Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 00:01

Bernard Fernand Robert Crétin-Maitenaz naît le 26 septembre 1926 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Fernande Neveu et de son époux André Joseph Célestin Crétin-Maitenaz. Ils vivent dans le quartier de Polangis, avenue Pauline. Adulte, Bernard utilisera uniquement le patronyme de Maitenaz. Son père est originaire de Morez, dans le Jura, berceau de la lunetterie française.

La commune de Joinville est un site important en matière d’optique ; plusieurs des fondateurs puis responsables de la Société des lunetiers (SL puis Essel) ont vécu à Joinville. La société Télégic, qui deviendra Silor après sa fusion avec Lissac, est implantée dans la commune ; En fusionnant avec SL, le groupe s’appellera Essilor. Peut-être André Crétin-Maitenaz y est-il employé ; pendant la première guerre mondiale, il a été blessé et décoré de la Croix de guerre pour son comportement en août 1915 et cité à l’ordre de la brigade : « sous-officier d’un grand courage et d’une modestie remarquable. »

En 1931, Bernard Maitenaz vit chez ses grands-parents maternels, Marthe et Frédéric Neveu ; ils résident avenue Foch, dans le quartier de Polangis, toujours à Joinville. Frédéric Neveu est le directeur de l’usine métallurgique du Bi-Métal située dans la commune, quartier du Canal. En 1936, il est de nouveau avec ses parents, dans le même quartier, avenue Henri. Pendant les vacances cette année-là, il gagne un prix à un concours de devoirs organisé par le quotidien Le Petit Marseillais. Ils résident encore à Joinville en 1939.

Poursuivant son cursus scolaire pendant la deuxième guerre mondiale, Bernard Maitenaz entre, en septembre 1943 à l’école nationale d'Arts et Métiers de Paris. il en ressort ingénieur en 1946 puis intègre l'École supérieure d'optique, toujours dans la capitale, dont il sort major en 1947. Il sera également diplômé de l’Institut de contrôle de gestion.

Il fait son service militaire en 1947-1948, puis est embauché par Essel, nouveau nom de la Société des lunetiers. D’abord ingénieur d'études, il devient rapidement chef des services d'études puis directeur technique en 1953. Cette même année, il épouse Geneviève Élise Simonard, fille d’un jockey, originaire de la Marne et résidant également à Joinville-le-Pont. Son frère aîné, Paul Maitenaz, avait épousé lui aussi la sœur aînée de sa femme, Marie Louise Simonard.

Les lunettes à double-foyers utilisées par son père apparaissent à Bernard Maitenaz comme « une hérésie qui altère le champ de vision » selon le compte-rendu qu’en fait l’association Valoptec. À partir de 1951, il conduit des recherches pour la mise au point d’un « verre à foyer variable de façon continue » ; elles aboutissent avec la commercialisation du verre progressif Varilux en 1959, qui constitue, selon les milieux professionnels, « une révolution dans le monde de l’optique ». Il est nommé en 1966 directeur du département industriel.

Lors de la fusion d’Essel et de Silor en 1972, qui voit la naissance du groupe Essilor, Bernard Maitenaz est nommé directeur des recherches et du développement. Il est président du directoire de BBGR, filiale d’Essilor, de 1977 à 1980. En 1979, il est nommé directeur général du groupe, puis prend le poste de président-directeur général en 1980. Il le quitte pour sa retraite en 1991. Pendant son mandat, il a conduit une importante expansion internationale de l’entreprise.

Héritée de ses origines (la Société des lunetiers avait été fondée en 1849 à Paris sous le nom d’Association fraternelle des ouvriers lunetiers avec une forme coopérative), une société, baptisée Valoptec, rassemble une partie des cadres de l’entreprises et dispose d’une participation significative au capital. L’association disposait de 25 % du capital et 39 % des droits de vote avant la fusion qui a donné naissance au groupe franco-italien EssilorLuxoticca. En janvier 2020, Valoptec est encore, avec 11 000 membres et 4,2% des titres, le deuxième actionnaire du groupe, derrière la société financière de la famille Del Vecchio, Delfin.

Parallèlement à son poste, Bernard Maitenaz fut président de la commission innovation et recherches du Centre national du patronat français (CNPF, act. MEDEF) de 1984 à 1994, membre du Conseil supérieur de la propriété industrielle de 1985 à 1994, et administrateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1992 à 1995.

