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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 00:01

Lucie Glasener naît le 6 août 1891 à Bionville, Meurthe-et-Moselle. Elle est la fille de Marie Amélie Petit et de son époux Jean Nicolas Augustin Glasener. Son père, natif du village, est d’abord ouvrier agricole puis tisserand (comme une grande part de la famille) et aurait été ensuite voiturier. Sa mère est originaire du village voisin, Allarmont, situé dans le département des Vosges même s’il n’est séparé de Bionville que par une modeste rivière, La Plaine. Le couple a eu huit enfants, dont sept filles, Lucie étant l’avant-dernière.

La famille vit dans le hameau des Noires Colas, qui compte, en 1896, 140 habitants sur les 509 de la commune ; il n'en aura plus que 57 en 1921, Bionville ayant alors perdu plus de la moitié de sa population (227 h.). Après l’an 2000, on compte un peu plus de 100 personnes dans le territoire. Un oncle de Lucie, Jean Baptiste Glasener, fabricant de broderies, était adjoint au maire du village en 1876.

En 1911, Lucie Glasener est domestique, au service de Charles Lecuve, industriel du bois, qui vit à Allarmont, dont il est maire depuis 1904. Il a trois enfants.

Au début de la première guerre mondiale, les villages de Bionville et Allarmont sont envahis par l’armée allemande, comme toute la partie supérieure de la vallée de la Plaine. Comme d’autres otages pris dans les communes voisines, le maire Charles Lecuve et le curé d’Allarmont, l'abbé Alphonse Mathieu sont arrêtés le 24 août 1914, sans justification particulière. Ils sont fusillés à quelques centaines de mètres, sur le territoire de Celles au lieu-dit le carrefour de la Soye.

Lucie Glasener reste au service de Maria Julie née Mathieu, l’épouse de Charles Lecuve et s’occupe des trois enfants, Charlotte, Pierre et Marthe. Le village reste sous occupation allemande pendant toute la durée du conflit.

En 1926, Lucie Glasener est toujours à Allarmont avec Maria Lecuve et ses deux cadets. Elle répond, en août 1931 à un appel de la sous-section de Bionville de l’association des anciens combattants pour financer le drapeau des anciens combattants de la commune. La plus jeune des filles Lecuve, Marthe, y participe aussi « en mémoire de son père fusillé par les Allemands ». Toutes les deux ont versé cinq francs, et la collecte totale est de 521 francs.

C’est le 6 septembre 1931, sous une pluie battante, que les dix-huit anciens poilus de Bionville reçoivent leur drapeau, en présence de camarades venus de Badonviller et d'Allarmont, avec une fanfare. C’est le colonel Chanal, commandant le 158e régiment d'infanterie, qui procède à la remise, auprès de Fortier, président de la sous-section locale.

En 1936, Lucie Glasener vit à Aubervilliers, rue des Cités, dans la maison de Paul Vatelot, industriel de la literie, et de son épouse Charlotte, la fille aînée de Maria Lecuve. Ils ont trois enfants, Bernard, Nicole et Françoise. Ils retournent tous les étés dans la maison d’Allarmont et s’y trouvent au moment de la nouvelle occupation allemande en 1940. Une grande partie de la maison Lecuve est réquisitionnée par l’armée allemande.

Ayant pris sa retraite, Lucie Glasener réside en 1966 dans une partie de sa maison natale, aux Noires Colas.

Lucie Glasener meurt le 30 mars 1980 à Raon-l’Étape (Vosges), où elle était hospitalisée. Elle était âgée de 89 ans.

Cérémonie patriotique à Allarmont, années 1920

 

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24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 00:01

Suite de la biographie d'Emile Coornaert

Émile Coornaert publie deux thèses sur La draperie-sayetterie d'Hondschoote (XIIIème- XVIIIème siècle) et L'industrie de la laine à Bergues-Saint-Winnoc (XIVème – XVIIème siècle). Il écrit ensuite un ouvrage sur Les corporations en France avant 1789, qui paraît en pleine guerre en 1941 ; dans la préface, Coornaert s’efforce d’éloigner toute référence politique.

