Pierre Albert Joseph Giraud naît le 21 mars 1914 à Lyon (6e arr.). Il est le fils d’Anne Marie Barthélémie Grange et de son mari, Pierre François Giraud, négociant. Ils résident cours Morand.
En 1939, Albert Giraud est élève au séminaire catholique du diocèse de Paris à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine).
Il faut probablement l’identifier avec l’abbé Albert Giraud, nouveau prêtre, nommé vicaire de la collégiale Saint-Just, à Lyon (5e arr.) en juillet 1944.
Il aurait cependant ensuite rejoint le diocèse de Paris et il est sans doute à assimiler à l’abbé Giraud, présent dans les milieux d’action catholique en banlieue parisienne
L’abbé Giraud est en 1949 missionnaire du travail et aumônier fédéral du secteur Seine-Rives de Marne au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).. Il célèbre en octobre 1949 en l’église Saint-Lambert de Vaugirard à Paris (15e arr.) le mariage de Marcelle Chamfroy avec Henri Melchior, responsable de la section de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien). En septembre 1950, il officie pour les noces de Colette Étienne, secrétaire du groupe MRP de l'Assemblée nationale avec Robert Gruet, responsable des jeunes de la section MRP de Joinville.
Le même mois, l’abbé Giraud dit la messe organisée suite au décès de Pierre Angenot, responsable de la JOC parisienne (Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise), organisée dans sa paroisse d’Adamville à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est présenté comme le « père spirituel » d’Angenot par le quotidien catholique La Croix.
En janvier 1957, il est responsable d’un centre de catéchuménat pour adultes pour la banlieue Est de Paris, qui fonctionne rue de Fontenay à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne). Il est alors basé à l’église Sainte-Anne, dans le quartier de Polangis, à Joinville.
Le père Albert Giraud meurt le 11 août 1990 à Vernaison (Rhône, act. Métropole de Lyon). Il était âgé de 86 ans.
Église Sainte-Anne de Polangis à Joinville-le-Pont
Robert Lucien Gruet naît le 27 mai 1929 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Yvonne Aline Marguerite Decauchy et de son époux Roger Maurice Gruet. Son père meurt lorsqu’il a deux ans.
En 1950, Robert Gruet est responsable des jeunes de la section de Joinville du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien).
Il épouse en septembre cette année-là Colette Paulette Ginette Etienne, secrétaire du groupe MRP de l'Assemblée nationale. C’est l’abbé Giraud, prêtre catholique, missionnaire du travail, actif dans la paroisse Sainte-Anne de Polangis à Joinville, qui célèbre le mariage.
En avril 1953, Robert Gruet est candidat sur la liste MRP pour les élections municipales de Joinville-le-Pont. Elle obtient 9,2% des suffrages exprimés et a deux sièges, en nette progression par rapport à son score de 1947 (5,8%, pas d’élu). En ajoutant ses voix à celle des membres des deux groupes de droite, le MRP permet l’élection de Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines) qui met fin à la municipalité communiste installée au moment de la Libération en août 1944.
Gruet, qui arrive en sixième position, n’entre pas au conseil municipal. Il renonce à siéger pendant le mandat, puisque c’est le suivant sur la liste, Marcel Mercier, qui remplace en 1956 Gaston Moutenot, tête de liste en 1953 et démissionnaire.
Marcel Camille Jean Baptiste Mercier naît le 4 juillet 1903 à Grenoble (Isère). Il est le fils de Marie Joséphine Angélique Gonnet et de son époux Joseph Ernest Vincent Mercier, boulangers, boulevard Gambetta.
Ayant fait des études à l’Institut électrotechnique de Grenoble, Marcel Mercier obtient un diplôme d’ingénieur. Il épouse, à La Côte-Saint-André (Isère) Émilie Thérèse Laurent.
En 1936, Marcel Mercier est embauché par une entreprise de Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), probablement La Canalisation électrique, et le couple s’installe dans la commune voisine de Joinville-le-Pont. Ils résident rue de Créteil, dans le quartier du Centre (act. avenue du maréchal Leclerc).