Bernard Maitenaz meurt le 22 janvier 2021 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 94 ans et père de trois enfants. Commandeur de l’ordre du Mérite, chevalier des Palmes académiques, il avait été fait officier de la Légion d’honneur en juillet 1989. Il avait également reçu le grand prix de la Ville de Paris dans la catégorie Technique en juin 1976, le prix Nessim-Habif de la Société des ingénieurs Arts et Métiers en 1995 ainsi que le prix Apollo décerné par l’Association américaine d’optométrie en juin 2014. Il était docteur honoris causa des universités de Boston (Massachusetts, États-Unis) et Montréal (Québec, Canada).

Bernard Maitenaz dans son laboratoiore

 

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 00:01

Jean Louis Barberet naît le 4 mars 1919 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucie Marie Reverso, comptable, et de son époux Louis Bernard Barberet, alors serrurier. Son père produira ensuite de la literie puis dirigera une usine. Sa mère adhérera au parti communiste après la deuxième guerre mondiale. En 1936, la famille vit dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, boulevard Maurice-Berteaux.

Après des études à l'École normale d'instituteurs de Paris, Jean Barberet, qui se présentera ultérieurement comme ayant été anticommuniste à cette période, adhère au Syndicat national des instituteurs (SNI) en 1937 ; il assure avoir condamné le pacte germano-soviétique de 1939. Il est appelé pour son service militaire au début de la deuxième guerre mondiale et sert dans la cavalerie de novembre 1939 à octobre 1942. En avril 1943, il épouse à Saint-Maur Marcelle Dehaye, également institutrice à Paris. Il dirige un centre d'enfants évacués dans le Doubs ; l’établissement, selon lui, serait devenu un dépôt d'armes et une infirmerie ayant hébergé des résistants.

Ayant repris un poste d’enseignant en région parisienne après la Libération, Jean Barberet adhère au parti communiste en janvier 1946. Il devient un cadre de son organisation syndicale, défendant la tendance unitaire, c’est-à-dire partisane du maintien dans la Confédération générale du travail (CGT) après le départ de cette organisation de Force ouvrière. Il regrette le passage de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) à l’autonomie et tout en restant adhérent du SNI (partie constitutive de la FEN), il est un des fondateurs de la FEN-CGT, dont il devient à la fois le secrétaire général permanent au plan national et dans le département de la Seine.

Jean Barberet participe à la création de la tendance Unité et Action, qui rassemble principalement des communistes au sein du SNI, en décembre 1948. Toujours partisan de la double appartenance à la FEN et à la CGT, Barberet émit des réserves quand le bureau politique du parti communiste invita en janvier 1954 les instituteurs à militer exclusivement au sein du SNI.

La famille Barberet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où Marcelle Barberet est institutrice et responsable de la section locale du SNI. En mai 1965, Jean Barberet figure en huitième position sur la liste d'union démocratique pour l’élection municipale de Joinville, conduite par Henri Bideaux, ancien conseiller municipal et commerçant. Comme celui-ci, il figure parmi les 24 communistes de cette liste, aux côtés d’un socialiste SFIO, d’un radical-socialiste et d’un indépendant de gauche. Au premier tour, la liste obtient une moyenne de 2 316 voix pour 7 758 suffrages exprimés (29,9%) sur 7 974 votants et 10 441 inscrits, derrière la liste du maire Georges Defert (divers-droite). Au second tour, elle est battue par cette dernière en recueillant 2 818 votes pour 7 406 suffrages exprimés (38,1%) sur 7 622 votants ; elle n’a aucun élu.

Sur le plan professionnel, Jean Barberet devient le directeur de l'école de la rue Le Vau à Paris (20e arr.) dont il fait un établissement expérimental en s’impliquant dans le Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN). Il en est le secrétaire général de 1968 à 1971. Il prend sa retraite en 1974.

Après avoir vécu à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis), la famille Barberet s’installe en 1972 à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Il est élu conseiller municipal en mars 1977, devient président du groupe communiste et adjoint au maire socialiste, chargé des délégations à l'enfance et à l'immigration. Réélu conseiller municipal en 1983, il démissionne en 1985 pour raisons de santé. Il quitte le parti communiste en 1986, faisant part d’un désaccord sur les formes d'organisation.

En 1982, Jean Barberet est membre de la Société mycologique de France.