La même année, il a rejoint le réseau de Résistance La France continue monté par Henri de Montfort, directeur des services de l’Institut de France.

Le réseau, composé notamment du diplomate Paul Petit, de l'écrivain Marietta Martin et de Suzanne Feingold, responsable d’une association juive. Il publie La France Continue à partir de 1941. Le journal est réalisé par l’imprimerie parisienne de Francisque Gay, située rue Cardinal. Il a un ton « très littéraire et parfois rude. Il porte alors sans ménagement des coups virulents à Pétain. »

La France continue est, avec L'Université libre et Témoignage chrétien un des rares journaux résistants à dénoncer la situation faite aux juifs selon Renée Poznanski.

Les membres du réseau sont d’inspiration chrétienne. Après l'arrestation début 1942 d'une grande partie du réseau, plusieurs personnes en liberté se joindront au Mouvement Résistance de l’écrivain Jacques Destrées. Émile Coornaert coopère avec divers réseaux et fait un travail d'information.

Après-guerre, La France Continue est présentée comme la préfiguration d’un nouvel hebdomadaire, Ici Paris, qui paraît le 13 juin 1945. Mais ce dernier oubliera très vite ses ambitions politiques du départ, pour se consacrer aux horoscopes et à la vie des vedettes.

Émile Coornaert avait collaboré avant-guerre aux Écoles normales ouvrières de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).

Après-guerre, Émile Coornaert reste proche des milieux démocrates-chrétiens. Il contribue à relancer le Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN), affilié à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avec Marcel Reinhard, professeur au Lycée Louis-le-Grand. Lors de la réunion du 26 octobre 1944, Émile Coornaert est élu président.

Il s’efforce de faire de son syndicat un « instrument de transformation sociale » qui continue l’œuvre de la Résistance dans « une révolution sans haine et sans violence, inspirée par une conception spiritualiste du monde ». Il représente le syndicat au sein de la commission qui prépare la mise en œuvre du Plan Langevin-Wallon de réforme de l’enseignement.

Après le rejet d’une motion de politique scolaire qu’il avait présentée, Émile Coornaert démissionne de son poste de président du SGEN mais continue à intervenir dans la vie du syndicat. Le poste qu’il avait occupé ne sera plus pourvu.

Ayant poursuivi son activité d’historien, Émile Coornaert publie des ouvrages sur Les Français et le commerce international d'Anvers, fin XVe-début XVIe (1961) et Les compagnonnages en France du Moyen Age à nos jours (1966). Son dernier ouvrage, en 1977, porte sur le métier d’historien : Destins de Clio en France depuis 1800.

En 1958, il devient membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est nommé au sein de la Commission d'histoire de la Révolution française du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS, 1969-1980).

Se faisant, selon Henri Dubief, l’historien du Westhoek (la Flandre française), Émile Coornaert a été membre du Comité flamand de France.

Émile Coornaert meurt le 25 février 1980 à Paris. Il est enterré à Allarmont.

Émile Coornaert est titulaire de la Croix de guerre 1914-1918, de la médaille de la Résistance, est Officier de la Légion d'honneur et commandeur de l’Ordre Polonia Restituta. Il est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1958-1980). Les écoles publiques maternelle et primaire de la commune d’Hondschoote (Nord) portent le nom d’Émile Coornaert.

Fin

 

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24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 00:01

Suite de la biographie d'Emile Coornaert

Émile Coornaert publie deux thèses sur La draperie-sayetterie d'Hondschoote (XIIIème- XVIIIème siècle) et L'industrie de la laine à Bergues-Saint-Winnoc (XIVème – XVIIème siècle). Il écrit ensuite un ouvrage sur Les corporations en France avant 1789, qui paraît en pleine guerre en 1941 ; dans la préface, Coornaert s’efforce d’éloigner toute référence politique.

La même année, il a rejoint le réseau de Résistance La France continue monté par Henri de Montfort, directeur des services de l’Institut de France.

