Jean Hippolyte Martres naît le 1er janvier 1875 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’un marchand de friture, Jean Martres, et de son épouse Marguerite Védrine, journalière. Lui-même devient expert-comptable et enseignera cette discipline pendant toute sa carrière.
Il n’effectue qu’un an de service militaire (novembre 1896-octobre 1897), du fait du décès de son père, en application de l’article 21 de la loi du 15 juillet 1889.
En février 1899, Martres épouse à Paris (12e arr.) Angélina Louise Jambon, employée de commerce. Ils s’installent à Joinville-le-Pont avant 1904. Cette année-là, Hippolyte Martres s’engage dans la formation d’une société intitulée La Goutte de lait, qui a le soutien des groupements républicains et socialistes de Saint-Maurice et Joinville ainsi que de la section joinvillaise de la Ligue des droits de l’Homme.
Franc-maçon, Martres participe à l’Union amicale de solidarité, dont l’objectif est que les industriels et commerçants, membres de différentes loges du Grand-Orient de France, se connaissent afin d’entretenir des relations amicales et commerciales. L’Union publie un annuaire, soutient une pouponnière La Bonne Louise à Us-Marines (Seine-et-Oise) ouvre un jardin naturel dans le quartier de Charentonneau (Maisons-Alfort, Seine). Elle avait également un projet de bourse du commerce maçonnique. En novembre 1908, Martres devient secrétaire de l’Union, qui est à ce moment présidée par Frédéric Brunet (1868-1932), alors conseiller municipal de Paris et vénérable de la loge Les Travailleurs socialistes, futur député et futur ministre.
Pendant l’importante grève des Postes du printemps 1909, Martres participe le 21 mars à un mouvement de protestation des commerçants, qui manifestent leur mécontentement devant l'Hôtel Central des Postes, rue du Louvre à Paris. Empêchés de se réunir en extérieur devant le bâtiment, les commerçants tiennent d’abord une assemblée dans café du Cadran des Postes, rue Etienne-Marcel, en présence de postiers en grève ainsi que de manifestants de la jeunesse royaliste. Ils convoquent dans la même journée une réunion réservée aux commerçants, qui débute avec un millier de personnes dans le parc du Palais-Royal puis se poursuit dans la Brasserie Suisse, rue de Valois. Hippolyte Martres est le secrétaire du bureau de cette réunion, présidée par M. Barrère, commerçant de la rue Richelieu. La revendication principale adoptée dans un ordre du jour voté à l’unanimité est la démission de Julien Simyan (1850-1926), alors ministre des Postes. Les commerçants rejoignent ainsi les ouvriers des Postes, qui en font le point premier de leurs demandes auprès du gouvernement. Un socialiste joinvillais, René Caperon, est un des principaux dirigeants du Syndicat national des ouvriers de main-d'œuvre des PTT, et un des leaders de la grève.
Lors des importantes inondations de la Marne à Joinville pendant l’hiver 1910, Martres participe à l‘organisation d’une loterie pour venir en aide aux sinistrés.
À l’occasion d’une réunion de compte-rendu de mandat du conseil municipal le 16 février 1911, Martres se présente comme le porte-parole des socialistes indépendants. Il apporte un soutien critique à la municipalité, dénonçant l’absence de concours d’architectes pour l’agrandissement de la mairie et se plaignant du nettoiement des rues ; mais il la félicite pour ses subventions à l’association Philotechnique (enseignement populaire). Il proteste contre un ordre du jour de défiance envers la majorité municipale, proposé par les socialistes unifiés (Sfio). Martres indique que les socialistes indépendants refusent de mêler leurs voix à celles des représentants de la droite libérale, comme Louis Gallas et Jean Contoux, qui appuient la motion de la Sfio.
Cependant, Martres maintient un dialogue avec la Sfio puisque, avec Eugène Loddé (1887-1914), pâtissier, il est « spécialement invité » en juin et juillet 1912 lors de deux réunions de la section de Joinville, préparatoires au congrès de l'Union des sections de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine).
Rappelé à l’armée par le décret de mobilisation du 1er août 1914, il rejoint le 34e régiment d’infanterie (RI) et se retrouve immédiatement affecté sur le front. Martres est transféré en juin 1916 au 6e RI. Il est cycliste agent de livraison dans la région de Verdun quand il est cité à l’ordre du régiment pour son courage et son dévouement ; il reçoit la croix de guerre. Il va se voir nommé caporal en novembre 1916 puis sergent en décembre de la même année. Il est promu adjudant en avril 1918.
Grièvement atteint au cours d’une embuscade en avril 1918 par des éclats d’obus à la cuisse droite, il est à nouveau cité pour son « haut sentiment du devoir » et reçoit la médaille militaire avec palmes. Il est une nouvelle fois blessé en juillet 1918 par un bombardement aérien, souffrant de plaies superficielles sur la face et un tibia.
Après sa démobilisation, Martres devient officier de réserve affecté au 46e RI. Il est nommé sous-lieutenant en avril 1920 puis lieutenant en avril 1924.
Martres reprend son activité d’expert-comptable, ayant un bureau boulevard des Italiens à Paris (9e arr.). Il enseigne la comptabilité, notamment au sein de l’association Philotechnique de Joinville, dont il était secrétaire en 1913 et de laquelle il est vice-président en 1923.
Son épouse était morte en décembre 1913. Martres se remarie en juillet 1920 à Paris (2e arr.) avec Gabrielle Jeanne Wolff.
Il s’occupe de plusieurs œuvres d’intérêt général à Joinville-le-Pont : la mutualité scolaire, le syndicat d’initiative dont il devient secrétaire en 1922. Membre du conseil central de la société des médaillés militaires, Martres préside la société locale. Il lance en novembre 1921 un appel à constituer une amicale des anciens combattants des 101e et 301e régiments d'infanterie ainsi que du 29e régiment territorial.
Martres est titulaire de nombreuses décorations. Outre la médaille militaire, et la croix de guerre avec palmes, il reçoit les palmes académiques (officier d’académie en 1913, officier de l’instruction publique en 1923) ; il est officier du mérite agricole. Enfin, en novembre 1927, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur.
Peut-être est-ce Martres qui figure parmi les sept membres de la section socialiste souscrivant pour « Le million du Populaire », le quotidien du parti Sfio, en février 1928 ; la liste publiée mentionne « Marhes », un patronyme non attesté par ailleurs.
Jean Hippolyte Martres meurt le 2 mars 1941 ; son décès fait l’objet d’une transcription sur l’état-civil de Joinville. Il était âgé de 66 ans.