Jean Barberet meurt le 16 avril 1998 à Férolles-Attilly (Seine-et-Marne). Il était âgé de 79 ans, père d’un enfant et résidait toujours à Pontault-Combault.

Il est l’auteur de deux ouvrages pédagogiques : L'école, nouveau milieu de vie (1969) et, avec Robert Gloton, À la recherche de l'école de demain (1970). Une école maternelle publique de la commune de Pontault-Combault a été baptisée du nom de Jean Barberet.

Pontault-Combault école maternelle Jean Barberet (cl. FCPE)

 

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 00:01

Suite de la biographie d’Henri Bideaux

Commerçant à Joinville-le-Pont, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Henri Bideaux siège dans les instances municipales depuis la Libération en août 1944. Élu communiste sur les listes de Robert Deloche, il reste au conseil municipal quand ce dernier, exclu du PCF, démissionne et est remplacé en février 1953 par Amélie Trayaud.

Pendant vingt années, Bideaux va être la principale personnalité publique des communistes à Joinville-le-Pont, se présentant à tous les scrutins municipaux ou départementaux. Il figure ainsi en mai 1953, en huitième position sur la liste communiste pour les élections au conseil général de la Seine dans l’arrondissement de Sceaux, conduite par le maire d’Ivry-sur-Seine, Georges Marrane ; il n’est pas élu.

Au sein du conseil municipal, Bideaux n’hésite pas à faire preuve d’une opposition bruyante. La nouvelle majorité ayant décidé de supprimer en mai 1935 l’usage d’un baraquement dans le parc du dispensaire à l’Union des vaillants et vaillantes (mouvement de jeunesse communiste), Bideaux proteste et entonne le chant révolutionnaire la Jeune Garde en compagnie de deux autres élus communistes, Langat et Grésy-Aveline.

Sous la cinquième République, le régime électoral change pour faire place au scrutin majoritaire tant aux élections municipales que cantonales (pour le département). En mars 1959 est ainsi candidat dans le 40e canton de la Seine, celui de Joinville-le-Pont, qui comprend également une partie de Saint-Maur-des-Fossés. Bideaux arrive en tête dans cette dernière ville mais est distancé à Joinville par le maire, Defert. Sur tout le canton, il recueille 4 512 voix pour 14 827 suffrages exprimés (30,4%) sur 15 369 votants et 21 457 inscrits, derrière Defert (32,5%), mais devant le RPF, le MRP et le parti socialiste SFIO. Au second tour, il est distancé avec 5 155 voix pour 15 302 suffrages exprimés (33,7%) sur 15 655 votants, derrière Defert, qui est élu, et devant le socialiste.

Les élections municipales concomitantes voient la liste conduite par Bideaux obtenir au premier tour 2 412 voix pour 7 488 suffrages exprimés (32,2%) sur 7 780 votants et 10 276 inscrits, toujours derrière Defert (41,2%) et devant une union de l’UNR (gaulliste), du MRP et de la SFIO (23,5%). Au second tour, Defert renforce son avance à 52,4% et emporte les 27 sièges, les communistes ne progressant guère avec 2 587 voix pour 7 580 suffrages exprimés (34,1%) sur 7 747 votants, la coalition reculant à 13,1%.

Ne disposant plus d’un mandat municipal, c’est en tant que secrétaire de la section de Joinville du PCF que Bideaux envoie, en octobre 1964, une lettre ouverte au maire de Joinville sur la sécurité devant l’école Oudinot, celle de son quartier de Polangis.

Lors des élections municipales de mars 1965 à Joinville, Henri Bideaux est à la tête d’une liste d’Union démocratique qui comporte 24 communistes mais également un socialiste (Robert Gente), un radical-socialiste (Charles Le Goff) et un indépendant (André Blocher). Avec 2 316 voix pour 7 762 suffrages exprimés (29,8%) sur 7 974 votants et 10 441 inscrits, elle est de nouveau devancée par Defert (43,6%) et talonnée par les gaullistes de l’UNR (26,5%). Après le retrait de ces derniers, les 27 colistiers de Defert sont élus contre ceux de Bideaux, qui ont 2 818 voix pour 7 406 suffrages exprimés (38,1%) sur 7 622 votants.

