poignantes, mais toujours gaies et optimistes. Dans un de ces courriers, elle résume sa pensée : « S’il faut lancer un message par le monde, il ne peut pas partir porteur de douleur pour augmenter cette douleur, il serait un faux message. Si c’est un message pour la terre, ce doit être un message de corps et d’esprit ; vivre comme il faut, selon toutes les règles, l’enseignement définitif est : soyez joyeux. Il ne faut pas rester dans le bizarre chemin qui y conduit. »

Elle publie en 1933 son premier ouvrage littéraire, Histoires du paradis. Comme l’ensemble de son œuvre, elle relève d’un style mystique. Marquée par sa culture chrétienne et son affirmation de l’amour comme sens de la mort, elle assure écrire du point de vue de Dieu. Elle écrit « J'ai du respect pour le Dieu qu'ils cachent en eux » et se décrit « J'ai tellement de soleil dans mon cœur que tout ce que je regarde en est illuminé. »

Bien que n’ayant pas d’engagement politique connu, elle accepte de travailler en 1936 pour rédiger les documents de propagande de la campagne électorale de Maurice Tailliandier (1873-1951), député sortant de la 2ème circonscription du Pas-de-Calais (Arras), membre du groupe Républicain et social (droite modérée). Il sera battu par un partisan du Front populaire.

En 1938, Marietta Martin rédige en un recueil des poèmes qu’elle signe du pseudonyme de François Captif. Le livre, intitulé, Adieu temps, paraîtra en 1947. En 1939, elle rassemble la plupart de son œuvre, sauf les écrits universitaires, sous le titre d’Enfance délivrée.

L’expérience mystique de la poète Marietta Martin est marquée par une prescience de la mort et de l’engagement patriotique. Dans un cahier de 1936, elle écrit : « Nuit ! Nuit ! Non, pour toi, Nuit, il faut partir. Le soldat sait qu’il part demain. Il sait où il part ; il sait qu’il veut partir pour le lieu dont il ne sait pas le nom. Les convois de troupes vers le lieu de l’action montent en ligne pour une destination inconnue. Il n’en sait qu’une et il l’aime, il l’aime tellement, enfin ! »

Marietta Martin entre peu après le début de la guerre dans le Réseau Hector, un important groupe de combat et de renseignement de la zone nord de la France, animé par le colonel Alfred Heurteaux, officier du 2ème Bureau de l'Armée d'armistice.

Elle participe, à la demande du diplomate Paul Petit, au réseau « La France Continue », mouvement de résistance créé notamment par Henri de Montfort, journaliste et secrétaire de l’Institut de France, et Annie de Montfort. Cette dernière fut étudiante aux Langues orientales avec Marietta. On comptait également parmi les collaborateurs l’historien Émile Coornaert, Suzanne Feingold ainsi que le professeur du lycée Buffon Raymond Burgard. La chambre de Marietta, rue de l'Assomption à Paris (18e), devient la salle de rédaction du journal publié par le réseau.

La France Continue, un des premiers véritables journaux clandestins, connaîtra 12 numéros entre 1941 et 1942. Marietta Martin écrit pour le journal et assure, à bicyclette, la diffusion de numéros dans Paris. Elle en expédie également plusieurs milliers d’exemplaires par la poste.

A la suite d'une dénonciation, une perquisition a lieu dans sa chambre au cours de la nuit du 7 au 8 février 1942. Un ouvrage est saisi, intitulé « Avec Charles de Gaulle de Gaulle, avec l’Angleterre ». Il s’agirait selon le jugement rendu en 1943 d’un « écrit politique assez long, rédigé par elle et plusieurs fois remanié » ; il aurait été « mis en lieu sûr » par les autorités allemandes et n’a pas été retrouvé depuis.

Marietta Martin est inculpée de « rédaction et diffusion de publications clandestines » et accusée d'être une militante du mouvement Libération nationale. Incarcérée à la prison de la Santé, elle est déportée le 16 mars 1942 en Allemagne dans huit établissements pénitentiaires successifs. Elle est condamnée à mort le 16 octobre 1943 par le « tribunal populaire » (Volksgerichtshof) de Sarrebruck pour « complicité avec l'ennemi » en même temps que Paul Petit et Raymond Burgard.

Emprisonnée en attente de son exécution à la prison de Cologne elle est soignée par Gilberte Bonneau du Martray, dans la cellule voisine de celles d’Elizabeth Dussauze, Jane Sivadon, Hélène Vautrin et Odile Kienlen. Elle est transférée suite aux bombardements, sur une civière en raison de sa faiblesse, à Francfort-sur-le-Main. Elle y décède le 11 novembre 1944. En 1949, son corps est rapatrié à Paris. Elle est inhumée avec les honneurs militaires au cimetière de Clichy-sous-Bois, car elle a été nommée, à titre posthume, sous-lieutenant, au titre des Forces françaises combattantes.

Marietta a été décorée de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre avec palmes. Elle a fait l’objet d’une citation à l'ordre du corps d'armée. La poète fait partie des 157 écrivains morts pour la France dont le nom figure au Panthéon de Paris. Une plaque est déposée sur son ancien domicile rue de l'Assomption à Paris (16e arr.) et une rue du même arrondissement porte le nom de « Marietta Martin ».

Une école est baptisée de son nom dans sa ville d’origine, Arras et une plaque a été déposée sur sa maison natale. En octobre 2024, une rue a été baptisée à son nom dans cette commune.

Une allée de la Forêt des écrivains combattants a été baptisée en 1961 du nom de Marietta Martin dans la forêt des écrivains combattants au sein du massif montagneux du Caroux-Espinouse, situé sur le territoire des communes de Combes (Hérault).

Voir aussi :

Portrait de Marietta Martin (arch. fam.)

 

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14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 00:01

Simone Marie Françoise Loth naît le 16 janvier 1922 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Mélanie Marie Louise Lorin et de son époux Auguste Charles Loth, 25 ans, fourreur.

Son père, fourreur, est d’origine alsacienne ; il a été 14 mois prisonnier de guerre en Allemagne en 1917-1918. Sa mère, native de Joinville, est elle-même fille d’un candidat conservateur, sur la liste du Bloc indépendant, aux élections municipales de Joinville en novembre 1919. Ils vivent dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes.