La situation de Marcel Mercier pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connue ; il est probablement mobilisé au début de la guerre. Il rejoint peut-être la Résistance à l’occupation allemande ; le Service historique de la défense identifie trois « Marcel Mercier » pour lesquels il ne donne aucune indication ni de date ni de lieu de naissance ni d’appartenance à un réseau.
En septembre 1944, le Comité local de Libération de Joinville-le-Pont, après avis du Comité Parisien de la Libération, propose la candidature de Marcel Mercier. Le préfet le nomme, le 26 septembre, membre de la délégation spéciale chargée d’administrer la commune ; il fait donc fonction de conseiller municipal. Le maire est Robert Deloche, communiste, qui a occupé le 20 août la mairie et arrêté le bureau municipal nommé par le gouvernement de Vichy.
Son mandat prend fin en mai 1945, avec l’élection du conseil municipal. La participation de Mercier aux scrutins de 1945 et 1947 est possible, mais il n’est pas élu.
En mai 1953, Marcel Mercier figure sur la liste du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien), conduite par Gaston Moutenot. Le MRP n’avait pas eu d’élu en 1945. En 1947, sa liste avait recueilli 5,8% des suffrages exprimés et il n’avait pas non plus obtenu de siège. Les résultats du mouvement centriste sont en forte augmentation six ans plus tard, puisque le MRP gagne, avec 9,2% des voix, deux sièges. Les deux élus MRP, en rejoignant les élus de la liste divers-droite et ceux du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste), permettent de renverser la municipalité communiste. Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, RGR) est élu maire.
Étant arrivé en septième position, Mercier n’est pas élu. Cependant, suite au départ de Moutenot et à la démission ou au renoncement des suivants de liste, Mercier revient siéger au sein de l’assemblée locale. Sa présence y est notée en mai 1956. Il rend compte, dans le journal conservateur local Nouvelle Union régionale, du centenaire de la paroisse Saint-Charles-Borromée de Joinville
Au sein du conseil municipal, Mercier intervient en mars 1958 au sujet du réglage des feux tricolores de circulation. Son mandat prend fin en mars 1959. À l’occasion des élections municipales, le MRP fait alliance avec le parti socialiste SFIO et l’UNR (ex-RPF, gaulliste) pour présenter une liste opposée à celle du maire ; elle est devancée par ce dernier et n’a pas d’élu.
Peut-être après la retraite, la famille retourne dans l’Isère. Marcel Mercier meurt à Grenoble le 30 mars 1981 ; il est inhumé à La Côte-Saint-André. Âgé de 77 ans, il était père d’au moins deux enfants.
René Gabriel Bourrillon naît le 5 novembre 1904 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Gabrielle Virginie Simonet, couturière, et de son mari Urbain Henri Gilles dit Bourrillon, garçon de café, qui vivent rue Albouy dans cet arrondissement (act. rue Lucien-Sampaix). Son père est originaire de l’Aveyron et sa mère de la Meuse.
Après avoir probablement fait son service militaire en 1925, devenu bijoutier, René Bourrillon s’installe, avec sa mère, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils vivent dans le centre-ville, rue de Paris.
En avril 1930, devenu agent immobilier, René Bourrillon épouse à Joinville Yvonne Anne Marie Kerboul, native de Brest. Ils s’installent dans le quartier de Polangis, avenue du Bac (act. avenue Guy-Mocquet).
Sans doute mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, René Bourrillon revient à Joinville après la défaite, où il se voit attribuer une carte alimentaire.
Après le conflit, il milite au parti socialiste SFIO et est candidat lors des élections municipales d’avril 1945 sur la liste d’Union démocratique et résistante. Elle gagne le scrutin avec une moyenne de 61,7% des suffrages exprimés et emporte les 27 sièges à pourvoir qui se répartissent entre 7 communistes, 6 socialistes, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche. Le maire sortant, président de la délégation spéciale mise en place à la Libération, Robert Deloche, est réélu. Le premier adjoint, Léon Berthet, est membre de la SFIO.