Le découpage des anciens départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, avec la création en 1967 notamment du nouveau département du Val-de-Marne, entraîne une nouvelle géographie cantonale. Joinville est le 31e des 33 cantons, qui comprend désormais, outre le chef-lieu, une partie de la commune voisine de Champigny. Les premières élections ont lieu en septembre et octobre 1967. Dans sa déclaration de candidature, Henri Bideaux, qui indique qu’il est secrétaire de la section de Joinville du PCF, assure que « L’aménagement des bords de Marne et la lutte contre la pollution retiennent toute mon attention ». Il est président du syndicat des riverains du canal de Polangis, qui longe le quai d’Anjou où il réside, et s’inquiète du gel des ventes de logement et des aménagements du quartier de Polangis qui feront suite à la construction annoncée de l’autoroute de l’Est (act. A4).

En tête à Champigny, Bideaux est presqu’à égalité avec Defert après le premier tour avec 2 485 voix pour 7 756 suffrages exprimés (32%) sur 7 910 votants et 14 656 inscrits quand le candidat de droite à 2 491 votes (32,1%). Bénéficiant au second tour du désistement de la FGDS (socialistes et radicaux-socialistes), Bideaux échoue cependant avec 4 219 voix pour 8 780 suffrages exprimés (48,1%) sur 8 958 votants. Defert est réélu.

Au cours du mois d’avril 1968, Bideaux se plaint que le maire de Joinville lui a refusé de lui prêter une salle pour organiser la conférence de la section PCF ; il la réunit alors à Champigny.

Dans l’hebdomadaire communiste Le Réveil, il considère comme président de l’association de propriétaires du canal de Polangis qu’il y a un mécontentement justifié dans ce quartier, mentionnant la voirie et le tout-à-l’égout. Il propose la constitution d’un comité de défense du quartier.

Les élections municipales de mars 1971 constitueront la dernière occasion d’un affrontement électoral entre Defert et Bideaux, tournant une fois encore en faveur du premier. Henri Bideaux est à la tête d’une liste Union pour une gestion sociale, moderne et démocratique qui recueille une moyenne de 35,8% des suffrages exprimés, la droite remportant dès le premier tour les 27 sièges avec 64,2%.

Suite au décès de Defert en octobre cette année-là, dans un contexte où l’union de la gauche se développe, l’élection municipale partielle de décembre 1975 voit le PCF faire appel à Guy Gibout, journaliste et élu local de Champigny. Il constitue pour les quatre postes à pourvoir une liste en association avec le nouveau parti socialiste, le mouvement radical de gauche (MRG) et le parti socialiste unifié (PSU), qui est battue par celle soutenue par Jean Pierre Garchery (divers-droite), élu maire.

C’est le même Gibout qui conduit, en mars 1977, une liste d'union de la gauche, composée de 14 PC, 9 PS, 2 PSU et 2 MRG. La division de la majorité sortante en quatre listes donne à la gauche une majorité relative. Au second tour, la gauche emporte les 27 sièges à pourvoir devançant la liste de Georges Derou avec 4 035 voix (51,3%) contre 3 836 (48,7%). Guy Gibout est élu maire et Henri Bideaux redevient conseiller municipal au sein du groupe communiste.

Les élections municipales ayant été annulées, un nouveau scrutin est organisé à l’automne 1978. La liste Gibout est intégralement réélue et Henri Bideaux siège comme conseiller municipal jusqu’en mars 1983 ; il aura siégé pendant 21 ans depuis 194. Guy Gibout n’est pas réélu maire.

Henri Bideaux meurt le 30 décembre 1994 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 85 ans, toujours domicilié à Joinville et père d’une fille. Il est inhumé au cimetière municipal de Joinville.

Fin

Henri Bideaux, photo Le Réveil

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2022 1 21 /11 /novembre /2022 00:01

Début de la biographie d’Henri Bideaux

Henri Bideaux naît le 29 mars 1909 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marguerite Millet, couturière, et de son mari Henri Bideaux, électricien. Ils vivent rue du Four, dans le quartier du Vieux Saint-Maur.

Devenu tourneur, Henri Bideaux épouse Lucienne Aimée Daumas en juin 1935 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont. Ils s’installent quai d’Anjou, dans le quartier de Polangis.

Pendant la deuxième guerre mondiale, selon ses déclarations le 1er septembre 1967 dans l’hebdomadaire communiste Le Réveil, Henri Bideaux se soustrait au Service du travail obligatoire en Allemagne (STO) en 1942. Il se réfugie en Aveyron où il devient ouvrier agricole puis rentre en région parisienne début 1944. Engagé dans la résistance à l’occupation allemande, Henri Bideaux est membre des Francs-tireurs et partisans (FTP) et participe, le 25 août 1944, à la bataille du pont de Joinville qui oppose les Forces françaises de l’intérieur (FFI) à une colonne allemande en retraite qui tente de franchir l’ouvrage.