En juillet 1946 à Joinville, Simone Loth épouse Jean Louis Albert Pariselle, sculpteur.

Institutrice, Simone Pariselle deviendra directrice de l’école primaire publique de Polangis, qui accueille les enfants des deux quartiers de la rive gauche de la Marne, Palissy et Polangis. Ce dernier quartier étant à cheval sur les communes de Joinville et Champigny, des élèves de cette dernière ville fréquentent également l’école.

Depuis les années 1970 jusqu’aux années 1990, Simone et Jean Louis Pariselle vont être des militants du Parti socialiste. Ils aménagent un bureau dans leur domicile de l’avenue des Platanes, qui sert de bureau à la commission administrative de la section locale.

Simone est membre de cette commission, où elle assume la fonction de trésorière. Jean Louis est élu conseiller municipal de la commune en 1978 et désigné comme adjoint au maire, le communiste Guy Gibout, en charge des affaires scolaires. Il assume cette fonction jusqu’en 1983.

À la fin des années 1990, le couple Pariselle s’installe à Champs-sur-Yonne (Yonne), allée des Chaumes.

Après la mort de son mari, en octobre 2008, Simone va se consacrer à la sauvegarde de l’œuvre de Jean Louis Pariselle. Elle collabore avec Marianne Guyot, qui publie Vie et œuvres de Jean-Louis Pariselle (Vaux éd., 2011).

En janvier 2012, le conseil municipal de la commune accepte le legs des sculptures fait par Simone et « s’engage à ce qu’il reste la propriété inaliénable de la commune ». Une exposition est présentée lors des Journées du Patrimoine 2022 à Champs-sur-Yonne.

Elle assure la transmission de ses outils à l’école Boulle (Paris, 12e arr.), qu’il avait fréquentée. Une exposition est organisée en octobre 2013 dans les locaux de l’établissement ; bien qu’âgée de 91 ans, Simone Pariselle est présente au vernissage.

Simone Pariselle meurt quelques jours plus tard, le 24 octobre 2013 à Champs-sur-Yonne. Elle est inhumée à Joinville-le-Pont, auprès de ses parents et de son époux. Elle était mère d’un fils.

Voir aussi Jean-Louis Pariselle, sculpteur et grand cœur

Simone Pariselle (arch. BW)

 

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26 novembre 2024 2 26 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie de Henry Coëylas

La toile donnée par Henry Coëylas au Salon de Paris de mai 1890 L’Atelier de maroquiniers de la rue Croulebarbe, est considéré dans La Nation par Alexandre Duchemin comme la meilleure composition de la salle : « Jamais l’artiste n’a été mieux inspiré et jamais il n’a traité un sujet avec autant de maestria et de sûreté ». Selon Olivier Merson (1822-1902) peintre et critique d'art, qui écrit dans Le Monde illustré, « Son tableau est tout bonnement très vrai. Une odeur sui generis vous prend au nez quand on le regarde ; vous sentez que vous êtes bien avec des gens qui lavent, brossent et ratissent des peaux ». L’œuvre est achetée par la Ville de Paris.

Continuant dans la représentation du travail, Coëylas expédie au Salon des Champs-Élysées en mars 1891 Les Trieuses de la cartonnerie Lourdelet à Aubervilliers, que le quotidien Le Public assure être « Un très beau tableau plein de vie et de vérité. »

En janvier 1892, Coëylas participe au concours pour la décoration de la salle à manger de l’Hôtel de Ville, avec un grand plafond qui représente la synthèse des Halles.

S’intéressant à l’histoire, Coëylas remet au Salon des Champs Élysées d’avril 1894 Marie-Stuart et François II qui est décrit ainsi dans Le Public : « La gracieuse et malheureuse reine était à l’époque choisie par le peintre dans tout l’éclat de sa beauté (1550). Son pauvre petit mari de seize ans, le roi François II, tout malingre, s’appuie contre elle d’un mouvement câlin et la contemple avec adoration. »

Une immense toile, représentant Une Séance du Conseil municipal de Paris, est réalisée en 1897. Il fait figurer les 80 conseillers, deux préfets et une soixantaine de personnes de l’administration ou de journalistes. Son travail est jugé assez sévèrement dans la presse parisienne. Pour L’Éclair, M. Coeylas « a fait un gros effort, mais un effort devant lequel les passions désarmeront ». L’avocat Léon Roger-Milès (1859-1928), signataire de l’article, estime que « cela manque de gaîté : je sais bien que beaucoup de têtes d’élus manquent de caractère ; c’est là une qualité que ne peut pas donner le suffrage universel ». Assurant que la toile est « d’un intérêt relatif », il conclut, en historien, en pensant à ce que pourront dire les futurs spectateurs : « Était-ce donc possible que ces gens-là fussent quelque chose, puisque leur souvenir n'est plus rien aujourd’hui ! »

Dans L’Événement, le romancier Léo Claretie (1862-1924) est encore plus sévère : « M. Coeylas a condamné une grande toile qui ne lui avait rien fait à supporter les figures de tous les conseillers municipaux en séance pour la discussion du budget de 1897. Voilà-t-il pas un événement à fixer sur le lin ? L’effet est piètre. C'est tout noir, vert et rouge, noir pour les redingotes, vert pour les banquettes, et rouge par les murs. »

Une des toiles les plus reproduites de Cœylas est celle qu’il montra au Salon de 1903, Au Muséum, Laboratoire de Taxidermie, Reconstitution du Dronte. Le dronte, ou dodo de l’île Maurice, est un animal disparu, dont la reproduction par le taxidermiste parisien est devenue célèbre.

On retrouve des travaux de Coeylas lors des expositions de la Société des artistes français, dont il était membre : en avril 1904, Le Gave, puis en 1906, Le Coin d'église. Il cesse de figurer sur les annuaires avec mention de son activité de peintre en 1913. Il réside alors rue de Navarre, dans le 5e arrondissement.