Le réseau, composé notamment du diplomate Paul Petit, de l'écrivain Marietta Martin et de Suzanne Feingold, responsable d’une association juive. Il publie La France Continue à partir de 1941. Le journal est réalisé par l’imprimerie parisienne de Francisque Gay, située rue Cardinal. Il a un ton « très littéraire et parfois rude. Il porte alors sans ménagement des coups virulents à Pétain. »

La France continue est, avec L'Université libre et Témoignage chrétien un des rares journaux résistants à dénoncer la situation faite aux juifs selon Renée Poznanski.

Les membres du réseau sont d’inspiration chrétienne. Après l'arrestation début 1942 d'une grande partie du réseau, plusieurs personnes en liberté se joindront au Mouvement Résistance de l’écrivain Jacques Destrées. Émile Coornaert coopère avec divers réseaux et fait un travail d'information.

Après-guerre, La France Continue est présentée comme la préfiguration d’un nouvel hebdomadaire, Ici Paris, qui paraît le 13 juin 1945. Mais ce dernier oubliera très vite ses ambitions politiques du départ, pour se consacrer aux horoscopes et à la vie des vedettes.

Émile Coornaert avait collaboré avant-guerre aux Écoles normales ouvrières de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).

Après-guerre, Émile Coornaert reste proche des milieux démocrates-chrétiens. Il contribue à relancer le Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN), affilié à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avec Marcel Reinhard, professeur au Lycée Louis-le-Grand. Lors de la réunion du 26 octobre 1944, Émile Coornaert est élu président.

Il s’efforce de faire de son syndicat un « instrument de transformation sociale » qui continue l’œuvre de la Résistance dans « une révolution sans haine et sans violence, inspirée par une conception spiritualiste du monde ». Il représente le syndicat au sein de la commission qui prépare la mise en œuvre du Plan Langevin-Wallon de réforme de l’enseignement.

Après le rejet d’une motion de politique scolaire qu’il avait présentée, Émile Coornaert démissionne de son poste de président du SGEN mais continue à intervenir dans la vie du syndicat. Le poste qu’il avait occupé ne sera plus pourvu.

Ayant poursuivi son activité d’historien, Émile Coornaert publie des ouvrages sur Les Français et le commerce international d'Anvers, fin XVe-début XVIe (1961) et Les compagnonnages en France du Moyen Age à nos jours (1966). Son dernier ouvrage, en 1977, porte sur le métier d’historien : Destins de Clio en France depuis 1800.

En 1958, il devient membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est nommé au sein de la Commission d'histoire de la Révolution française du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS, 1969-1980).

Se faisant, selon Henri Dubief, l’historien du Westhoek (la Flandre française), Émile Coornaert a été membre du Comité flamand de France.

Émile Coornaert meurt le 25 février 1980 à Paris. Il est enterré à Allarmont.

Émile Coornaert est titulaire de la Croix de guerre 1914-1918, de la médaille de la Résistance, est Officier de la Légion d'honneur et commandeur de l’Ordre Polonia Restituta. Il est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1958-1980). Les écoles publiques maternelle et primaire de la commune d’Hondschoote (Nord) portent le nom d’Émile Coornaert.

Fin

 

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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 00:01

Début de la biographie d'Émile Coornaert

Émile Coornaert naît le 31 août 1886 à Hondschoote (Nord). Il est le cadet de treize enfants d'une famille d'ouvriers agricoles. Après la mort de son père, il entre en 1898 au petit séminaire Saint-François d'Assise d'Hazebrouck qu'il quitte en 1903. Profondément influencé par l'éducation reçue, Il y reviendra très régulièrement tout au long de sa vie. Après son baccalauréat, il se partage entre les études et le travail. Il est membre du mouvement Le Sillon de Marc Sangnier, un catholique de gauche.

Licencié en lettres en 1906, journaliste, il poursuit des études d'histoire à l'Institut catholique de Lille puis à la Sorbonne où il obtient un diplôme d'étude supérieure en histoire médiévale. Dispensé de service militaire, il s'engage cependant en 1915. Il combat d’abord au sein du 1er régiment d'infanterie de ligne puis rejoint le 8e régiment de transmissions jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. Il est sergent-fourrier travaillant à la section d'écoute en mettant à contribution sa connaissance de l'allemand.

Il épouse Alice Robert en 1921 et séjourne ensuite très régulièrement jusque la fin de sa vie dans la maison familiale d’Allarmont (Vosges). Ils auront trois enfants.

Démobilisé en 1919, Émile Coornaert passe l'agrégation d'histoire en 1920 et enseigne à Alençon, Nancy et au Lycée Condorcet à Paris. Docteur ès lettres en 1930, il est nommé directeur d'études d'histoire économique à École pratique des hautes études où il est préféré à Marc Bloch. Il collabore à la revue des Annales depuis 1932.

Il va connaître une expérience internationale, créant un département francophone à l’Université de São Paulo au Brésil où il détient la chaire d’histoire en 1934 et 1935.

Revenu en Europe en 1936, Émile Coornaert devient titulaire de la chaire d'histoire du travail au Collège de France où il remplace François Simiand. Il obtient le poste de préférence à Maxime Leroy et Maurice Halbwachs. Ce dernier estime que « Coornaert est un médiocre (…) Il a fait quelques recherches érudites sur les corporations au XVème siècle (…) Il a un fort accent belge, rien de caractéristique par ailleurs. Démocrate-chrétien, et actuellement très résistant, – mais bon catholique, et tenant à ce qu'on subventionne les écoles libres. »

A suivre

 

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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 00:01

Paul Henri Pacquelin naît le 23 septembre 1889 à Franey (Doubs). Ses parents, Marguerite Louise By et son époux Henri Pacquelin ont dix enfants. Famille de libres penseurs, elle est proche de Charles Beauquier (1833-1916), député radical-socialiste du Doubs (1880-1914).

Après son service militaire effectué entre 1909 et 1911, Paul Pacquelin s’installe à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) et est embauché à l’usine Pathé-Cinéma de Joinville-le-Pont.

Il s’engage rapidement dans la vie publique. En décembre 1913, il est élu trésorier adjoint de l'Association des Libres Penseurs de la région de Saint-Maur et travaille à la constitution d’un groupe de libre-pensée à Joinville. Il est membre du comité radical socialiste de Joinville en 1914.

Mobilisé dès le début de la guerre, Pacquelin est blessé sur l'Yser, à Ypres, au cours l’automne 1915 d'un éclat d'obus dans la figure. Il se marie civilement à Saint-Maur en décembre 1915 Charlotte Legret, sœur du secrétaire l’association de libres-penseurs et retourne au front dès sa guérison. Il combat en Lorraine au sein du 349e RI ; il est asphyxié par les gaz le 26 avril 1916 sur le col de La Chapelotte, entre BadonviIler et Allarmont.

Malgré la brièveté de son activité publique, Paul Pacquelin aura manifestement marqué la vie locale, car les hommages se multiplient : séances de la libre-pensée de Saint-Maur en mai 1916 et février 1918, communiqué en avril 1918, obsèques civiles en décembre 1921, etc.

La médaille militaire et la Croix de guerre avec étoile de bronze lui sont attribuées à titre posthume. Son nom figure, à la rubrique Franey, sur le Livre d'Or du ministère des pensions. Il est inscrit sur le Monument aux morts et dans le Carré militaire de Saint-Maur-des-Fossés. Il est également gravé sur les plaques commémoratives de Pathé-Cinéma à Joinville-le-Pont et de Kodak-Pathé à Vincennes.

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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 01:02

Alphonse Antoine, né en 1890 à Raon-sur-Plaine (Vosges) est le fils d’une brodeuse et d’un douanier au poste frontière du Donon, qui délimite alors la séparation entre la France et l'empire allemand occupant l'Alsace.

Après des études primaires supérieures à l'école Colbert de Paris, il est reçu au concours des Chemins de Fer de l'Est, société exploitant les lignes ferroviaires entre Paris et la Lorraine.

Mobilisé pendant la guerre de 1914-1918, il devient sous-lieutenant dans l'arme du génie et fait presque toute la guerre sur le front de Lorraine, en particulier dans le secteur de la Chapelotte (Vosges).

Après la fin de la guerre, il poursuit son activité au sein de l’armée et est chargé d'organiser le Central interallié de Berlin. Il participe, avec le général Gustave Ferrié (1868-1932), à la création de Radio Tour Eiffel, premier émetteur français de télégraphie sans fil, à vocation militaire dans les années 1920.

Alphonse Antoine enseigne en 1930-1940, à l’école des transmissions, puis est affecté au ministère de la guerre, et à celui de l'armement.

De 1940 à 1942, il est affecté en Tunisie où, sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, il commande les transmissions. Il participe à la lutte clandestine et organise le camouflage du matériel et du personnel.

Il rentre en métropole, et rejoint le mouvement de résistance nationale « Les Ardents », sous le pseudonyme de Dammartin (ou André). Il est chargé de mettre en œuvre, dans la zone Sud, le sabotage du réseau allemand des lignes souterraines à grande distance, le contre-sabotage et la remise en état du réseau national. Son intégration dans le groupe aurait eu lieu en 1944.

Le futur premier ministre Jacques Chaban-Delmas (Lakanal) le nomme délégué national aux Transmissions au printemps 1944. Il est chargé de l'exécution du « Plan Violet », qui prévoit le sabotage des réseaux téléphoniques allemands. Il le met en œuvre le 5 juin 1944, à 21 heures 15, suite à un message sur les ondes langue française de la radio anglaise BBC (« le Colonel leur a coupé le sifflet »).

Alphonse Antoine est promu général en 1944. Il quitte l'armée en 1946 et rejoint la société privée RTI (Relations Techniques Intercontinentales) où il met au point des appareils de transmission, notamment des oscilloscopes.

Décédé à Paris le 9 février 1969, il est enterré au cimetière d'Allarmont (Vosges), commune où il disposait d'une demeure.

Il est le père de Gérald Antoine (1915-2014), philologue, recteur de l’académie de Tours Orléans, maire d’Allarmont.

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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 01:07
L'amiral Alphonse Lecuve, 1922
L'amiral Alphonse Lecuve, 1922

Pierre Paul Alphonse Lecuve, naît le 30 avril 1851 à Vexaincourt, petite localité du département des Vosges, où son père est instituteur. Ce dernier, Pierre Lecuve (1830–1869) est originaire du village voisin, Allarmont, tandis que sa mère Marie Bart, vient de Bionville, qui jouxte le précédent dans le département de la Moselle.

Les Vosges sont sans doute la terre française la plus éloignée de toutes mers, mais il est néanmoins attiré par le large et rentre, dès l’âge de 16 ans, à 850 kilomètres de là, à l’école navale de Brest.

En 1870, il devient élève-officier, aspirant, cette fois sur les rives de la Méditerranée, à Toulon, où sa famille se fixera plus tard.

C’est en 1885 qu’il prend le départ pour le grand large à bord de la Naïade pour Madagascar et l’océan indien. Il obtient un commandement en 1889 et croise avec l’aviso Alouette en Indochine (Cochinchine, Cambodge, Tonkin).

Après un retour en Méditerranée, sur le cuirassé Dévastation, il embarque pour deux ans dans le Pacifique. Les pays européens se disputent alors la colonisation des îles du sud, Allemagne et surtout Angleterre et France. Alphonse Lecuve va jouer un rôle diplomatique dans ces querelles à Tonga et aux Nouvelles-Hébrides.

Pour protéger ses intérêts, la France ouvre une agence consulaire à Tonga, territoire placé sous la juridiction du Haut-commissariat britannique pour le Pacifique oriental depuis 1893. Le capitaine de frégate Lecuve, qui rencontre le roi George Tupou II lors d’une escale, raconte l’entrevue dans une lettre : « Le 4 novembre 1897, accompagné d’une partie des officiers, je faisais ma visite au roi. Dans le cours de notre entretien, il appuya fortement la crainte qu’il éprouvait de voir son pays annexé par l’Angleterre et dit qu’il espérait bien que la France ne le permettrait jamais. Quelques jours plus tard, le père du roi me fit demander une entrevue, et il accentua plus fortement encore que ce dernier le désir de voir la France se mettre en travers des projets supposés de l’Angleterre, insistant sur les excellentes relations qui avaient toujours existé entre les deux pays. Je me contentai à l’un comme à l’autre de répondre par des paroles aimables et courtoises, mais sans aucune portée. Dès lors, l’archipel de Tonga fut livré aux Anglais »

Aux Nouvelles-Hébrides, devenues depuis le Vanuatu, Alphonse Lecuve montre aussi peu d’enthousiasme face à ceux qui lui proposent d’annexer des territoires au risque de provoquer un conflit avec les anglais. C’est le quotidien La Croix qui relate (22/08/1924) : « Le 18 septembre 1898, à Port-Sandwich, en présence de M. Lecuve, commandant de l’Eure, de M. Milliard, agent de la Société française, et d'autres personnalités coloniales, Mgr Fraysse conférait le baptême à 50 catéchumènes et bénissait la première église hébridaise, érigée par le P. Pionnier. À l'issue de la cérémonie, les indigènes venus des îles voisines avec leurs missionnaires acclamèrent le drapeau tricolore. C'était une invite indirecte à la France à prendre sans tarder possession de l'archipel. On tergiversa, et il fallut se contenter du condominium franco-anglais. »

De retour en Europe, il devient commandant de plusieurs cuirassés et croiseurs : Saint-Louis, d'Entrecasteaux, Desaix, Pothuau, Brennus.

Promu contre-amiral en septembre 1908, il est major général de la marine à Cherbourg.

En 1911, il commande la division navale dans la régence de Tunisie; sur son dernier bâtiment, le cuirassé Henri-IV. Il se consacre non seulement à ses tâches politiques et militaires, mais appuie également des activités culturelles donne des réceptions qui restent fameuses.

Au 1er janvier 1912, il rejoint l’état-major, comme président de la Commission d'essais des bâtiments de la Flotte. Il prend sa retraite en janvier 1914.

Devenu commandeur de la Légion d'honneur en décembre 1912, il porte également des médailles malgache, italienne et tunisienne. Mais, même sorti du service actif, Alphonse Lecuve reste fort actif : il est président d'honneur de l'Alliance française et siège au conseil d’administration de l’Observatoire de Paris et à celui de l’Observatoire d’astronomie physique de Meudon.

Il s’installe à Toulon. En mai 1918, il y participe à une commémoration patriotique en mémoire de l'équipage du sous-marin Bernouilli, disparu en février dans l’Adriatique. Il y meurt le 26 février 1944.

L’amiral Lecuve était l’époux de Marguerite Peyron (1868-1969) ; leur grande différence d’âge et la longévité de sa femme font que l’État français leur aura servi une pension de retraite pendant 55 ans.

Alphonse était le frère de Charles Lecuve, maire d’Allarmont, fusillé comme otage par l’armée allemande au début de la Première Guerre mondiale, en août 1914 (voir Fusillades dans les Vosges en 1914).

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 01:15
Deimling accusé des crimes de Raon-l’Étape et d'Allarmont (Vosges)

Berthold Deimling, général allemand (1853-1944) fait partie des 334 personnes accusées par la France d'avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre à livrer par l'Allemagne en exécution des articles 228 à 230 du traité de Versailles et du protocole du 28 juin 1919. Il lui est reproché des « violations des lois et coutumes de la guerre sur les territoires qui furent occupés par l'armée allemande. »

Son nom figure dans deux paragraphes de la « Liste des personnes désignées par les Puissances alliées pour être livrées par l'Allemagne » publiée en 1920.

Nous reproduisons ci-dessous le texte de sa mise en cause, qui figure aux pages 55 et 56 de ce texte (1) :

[44] M Deimling (von) Général commandant le XVe corps allemand. Nature de l’infraction : Crimes de Raon-l’Étape et d'Allarmont (Vosges) : pillages systématiques, incendies, assassinats en masse, violation de la Convention de Genève.

24 à 28 août 1914 (Raon-l'Étape [Vosges]).

«Le village de Raon-l’Étape fut pillé systématiquement par les Allemands, qui se faisaient aider dans le choix des objets à emporter par des femmes allemandes qu'ils avaient fait, venir. Les maisons, une fois pillées, étaient livrées à l'incendie.»

«M. Richard, vieillard de 70 ans, qui regardait par la fenêtre, et M. Huchs, douanier retraité, étaient tués à coups de fusil; de nombreuses mères de famille devaient subir les derniers outrages, même de la part d'officiers. »

«Les Allemands avaient installé une mitrailleuse qui tirait sur les Français dans l'hôpital, sur lequel flottait le drapeau de la Croix-Rouge. Comme les sœurs de l'hôpital indignées leur faisaient remarquer qu'ils n'avaient pas le droit de s'abriter ainsi sous la Croix de Genève, ils répondaient cyniquement : «qu'ils agissaient justement ainsi pour empêcher les Français de tirer sur eux. »

«A Allarmont, des soldats allemands avaient saisi au saut du lit le maire, M. Charles Lescuve (2) et le curé, M. Mathieu, qu'ils conduisirent devant le Général Deimling. «Que faut-il faire d'eux?» demandèrent- ils. Le Général eut un geste évasif. Que lui importait! Et il détourna la tête. On emmena les deux prisonniers dans un champ. «Je vous offre 100,000 marks, proposa M. Lescuve, pour savoir quelles raisons vous avez de nous fusiller.»

«On ne daigna pas lui répondre. On les poussa tous les deux contre un mur et on les assassina...»

[44] Le même. Ordre général de ne pas faire de prisonniers et d'incendier les villes et villages.

  • Voir aussi : Berthold Deimling, pacifiste ou criminel de guerre ?

(1) Liste des personnes désignées par les Puissances alliées pour être livrées par l'Allemagne en exécution des articles 228 à 230 du traité de Versailles et du protocole du 28 juin 1919, Impr. nationale - 193 pages, 1920

(2) Il s’agit de Charles Lecuve.

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 01:12
Berthold Deimling, pacifiste ou criminel de guerre ?

Dirigeant des troupes coloniales allemandes dans le Sud-ouest africain (actuelle Namibie), né en 1853 à Karlsruhe, Berthold Deimling se voit gratifier d’un titre de noblesse en 1907 et sera désormais désigné comme Berthold von Deimling. Il est nommé lieutenant général en 1910 et, à partir d’avril 1913, il commande le 15e corps d’armée allemand, basé à Strasbourg, en Alsace occupée.

Deimling est un des acteurs de l'Incident de Saverne. Fin 1913, un sous-lieutenant stationné à Saverne tient des propos humiliants à l'égard de la population alsacienne. Malgré les protestations populaires, l'armée refuse de sanctionner l’officier et réagit par des arrestations arbitraires, ce qui provoque un débat au Reichstag sur les structures militaristes de la société allemande. Le gouverneur militaire est accusé par l’opposition centriste et sociale-démocrate d’avoir couvert les actes illégaux et de contribuer à une immunité de fait des militaires.

En août 1914, Berthold von Deimling est nommé chef de la 7e armée allemande et l’un des officiers les plus en vue de l’armée impériale selon l’expression de Kurt Hochstuhl, historien allemand : « Sa carrière est marquée par des exploits individuels qui font la joie du Kaiser. Ce sabreur sans scrupules bénéficie ainsi de protections au plus haut niveau » (1).

À son poste, Deimling dirige les troupes qui occupent les territoires français des Vosges en août 1914, et est mêlé aux exactions contre les civils qui se produisent dans plusieurs localités.

Après-guerre, Deimling est inscrit sur la « Liste des personnes désignées par les Puissances alliées pour être livrées par l'Allemagne », au titre des « personnes accusées par la France d'avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre ». Les 890 personnes sur figurant sur ce document sont dénoncées par sept États : l’Empire britannique, la France, la Belgique, l’Italie, la Pologne, la Roumanie, et l’État Serbe-Croate-Slovène.

La France accuse Deimling à deux titres : « pillages systématiques, incendies, assassinats en masse, violation de la Convention de Genève » et « ordre général de ne pas faire de prisonniers et d'incendier les villes et villages ». Il lui est reproché d’être directement responsable de la mort de quatre civils entre le 24 et le 28 août 1914. Les deux premiers furent tués à Raon-l’Étape (Vosges) : M. Richard, vieillard de 70 ans et M. Huchs, douanier retraité. Les deux autres morts sont ceux d'Allarmont (Vosges) : le maire, M. Charles Lecuve et le curé, M. Mathieu (2).

L’Allemagne ne livrera pas aux puissances alliées les personnes réclamées. En vertu d’une loi allemande du 18 décembre 1919, elle donne au tribunal de Leipzig une compétence exceptionnelle pour juger les nationaux allemands accusés de crimes de guerre. De mai à juillet 1921, seize poursuites furent lancées devant ce tribunal avec comme résultat une moitié d’acquittements et le reste de condamnations légères (3). Deimling ne figure pas parmi les personnes jugées.

Après la Première Guerre mondiale, Deimling rejoint le camp des pacifistes et est un des responsables de la Société allemande de la Paix (Deutsche Friedensgesellschaft). Il publie un ouvrage pacifiste à Berlin en 1930 : Aus der alten in die neue Zeit, Lebenserinnerung.

Deimling meurt en février 1944 à Baden-Baden. Il était âgé de 90 ans.

  • Nous publierons dans un prochain article le texte des accusations formulées par la France contre Deimling.

(1) Kurt Hochstuhl Berthold von Deimling – ein Freund des Elsass? in Revue d’Alsace, n° 139, 2013 p. 181-204.

(2) Liste des personnes désignées par les Puissances alliées pour être livrées par l'Allemagne en exécution des articles 228 à 230 du traité de Versailles et du protocole du 28 juin 1919, Impr. nationale - 193 pages, 1920

(3) Pierre Truche, Juger les crimes contre l'humanité, ENS Editions, 2009.

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 12:51

Le 10 août 1914, suite à la déclaration de guerre de l’Allemagne, les troupes de la 13ème division d’infanterie de l'armée Française occupent les cols des Vosges. Du 14 au 19 août 1914, les militaires français lancent un mouvement offensif en direction de la plaine d’Alsace alors occupée. Ils occupent Schirmeck le 17 août.

Mais, à partir du 19 août, l’armée doit se replier. Le 21 août 1914, elle abandonne les villages de la haute vallée de la Plaine (rivière des Vosges), se retirant par le col du Donon et sur la Meurthe. Les 23 et 24 août, des combats ont lieu à Celles et Badonviller. Le 25 août, ils se situent vers Raon-l'Étape.

Une partie des habitants quittent les villages de la vallée de la Plaine, à cheval sur les départements des Vosges et de Meurthe et Moselle. C’est le cas notamment d’Augustin Mathieu, maire de Raon-sur-Plaine qui se rend en Belgique avec sa famille. À Luvigny, l'abbé Pierre Buecher et le conseiller municipal Pierre Bolle sont arrêtés le 23 août et fusillés à Raon-sur-Plaine. À Vexaincourt, le maire Sayer et Charles Batelot sont fusillés en représailles de la découverte d'un fusil dans une grange ; le village est incendié et 63 maisons sur 105 sont brûlées.

A Allarmont, le maire Charles Lecuve et le curé l'abbé Alphonse Mathieu sont arrêtés le 24 août sous le prétexte de coups de feu tirés par la population ; ils sont fusillés à Celles au carrefour de la Soye.

Une rue d’Allarmont porte le nom de Charles Lecuve. Il a été décoré de la légion d’honneur à titre posthume.

Charles Lecuve

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