Henri Bideaux est blessé d’une balle dans le cou pendant les combats. La bataille fait 19 morts parmi les combattants de la Résistance et les civils dont un autre FTP, Joseph Belbéoch.

Toujours selon Le Réveil, c’est à la date de cette bataille qu’Henri Bideaux aurait adhéré au parti communiste. Le même journal mentionne qu’il aurait été membre du Comité local de Libération de Joinville ; cependant, son nom ne figure pas dans les deux listes conservées aux archives municipales de Joinville-le-Pont, qui comportent 8 et 12 noms.

Cependant, c’est bien sur la proposition du Comité local de Libération Joinville, et après avis du Comité de Libération de Paris, que Bideaux est désigné pour faire partie de la délégation spéciale chargée d’administrer la commune, nommée par arrêté du préfet de la Seine le 26 septembre 1944. À ce titre, il fait fonction de conseiller municipal. Robert Deloche, communiste, préside la commission assumant le rôle de maire.

Lors des premières élections municipales après-guerre, en mai 1945, Henri Bideaux est élu sur la liste présentée par Deloche qui remporte les 27 sièges à pourvoir avec une moyenne de 61,7% des suffrages exprimés. Il fait partie des 7 communistes aux côtés de 6 socialistes, 5 radicaux-socialistes et 9 indépendants de gauche.

En 1946, Henri Bideaux devient commerçant. En 1967, il indique dans Le Réveil que ses loisirs sont le bricolage, la pêche et le cyclisme. Parmi ses lectures, il cite les écrivains français Jules Verne, Victor Hugo et Émile Zola, le dirigeant russe Lénine et le quotidien communiste L’Humanité.

À l’occasion des élections municipales de novembre 1947, Henri Bideaux est de nouveau candidat sur la liste Union républicaine et résistante, conduite par Deloche. Avec 43,3% des votes, elle obtient 13 sièges et Bideaux est réélu ; bien qu’ayant été devancé par le Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste, 44%, 13 sièges également), la gauche reste en charge de la municipalité avec le concours du seul élu socialiste SFIO (6,5%) et Deloche est réélu. Le mandat sera très agité dans tous les groupes : le groupe RPF se scinde en deux, quatre socialistes se succèdent, suite à des démissions, sur leur seul siège et Deloche lui-même démissionne, suite à son exclusion du PCF.

En février 1953, pour le remplacer, Amélie Trayaud, communiste et doyenne du conseil municipal, est élue maire. Elle restera en poste deux mois.

Pour tenter de conserver la mairie, le parti communiste imagine faire venir à Joinville pour les élections municipales de mai 1953 un conseiller général de la Seine, Vauthier. Un des responsables de la section locale, Nicolas Grésy-Aveline, le domicilie dans un appartement qu’il loue à Joinville, rue Nouvelle. Vauthier s’inscrit sur les listes électorales de Joinville à cette adresse, malgré le refus d’établir un certificat opposé par le propriétaire. Le quotidien Paris-presse établit que Vauthier était en fait gérant d’un magasin d’appareillage électrique et de postes de TSF à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Le candidat de droite, Georges Defert, obtient du juge de paix de Saint-Maur-des-Fossés qu’il soit radié de ces listes. Le journal écrit que « Ce petit scandale risque d’évincer le parti communiste de la mairie de Joinville. »

L’absence de Vauthier conduit le parti communiste à choisir Henri Bideaux pour conduire la liste d'Union républicaine et résistante, sur laquelle figure aussi la maire sortante, Amélie Trayaud. Sa liste arrive en tête avec 35,6% des suffrages exprimés et dix sièges et peut compter sur l’appui du parti socialiste SFIO (12,3%, 3 élus). Cependant, trois listes de droite et du centre obtiennent une majorité de 14 des 27 membres du conseil municipal : le Rassemblement des gauches républicaines (RGR) ayant 22,1% et 6 sièges, le Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) 19,8% et le même nombre d’élus, tandis que les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (MRP) ont les deux postes restants avec 9,2%. L’hebdomadaire libéral Nouvelle Union régionale s’étonne du résultat : « Les rouges (…) apparaissent encore comme une force alors qu’on les croyait en pleine déliquescence, et leur importance veut que tous les groupes antimarxistes fassent désormais barrage ». Defert (RGR) est élu maire.