Pendant la première guerre mondiale, en juin 1916, Henry Coeylas répond à une enquête, lancée par la revue Les Annales politiques et littéraires sur le mot « poilu » et son remplacement éventuel par un autre mot exprimant la même idée. Il propose le mot diamant : « C'est peut-être moins sonore, mais plus riche de vérité. Diamant en grec, signifie indomptable : l'héroïsme de nos défenseurs n'est-il pas aussi pur, aussi brillant, aussi limpide, aussi résistant que le diamant ? (…) Les trois règnes de la nature auraient ainsi trois vocables dans l'armée, les représentant : Le règne animal : Marsouin, le règne végétal : Bleuet, le règne minéral : Diamant. »

Après-guerre, Henry et Jeanne Coëylas s’installent à Draveil (Seine-et-Oise, act. Essonne), à proximité de leur fils cadet.

L’aîné, Auguste, né en novembre 1875, docteur en médecine et dentiste, meurt pendant la première guerre mondiale en novembre 1914, mais sans doute pas du fait du conflit car il n’était pas mobilisé.

Le second, René, né en juin 1879 fut également artiste, en tant que dessinateur et sculpteur. Il devint fonctionnaire, notamment au ministère des finances et dans des instances publiques et ministérielles. Il fut un militant socialiste très actif au sein de la SFIO à Paris, en Seine-et-Oise (et notamment à Draveil) ainsi que dans le Var. Résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, René Coëylas fit fonction de maire de Saint-Raphaël à la Libération (1944-1945) puis fut conseiller municipal de cette ville (1947-1959) où il mourut en août 1961.

Henry Coëylas meurt le 12 avril 1923 à Draveil, à son domicile du boulevard Beauséjour, à l’âge de 78 ans. Il est incinéré le 16 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (20e arr.) et inhumé dans la tombe familiale, dans la 60e division. Il était décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie depuis janvier 1904.

En 2024, le Musée de Bruges (Belgique) présente une œuvre de Henry Coeylas dans le cadre de son exposition Rebel Garden. Son travail est également rappelé en, mars 2024, lors d’une nouvelle présentation du dodo de l’île Maurice au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Fin

Henry Coëylas, L’Atelier de taxidermie

 

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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 00:01

Début de la biographie de Henry Coëylas

Marie Henry Coëylas naît le 7 juin 1844 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). il est le fils de Louise Pauline Aubusson et de son époux Pierre Auguste Maximilien Coëylas Soupessendet, buraliste receveur des contributions indirectes. Par un jugement de janvier 1875, sa mère (avec ses frères et neveux) obtient de reprendre le nom patronymique « Aubusson de Cavarlay », que son propre père avait abandonné sous la Révolution, pendant la Terreur. L’acte de naissance de Henry Coëylas est alors rectifié.

Selon l’homme de lettres d'origine polonaise Apollon Mlochowski de Belina, qui dresse en juin 1882 un portrait de lui dans le quotidien La Presse, « Coeylas a commencé ses études artistiques en 1865, dans l'Académie artistique de la rue de l'École de Médecine. L'année suivante il entra à l'École nationale des beaux-arts, dans l'atelier de Pils, où il faisait déjà des progrès rapides quand des raisons particulières l'obligèrent à interrompre ses études. »

Ses premiers maîtres sont Isidore Pils, peintre militaire et orientaliste (1815-1875) et Gabriel Ferrier (1847-1914) également orientaliste.

Devenu employé de commerce, Henry Coëylas fait en janvier 1875 à Paris (1er arr.) ce que de Belina qualifie comme « un assez brillant mariage » avec Hélène Jeanne Jolly, fille de teinturiers de la rue de Rivoli. Il établit lui-même une teinturerie spéciale de noir rue du Jour (1er arr.) qu’il exploite en 1877 et jusqu’en 1884.

Parallèlement, Henry Coëylas a repris ses travaux artistiques dans l'atelier de Gustave Boulanger (1824-1888, orientaliste) et Jules Lefebvre (1834-1912, représentant de l'art académique). À partir de 1877, sans abandonner encore son métier de teinturier, il se présente comme artiste peintre.

La première fois qu’il expose, au Salon de Paris, en mai 1879, il présente un Portrait. C’est l’année suivante, en 1880, qu’il est remarqué par la critique, avec Cyparisse, pleurant le cerf qu’il vient de tuer. Pour de Belina, c’est « une toile véritablement remarquable ». Le poète Émile Blémont (1839-1927) lui envoie de « sympathiques encouragements » dans Le Réveil social trouvant le tableau « un peu grêle et un peu pâteux, mais d’un bon travail et d’une très sincère impression (…) avec une rare intuition synthétique. »

Le Pardon ! qu’il présente au Salon de Versailles en juillet 1882 est, pour le critique littéraire Jules de Marthold (1847-1927) « une scène sentimentale de la vie moderne avec un tact exquis et une couleur absolument juste » avec lequel il « est pardieu bien sûr d’avoir pour lui tous les cœurs et aussi les amateurs ». La toile lui vaut une médaille de vermeil.

Il reçoit une médaille d’argent au Salon d’Amiens (Somme) en juin 1883 puis la même année en septembre une médaille d’or à l’Exposition de Rochefort (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime) et, le même mois, de nouveau une médaille de vermeil à Versailles.

La Société des artistes indépendants présente La Jeune fille au papillon d’Henry Coëylas en 1884 à côté d’Odilon Redon, Georges Seurat ou Paul Signac. Il accroche au Salon de Paris en juin la même année L’Atelier de teinture, jugé comme « une très bonne étude » dans La Cravache parisienne qui voit « L’opposition de lumière ou plutôt la dissemblance de jour des deux salles de la teinturerie, celle où se passe la scène et celle de droite, éclairée d’en haut par un vitrail, est d’une justesse absolue ». Il reçoit une médaille de bronze à l’Exposition de Dijon (Côte-d'Or) en juillet 1887.

Si aucune activité politique significative de Coëylas n’est connue, c’est probablement lui (ou son père) qui participe en octobre 1887 à un souscription républicaine pour les élections législatives lancée notamment par le quotidien Le Siècle.

Lorsque, en février 1888, un incendie d'une importance considérable éclate hier dans un des pavillons des Halles Centrales de Paris, Henry Coëylas vient en voisin et réalise un croquis, qu’il remet dans la Salle des Dépêches du journal Le Figaro où il est fort remarqué.

À suivre

Henry Coëylas, portrait (arch. fam.)