En octobre 1947, la SFIO présente sa propre liste, face à celle du maire (soutenue par le parti communiste et les radicaux), aux gaullistes du Rassemblement du peuple français (RPF) et aux démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (MRP). Avec 6,5%, des suffrages exprimés, les socialistes n’obtiennent qu’un seul siège qui va à Berthet, le MRP n’en ayant pas tandis que PCF et RPF en ont 13 chacun ; le vote de Berthet permet à Deloche d’être réélu. Le mandat est agité : exclu du parti communiste, Deloche démissionne et est remplacé, en mars 1953, par Amélie Trayaud ; le groupe de droite éclate en deux entités, l’une restant fidèle au RPF, l’autre suivant Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, centre-gauche) ; Berthet démissionne, de même que son successeur et le suivant de liste.
Lors des élections municipales d’avril 1953, c’est de nouveau Berthet qui conduit la liste SFIO, rejointe par certains radicaux. Elle obtient trois sièges avec 12,3% des suffrages exprimés. Bourrillon, en septième position, n’est pas élu. Les deux listes de droite à six sièges chacune et, avec le soutien des deux élus du MRP, Defert est élu maire par 14 voix sur 27, les communistes ayant dix sièges.
René Bourrillon meurt le 4 août 1960 à Paris (19e arr.). Il était veuf, âgé de 55 ans, père d’une fille et résidait toujours à Joinville avec mère. À son décès, il était représentant immobilier.
Albert Joseph Antoine Guichard naît le 5 mars 1924 à Saint-Bonnet-le-Château (Loire). Il est le fils de Simone Lombardin et de son mari Joannès Guichard, quincailler, originaires de Saint-Jean-Soleymieux (Loire). Il n’est pas recensé avec ses parents entre 1926 et 1936, contrairement à ses deux sœurs et à son frère aînés, et a donc été probablement confié à de la famille. Selon les historiens André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, il est élève au lycée Ampère de Lyon (Rhône) de la sixième à la seconde, puis en classe de première au petit séminaire de Montbrison (Loire). Pendant la deuxième guerre mondiale, il passe son bac en tant que candidat libre puis s’inscrit en première année de sciences politiques à Lyon. A la fin de la deuxième guerre mondiale, Albert Guichard fait deux années de service social au Secours national puis à l'Entraide française qui lui succède à la Libération,, où il fait fonction de chef de service.
En 1945, Albert Guichard rejoint le séminaire de la Mission de France à Lisieux (Calvados). Selon Oscar Cole Arnal, il fut attiré par la Mission « elle représentait... un vent de révolution dans l’église, une rénovation dans tous les domaines ». Il fait un stage d’un an dans une des équipes de prêtres-ouvriers, à Givors (Rhône), où il est chargé du catéchisme et des colonies de vacances. Il est ordonné prêtre du diocèse de Lyon le 24 mai 1951. Incorporé à la Mission de France, il poursuit des études supérieures à la Faculté de théologie de Lyon dont il est licencié.
Toujours selon des témoignages confiés à André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, ses parents, hostiles à sa vocation, lui avaient refusé toute aide financière. Il est pris en charge matériellement par la paroisse catholique lyonnaise de Saint-Pothin (3e arr.). Domicilié à Vénissieux (Rhône), il y anime des groupes d'action catholique. Durant l’été, Albert Guichard, alors âgé de 26 ans, obtient du cardinal-archevêque de Lyon, Mgr Gerlier, l'autorisation d'entrer au travail et devient ainsi un des derniers prêtres-ouvriers, ainsi qu’un des plus jeunes. Il est en usine à Saint-Étienne (Loire).
Le 1er mars 1954, le pape Pie XI interdit aux prêtres de travailler en usine. Albert Guichard décide de refuser, avec 72 autres prêtres-ouvriers Ils publient un texte dans lequel ils déclarent « Nous ne pensons pas que notre vie d’ouvriers nous ait jamais empêchés de rester fidèles à notre foi et à notre sacerdoce. (…) La classe ouvrière n’a pas besoin de gens qui se « penchent sur sa misère » mais d’hommes qui partagent ses luttes et ses espoirs. En conséquence, nous affirmons que nos décisions seront prises dans un respect total de la condition ouvrière et de la lutte des travailleurs pour leur libération. »
Il figure parmi les dix réfractaires de l’équipe de Lyon, Saint-Étienne et Givors qui envoient, le 23 mars 1954, une lettre adressée à l'archevêque de Lyon, Albert Guichard mentionnant son appartenance à la Confédération générale du travail (CGT) et au Mouvement de la paix, organismes proches du parti communiste à cette période.
D’après la notice que lui consacrent André Caudron et Nathalie Viet-Depaule dans le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), Albert Guichard fait partie, en mai 1955, d’une commission des insoumis qui se réunit à pour traiter de la question « Comment, coupés de l'Église, garder une vie de foi ? » Dans une lettre du 13 janvier 1955, il écrit : « Il paraît impensable à un nombre de plus en plus grand de croyants et de prêtres dont je suis que les membres de l'Église et en particulier sa hiérarchie se bloquent indéfiniment et s'enferment dans l'ancien monde, la société et le régime bourgeois qui s'opposent par la force à l'établissement du monde plus fraternel qui se fait. Le seul vœu que je forme en ce début d'année, c'est donc celui pour lequel j'ai engagé ma vie : que le message évangélique ne soit pas injustement rendu inaccessible à des millions d'hommes "nouveaux" par la faute de ceux qui le lient en fait au monde bourgeois, quelles que soient leurs intentions ou leurs inconsciences. Ce ne sont pas des mots pour nous, mais une profonde réalité, puisqu'y être fidèle entraîne pour nous ruptures, incompréhensions, discrédit, sanctions et écueils pour notre foi elle-même. »
En 1957, Albert Guichard rejoint le bureau d’études en urbanisme BERU, fondé sous forme de société coopérative ouvrière de production (SCOP) par Max Stern, qui regroupe des chrétiens progressistes dont un autre prêtre, Maurice Ducreux. Il est sociologue et économiste. Le BERU travaille, souvent avec les municipalités communistes, à la rénovation de la banlieue parisienne. À l'automne 1958, Albert Guichard rejoint la CEGOS, organisme privé de formation continue professionnelle.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il quitte définitivement sa condition de prêtre et obtient sa réduction à l'état laïc des instances catholiques à Rome. Il épouse à Joinville, en février 1963, Paule Goubely, technicienne en publicité à Sedan (Ardennes), elle-même divorcée. Ils se séparent en automne 1965.
S’étant spécialisé dans l'étude de l'aménagement urbain des pays du Tiers-Monde, Albert Guichard séjourne au Brésil. Il épouse, en mai 1967 à Paris (12e arr.), Estella Pereira de Macedo. Il poursuit son activité, notamment pour le compte du ministère français de la Coopération et du secrétariat des missions d'urbanisme et d'habitat.
Albert Guichard meurt le 6 mars 2006 à Recife (Brésil). Il était âgé de 82 ans.
Max Maurice Léon Douy naît le 20 juin 1914 à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Léontine Charlotte Rabaute, couturière, et de son marié Maurice Eugène Ernest Douy, représentant de commerce. Ils vivent rue Jean-Jacques-Rousseau. Mobilisé en 1914, son père revient blessé de la première guerre mondiale.
Après le conflit, Max Douy est initié à la musique, notamment au piano. Ses parents s’installent en 1923 rue des Entrepreneurs à Paris (15e arr.). Il apprend le dessin dans l’école laïque locale. Après avoir été opéré d'une péritonite en 1924, il est placé en pension dans un établissement des Jésuites pendant trois ans. Revenu à Paris, il poursuit son cursus scolaire au lycée Jean Baptiste Say. Il arrête ses études en juin 1930, son père rencontrant des difficultés pour faire vivre la famille, puis est embauché, en juillet, comme grouillot au studio Pathé-Natan, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est engagé pour un salaire de 550 francs par mois et est, pendant un an, affecté au relevé du contenu du magasin de décors, dont il doit dessiner et coter les éléments entreposés.
Vers la fin de 1933, Max Douy participe à la création d’un comité d’accueil de professionnels allemands réfugiés en France. Il adhère à l’Association des étudiants et artistes révolutionnaires (AEAR), fondée par Francis Jourdain et Léon Moussinac, proche des communistes. Il devient syndicaliste à la Confédération générale du travail-Unitaire (CGTU), sous l’influence de Jean-Paul Dreyfus, chef de plateau chez Pathé. Il devient assistant décorateur, notamment avec les frères Prévert.
La crise économique internationale ayant des répercussions sur l’industrie cinématographique, Max Douy est licencié en 1935. Il est, la même année, appelé à faire son service militaire comme secrétaire du chef de musique d’une unité d'aérostation à Metz (Moselle). Sur place, il participe à une formation de jazz et fréquente une loge de francs-maçons.
Pendant la deuxième guerre mondiale, il est mobilisé dans l’assistance au sol à l’aviation à Suippes (Marne). Il épouse, en décembre 1939 à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) Colette Andrée Cornon. Démobilisé près de Toulouse en été 1940, Max Douy rentre à Paris où il travaille avec un restaurateur de tableaux.
Il est contacté en décembre 1940 Jean-Paul Dreyfus qui lui dit, selon son témoignage « Il faut faire quelque chose... on ne va pas rester comme cela prisonniers de ces messieurs [les Allemands]... il faut penser à l'avenir », il décide avec lui de s’engager dans la Résistance. Dreyfus prend alors le pseudonyme de Le Chanois. Ils rejoignent la Confédération générale du travail clandestine.
Avec la reprise de l'activité cinématographique en 1941, Max Douy retourne à son métier et devient chef-décorateur en 1942. Il collabore avec de nombreux grands réalisateurs, comme Jean Renoir, Max Ophüls, Jacques Becker, Jean Grémillon, Robert Bresson, Henri-Georges Clouzot ; c’est avec Claude Autant-Lara qu’il travaille le plus.
Parallèlement, Max Douy s’investit dans les instances professionnelles. En novembre 1943, il devient président des Architectes-décorateurs de film, une des composantes de la Corporation du cinéma qu’essaie de mettre en place le régime de Vichy. Celle-ci devient le Syndicat des techniciens de la production cinématographique et, en mai 1944, André Berthomieu en est le président et Max Douy un des commissaires au sein du bureau syndical.
Poursuivant son activité dans la Résistance, Max Douy est l’un des fondateurs du Comité de libération du cinéma français (CLCF), qui rassemble plusieurs réseaux rattachés au Conseil national de la Résistance (CNR) ; les réunions se font parfois chez lui, ou dans des locaux qu’il trouve dans les studios où il travaille. Le 19 août 1944, le CLCF lance l'insurrection dans le cinéma et occupe les locaux du Comité d'organisation de l'industrie cinématographique avenue des Champs-Élysées. Le CLCF organise les prises de vue de la Libération de Paris. Une quinzaine de cameramen sont placés aux endroits stratégiques, des cyclistes assurent les relais et Max Douy est le producteur du journal filmé de la Libération.
En septembre 1944, Max Douy devient vice-président de la commission technique du CLCF, dont Fred Orain est le président. La commission s’attache assurer une reprise rapide de l'activité de la production.
Après-guerre, Max Douy est vice-président du Syndicat des techniciens de la production cinématographique en 1950 et 1952.
Tout en étant toujours associé à Claude Autant-Lara, il réalise des décors pour Julien Duvivier, Alexandre Astruc, John Berry, André Hunebelle, Robert Enrico, Jean-Paul Rappeneau, Jean-Jacques Annaud, Costa Gavras, Coluche ou Christian de Chalonge. Il signe la décoration d’un James Bond, Moonraker de Lewis Gilbert.
Membre du parti communiste, Max Douy est cosignataire, en mars 1950, d’un appel des cinéastes pour participer aux Assises de la Paix à Paris. Avec d’autres « cinéastes des cellules communistes du cinéma », il lance en février 1955 un ciné-club baptisé Cinéma et Vérité. En 1965, comme de nombreux artistes, Max Douy appelle à voter pour le candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle, François Mitterrand.
Tout en continuant à travailler principalement pour le cinéma, Max Douy réalise régulièrement des décors de théâtre et, parfois aussi, pour la télévision. Il cesse son activité en 1988 puis publie en 1993 un livre, Décors de cinéma : les studios français de Méliès à nos jours.
En avril 1997 Max et son frère cadet, Jacques Douy (1924-2010), également décorateur de cinéma, participent à Lorient (Morbihan) au festival Le cinéma, témoin des luttes, organisé par l’association Mémoire ouvrière.
Max Douy meurt le 2 juillet 2007 à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Il était âgé de 93 ans. Prix du meilleur décor en septembre au Festival de Cannes pour Occupe-toi d’Amélie de Claude Autant-Lara, il reçoit en 1982 le César des meilleurs décors pour Malevil de Christian de Chalonge. En 1991, il a été fait officier de la Légion d’honneur.
Reine Sophie Dosse naît le 7 août 1903 à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Elle est la fille de Julie Gautier et de son époux Victor Dosse, comptable pour la firme cinématographique Pathé dans cette commune.
En 1906, Victor Dosse est chargé de créer l’usine de tirage de films Pathé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). La famille s’installe dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île.
C’est dans cette commune que Reine Dosse épouse, en juillet 1926 André Léon Pierre Denis, commis agent de change. Ils partagent le nouveau pavillon des parents Dosse, avenue Chapsal. Après la naissance de leurs deux filles et la condamnation, en octobre 1930, du mari à de la prison avec sursis et à une amende pour « outrage public à la pudeur », le couple se sépare et ils divorcent en janvier 1939. Elle reprend son nom de jeune fille.
Après avoir quitté Pathé, Victor Dosse lance une entreprise d’ébénisterie et menuiserie d’art. Après la deuxième guerre mondiale, sa fille en devient administratrice.
Lors des élections municipales de novembre 1947, Reine Dosse est candidate à Joinville sur la liste du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste), conduite par Pierre Perly. Sa liste obtient une moyenne de 3 066 voix pour 6 974 suffrages exprimés sur 7 073 votants et 8 376 inscrits. Elle obtient 13 sièges, dont elle est la seule élue, et devance les communistes de l’Union républicaine et résistante du maire sortant Robert Deloche (43,3%, mais le même nombre de conseillers municipaux). Les socialistes SFIO (6,5%, 1 siège) et les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire MRP (5,8%, pas d’élu) complètent le tableau électoral. Le vote de l’élu socialiste en faveur de Deloche lui permet de conserver son siège.
En novembre 1951, le journal libéral régional présente Reine Dosse comme « la militante n° 1 du RPF ». Avec trois jeunes militants gaullistes, elle collait des affichettes pour une messe organisée à la demande de sa formation à la mémoire du maréchal Leclerc. Des incidents éclatent avec une quinzaine de communistes dont André Langat, adjoint au maire, et un conseiller municipal. Elle dépose plainte.
Suite aux inondations de janvier 1953, qui font plus de 1 800 morts dans le sud-ouest des Pays-Bas, Reine Dosse lance, avec la section de Joinville du RPF, dont elle est la responsable, une souscription « Pour soulager les misères en Hollande. »
La fin du mandat se déroule dans une forte tension. Le seul siège socialiste échoit à quatre personnes successivement, suite à trois démissions liées à la mésentente à gauche. L’exclusion du maire du groupe communiste provoque un émoi dans la population. Les élus de droite se scindent en deux groupes, l’un restant fidèle à l’étiquette RPF tandis que d’autres prennent leur autonomie. Faute d’accord entre eux, bien qu’ils aient alors la majorité parmi les élus, la démission de son poste de Deloche provoque l’élection d’une communiste pour le remplacer, Amélie Trayaud.
Les élections municipales de mai 1953 voient la concurrence entre les deux listes de droite s’exacerber. Elles obtiennent le même nombre de sièges (six chacune), mais ce sont les dissidents, soutenus par le Rassemblement des gauches républicaines (RGR, centre-gauche) qui sont devant avec 22,1% des votes contre 19,8% aux gaullistes, 12,3% à la SFIO et 9,2% au MRP. Les communistes sont en tête avec 35,6% et dix élus, mais l’appoint des trois socialistes ne suffit pas, le MRP rejoignant le RGR et le RPF pour faire élire Georges Defert (RGR) maire de Joinville.
Reine Dosse a obtenu le meilleur score de sa liste, avec 1 457 voix pour 6 748 suffrages exprimés (21,6%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits. Elle entre au bureau municipal en tant que maire adjointe. Elle est la première à exercer ce mandat à Joinville. Avec la section et les autres élus RPF, elle signe en juillet 1953 une motion de protestation contre la condamnation aux États-Unis des espions Rosenberg. Le RPF s’associe à l’initiative des communistes sur ce dossier.
Lors du centenaire de la paroisse Saint-Charles-Borromée de Joinville, en mai 1956, une cloche est baptisée du nom de Reine-Marie-Andrée-Antoinette en l’honneur de Reine Dosse et d’autres paroissiennes. Cependant, malade, elle n’assiste pas à la cérémonie.
Dans son activité municipale, Reine Dosse a la charge des personnes âgées et des affaires sociales. Elle suit notamment la construction, en 1958, du centre de protection maternelle et infantile, jusque-là implanté dans le dispensaire communal.
Le scrutin municipal de juin 1959 se situe dans un cadre différent, la proportionnelle cédant la place à un mode majoritaire. Les gaullistes de l’UNR s’allient à la SFIO et au MRP. Ils arrivent troisièmes, derrière la liste du maire (41,2%) et les communistes (32,2%). Au second tour, la part de l’alliance se réduit à 13,1% tandis que Defert est largement réélu. Dosse ne siège plus au conseil municipal.
Après avoir cessé d’administrer la menuiserie familiale en 1973, Reine Dosse meurt le 6 juin 1977 à Sevran (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 73 ans. En mars 1956 elle avait été faite chevalière du Mérite social.
Juliette Maria Galland naît le 3 novembre 1913 à Verzenay (Marne). Elle est la fille de Lucie Eugénie Jeannin et de son époux René Galland, vigneron. Son père meurt à la guerre en octobre 1914, quand elle a moins d’un an. Sa mère vit ensuite à Paris (18e arr.), rue des Saules, où elle est pâtissière, et se remarie en septembre 1924 avec un pâtissier d’origine alsacienne, Aimé Marius Blind. Elle meurt en mai 1928, quand Juliette Galland a 14 ans. Elle continue à vivre avec son beau-père, qui se remarie en juin 1929 avec une manucure, également native de Sélestat.
Selon la notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Maitron), Juliette Galland exerce les métiers de coiffeuse puis de lingère. Elle n’a cependant pas de profession déclarée lors de son mariage, en janvier 1937 avec Pierre Derrien, garçon boucher. Ils s’installent à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne).
Pendant la deuxième guerre mondiale, Pierre Derrien, militant communiste et engagé dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), est arrêté sur dénonciation puis condamné à mort par les autorités allemandes et fusillé en octobre 1943 au Mont-Valérien (Suresnes, Seine, act. Hauts-de-Seine).
Après-guerre, Juliette Derrien vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), est, d’après le Maitron, vendeuse ambulante de chaussures et adhère en novembre 1944 au parti communiste et à l’Union des femmes françaises (UFF). Le maire, Robert Deloche, également résistant et communiste, la sollicite pour figurer lors des élections municipales d’avril 1945 sur la liste d’Union républicaine et résistante, qui rassemble des communistes, des socialistes SFIO, des radicaux et des personnalités classées comme divers-gauche. Avec 61,7% des suffrages exprimés, la liste emporte les 27 sièges à pourvoir dès le 1er tour.
Comme il s’agit du premier scrutin dans lequel les femmes sont électrices, Juliette Derrien fait donc partie des toutes premières élues françaises ; elle obtient 3 786 voix pour 6 447 suffrages exprimés (58,7%) sur 6 621 votants et 7 811 inscrits et arrive au dernier rang des candidats élus. Trois autres joinvillaises entrent en même temps qu’elle dans l’assemblée locale : Adrienne Chagnon, Valentine Nicolas et Amélie Trayaud (future maire de la commune en 1953). Le conseil est composé officiellement de 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche, catégorie à laquelle semble être rattachée Juliette Derrien bien qu’elle soit membre du PCF. Robert Deloche est réélu maire.
Citant des sources provenant des archives du parti communiste, la notice du Maitron mentionne que Juliette Derrien se considère, en 1947, qu’elle est « trop faible politiquement » pour assurer des responsabilités électives et ne se représente pas. En avril 1947, elle est embauchée comme employée du Centre de diffusion du livre et de la presse (CDLP), organisme lié au parti communiste.
Juliette Derrien meurt le 5 décembre 1995 à Plouzané (Finistère). Elle était mère d’une fille.
Goûter organisé en 1945 par l'Union des femmes de France à Joinville-le-Pont
André Vidal naît le 1er juillet 1908 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clémence Linard et de son mari Jean Théodore Vidal, artisan tôlier.
Devenu également tôlier, probablement dans l’atelier de son père, André Vidal épouse Marcelle Marthe Monréal en juin 1930 à Saint-Maur. Puis, son père ayant fermé son atelier, il devient employé de la société des Transports en commun de la région parisienne (act. RATP).
Militant syndicaliste à la Confédération générale du travail (CGT), André Vidal vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, après la deuxième guerre mondiale. Il se présente sous l’étiquette CGT aux élections municipales d’avril 1945 à Joinville. Il figure sur la liste d’Union résistante et démocratique, conduite par la maire sortant, Robert Deloche, communiste. Avec une moyenne de 3 979 voix, soit 61,7% des 6 447 suffrages exprimés sur 6 621 votants et 7 811 inscrits, la liste emporte tous les sièges et Deloche est réélu maire. Le conseil municipal comprend 7 communistes, 6 socialistes, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche (dont Vidal). Son mandat prend fin en octobre 1947.
André Vidal meurt le 4 juillet 1967 à Créteil. Il était âgé de 59 ans.
Émile Marie Pihour naît le 29 novembre 1906 à Plessé (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il est le fils de Joséphine Marie Lambierge et de son mari François Pierre Pihour, ferblantier.
Devenu représentant de commerce, pour les laines Pingouin, Émile Pihour épouse en décembre 1932 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Gabrielle Doublet, institutrice. Sa famille maternelle est originaire de Bretagne et son père du Loir-et-Cher, mais ils étaient déjà installés à Joinville en 1905. Les époux Pihour s’installent dans cette commune, dans le quartier de Polangis, avenue des Lilas (act. avenue Pierre-Allaire).
Lors des élections municipales d’avril 1953, Émile Pihour est candidat sur la liste présentée par le Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) et conduite par Pierre Calmon. Elle arrive en troisième position, avec une moyenne de 1 334 voix pour 6 748 suffrages exprimés (19,8%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits. La liste communiste de la municipalité sortante est en tête avec 35,6% et dix sièges, suivie de la liste divers-droite de Georges Defert avec 22,1% et six élus, les socialistes SFIO avec 12,3% ont 3 conseillers municipaux et le Mouvement républicain populaire (MRP, démocrates-chrétiens) en a 2 avec 9,2% des voix. Grâce aux voix RPF, MRP et divers-droite, Georges Defert est élu maire.
Le RPF a eu six élus et Pihour, qui arrive en quinzième positions des candidats, n’entre donc pas dans l’assemblée locale. Cependant, en décembre 1957, suite à deux démissions et au renoncement de huit autres candidats, il devient conseiller municipal. Parmi les anciens candidats ayant décliné l’entrée dans le conseil figure son beau-père, lui aussi représentant de commerce et voisin, Gabriel Doublet (1872-1965).
En 1959, la proportionnelle est abandonnée par les élections municipales. Les gaullistes font une liste commune avec la SFIO et le MRP mais n’ont pas d’élu, de même qu’en 1965.
Lors des élections municipales de 1971, Georges Defert présente une liste unique de la droite, qui l’emporte dès le premier tour avec 64,2% des suffrages exprimés face aux communistes (35,8%). Émile Pihour rentre de nouveau au conseil municipal. Le décès de Defert en 1975 amène les élus à désigner son premier adjoint, Jean-Pierre Garchery pour le remplacer. Lors des élections municipales suivantes, en mars 1977, la droite, de nouveau divisée au premier tour, est battue au second par la liste d’union de la gauche, conduite par le communiste Guy Gibout.
Émile Marie Pihour meurt le 1er janvier 1975 à Joinville. Il était âgé de 68 ans et père de deux enfants.