À suivre

Henri Bideaux, photo Le Réveil

 

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 01:01

Simone Marguerite Lahaye naît le 11 janvier 1906 à Reims (Marne). Elle est la fille de Marie Léonie Lobry, lingère, née à Bruxelles (Belgique) et de son compagnon Édouard Théodore Lahaye, ouvrier boulanger, qui la reconnaît. Ses parents se marient à Reims en janvier 1907.

Pendant la première guerre mondiale, son père est mobilisé dans une section de commis et ouvriers. Il est condamné pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre » par le 2e conseil de guerre le 21 septembre 1917 ; du fait que des circonstances atténuantes lui sont accordées, sa peine est limitée à deux mois de prison.

À la fin de ses obligations militaires, en février 1919, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille, dans le quartier de Palissy ; ils s’installent ensuite dans le quartier voisin de Polangis, avenue Arago. Le père est toujours boulanger puis sera manœuvre, la mère est lingère et nourrice.

Simone Lahaye fait un apprentissage en tant que dactylographe et devient ensuite ouvrière dans une usine. En avril 1926, elle épouse à Joinville Jean Savu ouvrier ébéniste, syndicaliste et militant du parti communiste qui vivait dans la même ville, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils s’installent après leur mariage dans la commune voisine de Champigny, avenue d'Alsace-Lorraine, rue Diderot puis rue de Port-Arthur (act. Eugène-Pottier).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu s’engage comme résistant à l’occupation allemande dans les Francs-Tireurs et Partisans, mouvement clandestin proche du parti communiste. Arrêté en juillet 1943 par la police française, il est condamné à mort le 15 octobre par un tribunal allemand et fusillé le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Son épouse est la destinatrice d’une de ses deux dernières lettres, datée du 23 octobre : « Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. (…) Je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. »

Après-guerre, Simone Savu témoigna par écrit des violences faites à son mari et porta plainte selon les historiens Annie et Claude Pennetier, témoignant qu’il avait « été violemment frappé à coup de nerf de bœuf par les inspecteurs de la BS2 », les policiers français qui l’avaient interpellé. Elle est adhérente du parti communiste, dans une cellule de Champigny qui porte le nom de « Jean Savu ». Selon l’historien Paul Boulland, elle est candidate aux élections municipales de sa commune en mai 1945 et novembre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante, soutenue par les communistes. Il y voit la volonté du PCF de « valoriser des figures au fort pouvoir d’évocation symbolique », remarquant qu’une autre veuve de fusillé est également présentée à Joinville (Juliette Derrien). La fille d’un autre fusillé campinois, Taravella, figure également sur les mêmes listes les deux années.

Les archives de la fédération communiste, consultées par Paul Boulland, contiennent ces appréciations de deux responsables de la section « bonne camarade, veuve d’un fusillé, mère d’un enfant en bas âge, candidate sur la liste de notre Parti à Champigny » et « Pas très forte politiquement étant au Parti depuis la Libération. Camarade très dévouée. »

Si Simone Savu n’est pas élue à l’issue des scrutins de 1945 et 1947, elle intègre le conseil municipal de Champigny en avril 1951, remplaçant une démissionnaire. Elle est réélue toujours sur les listes communistes, en mai 1953, en juin 1959 puis en mars 1965. Pendant toute la durée de son mandat, le maire de la commune est le communiste Louis Talamoni, élu de 1950 à 1975.

En mai 1960, Simone Savu, qui réside toujours à Champigny, avenue Guy-Môquet, se remarie avec Georges Mesnard, ancien résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale et également conseiller municipal de Champigny. En application du code électoral, il dut démissionner de son mandat après leurs épousailles.

Simone Mesnard meurt le 18 février 2001 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), où elle était probablement hospitalisée. Elle était âgée de 95 ans et avait eu au moins un enfant de son premier mariage, dénommé également Jean Savu.