 

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20 octobre 2024 7 20 /10 /octobre /2024 00:01

Baptiste Joseph Debau naît le 6 novembre 1825 à Grenoble. Il est le fils d’Anne Renouvin, d’origine normande (Manche) et de Jean Baptiste Debau, natif du Gard, sous-officier dans l’infanterie. Il utilisera la graphie « Debeau » pour son patronyme.

Engagé également dans l’armée, il sert comme musicien en 1852 au 6e régiment d'infanterie légère (6e Léger), stationné en 1852 à la caserne Ave Maria à Paris (4e arr.). Il épouse en janvier cette année-là Catherine Wéeber, brodeuse, originaire d’Alsace. Elle meurt, hospitalisée à Strasbourg en septembre 1855, mais ils étaient déjà séparés puisqu’un enfant naît de sa future seconde femme dès avril 1856. Il épouse celle-ci, Joséphine Dehon, blanchisseuse, en novembre 1856 à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

L’infanterie légère est transformée en 1855, convertis en unités d'infanterie de ligne Toujours comme musicien, Baptiste Debeau sert au 3e RIL, en garnison à Romainville. Dix ans plus tard, il est basé à Nice (Alpes-Maritimes). Il devient sous-chef de musique, nommé en 1877 à l’École d’artillerie de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne).

Installé dans la commune de Joinville-le-Pont, riveraine du Bois de Vincennes, Baptiste Debeau est en 1888 le directeur de la Fanfare de Joinville, constituée dans le courant de la décennie et présidée alors par Théodore Létang (1835-1909), industriel, officier pendant la guerre de 1870 et conseiller municipal de la ville. Les Debeau vivent dans le centre-ville, rue de Paris.

Il participe en avril 1888 à l’organisation d’un bal de la fanfare au profit des pauvres. Elle compte 22 exécutants en 1893. En 1894, Debeau gère un festival-concours d'harmonie et de fanfares qui se tient en mai à Joinville. Après une grave explosion à la société métallurgique du Bi-Métal, à Joinville en février 1895, plusieurs compagnies musicales sont mobilisées pour les obsèques, dont celles de Saint-Maur-des-Fossés, Saint-Maurice et Joinville, sous la direction de Debeau.

Baptiste Debau meurt le 11 novembre 1896 à Joinville. Âgé de 71 ans, il était décoré de la Médaille militaire depuis août 1866. Ses deux fils, qui déclarent son décès à l’état-civil, ignorent le nom de sa première femme.

L’aîné, Alfred Joseph Debeau (1856-1937), sera également chef de musique, adjudant-chef au 32e régiment d'infanterie coloniale. Il s’est vu attribuer la Médaille militaire et a été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Le cadet, Léopold Debeau (1865-1932), comptable, marié en juin 1889 à Nice avec Julie Augustine Thomas, a eu comme témoin à ses noces Joseph Pochon (1840-1908), alors député radical-socialiste, président du conseil général de l’Ain et franc-maçon.

Exercice à l’école d’artillerie de Vincennes (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 00:01

Suite de la biographie de Gaston Marot

Au cours des années 1870, Gaston Marot, auteur prolifique, produit des opérettes, comme Un télégramme, écrite avec Henry Buguet, sur une musique de Victor Robillard (1870) et des chansonnettes, toujours avec le même musicien. Il s’associe à Clairville pour une revue fantaisiste, Aristophane à Paris (1873). Son drame, Le Pont-Marie, est présenté à l’Alhambra national de Bruxelles en février 1874.

Gaston Marot s’associe à un autre auteur dramatique, Léon Pournin, pour reprendre en janvier 1875 le Théâtre-Cluny, boulevard Saint-Germain (Paris, 5e arr.). Le chroniqueur théâtral du quotidien Le Figaro s’interroge : « Qui peut les avoir poussés à jouer les pièces des autres lorsqu'on a déjà tant de mal à faire jour les siennes ? J'espère bien qu'ils respecteront les mœurs placides de ce théâtre, qui est presque, un théâtre de province. »

Leur première représentation est La Vie infernale, drame de Georges Richard. La gestion de l’établissement semble compliquée, puisque le théâtre est mis en vente en décembre 1875, dans une ambiance de conflit entre les deux directeurs.

Marié en juillet 1877 à Paris (19e arr.) à Sophie Eugénie Collard, fille d’un commissionnaire en vins, Gaston Marot poursuit une activité intense sur la scène parisienne. Il propose cette année-là à Bobino une revue ; l’année suivante, il offre deux opérettes, des chants patriotiques et un drame, Le Docteur Jackson, monté au Château-d’Eau.

Fin 1879 et début 1880, Gaston Marot tient une rubrique « Échos et nouvelles » des théâtres dans le quotidien Le Globe. Il collaborera aussi au Gaulois.

La décennie 1880 est sans doute la plus prolifique, avec des bouffonneries et vaudevilles, mais aussi des opéras-comiques. Le Ménétrier de Meudon, sur une partition de Germain Laurens, est programmé aux Fantaisies-Parisiennes en septembre 1880. La Cour d’amour, musique de Charles Hubans, est à l’affiche de l’Alcazar royal de Bruxelles en décembre 1882. Le Clairon, sur une musique de Georges Jacobi, est au théâtre de la Renaissance de Paris en novembre 1883.

Les affaires militaires et historiques intéressent aussi Gaston Marot, qui écrit un drame, Kléber, en 1882 et Les Français au Tonkin, en 1885. La même année, il livre Le Cardinal Dubois, La Convention nationale, et L'Ouvrier du faubourg. La Casquette au père Bugeaud, en 1886. La préparation de la pièce au théâtre du Château-d'Eau est l’objet d’un incident, qui sera traité au tribunal d’instance de Paris en mars. Gaston Marot témoigne dans le quotidien Le Matin : « J’étais dans la salle, suivant, avec anxiété mon premier acte qui n'était pas au point. J'étais fort énervé ! Tout à coup j'aperçus le sergent de pompiers qui non seulement avançait la tête sur la scène mais même entrait on scène (…) Perdant patience (…) je m'écriai Fichez donc le camp de là, pompier ! » S’estimant outragés, les pompiers portèrent plainte. Gaston Marot fut condamné à 25 francs d'amende – mais sa hiérarchie admonesta le pompier importun.

Poursuivant sa fibre biographique, Marot présente Augereau, en 1887 puis en 1889 Desaix. Les faits-divers l’inspirent également, et il a un certain succès avec Jack l'éventreur, drame qu’il cosigne avec Louis Péricaud, donné au théâtre du Château-d'Eau en août 1889.

Lors de l'assemblée générale de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en mai 1889, Gaston Marot provoque un incident. Il considère que le contrôleur général « ne contrôle rien du tout, qu'il ne rend aucun service à la Société et que, par conséquent, ses 6,000 francs d'appointements seraient infiniment mieux employés en pensions à de vieux sociétaires ». Son intervention provoque un vrai tumulte, mais sa proposition est écartée. En mai 1892, Gaston Marot est candidat à l’élection des membres de la commission de l’association, mais il n’est pas élu.

Entre août et novembre 1889, le quotidien La France insère en feuilleton un roman, Mère et Fille, signé Gaston Marot-Belle. Il a peut-être construit ce pseudonyme en référence à sa belle-sœur, Marguerite Caillard dite Belle, épouse de son frère cadet Amédée Marot ; elle a peut-être collaboré à l’écriture.

Les année 1890 voient quelques uns des principaux succès de Gaston Marot. Il tire La Petite Mionne, du roman d'Émile Richebourg pour un drame présenté au Théâtre-historique de Paris en novembre 1890. En 1895, il donne Les Aventures de Thomas Plumepatte, au Théâtre de la République et adapte Le Fils de Lagardère, de Paul Féval. La Goualeuse, drame écrit avec Alévy en 1898 sera probablement sa pièce la plus reprise ultérieurement.

Après un bref passage au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) en 1885, la famille Marot s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1886, dans le quartier de Palissy, rue de Brie (act. av. Gallieni). Le chroniqueur du quotidien Le Soir, J. des G., lui rend visite en novembre 1895, voyant en lui un « honnête fournisseur d’amusements » et le qualifie « d’excellent citoyen et bon père de famille » qui vit paisiblement à Joinville. Il chiffre sa production, qui n’est pas terminée, à 180 pièces.

Au cours des années 1900, continue dans la trame vaudevillesque avec La Fille du sergot au Château-d’Eau en février 1900. De nouveau avec Alévy, il donne Le Drame de la rue Murillo, pièce ambitieuse, en 1902 au théâtre de l'Ambigu. De retour à l’Alhambra de Bruxelles, il monte en septembre 1903 Le Tour du monde à pied. Tentant de reprendre le Gant rouge, sur une ébauche de jeunesse d’Edmond Rostand, il n’a aucun succès et la Société des auteurs intervient en juillet 1903 pour régler le conflit entre les deux écrivains.

C’est la censure officielle qui, en juin 1904, impose à Gaston Marot de faire de nombreuses modifications dans la pièce Le Rabiot, préparée pour le Théâtre-Cluny. Après un drame, Casse-museau, en 1906, la dernière pièce connue de Gaston Marot, faite en collaboration avec Victor Darlay, s’intitule Les Aventures de Gavroche. Elle est à l’affiche du Châtelet en janvier 1909.

Depuis 1904, la famille Marot a rejoint Montmorency (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et s’est installée avenue des Acacias.

Antoine Adolphe dit Gaston Marot meurt le 1er décembre 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), où il séjournait rue Paradis, avec son épouse. Le Petit Marseillais publie une courte nécrologie, soulignant que « auteur dramatique et romancier, il eut des succès notoires » et annonce une messe de sortie de deuil le 14 décembre en l’église Saint-Adrien (8e arr., remplacée en 1920 par la basilique du Sacré-Cœur). La Société des auteurs et compositeurs dramatiques salue sa mémoire en mai 1917, parmi les auteurs « qui n'auront pu attendre l'heure de la victoire », comme Émile Verhaeren et Octave Mirbeau.

Les pièces de Gaston Marot continuent d’être à l’affiche des théâtres de boulevard parisiens dans les années 1920 et 1930 et même au cours de la deuxième guerre mondiale. Une partie de son œuvre est disponible, en téléchargement, sur la plateforme numérique de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Mort à l’âge de 79 ans, il était père de cinq enfants, dont quatre de son mariage avec Sophie Collard, parmi lesquels trois sont morts très jeunes. Il était décoré des Palmes académiques comme officier d'académie.

Fin

Les Français au Tonkin, pièce de Gaston Marot (1885)

 

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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 00:01

Suite de la biographie de Gaston Marot

Au cours des années 1870, Gaston Marot, auteur prolifique, produit des opérettes, comme Un télégramme, écrite avec Henry Buguet, sur une musique de Victor Robillard (1870) et des chansonnettes, toujours avec le même musicien. Il s’associe à Clairville pour une revue fantaisiste, Aristophane à Paris (1873). Son drame, Le Pont-Marie, est présenté à l’Alhambra national de Bruxelles en février 1874.

Gaston Marot s’associe à un autre auteur dramatique, Léon Pournin, pour reprendre en janvier 1875 le Théâtre-Cluny, boulevard Saint-Germain (Paris, 5e arr.). Le chroniqueur théâtral du quotidien Le Figaro s’interroge : « Qui peut les avoir poussés à jouer les pièces des autres lorsqu'on a déjà tant de mal à faire jour les siennes ? J'espère bien qu'ils respecteront les mœurs placides de ce théâtre, qui est presque, un théâtre de province. »

Leur première représentation est La Vie infernale, drame de Georges Richard. La gestion de l’établissement semble compliquée, puisque le théâtre est mis en vente en décembre 1875, dans une ambiance de conflit entre les deux directeurs.

Marié en juillet 1877 à Paris (19e arr.) à Sophie Eugénie Collard, fille d’un commissionnaire en vins, Gaston Marot poursuit une activité intense sur la scène parisienne. Il propose cette année-là à Bobino une revue ; l’année suivante, il offre deux opérettes, des chants patriotiques et un drame, Le Docteur Jackson, monté au Château-d’Eau.

Fin 1879 et début 1880, Gaston Marot tient une rubrique « Échos et nouvelles » des théâtres dans le quotidien Le Globe. Il collaborera aussi au Gaulois.

La décennie 1880 est sans doute la plus prolifique, avec des bouffonneries et vaudevilles, mais aussi des opéras-comiques. Le Ménétrier de Meudon, sur une partition de Germain Laurens, est programmé aux Fantaisies-Parisiennes en septembre 1880. La Cour d’amour, musique de Charles Hubans, est à l’affiche de l’Alcazar royal de Bruxelles en décembre 1882. Le Clairon, sur une musique de Georges Jacobi, est au théâtre de la Renaissance de Paris en novembre 1883.

Les affaires militaires et historiques intéressent aussi Gaston Marot, qui écrit un drame, Kléber, en 1882 et Les Français au Tonkin, en 1885. La même année, il livre Le Cardinal Dubois, La Convention nationale, et L'Ouvrier du faubourg. La Casquette au père Bugeaud, en 1886. La préparation de la pièce au théâtre du Château-d'Eau est l’objet d’un incident, qui sera traité au tribunal d’instance de Paris en mars. Gaston Marot témoigne dans le quotidien Le Matin : « J’étais dans la salle, suivant, avec anxiété mon premier acte qui n'était pas au point. J'étais fort énervé ! Tout à coup j'aperçus le sergent de pompiers qui non seulement avançait la tête sur la scène mais même entrait on scène (…) Perdant patience (…) je m'écriai Fichez donc le camp de là, pompier ! » S’estimant outragés, les pompiers portèrent plainte. Gaston Marot fut condamné à 25 francs d'amende – mais sa hiérarchie admonesta le pompier importun.

Poursuivant sa fibre biographique, Marot présente Augereau, en 1887 puis en 1889 Desaix. Les faits-divers l’inspirent également, et il a un certain succès avec Jack l'éventreur, drame qu’il cosigne avec Louis Péricaud, donné au théâtre du Château-d'Eau en août 1889.

Lors de l'assemblée générale de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en mai 1889, Gaston Marot provoque un incident. Il considère que le contrôleur général « ne contrôle rien du tout, qu'il ne rend aucun service à la Société et que, par conséquent, ses 6,000 francs d'appointements seraient infiniment mieux employés en pensions à de vieux sociétaires ». Son intervention provoque un vrai tumulte, mais sa proposition est écartée. En mai 1892, Gaston Marot est candidat à l’élection des membres de la commission de l’association, mais il n’est pas élu.

Entre août et novembre 1889, le quotidien La France insère en feuilleton un roman, Mère et Fille, signé Gaston Marot-Belle. Il a peut-être construit ce pseudonyme en référence à sa belle-sœur, Marguerite Caillard dite Belle, épouse de son frère cadet Amédée Marot ; elle a peut-être collaboré à l’écriture.

Les année 1890 voient quelques uns des principaux succès de Gaston Marot. Il tire La Petite Mionne, du roman d'Émile Richebourg pour un drame présenté au Théâtre-historique de Paris en novembre 1890. En 1895, il donne Les Aventures de Thomas Plumepatte, au Théâtre de la République et adapte Le Fils de Lagardère, de Paul Féval. La Goualeuse, drame écrit avec Alévy en 1898 sera probablement sa pièce la plus reprise ultérieurement.

Après un bref passage au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) en 1885, la famille Marot s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1886, dans le quartier de Palissy, rue de Brie (act. av. Gallieni). Le chroniqueur du quotidien Le Soir, J. des G., lui rend visite en novembre 1895, voyant en lui un « honnête fournisseur d’amusements » et le qualifie « d’excellent citoyen et bon père de famille » qui vit paisiblement à Joinville. Il chiffre sa production, qui n’est pas terminée, à 180 pièces.

Au cours des années 1900, continue dans la trame vaudevillesque avec La Fille du sergot au Château-d’Eau en février 1900. De nouveau avec Alévy, il donne Le Drame de la rue Murillo, pièce ambitieuse, en 1902 au théâtre de l'Ambigu. De retour à l’Alhambra de Bruxelles, il monte en septembre 1903 Le Tour du monde à pied. Tentant de reprendre le Gant rouge, sur une ébauche de jeunesse d’Edmond Rostand, il n’a aucun succès et la Société des auteurs intervient en juillet 1903 pour régler le conflit entre les deux écrivains.

C’est la censure officielle qui, en juin 1904, impose à Gaston Marot de faire de nombreuses modifications dans la pièce Le Rabiot, préparée pour le Théâtre-Cluny. Après un drame, Casse-museau, en 1906, la dernière pièce connue de Gaston Marot, faite en collaboration avec Victor Darlay, s’intitule Les Aventures de Gavroche. Elle est à l’affiche du Châtelet en janvier 1909.

Depuis 1904, la famille Marot a rejoint Montmorency (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et s’est installée avenue des Acacias.

Antoine Adolphe dit Gaston Marot meurt le 1er décembre 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), où il séjournait rue Paradis, avec son épouse. Le Petit Marseillais publie une courte nécrologie, soulignant que « auteur dramatique et romancier, il eut des succès notoires » et annonce une messe de sortie de deuil le 14 décembre en l’église Saint-Adrien (8e arr., remplacée en 1920 par la basilique du Sacré-Cœur). La Société des auteurs et compositeurs dramatiques salue sa mémoire en mai 1917, parmi les auteurs « qui n'auront pu attendre l'heure de la victoire », comme Émile Verhaeren et Octave Mirbeau.

Les pièces de Gaston Marot continuent d’être à l’affiche des théâtres de boulevard parisiens dans les années 1920 et 1930 et même au cours de la deuxième guerre mondiale. Une partie de son œuvre est disponible, en téléchargement, sur la plateforme numérique de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Mort à l’âge de 79 ans, il était père de cinq enfants, dont quatre de son mariage avec Sophie Collard, parmi lesquels trois sont morts très jeunes. Il était décoré des Palmes académiques comme officier d'académie.

Fin

Les Français au Tonkin, pièce de Gaston Marot (1885)

 

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 15:43

Début de la biographie de Gaston Marot

Antoine Adolphe Marot naît le 13 août 1837 à Rochefort (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Il est le fils de fils Pierre Maury Marot et de son épouse Rosalie Martin. Ses parents habitent rue des Fonderies, où le père est marchand de vin.

Selon Philippe Duprat, président de la Société de géographie de Rochefort, qui lui consacre un article biographique dans la revue de l’association Roccafortis en janvier 2001, Antoine Adolphe Marot fait ses études à Rochefort. Il est embauché à 17 ans, en février 1855 par le commissariat de la Marine, basé dans la ville, en tant qu'écrivain auxiliaire attaché au détail des armements. Il devient titulaire en 1856. Peut-être du fait de son état de santé, il est affecté à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), soigné à l’hôpital militaire et affecté à la gestion des approvisionnements. Il revient en janvier 1858 à Rochefort, puis donne sa démission en janvier 1859.

Quittant le territoire charentais quelques mois avant le décès de son père, Antoine Adolphe Marot rejoint Paris où il devient clerc d'avoué. Il va cependant rapidement abandonner le travail juridique pour se consacrer au théâtre. Il change alors son prénom et adopte celui de Gaston. Sa mère vit également à Paris en 1868, rue de la Folie-Méricourt (11e arr.).

La première œuvre signée Gaston Marot est un vaudeville en un acte, Les Amours de M. Peutimporte, qu’il présente, au Théâtre Beaumarchais de Paris, situé dans le boulevard éponyme (4e arr.). Au cours des années suivantes, il présente de nombreux autres vaudevilles, toujours à Beaumarchais mais aussi dans d’autres salles parisiennes, comme les Délassements-Comiques, le Théâtre de la Bastille, le Théâtre Lafayette ou les Nouveautés. En septembre 1866, Gaston Marot revient dans sa ville d’origine pour présenter, devant un vaste public, Train direct pour Rochefort.

Ces pièces sont typiques des comédies de boulevard ; à côté des vaudevilles, on compte des parodies, des revues, des dîners… Il utilise également le genre patriotique, comme dans le Retour du zouave en 1866 et écrit aussi des drames, tels Le Pont du Diable (1867). Depuis 1866, Marot est membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

En janvier 1868 à Paris (10e arr.) naît un enfant, prénommé Gaston Michel Charles, présenté par la sage-femme qui l’a accouché boulevard Saint-Denis comme étant de père et mère non nommés. Antoine Adolphe Marot, qui se déclare comme homme de lettres et réside rue de Belleville, reconnaît en décembre 1873 dans une déclaration à la mairie du 19e arrondissement de Paris être le père de l’enfant, qui porte ensuite son patronyme.

La mère n’est jamais identifiée dans les documents d’état-civil. Selon la généalogie familiale, diffusée par Tiphaine Marette (Geneanet), il s’agirait de la « sœur d'Antoine Marot, grand-mère Lacaze ». Jeanne Rosalie Lodoïska Marot, née en septembre 1835 à Rochefort, épouse en juillet 1868 à Paris (11e arr.) Jean Lacaze, capitaine à l’état-major de l’infanterie de marine où il officie comme inspecteur des affaires indigènes. À sa mort, en juillet 1917 à Clichy (Seine, act. Hauts-de-Seine), c’est la veuve de son fils présumé, Marie Jaouennet, qui déclare son décès à l’état-civil. Gaston Michel Charles Marot fait carrière dans les troupes de marine, au Sénégal, au Soudan (act. Mali), en Nouvelle-Calédonie puis en Guyane, où, avec un grade d’officier de réserve, il devient fonctionnaire civil dans l’administration pénitentiaire puis chef du cabinet du gouverneur de la colonie, Fernand Lévecque. Il y décède en août 1914. Il laisse six enfants, dont l’aîné des garçons, également nommé Gaston Marot, meurt en opérations en juin 1916 au cours de la première guerre mondiale.

Pendant le siège de Paris par les forces allemandes, en novembre 1870, une poésie de Gaston Marot, La Journée de Châteaudun, est dite au théâtre du Château-d’Eau par le comédien Henri Roze.

À suivre

Gaston Marot

 

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 00:18

Juliette Simone Muzard naît le 27 mars 1926 à Alger, alors territoire français, aujourd’hui en Algérie. Elle est la fille de Germaine Henry et de son conjoint, Jules Muzard, mécanicien.

Selon le quotidien L’Écho d’Alger, sa mère, native de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) aurait décidé de se rendre à Alger sur le conseil des médecins pour sa santé. Elle était également en procédure de divorce d’avec son premier mari, Henri Jules Lenain ; le jugement mettant fin à leur union est prononcé en juillet 1926 à Paris. Elle était venue avec ses deux aînés, issus de ce mariage. Jules Muzard travaille à Alger comme mécanicien dans une affaire de cultures industrielles, rue Berthezène.

Fin 1926, Germaine Henry et Jules Muzard rentrent en France et s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils se marient dans cette commune en juin 1927. Germaine Muzard crée une école de musique dans la commune voisine de Saint-Maurice. Elle enseigne notamment le violon.

Juliette Muzard se montre immédiatement sensible à la musique, et apprend très vite à jouer du violon. Elle fait, selon la chronique des journaux locaux, sa première prestation publique à Saint-Maurice quand elle a trois ans et demi. Au cours d’un concert de bienfaisance, Juliette monte sur scène et joue le Clair de lune de Werther, l’opéra de Jules Massenet puis le Chœur des chasseurs, d’une autre œuvre lyrique, Le Freischütz de Carl Maria von Weber.

Le succès de Juliette encourage ses parents à la présenter dans de nombreuses manifestations publiques. La presse parisienne mentionne sa présence dans une quinzaine de spectacles entre 1931 et 1935 – elle n’a alors que neuf ans.

Elle est associée aux attractions enfantines du Théâtre du petit monde, dont Pierre Humble, est le directeur. Elle participe ainsi au gala de l'Enfance organisé dans le cadre de l’Exposition coloniale en septembre 1931 à Vincennes où elle joue notamment la Méditation de Thaïs, de nouveau de Massenet. Elle accompagne une opérette pour enfants, Bicot, Suzy et Cie, en octobre la même année. Puis on la retrouve pour une comédie, Zig et Puce, jouée au Théâtre National Populaire en novembre. Le même mois, elle est à l’affiche du Théâtre de l'Empire à côté de Mistinguett dans un gala de solidarité.

Le Théâtre du Bon Petit Diable l’accueille en février 1932 pour le Ballet de la Rose et du Papillon, où les quatre artistes mobilisés ont, ensemble, moins de trente ans ; elle a cinq ans et demi. Elle se produit en mai au Cirque d'Hiver avec un mime de sept ans pour la fête annuelle des Éclaireurs de France (scouts).

Après avoir fait plusieurs émissions de radio, elle passe dans la salle de la Mutualité, à l’occasion de concerts de bienfaisance pour les services sociaux de la préfecture de police ou ceux du métro.

À Joinville, elle est mobilisée pour la fête de soutien à la Mutualité scolaire en décembre 1933, puis à l’occasion de la distribution des prix annuels de l’école du centre en août 1934 et encore, en novembre pour un gala de la section locale de la Ligue aéronautique.

Le quotidien Le Jour remarque son « talent précoce » au Théâtre des Bons-Enfants en octobre 1934. Elle prend part, cette même année, au concours Léopold Bellan, dont les deux cents concurrentes ont de 14 à 20 ans, alors qu’elle n’en a que 8. Elle présente le 4e concerto en ré mineur du compositeur belge Henri Vieuxtemps.

Dans L’Écho d’Alger, qui voit en elle en 1935 une compatriote, Juliette indique se préférences : Bach, Mozart, Beethoven et Massenet. Sa mère souligne qu’elle excelle à interpréter Bach. Une matinée pour la Caisse des écoles Jules-Ferry en avril à Chelles, en Seine-et-Marne, puis son succès en juin 1935 au concours supérieur de musique sont les dernières mentions de son activité dans les journaux.

Son père meurt en août 1937 à Joinville, où ils vivent toujours. Il avait 56 ans et elle en avait 11.

Juliette Muzard meurt le 27 juillet 2021 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 85 ans.

Juliette Muzard en 1934 ou 1935 (8 ans)

 

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 01:01

Marie-Thérèse-Eugénie Fabre naît le 24 août 1863 en Avignon (Vaucluse). Elle est la fille de Thérèse Blanc et de son mari, Joseph Xavier Fabre, employé de préfecture.

Au début des années 1880, Marie Fabre suit au conservatoire de musique d’Avignon des cours de piano auprès de Mary Soullière, élève du chanteur, compositeur et pianiste français Théodore Ritter.

En rejoint Paris et vit, avec son père devenu attaché à la direction des cultes, rue des Acacias (15e arr.). Elle suit les cours de piano et de composition de César Franck (1822-1890) au Conservatoire de Paris, ainsi que probablement son enseignement d’orgue. En mars 1885, elle participe au concert, donné par son ancienne professeure d’Avignon à la salle Kriegelstein de la rue Charras à Paris (9e arr.). Le programme a été composé par César Franck et comprend des morceaux de Mendelssohn, Meyerbeer, Beethoven et Schubert, que Marie Fabre accompagne au piano avec César Franck. La Tarentelle de Louis Moreau Gottschalk, clôture la soirée, interprétée par Mlles Soullière et Fabre.

Le 20 mai 1887, Marie Fabre donne à Paris son premier concert. Le compositeur Guy Ropartz (1864-1955) commente ainsi dans L'Indépendance musicale sa prestation : « Elle avait, pour débuter, abordé la sonate en fa dièse mineur de Schumann, œuvre d’une extrême difficulté et qui demande une grande ampleur d’exécution ; la jeune artiste s’en est tirée tout à fait à son avantage, la première émotion, bien compréhensible, une fois passée. Différentes œuvres de Chopin, Heymann, Alkan, deux petites pièces d’elle, heureusement écrites pour l’instrument, ont fait ressortir ses bonnes qualités de mécanisme ; mais où elle a été supérieure, c’est dans la sonate pour piano et violon de C. Franck, que l’on entendait à Paris pour la seconde fois seulement. En résumé, Mlle Marie Fabre a beaucoup de doigts, une grande sûreté, beaucoup de nerf, trop peut-être ; son style n’est pas encore absolument défini, bien qu’elle donne déjà aux œuvres qu’elle interprète une certaine physionomie qui n’est pas celle de tout le monde : nous pouvons attendre d'elle une excellente artiste. »

Poursuivant ses cours au Conservatoire ans la classe de Mme Angot-Montier, elle participe aux concerts devant le jury d’examen, présidé par le compositeur Antonin Marmontel en janvier 1889 puis en mars 1890, la presse remarquant à ces occasions son interprétation.

Le 16 mars 1889, à la Société nationale de musique à Paris, Marie Fabre exécute avec le quatuor Heymann une Étude de Charles Valentin Alkan pour piano et quatuor à cordes, arrangée par César Franck.

En avril 1891, à l’occasion de l’inauguration de l’hôtel de la comtesse de Montebello, rue Barbet-de-Jouy, Marie Fabre donne un concert, en compagnie du violoncelliste Liégeois. Ils interprètent la sonate de Grieg, la Polonaise de Chopin, et la romance du prince Serge Walkonsky.

Frère de son ancienne professeure d’Avignon, Louis Soullière, commissaire de police à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), l’épouse à Paris (17e arr.) en décembre 1891. Les deux témoins qu’elle avait choisis sont le comte Jean de Montebello et le compositeur Gabriel Fauré. Elle poursuit son activité en tant que professeure de musique.

Le nouveau couple vit d’abord à Joinville puis, au gré des nominations du mari par la préfecture de police, à Paris, Saint-Ouen et Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Marie Soullière accouche, en octobre 1892, d’un enfant mort-né et n’aura pas de descendant.

Après le décès de son époux, en octobre 1934 à Boulogne-Billancourt (Seine, act. Hauts-de-Seine), où ils s’étaient installés après sa retraite rue de l’Est, Marie Soullière reste vivre dans la commune rue de Sèvres. Elle demande une pension au conseil général du département, qui la lui refuse, soulignant qu’elle percevait déjà une réversion de la retraite de son mari. Il lui avait légué, par testament, 50 000 francs.

Le 30 mars 1939, Marie Soullière meurt à Boulogne-Billancourt. Elle était âgée de 75 ans. Décorée des Palmes académiques, elle avait été faite officière d'académie en janvier 1900 puis officière de l’instruction publique en mars 1906 pour son activité de compositrice et de professeure de musique.

César Franck lui a dédié le manuscrit de la première page de sa symphonie en ré mineur, transcrite pour piano à quatre mains. Le journaliste Louis Schneider, dans le quotidien Le Gaulois, considérait, en novembre 1922, qu’elle avait été « une des meilleures élèves du maître. »

Symphonie en ré mineur de César Franck, offerte à Marie Soullière

 

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