Portrait de Jean Savu, époux de Simone Savu [ph. Maitron]

 

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 05:01

Début de la biographie de Léon Lesestre

Léon Joseph Alexandre Lesestre naît le 23 décembre 1877 à Paris (4e arr.). Il est le fils d’Anne Lesestre, couturière, vivant dans un hôtel rue Saint-Louis, et d’un père non dénommé. La sage-femme qui déclare la naissance à l’état-civil le fait sous le nom erroné de Lesselle. La rectification sera faite lors de la reconnaissance de l’enfant par sa mère, le 5 janvier 1878, dans la même mairie. Elle est native de Bourges (Allier) où son père est sculpteur et sa mère commerçante.

En 1894, Anne Lesestre vit à Paris avec son fils, rue Frémion (15e arr.) ; elle épouse un cocher, qui n’est pas le père de Léon, et, deux fois veuve, se remarie ensuite à Paris puis en Seine-et-Marne.

Ayant fait « de bonnes études », selon le journaliste Jean Clochard, il entre comme comptable aux établissements Sautter-Harlé, entreprise de construction électrique et de production de moteurs, installée avenue de Suffren à Paris (15e arr.).

La semaine d’après ses dix-huit ans, devançant son service militaire, Léon Lesestre s’engage en décembre 1895 dans l’armée pour quatre ans, et rejoint le 4e régiment de hussards, unité de cavalerie fondée sous la Révolution française et alors basé à Meaux (Seine-et-Marne). Renouvelant régulièrement son engagement, Lesestre est nommé brigadier en janvier 1898 puis devient sous-officier comme maréchal des logis en novembre la même année. Il s’inscrit, en juin 1904, au concours pour devenir officier d’administration mais échoue aux épreuves orales.

À la fin de son dernier contrat, en décembre 1910, Lesestre demande à bénéficier d’un emploi civil, comme le prévoit la loi du 21 mars 1905. Il reste à l’armée en attendant sa nomination, qui se fait en avril 1912 en tant que commis de l'Assistance publique, qui gère les œuvres sociales et les hôpitaux de Paris et d’une partie de la banlieue. Il obtient une retraite proportionnelle aux 16 ans et 3 mois qu’il a passés dans l’armée, fixée à 528 francs.

En août 1905 à Meaux, Léon Lesestre avait épousé Réparate Stéphanie Honorine Zapel, couturière, native de Nice, fils d’un maître-tailleur du même régiment de hussards. Après la fin de la période militaire, la famille s’installe à Paris (13e arr.), d’abord rue de Tolbiac puis rue Bobillot.

Dès le début de la première guerre mondiale, Lesestre est mobilisé, au sein du 116e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sergent. En avril 1915, il est nommé sous-lieutenant puis, en août 1917, lieutenant. Il est affecté en mars 1918 au dépôt des éclopés de Fère-en-Tardenois (Aisne) puis en mai la même année à celui d’Hermé (Seine-et-Marne). Il est démobilisé en février 1919 et aura donc porté l’uniforme pendant près de 21 ans.

La première intervention publique connue de Lesestre est sa participation, en faisant état de son grade de sous-lieutenant, à une souscription du Secours national en juillet 1917.

Au sortir du conflit, les Lesestre vivent à Thorigny (Seine-et-Marne), rue du Temple. Ils déménagent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résident rue du Canal en 1924.

Revenu à l’Assistance publique, Léon Lesestre travaille d’abord au bureau de bienfaisance du treizième arrondissement de Paris. Il est nommé commis principal en janvier 1924, affecté à la pharmacie centrale des hôpitaux, puis premier commis principal en juin 1930. Il est contrôleur des services économiques des hôpitaux avec le grade de régisseur-comptable en 1932.

Membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des mutilés et anciens combattants en 1928, Lesestre est vice-président puis président d’honneur de la société des anciens combattants de Joinville. Il participe aux congrès de la Fédération, par exemple en 1932 à Bruxelles (Belgique) où il présente un rapport sur l'assistance publique en France et en 1933 à Salins-les-Bains (Jura), où il défend cette fois un rapport sur le chômage. Le 18e congrès, en juin 1935, clôture ses travaux à Joinville-le-Pont sur son invitation. Il est à nouveau réélu administrateur de la Fédération en juin 1936 à Chauny (Aisne) puis en août 1938 à Angoulême (Charente).

L’engagement le plus durable de Lesestre se fait au sein d’organismes regroupant des philatélistes. Il adhère en octobre 1924, au Groupement philatélique d'échanges puis rejoint la Société philatélique de Saint-Maur-des-Fossés (SPSM), fondée en décembre 1925, dont il est le président depuis sa création et jusqu’en 1955.

À suivre

Léon Lesestre en 1938 (1er rand, 2e à partir de la gauche)

 

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 05:01

Louis Frédéric Marie Petit naît le 28 mai 1907 à Pézenas (Hérault). Il est le fils de Thérèse Philippine Guillaumine Fonteneau et de son mari, Guillaume Frédéric Petit, coiffeur. Tous deux sont originaires du département voisin de l’Aude.

Pendant l’année 1935, Louis Petit est maréchal des logis dans le 1er groupe de cavaliers de l’École supérieure de guerre à Paris (7e arr.). Il a donc vraisemblablement souscrit un engagement, puisque son service militaire à dû se dérouler vers 1928-1930.

En décembre 1935, Louis Petit épouse à Paris (7e arr.) Juliette Ernestine Marie Mercier, femme de chambre, également originaire de l’Aude. Il est toujours domicilié dans la caserne de l’École supérieure de guerre.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Louis Petit s’engage dans la Résistance à l’occupation allemande et rejoint les Forces françaises de l’intérieur.

Après le conflit, Louis Petit est inspecteur de l’Éducation primaire. Il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Lors des élections municipales de novembre 1947, il figure sur la liste d’Union républicaine et résistante, conduite par le maire sortant, Robert Deloche (PCF), qui comprend principalement des communistes mais aussi des personnalités radicales, indépendantes ou classées divers-gauche ; selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Petit est communiste. Avec 3 017 voix pour 6 974 suffrages exprimés (43,3%, 13 sièges) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits, la liste arrive en seconde position derrière celle du Rassemblement du peuple français (gaulliste, 44%, 13 sièges également) et devant les socialistes SFIO (6,5%, 1 siège) et les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (5,8%, pas d’élu). Petit rentre au conseil municipal en treizième et dernière position. Grâce au conseiller socialiste, Deloche est réélu maire.

Le mandat est politiquement agité : le socialiste quitte son poste d’adjoint et démissionne ; le groupe des élus de droite implose. Deloche, pour sa part est exclu du parti communiste et démissionne de ses fonctions électives. Il est remplacé, en février 1953, par Amélie Trayaud, également communiste.

Le mandat de Petit prend fin en lors des élections municipales de mai 1953. Un Louis Petit avait été candidat sous l’étiquette communiste lors des élections municipales de 1929 à Joinville, mais il s’agit très probablement d’un homonyme.

Louis Frédéric Marie Petit meurt le 9 mai 1984 à Ollioules (Var). Il était âgé de 76 ans. Son épouse meurt au même endroit cinq mois plus tard.

Joinville-le-Pont vers 1960

 

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 05:01

Marcel Petit nait le 18 juillet 1904 à Paris (5e arr.). Il est le fils d’Élise Bernard et de son mari, Victor Petit, maçon. Tous deux sont originaires de la Creuse. Ils vivent rue de la Montagne-Sainte-Geneviève puis rue d’Arras. Marcel Petit devient orphelin de père à neuf mois.

En 1926, Marcel Petit, devenu maçon comme l’avait été son père, et sa mère s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue Marceau. Il devient peu après employé des Postes, téléphones et télégraphes. Il épouse en décembre 1928 Blanche Hélène Noémie Lyoen, native du Nord, qui vit avec ses parents dans le même quartier de Joinville. Ils s’installent avenue Pauline.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Marcel Petit devient résistant à l’occupation allemande et s’engage dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Le 20 août 1944, les forces de la Résistance, conduites par Robert Deloche, occupent la mairie de Joinville-le-Pont et arrêtent les membres du bureau municipal, maire et adjoints. Une délégation spéciale est mise en place, par un arrêté préfectoral du septembre 1944, créant une délégation spéciale chargée d’administrer la commune. Elle a été nommée sur proposition du Comité local de Libération, après avis du Comité de Libération de Paris. Marcel Petit en fait partie et fait fonction de conseiller municipal. La délégation spéciale est présidée par Robert Deloche (communiste), qui a des adjoints socialiste, radical et indépendants.

Le mandat de la délégation spéciale cesse en mai 1945, avec les premières élections municipales.

Marcel Petit meurt le 7 juin 1950 Carrières-sur-Seine (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Son décès est transcrit à Joinville où il résidait toujours. Il était âgé de 45 ans et père d’un garçon.

Manifestation à Joinville en 1945 avec Charles Tillon et Rol-Tanguy

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens