Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 00:01

François Charles Félix Allard naît le 28 décembre 1840 à Paris (5e arr.). Il est le fils de Catherine Maubrey et de son mari Pierre Joseph Allard, de nationalité belge et possède donc également à la naissance cette nationalité. Un décret de juillet 1879 donna à Félix Allard un droit de séjour permanent. Il est ultérieurement présenté comme étant de nationalité française.

Exerçant la profession de quincailler à Paris (2e arr.), il épouse Clémence Joséphine Latourte en avril 1868 à Boulogne (act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine). Sa femme décède en février 1870.

Au début des années 1870, Félix Allard s’est lancé dans la fabrication et la commercialisation de coffres-forts. Il dispose, à Paris, d’une boutique boulevard Saint-Martin puis boulevard Sébastopol et d’une usine, rue de Charonne. Dans ses publicités, il assure que ses coffres étant tout en acier, d’une seule pièce, seraient incombustibles et incrochetables. Il poursuit son activité jusqu’en 1907. Il participe à des expositions à Paris et Lyon en 1872, puis à l’exposition universelle de 1878 à Paris. Par contre, il refuse d’aller à celle de Londres en 1889, parce qu’on ne lui avait réservé qu’un emplacement de 1 m 50 de façade, alors que l'exposition de son coffre-fort principal nécessitait déjà une longueur de 1 m 80. À partir de 1899, il se présente comme ingénieur.

Domicilié à boulevard Saint-Martin à Paris (11e arr.), Félix Allard se remarie en février 1890 dans cet arrondissement avec Marguerite Lamy. Le maire de Nogent-sur-Marne, Charles Pimbel, fait partie des témoins du mariage. Le couple s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord rue de Paris puis plus tard quai Beaubourg (act. quai du Barrage) puis avenue pauline, dans le quartier de Polangis, avant de revenir rue de Paris.

À côté de son activité industrielle, Allard est propriétaire de plusieurs terrains et immeubles : au Perreux, une vaste villa est mise en vente en août 1891 ; à Joinville, un hôtel-restaurant est cédé en août 1899 ; à Paris (2e arr.), plusieurs immeubles sont exploités rue du Caire vers 1900. Quant à l’activité de fabrication de coffres-forts, Allard l’arrête vers 1907.

La principale forme d’engagement de Félix Allard se situe dans le domaine des organismes à vocation sociale. Il est en 1880 l’un des fondateurs de la Société de protection mutuelle des voyageurs de commerce et en devient le trésorier. Il garde cette fonction pendant trente ans. Le président fondateur est Charles Mallet, suivi par Georges Carton, Victor Bonjean puis Pierre Cachet. Henri Brisson, député et président de la Chambre en est le président d'honneur lors de la constitution de l’association. En 1898, la société a versé des indemnités à 615 malades pour une trentaine de jours chacun en moyenne, apporté des secours aux sociétaires incurables, à leurs veuves ou enfants, finance les funérailles, constitué un fonds de retraite. Elle gère aussi un bureau qui a fourni 87 emplois fixes et 383 à la commission. La situation prospère de la société vaut régulièrement des félicitations à Allard. Il devient trésorier honoraire en décembre 1911 et reste administrateur.

Dans sa commune, Félix Allard préside en 1897-1898 une société d’épargne intitulée La Tirelire de Joinville. Elle place 300 livrets dans la population. Il est également le président fondateur, en 1897 toujours, de la Société amicale des pêcheurs. L’Union amicale de Joinville-Champigny, fondée en 1910, va également compter Allard comme président. Elle organise chaque année des concerts dans le quartier de Polangis.

Après la catastrophe de l'usine de Bi-Métal de Joinville-le-Pont, dont l’explosion d’une chaudière en février 1895 fait quatre morts, Allard organise une quête et présente le compte-rendu de l’utilisation des fonds recueillis en novembre la même année. Il est également membre honoraire de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de la commune.

Dans le domaine politique, Félix Allard manifeste une nette proximité avec les républicains et radicaux-socialistes. En 1883, il participe très activement à la constitution d’un monument à la gloire de Léon Gambetta, opposant républicain au second Empire, membre du gouvernement de la défense nationale en 1870, qui proclame le retour de la République le 4 septembre 1870, et fut, avec le « programme de Belleville » en 1869, l’inspirateur du mouvement radical-socialiste.

Dans la commune de Joinville, Allard est présenté comme étant la seule personne du public assistant au conseil municipal en décembre 1894, à un horaire qui déplaît au journaliste radical membre de ce conseil, Henry Vaudémont, puisqu’il se tient l’après-midi. C’est lui aussi qui demande, et obtient en février 1898, l’affichage analytique des décisions du conseil municipal.

À plusieurs reprises, Allard fait partie des bureaux en charge de l’organisation de réunions publiques de compte-rendu de mandat. C’est le cas pour le conseil municipal de Joinville en avril 1896 et en février 1911 ou pour le député de la circonscription, le radical Jules Ferdinand Baulard en octobre 1896.

On trouve aussi Félix Allard en tant que président du cercle de Joinville en 1916. Ledit cercle est celui « autour du billard duquel les élections municipales ont la réputation de se faire » écrivait, en mai 1891 l’hebdomadaire radical Voix des communes. Une pratique abandonnée en 1892, selon ce journal. Peut-être se réunit-il dans les locaux de la Société nautique de la Marne.

Félix Allard meurt le 23 mai 1923 à Joinville ; il est inhumé à Bry-sur-Marne. Il était âgé de 82 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Félix Allard était décoré des Palmes académiques, officier d’académie depuis janvier 1898 et officier de l’instruction publique depuis novembre 1907. Il avait reçu la médaille d'argent de la prévoyance sociale en décembre 1895 puis la médaille d'or en février 1911.

Coffre-fort Félix Allard, vers 1880

 

Partager cet article
Repost0
10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 00:01

Début de la biographie d’Honoré Jullien

Honoré Jullien naît le 16 mai 1852 dans l’ancienne commune de Bercy, annexée ensuite en majeure partie dans le 12e arrondissement de Paris. Il est le fils d’Adèle Constance Chevalier et Jean Baptiste Honoré Jullien, restaurateur, originaire d’Allauch (Bouches-du-Rhône).

Son père, qui tenait un établissement quai de Bercy, constate l’engouement des parisiens pour les bords de Marne, devenus plus accessibles avec l’inauguration, en septembre 1859, du chemin de fer qui les relie depuis la gare de La Bastille. Il décide, vers 1863, de s’installer sur l’île Fanac, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il ouvre un établissement intitulé Chez Jullien. Selon la cuisinière et journaliste Catherine Vialard, Jean Baptiste Jullien est le créateur du potage Julienne. Le restaurant devient, selon le publiciste Émile de La Bédollière, le rendez-vous des canotiers et canotières et contribue à la prospérité touristique dominicale de Joinville.

Dans un ouvrage intitulé Les joyeuses dames de Paris (1867), J. Neuville, assure que « Si l'on dressait de nos jours une carte de Tendre, on ne pourrait se dispenser d'y tracer dans un coin les contours de l’île de Joinville-le-Pont. Un homme intelligent et qui s'entend à donner aux moindres détails de la vie de plaisirs une direction particulière, M. Jullien s'est établi dans ce nid de verdure et y a créé l'établissement le plus charmant, le plus complet, le mieux disposé que l'imagination d'un poète idyllique puisse rêver. »

La maison, d'aspect rustique, est à l'intérieur avec un décor d'Opéra. Neuville estime le lieu si différent de ce qu'on voit ordinairement dans les environs de Paris, qu'il en trace un tableau physiologique. Pour lui, Jullien, Marseillais d’origine, est un commerçant parisien ce qui implique qu’il soit « un artiste doublé d'un philosophe et d'un observateur ». La clientèle éclectique qui se recrute parmi les artistes, les gens de finances et les étudiants.

Pendant le siège de Paris, entre septembre 1870 et mars 1871, la commune de Joinville est la cible de plusieurs bombardements, le pont qui relie les deux rives, et dessert par un escalier l’île Fanac, est détruit. La presque totalité de la population se réfugie dans la capitale, où Jean Baptiste Jullien meurt en novembre 1870.

Alors âgé de 18 ans, Honoré Jullien a rejoint le 99e régiment de volontaires. Il participe aux combats de la bataille de Champigny, qui se déroulent en partie sur le territoire de Polangis, à Joinville, et blessé est à la partie supérieure de la cuisse droite. La Société nationale des secours aux blessés, qui vient de se constituer et a installé une ambulance dans le château du Parangon, à Joinville, lui octroie un secours de 200 francs.

Après la fin du conflit, Joinville est occupé par des troupes allemandes, notamment bavaroises, jusqu’en septembre 1871. Honoré Jullien reprend l’exploitation de la guinguette familiale et la développe de manière importante. Émile Zola, dans Au bonheur des Dames, (1883) décrit les employés venant y manger quelques œufs, de la friture et du poulet sauté.

En juillet 1877 à Levallois-Perret, Jullien épouse Eugénie Pauline Bellot ; ils auront en 1878 un fils, Henri, qui sera tapissier.

Le publiciste Louis Rey témoigne en 1912 : « Je connaissais Jullien, comme tous les parisiens ayant fréquenté Joinville, je le savais bon restaurateur, homme aimable ».

Les élections municipales de 1878 voient s’affronter le maire sortant, Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, à la tête d’une liste conservatrice, et des républicains rassemblés derrière Gabriel Pinson, descendants de deux maires et d’un adjoint qui a tenu son poste près d’un demi-siècle. Dès le premier tour, 16 républicains sont élus, et 4 autres sur les 21 sièges à pourvoir au second. Pinson devient maire. Honoré Jullien est élu avec lui conseiller municipal.

Au cours du mandat, un incident éclate parmi les élus sur l’attitude à adopter vis-à-vis des anciens insurgés de la Commune de Paris, amnistiés en 1879 par le gouvernement républicain. Un des nouveaux élus, futur dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère, lance une souscription pour venir en aide à l’un d’entre eux, malade et sans ressource, Adolphe Morandy. Mais Pinson s’y oppose et fait voter par une majorité du conseil, dont Jullien, une motion au sein du conseil dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère ». La presse s’étonne d’un tel comportement, n’y votant rien de blâmable, mais Pinson considère que Demeestère voulait se mettre en avant.

Comme la plupart des fidèles de Pinson, Jullien est réélu au cours des élections municipales de mai 1881. Les personnalités les plus radicales, comme Demeestère, ont été écartées.

Le scrutin suivant, en mai 1884, voit Pinson revenir mais les radicaux retrouvent leur place, avec notamment Demeestère et Jules Ferdinand Baulard, futur conseiller général et député. Jullien retrouve son poste dès le premier tour, comme 17 des 21 conseillers. Il est désigné comme secrétaire de l’assemblée. Il prend ses distances avec Pinson, auquel il reproche, en 1884, en plein conseil municipal d’avoir donné à chacun de ses « conseillers lèches-bottes » « son morceau de sucre ». L’assemblée lui vote alors un blâme ; Jullien abandonne sa fonction de secrétaire du conseil.

À la fin du mandat, Jullien s’est notablement rapproché de Demeestère, s’opposant par exemple avec lui au montant de l’octroi imposé sur les marchandises entrant dans la commune, contre la majorité du conseil.

Cependant, lors des élections municipales de mai 1888, Jullien reste fidèle à Pinson, qui se retrouve avec la concurrence d’une liste radicale-socialiste dirigée par Demeestère. Il est réélu dès le premier tour avec 337 voix sur environ 550 suffrages exprimés (61%). Les radicaux font élire trois des leurs, dont Demeestère. Pinson est réélu maire, Eugène Voisin est premier adjoint et Honoré Jullien devient le second adjoint.

À suivre

Chez Jullien, île Fanac, 1886

 

Partager cet article
Repost0
4 mai 2021 2 04 /05 /mai /2021 00:01

Jean Ferdinand Lucot naît le 9 novembre 1831 dans la commune qui venait de prendre le nom de Joinville-le-Pont. Il est le fils de Marie Félicité Neveu de son époux, Jean Louis Nicolas Lucot, alors marchand de vins et plus tard entrepreneur de maçonnerie. Il est également l’arrière-petit-fils d’un officier municipal (adjoint au maire) de la période révolutionnaire, Jean Toussaint Lucot.

Probablement vers 1850, Jean Ferdinand Lucot se voit attribuer une concession en Algérie dans le village de Hennaya (act. wilaya de Tlemcen). Il s’agit d’y développer des cultures maraîchères et des vignes. S’il y réside réellement, il semble toutefois être rapidement rentré en France.

En février 1858, Jean Ferdinand Lucot, qui est alors maçon chez son père à Joinville, épouse Louise Testel. Elle est la fille, née d’un premier lit, d’Anne Simonin, épouse, en secondes noces, de son père, Jean Louis Nicolas Lucot. Il reprend ensuite l’activité de maçonnerie de son père à Joinville. En 1864, il obtient le marché de la construction de la gendarmerie de la commune.

En septembre 1870, Jean Ferdinand Lucot est élu membre du conseil municipal que venait de quitter son père, décédé avril 1870. Le maire est Auguste Courtin et son adjoint est Louis Ferdinand Rousseau, tous deux conservateurs. La commune est violemment touchée par les combats entre les forces allemandes et françaises au cours de la bataille de Champigny, qui fait près de trois mille morts, dont une partie sur le territoire de Polangis. La population évacue Joinville, en majorité, et la municipalité s’installe à Paris pendant le siège de la capitale. L’école du Parangon a été transformée en hôpital provisoire.

Après l’arrêt des combats et le retour des joinvillais dans leurs habitations, la commune est occupée par des troupes wurtembourgeoises puis bavaroises. Le pont sur la Marne, qui relie les deux parties du territoire, a été détruit. Jean Ferdinand Lucot est réélu lors du scrutin de juillet 1871, qui reconduit également Courtin et Rousseau. Son mandat prend fin en 1874.

Le maire, Auguste Courtin, ayant démissionné, une élection partielle est organisée en septembre 1876. Lucot est élu conseiller municipal, Louis Ferdinand Rousseau devient maire avec comme adjoint.

Lors des élections municipales de janvier 1878, la liste conservatrice de Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, est battue par des républicains menés par Gabriel Pinson qui est élu maire. Lucot ne siège plus au conseil.

Un singulier procès sous l’accusation de tentative d’escroquerie est intenté à Lucot en mars 1881 devant le tribunal de la Seine. Le quotidien Le Temps relève que c’est « une de ces causes qui relèvent de la science beaucoup plus que de la loi et où se révèlent les faiblesses et les misères de l'entendement humain ». Chargé, en 1879, de la construction d'un égout à Joinville-le-Pont, Lucot se voit adresser, en avril 1880, l’avis de paiement d’une somme conséquente de 27 800 francs, qu’il se fait alors payer. En novembre 1880, affirmant avoir retrouvé ledit avis et croyant ne pas l’avoir encaissé, il se présente de nouveau pour obtenir le versement de cette somme. C’est ce qui lui vaut de comparaître en justice. La défense cite comme témoins de moralité Gabriel Pinson, maire de Joinville, qui le considère comme « au-dessus de tout soupçon » et Auguste Courtin, l’ancien maire, qui cite de lui des traits d'exquise probité. C’est la déposition de son médecin qui emporte la décision des juges : jeune, Lucot chuta d'un échafaudage, et il est resté sujet à des absences de mémoire. Pour le docteur Laurent, « Il est manifeste que son esprit n’est pas parfaitement net ». Lucot est acquitté. À cette période, l’entreprise Lucot employait régulièrement 200 à 250 ouvriers.

Après que Pinson ait rompu avec les membres les plus radicaux de son conseil, Lucot revient siéger en janvier 1881 au sein de l’assemblée communale. Il est réélu en janvier 1884, toujours avec Pinson comme maire et Eugène Voisin en tant qu’adjoint.

Jean Ferdinand Lucot, qui résidait rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc) meurt le 4 février 1885 à Joinville. Il était âgé de 53 ans et père de trois enfants.

L’hebdomadaire Voix des communes, de tendance radicale, commente ainsi sa disparition : « Si M. Lucot était un simple conseiller, ayant consacré ses loisirs aux affaires de la ville, il est probable que Joinville resterait plus calme. Mais M. Lucot n’avait pas de loisirs, tant il s’occupa activement, jusque la dernière heure, de ses propres affaires. Du reste intelligent, actif, dénué des préjugés d’un autre âge, dans lesquels s’encroûtent trop de ses contemporains, il réussit à devenir plus que millionnaire. »

L’enterrement de Lucot est également évoqué longuement par Henry Vaudémont, le rédacteur du journal radical : «  Avec une touchante unanimité, j’ai entendu éreinter M. Lucot sans que jamais une seule voix s’élevât pour prendre sa défense. Le plus modérés le représentaient comme un ours, une façon de sauvage, ne se plaisant qu’à se promener, un mètre sous le bras et à engueuler (c’est le mot) ses ouvriers. Les autres insistaient sur sa ladrerie. (…) [D’aucuns] citaient des histoires de tombereaux qu’il se faisait payer pour déblayer et vendait ensuite pour remblayer. Ils contaient aussi de lamentables aventures survenues à des imprudents qui, calculant mal leur devis, empruntant pour finir leur maison, se trouvaient, en fin de compte, obligés de tout laisser à l’entrepreneur. En présence de toutes ces récriminations, je m’attendais à voir la population protester par une abstention générale. Ah bien oui ! La foule se porta aux obsèques. Le curé pardonna évangéliquement ses votes anticléricaux. (…) L’illustre Hugedé portait sur un coussin les décorations du philanthrope ad patres [sapeur-pompier volontaire et membre de la fanfare]. (…) Si M. Lucot s’est moqué du monde autant qu’on veut le dire, il a joliment bien fait. Lorsqu’un public est vil et plat à ce point, il faudrait véritablement être un saint pour résister à la tentation de le bafouer et de l’exploiter. »

Son fils, Émile Lucot, poursuivra l’entreprise familiale et tentera, sans succès, de continuer la même activité politique.

La gendarmerie de Joinville, construite par Lucot

 

Partager cet article
Repost0
24 avril 2021 6 24 /04 /avril /2021 00:01

Début de la biographie d’Achille Mermet

Ernest Mermet est né le 5 mai 1849 à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne) ; il utilisera, dès son adolescence, le prénom d’Achille. Il est le fils de François Marie Mermet et de Marguerite Putois. Son père, originaire de Cerdon (Ain) est alors agent spécial du chemin de fer de Paris à Lyon. Il sera ensuite employé comme architecte de la Ville de Paris. Sa mère est née à Villeneuve-sur-Yonne.

Alors élève de l’école municipale Turgot à Paris (3e arr.), tout juste âgé de 17 ans, Achille Mermet est admis en octobre 1866 à l’école normale de l’enseignement spécial de Cluny (Saône-et-Loire) avec une bourse d’État en pension complète. L’école, dont c’est la première rentrée, a été fondée à l'initiative du ministre de l'Instruction publique Victor Duruy, pour développer les enseignants rejoignant les établissements à vocation technique. Elle s'installa dans les bâtiments de l'ancienne abbaye et fonctionna jusqu’en 1891.

Toujours de manière précoce, à 20 ans, Achille Mermet devient préparateur d'histoire naturelle à l'école normale de Cluny après avoir terminé sa scolarité en 1869. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Mermet déclara s’être engagé volontairement.

Après le conflit, dans le même établissement de Cluny, il devient préparateur de chimie. Il est reçu premier en septembre 1872 à l’agrégation de sciences physiques et naturelles et devient professeur de l’enseignement spécial au lycée Charlemagne de Paris (4e arr.).

Jusqu’à la disparition de l’établissement en 1891, Achille Mermet se montrera attaché à l'école normale de Cluny, à son évolution et à sa défense. Il fait partie des fondateurs, en 1871, de l’Association amicale des anciens élèves de l'École normale spéciale, dont il devient administrateur en 1874. Il en sera le président de 1882 à 1884. Démissionnaire de ce poste pour raison de santé (il aurait contracté la typhoïde), il restera cependant au sein du comité d’administration de l’association.

Dans son discours de prise de fonction à la présidence, il précise sa conception de l’association. Refusant de la cantonner à la seule aide sociale, il met en avant le développement de l'enseignement spécial et l'amélioration du sort de ses fonctionnaires, qu’il considère comme « des déclassés dans l'enseignement secondaire ». En accord avec ses principes, il contribue à la révision des programmes de l’école et à l’évolution de l’enseignement spécial au sein du cursus des lycées de France. Il plaide pour l’école de Cluny soit déplacée à Paris. En juillet 1890, Mermet fait partie d’une délégation de trois personnes qui tentent, sans succès, de convaincre le ministre de revenir sur la décision, prise par l’Assemblée nationale, de supprimer l’école.

Tout en conservant son enseignement au lycée Charlemagne, Mermet devient en 1873 préparateur en chef des cours de chimie de l'École centrale des arts et manufactures et chimiste des laboratoires de l'École des hautes-études. Il revendique être l’élève du chimiste Jean Baptiste Dumas, membre de l’Académie française, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, et qui fut ministre sous la deuxième République avant de devenir sénateur pendant le second empire.

Membre de la Société internationale des électriciens et de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, Mermet mène des recherches, seul ou en collaboration avec B. Delachanal, ingénieur et ancien élève de l'École centrale. Il publie notamment en 1883 un article sur les Creusets de nickel et l’année suivante sur l’Explosion du verre trempé dans la revue La Nature.

Sa principale publication a été un manuel, intitulé Manipulations de chimie : métalloïdes, publié en 1885 et qui connut plusieurs rééditions. Il est de nouveau republié en 1919, dans une version raccourcie. Illustré de 283 figures, le manuel se veut un ouvrage pratique où l'abondance des détails garantit la réussite de l'expérience et la sécurité du manipulateur. Il vise également à permettre des expériences avec une économie de matériel.

À suivre

 

Partager cet article
Repost0
12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 00:01

Début de la biographie d’Eugène Voisin

Eugène Voisin naît le 5 juillet 1834 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Anne Alexandrine Jozon et de son époux, Jean Louis François Voisin, marchand de vins.

La première activité professionnelle d’Eugène Voisin est celle d’entrepreneur de bals, qu’il exerce au moment de son mariage en juin 1860 à Créteil avec Hortense-Pauline Mottheau. Il vivait alors avec son père, après le décès de sa mère, dans la commune proche de Saint-Maurice.

L’organisation de fêtes nécessite des compétences annexes, en tapisserie et décoration notamment, mais également en musique. Le bal Voisin s’installe à Joinville-le-Pont, où la famille Voisin vivra le reste de sa vie. Eugène Voisin y sera également professeur de solfège et de musique. Mais il est également horticulteur, au moins depuis 1867 et le restera ensuite.

Dans sa commune, Voisin devint conseiller municipal. La date de son entrée dans l’assemblée communale est, dans plusieurs textes officiels ultérieurs, fixée à 1867. Il n’y a pas de trace, dans la documentation disponible, de renouvellement complet ou partiel du conseil cette année, cependant, c’est bien cette date qu’évoque Voisin lui-même dans un discours de 1911. Eugène Voisin est nommé membre du conseil municipal de Joinville-le-Pont par un décret du 20 janvier 1869, qui porte le nombre de membres de douze à seize. Le maire est le conservateur Auguste Courtin, qui a succédé à son père adoptif, le grammairien Charles Chapsal, Hippolyte Pinson étant l’inamovible adjoint au maire. Eugène Voisin sera ensuite constamment reconduit.

En septembre 1870, après l’instauration de la République, Eugène Voisin est élu, en dernière position des seize membres. Auguste Courtin est de nouveau maire, tandis que Louis Ferdinand Rousseau remplace Pinson comme adjoint. Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, Eugène Voisin rejoint les combattants et sera décoré de la médaille commémorative du conflit.

La guerre franco-prussienne provoque 2 000 morts, essentiellement militaires, en Marne et sur le territoire de Polangis et la Plaine du Tremblay pendant la bataille de Champigny du 30 novembre au 3 décembre 1870. Les dégâts civils dus aux bombardements sont importants, le pont de Joinville est détruit par l’armée française qui veut empêcher le passage des troupes allemandes. La population se réfugie à Paris et la municipalité est transférée, d’abord en septembre 104, rue du Bac, (7e arr.) puis en novembre 105, boulevard Voltaire (11e arr.). Le conseil municipal réinvestit la mairie, qui a subi d’importantes dégradations, pendant la Commune de Paris, le 1er avril 1871. La ville reste occupée par des troupes badoises, prussiennes et bavaroises jusqu’au 24 septembre de la même année ; la municipalité doit gérer les relations difficiles des habitants avec les occupants.

Lors d’élections municipales organisées pendant la période d’occupation, en juillet 1871, la plupart des édiles sont réélus, dont le maire et son adjoint. Eugène Voisin arrive cette fois en sixième position dans le vote populaire.

Le scrutin de novembre 1874 voit pour la première fois s’affronter les conservateurs, issus du conseil sortant, et une liste républicaine, dans laquelle on trouve des représentants de la petite bourgeoisie locale : le boucher Louis Eugène Benoit, un fonctionnaire de la préfecture de Paris, Antoine Cambier, l’industriel Alphonse Pilté ou l’ancien fabricant de bronzes devenu hôtelier, Alphonse Demeestère. Les trois premiers sont élus, mais la majorité reste aux partisans du maire. Voisin est de nouveau reconduit en arrivant cette fois juste derrière Courtin et Rousseau. Le maire démissionne en 1876, et quitte alors la commune en vendant son château, qui sera ensuite loti pour constituer le cœur du nouveau quartier de Polangis. L’ancien adjoint, Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, devient maire et Charles Brillaux est son adjoint.

À suivre

 

Partager cet article
Repost0
8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 00:01

Jules Warin naît le 18 janvier 1853 à Sedan (Ardennes). Il est le fils d’Esther Victorine Percheron et de son mari, Ponce Warin, boulangers.

Au cours des années 1870, il effectue des études de pharmacie à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; il publie en 1878 une Étude sur l'acide mucique, antioxydant que l'on retrouve dans différents fruits, notamment la pomme. Il s’établit comme pharmacien à Stenay (Meuse). Il a sans doute effectué un service militaire comme sous-officier dans une unité sanitaire.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) vers 1882, sa pharmacie route de Brie. Les deux quartiers de la rive gauche de la Marne, Palissy et Polangis, sont encore peu peuplés mais se développent rapidement, de même que la partie de Champigny proche, autour du lieudit la Fourchette. Ils ne disposent que de fort peu de services publics. Pour se rendre à l’école communale de Joinville, les enfants doivent parcourir d’assez longues distances.

En 1880, des parents de ladite zone, proches des milieux radicaux-socialistes et socialistes-révolutionnaires, décident de créer un groupe scolaire libre, qui ouvre d’abord une école laïque enfantine (maternelle). Warin est à l’initiative de sa constitution, qui devient effective en 1882. Comme président du conseil d’administration, il procède en 1888 au recrutement d’instituteurs pour permettre l’élargissement de l’école à l’enseignement primaire, en 1889.

La ville de Champigny prend à sa charge l’école, qui est communalisée en octobre 1892 tout en continuant à accueillir les enfants de Joinville. Warin et le conseil d’administration décident donc la dissolution de leur association en mai 1893. Du côté de Joinville, un ensemble scolaire est ouvert à Polangis en 1899. À cette occasion, le docteur Piettre, vice-président du Conseil général de la Seine, prononce un éloge de l’action de Warin et de la mobilisation de la population du quartier, qui avait supporté seule les frais de l’école de la Fourchette.

En matière sociale, Warin est également membre du comité de Saint-Maur-Joinville de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) en 1885 et de l'Œuvre des enfants tuberculeux en 1891-1892.

Sur le plan professionnel, Jules Warin suit les cours de l’École supérieure de Pharmacie de Paris. Il publie en 1890 une mise en garde sur la digitaline, que certains médecins prescriraient à tort selon lui. Devenu lauréat en 1893, il est nommé pharmacien de première classe et publie une étude sur Les bulles glutineuses.

Il a installé une pharmacie dans le 14e arrondissement de Paris, rue Guilleminot. En juin 1894, il épouse, au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), Augustine Martin, abandonnée par ses parents à sa naissance.

Soutenant sa thèse sur une Étude comparative sur la préparation de quelques extraits fluides, Jules Warin devient docteur en pharmacie avec la mention très bien en 1901. Il ouvre une officine à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Il poursuit des publications scientifiques, comme en 1908 sur l'extrait de cola ou en 1913 sur un Extrait fluide de quinquina pour vin. Pour ses produits, il dispose d’un dépôt à Paris (4e arr.), rue du Pont-Louis-Philippe

Élu membre correspondant national de la Société de pharmacie de Paris, en avril 1903, Jules Warin est également président de l'Association des docteurs en pharmacie des universités de France.

Jules Warin meurt le 7 juillet 1915. Il était âgé de 62 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. En avril 1899, il avait été décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie, pour son rôle en faveur de l’école de la Fourchette de Champigny-Joinville.

Saluant sa mémoire, la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine met en avant « la droiture de son caractère et la solidité de sa technique professionnelle. »

Route de la Brie, Joinville

 

Partager cet article
Repost0
2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie de François Boileau

Lors des élections municipales de mai 1900, s’il n’a de nouveau pas de concurrents à droite, le maire sortant Eugène Voisin fait face pour la première fois à une présence socialiste-révolutionnaire. Sa liste emporte cependant, dès le premier tour, les 23 sièges avec des scores élevés. François Boileau est réélu avec 625 voix, pour 1 096 électeurs inscrits.

Quand Jules Ferdinand Baulard décide de ne pas se représenter aux élections législatives de mai 1902, les radicaux décident de présenter Adolphe Maujan, qui réside à Saint-Maur-des-Fossés et fut déjà député de la Seine de 1889 à 1893. Boileau est le secrétaire de la réunion publique qu’il organise, sous la présidence de Baulard, en mars 1902. Elle est perturbée par une « bande de nationalistes », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, qui explique que c’est le conseiller municipal Raoult, qualifié « d’homme à tout faire des nationalistes », qui est à leur tête. En avril, Boileau fait partie des délégués de la commune de Joinville lors de la constitution du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, qui appuie le candidat radical. Maujan est élu de justesse, au second tour, après retrait du candidat socialiste.

Au sein du conseil municipal de Joinville, et contrairement à ses collègues radicaux, Boileau se prononce en juin 1902 en faveur de l’autorisation d’installation du des Sœurs enseignantes de la Providence. Cependant, le conseil municipal refuse leur présence par treize voix contre, cinq pour et une abstention. Se différenciant en cela des autres responsables radicaux de la ville (Demeestère, Baulard, Vaudémont, Rey…) Boileau n’est pas mentionné comme participants aux activités anticléricales.

Il figure cependant de nouveau sur la liste conduite par Eugène Voisin, en mai 1904 et qui assure avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » avec une adhésion au programme radical-socialiste. Ce choix provoque le départ de quatre conseillers, que les colistiers de Voisin qualifient d’adversaires de la République. Leur liste remporte 22 des 23 sièges à pourvoir. Boileau est réélu dès le premier tour, avec 629 pour 1 119 votants (56,2%) sur 1 363 inscrits. Baulard commente la réélection de la majorité radicale : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause ». Signe probable d’une certaine réduction de son influence, Boileau n’est désormais plus désigné comme électeur sénatorial.

La campagne municipale de mai 1908 dans une certaine tension. Outre la liste socialiste unifiée, soutenue par la SFIO, on trouve une liste du comité socialiste évolutionniste local, de composition hétéroclite et comprenant plusieurs personnalités libérales et conservatrices. Il y a aussi un candidat indépendant. Les candidats de la majorité sortante se présentent sous la houlette du comité radical-socialiste et assurent vouloir « une gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». Ils entendent « réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité » et s’opposent à de nouveaux impôts. Boileau fait partie des cinq élus dès le premier tour, la liste Voisin disposant de 21 sièges, contre un au comité évolutionniste et un indépendant. Boileau avait recueilli 688 votes pour environ 1 300 suffrages exprimés (53%) sur 1 613 électeurs inscrits.

Face au maire, malade, à son adjoint, Georges Briolay et au conseiller municipal Louis Rey, une fronde s’organise derrière le conseiller d’arrondissement Henri Vel-Durand. Elle trouve un appui auprès des socialistes mais également des libéraux et des conservateurs de la commune et provoque des incidents sur divers sujets, comme l’entretien d’un chemin communal, la discipline dans une école, le ramassage des animaux morts ou la gestion de la caisse des écoles. Boileau reste fidèle à Eugène Voisin et tente, auprès de la préfecture, de résoudre le problème de voirie qui empoisonne la vie locale.

Une grave inondation de la Marne place sous les eaux, au premier trimestre 1910, les deux-tiers des quartiers du bas de Joinville, dont celui où réside Boileau. Il fait partie de la commission chargée d’organiser le service des désinfections, mise en place mi-février au début de la baisse de la rivière, qui fournit du matériel aux évacués et les autorise, ou non, à réintégrer leur logement.

La crispation de la vie politique locale s’accroît au cours de la réunion de compte-rendu de mandat qui se tient en février 1911. En l’absence pour raison de santé du maire, ses adjoints Paul Villain et Briolay assurent la défense de la gestion municipale, vivement critiquée par les dissidents, les libéraux et les socialistes. À 23 heures, les conseillers municipaux qui, l’hiver, habitent Paris, demandent la permission de se retirer pour prendre leur train ; Boileau quitte alors la salle en compagnie de Guelpa, Roux, Nivelet et Rey. Leur départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! », de la part des socialistes, évolutionnistes et libéraux. Les dissidents font voter un ordre du jour dénonçant « l’incurie administrative et la mauvaise gestion municipale » et réclamant la démission du conseil municipal, notamment celles de ceux « n’y résidant que pendant les rares beaux jours de la bonne saison » tels Roux et Boileau.

Le second semestre 1911 voit Boileau participer à une réunion d’hommage à Eugène Voisin. Il est membre de la commission qui prépare les inaugurations de la mairie et de deux ponts sur la Marne. Des élections partielles, organisées en octobre suite à la démission des dissidents, voient la victoire de ces derniers, qui sont réélus.

Le maire ne se représentant pas, le scrutin de mai 1912 voit s’opposer, derrière Briolay, la majorité sortante et trois listes, des dissidents radicaux, des libéraux et conservateurs et des socialistes SFIO, qui s’unissent au second tour et emportent la totalité des sièges. C’est le dissident, Ernest Mermet, qui est élu maire. La liste des candidats n’est pas connue.

Après 22 ans de mandat, Boileau ne siège plus au conseil municipal. Il conserve cependant une activité civique. Il est toujours administrateur de la caisse des écoles de Joinville. De plus, il exerce, la fonction de commissaire répartiteur, membre d'une commission, chargée de répartir les impôts entre les contribuables joinvillais.

Pendant la première guerre mondiale, Boileau est un informateur de Louis Rey, chroniqueur du journal radical Voix des communes.

François Boileau meurt le 14 avril 1917 à Paris (11e arr.), boulevard Beaumarchais ; il était officiellement domicilié à Joinville, avenue Gille. Âgé de 77 ans, il avait une fille. Pour son activité à la caisse des écoles de Joinville, il était décoré des Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie en janvier 1906 puis officier de l’instruction publique en février 1914.

Fin

L'avenue Gille à Joinville

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 00:01

Début de la biographie de François Boileau

François Martin Jules Boileau naît le 16 juillet 1839 à Osselle (act. Osselle-Routelle, Doubs). Il est le fils de Jeanne Louise Tisserand, épinglière (fabricante d’épingles) et de Martin Michel Boileau, cordonnier. Le décès de sa mère, en août 1854 est suivi par celui de son père, en février 1860.

Venu à Paris, François Boileau y est lampiste en 1869, c’est-à-dire chargé de l'entretien des lampes à huile ou à gaz. Il réside rue du Faubourg-Poissonnière (3e arr.). Il épouse, en avril 1869 dans le même arrondissement Amélie Tassin, fille d’un ferblantier. La famille de sa femme est très liée à Jules Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu industriel, bombeur de verre, combattant républicain en 1848, 1851 et 1871, qui sera conseiller général puis député radical-socialiste de la Seine. François Boileau deviendra également très proche de lui.

C’est probablement après le décès de son beau-père, en mai 1881, que François Boileau abandonne son métier de lampiste et devient propriétaire foncier, exploitant un immeuble rude des Gardes, dans le 18e arrondissement de Paris.

Comme Baulard, Boileau acquiert une maison à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) au cours des années 1880. Contrairement au futur député, qui réside dans le quartier du Centre, Boileau va cependant s’installer dans le quartier de Palissy, avenue Gille, qui a été créé une vingtaine d’année plus tôt par le fabricant de porcelaines Jean Marie Gille.

Si leurs nouvelles implantations sont à usage de résidence secondaire, Baulard comme Boileau vont s’impliquer fortement dans la vie du village de banlieue, en train de se transformer d’abord en destination de loisirs dominicale pour les parisiens puis en agglomération industrielle. Ainsi, la famille Boileau est recensée à Joinville en 1891 et 1901, mais pas en 1896 ni 1911, bien qu’elle y réside toujours en 1917. À Paris, elle est probablement installée boulevard Beaumarchais (11e arr.).

En mars 1890, des élections municipales partielles sont organisées à Joinville-le-Pont pour remplacer cinq conseillers municipaux, suite au décès de Nicolas Chéret, adjoint au maire. Deux listes se présentent : l’une est à l’initiative du premier adjoint, Honoré Jullien ; l’autre est montée par Henry Vaudémont, journaliste et rédacteur en chef de l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes. La première se présente comme une liste de concentration, comprenant d’ailleurs un radical ; la seconde veut promouvoir des candidats de la rive gauche de la Marne, du quartier de Palissy, dont les habitants, souvent venus de Paris, s’estiment mal représentés par les indigènes, du quartier historique. La liste Vaudémont emporte trois sièges, dont Boileau (élu dès le premier tour) et le publiciste ; la liste municipale en a deux.

Une des batailles des habitants des nouveaux quartiers, c’est la construction d’une école. Un établissement privé, laïque, a été constitué aux limites de Champigny et Joinville, dite école de la Fourchette. Boileau et un le président du comité radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère, intègrent une commission pour la communalisation de cet établissement.

Lié notamment à Baulard, Demeestère et Vaudémont, Boileau va jouer un rôle politique significatif. Dès la première année de son mandat, il participe à une réunion de compte rendu de mandat de trois conseillers radicaux Demeestère, Diot et Vaudémont. Il est également désigné comme délégué sénatorial, suppléant en décembre 1890 puis titulaire en avril 1891, sur l’engagement qu’il prenait de voter en faveur de sénateurs radicaux.

On retrouve en octobre 1891 Boileau avec la majorité des élus municipaux, mais contre les deux conservateurs, pour l’organisation d’un compte-rendu de mandat, une première dans l’histoire communale. La réunion est présidée par Baulard, alors député et qui avait été conseiller municipal jusqu’en 1888.

En décembre 1891, Boileau s’implique sur une autre des questions qui préoccupent les habitants du bas de Joinville, la question des transports. Il fait partie d’une commission pour le lancement d’un service d’omnibus depuis la gare de Joinville vers la Fourchette.

Au cours des élections municipales de mai 1892, le maire sortant, Eugène Voisin, constitue une liste avec le soutien des radicaux-socialistes, face à une liste conservatrice. François Boileau, présent au côté du maire, est réélu dès le premier tour avec un score élevé, obtenant 437 voix pour 639 suffrages exprimés (68%) ; la liste de la majorité sortante remporte 22 des 23 sièges à pourvoir et Eugène Voisin est reconduit.

Pendant le premier conseil municipal, Boileau demande qu’aucun commerçant ne fasse partie de la commission de l’octroi, qui fixe les tarifs des taxes frappant les marchandises entrant dans la commune. Soutenue par le premier adjoint, Jullien, et par Vaudémont, sa proposition est pourtant refusée de justesse par 10 voix contre 9. Boileau siège dans les commissions en charge de la caisse des écoles, des chemins, travaux et éclairage, des fêtes, des finances, du marché d’alimentation et de celle qui travaille à la délimitation de la commune avec les villes voisines, ainsi que d’une autre spécialement constituée pour résoudre un problème foncier sur le quai de la Marne. En décembre 1893 puis en mars 1896, confirmant son rôle politique, Boileau est de nouveau délégué sénatorial. Il est un des signataires d’un ordre du jour de confiance à Jules Ferdinand Baulard, qui vient faire un compte-rendu de son mandat de député en octobre 1894.

Le scrutin municipal de mai 1896 se déroule à Joinville, par exception, sans concurrence. La liste du maire, Eugène Voisin, avec l’appui des radicaux-socialistes, est seule en lice et remporte donc dès le premier tour les 23 sièges à pourvoir. Boileau est réélu.

Toujours fidèle au député radical Baulard, Boileau est le secrétaire de sa réunion de compte-rendu de mandat à Joinville en octobre 1896. Il présente et fait adopter un ordre du jour de soutien. On le retrouve encore à délégué sénatorial lors de tous les scrutins organisés, en juillet 1897 comme en janvier, avril et décembre 1899. En compagnie du maire, Voisin, de son adjoint, François Couppé et d’un autre conseiller municipal, Henri Vel-Durand, Boileau représente Joinville lors de la quatrième assemblée de la Ligue Paris banlieue qui se tient en décembre 1897 et cherche à définir des formes de coopération en la capitale et ses banlieues. En avril 1899, l’école publique de Polangis, pour laquelle Boileau avait milité, est inaugurée.

À suivre

Un lampiste

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 00:01

Emélie Constance Courtois naît le 3 mars 1864 à Montmirail (Sarthe). Elle est la fille de Constance Loriot et de son mari, Charles Eugène Courtois, employé. Après le décès de son père, elle vit rue Fabert à Paris (7e arr.). Elle s’y marie en janvier 1885 avec Achille Delobel, instituteur.

Ils vivent d’abord boulevard de la Tour-Maubourg, dans le même arrondissement puis, la décennie suivante, vont s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils résident dans le quartier du Centre, rue Chapsal.

Dans cette commune, Emélie Delobel est une des fondatrices, en 1899, de la section de la société de l’Allaitement maternel, principale association humanitaire locale. Partant du constat fait par plusieurs médecins que « À Joinville, la mortalité infantile de la naissance à un an est effrayante », Jeanne Bitterlin et Emélie Delobel ont pris l’initiative de constituer cette organisation, qui compte, à son lancement, 60 adhérentes, avec l’appui timide des autorités politiques locales. Jeanne Bitterlin préside la section et Emélie Delobel en est la secrétaire. Elle continue d’assurer cette fonction en 1901 et en est toujours membre en 1902, bien que la famille ait déménagé pour rejoindre la boulevard Beaumarchais (11e arr.).

En 1901, l’Allaitement maternel de Joinville déclare avons secouru 31 familles, leur fournissant layette, viande, pain, lait, charbon, lentilles et pruneaux. Contrairement à d’autres structures charitables, la section ne fait pas de distinction en fonction du statut matrimonial des jeunes mères.

L’activité associative et littéraire d’Achille Delobel s’accélère après leur retour à Paris. Il fonde et anime la Société antituberculeuse de l'enseignement primaire ainsi que l’Œuvre des colonies scolaires de vacances. Il contribue à la rédaction du Nouveau dictionnaire des sciences et de leurs applications puis rédige seul un Annuaire de l'enseignement primaire du département de la Seine et en collaboration avec un médecin, Les Œuvres de l'enfance, ouvrage qui paraît le jour de sa mort, en juin 1906. Se retrouvant sans ressource, la veuve obtient un secours de 500 francs de la ville de Paris, qui met en avant les mérites de son époux décédé.

Dès le début de la première guerre mondiale, Emélie Delobel s’engage en tant qu’infirmière. Elle est considérée comme « très instruite ». Elle sert pour la Croix-Rouge dans la zone des armées, à Fraize, dans le département des Vosges en 1916 et est une première fois récompensée par la médaille de bronze des épidémies, titre des décorations en matière de santé. Ensuite, Emélie Delobel est affectée à hôpital temporaire n° 16, installé sur le site de l’ancienne abbaye bénédictine de Royallieu, à Compiègne (Oise). Son nom est inscrit, en juin 1918 sur le Livre d'or des infirmières et elle reçoit la médaille d'honneur des épidémies en argent.

Après la fin du conflit, en février 1920, Emélie Delobel est attributaire de la médaille de vermeil de la Reconnaissance française. Son attribution mentionne qu’elle était « d'un dévouement au-dessus de tout éloge » ayant rendu « des services exceptionnels ». Le Journal officiel mentionne que, à l'hôpital de Compiègne, elle « Dirige avec autorité et compétence le service difficile et pénible qui lui a été confié et qu'elle n'a jamais abandonné, bien qu'elle ait été atteinte pendant un certain temps d'une infection grave contractée dans ses fonctions ». Il s’agit, peut-être, de la grippe espagnole.

En 1924, Emélie Delobel obtient une pension de retraite pour l’activité d’instituteur de son mari. Elle meurt le 17 mars 1951 à Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Elle était âgée de 87 ans et mère d’une fille.

Il n’y a pas de lien entre Emélie et Achille Delobel et Fénelon Delobel, qui vécut à Joinville une dizaine d’année avant leur arrivée.

Les écoles communales de Joinville

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 00:01

Louis Achille Delobel naît le 9 septembre 1862 à Paris (17e arr.). Il est le fils de Catherine Adélaïde Léontine Bardou et de son mari, Louis Marie Achille Delobel, menuisier.

Élève de l'École normale à seize ans, il fut instituteur de la Ville de Paris depuis l'âge de dix-neuf ans. Il se marie en janvier 1885 à Paris (7e arr.) avec Emélie Constance Courtois. Ils vivent boulevard de la Tour-Maubourg.

Parallèlement à son travail d’enseignant, Delobel a une activité scientifique. Il contribue au Nouveau dictionnaire des sciences et de leurs applications, paru en quatre volumes chez Delagrave à Paris entre 1890 et 1910. Il était dirigé par Paul Poiré, Rémy et Edmond Perrier ainsi qu’Alexandre Joannis. Achille Delobel est également membre de la franc-maçonnerie.

Toujours instituteur, Delobel est nommé en banlieue. Il réside en 1896 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où son épouse s’engage dans une association humanitaire, la société de l’Allaitement maternel. Lui-même se préoccupe des ravages que fait la tuberculose chez les instituteurs et institutrices. Il sera le fondateur de la Société antituberculeuse de l'enseignement primaire dont il restera le trésorier.

Revenu à Paris, vers 1900, la famille Delobel réside boulevard Beaumarchais (11e arr.). En plus de son rôle dans la Société antituberculeuse, Achille Delobel se préoccupe de favoriser l’envoi des petits parisiens à la mer, à la montagne et à la campagne. Après avoir présenté un rapport sur ce sujet aux élus de la capitale, il constitue l’Œuvre des colonies scolaires de vacances, dont il est le fondateur et le trésorier en 1904.

Il publie en 1906 un Annuaire de l'enseignement primaire du département de la Seine, Paris 1906.

Achille Delobel meurt le 27 juin 1906 à Paris (11e arr.). Il était âgé de 43 ans et père d’une fille. Il enseignait à ce moment à l’école de la rue Popincourt.

Le jour même de sa disparition paraît un ouvrage qu’il avait écrit avec le Docteur Henri Triboulet, médecin des hôpitaux de Paris : Les Œuvres de l'enfance. Et une semaine plus tard était inauguré le dispensaire pour lequel il s’était mobilisé depuis dix ans. La Revue philanthropique lui consacre une longue notice d’hommage en septembre 1906.

Dans ses œuvres, Achille Delobel défendait une vision hygiéniste et optimiste de son métier et de la société : « À l'aurore du vingtième siècle, quand l'évolution sociale s'accentue de plus en plus dans le sens de la solidarité et de la fraternité, le médecin et l'instituteur, ces représentants autorisés de la devise : Mens sana in corpore sano, auront l'honneur d'être les premiers dans la marche en avant pour un avenir meilleur ». Le conseil municipal de Paris lui rend hommage en assurant qu’il « fut donc non seulement un excellent maitre, mais en dehors même de sa mission d'éducateur un citoyen utile à la société » et octroie un secours à sa veuve, laissée sans ressource.

Poursuivant son engagement social, son épouse recevra plusieurs médailles pendant la première guerre mondiale pour son activité d’infirmière.

Il n’y a pas de lien entre Achille et Emélie Delobel et Fénelon Delobel, qui vécut à Joinville une dizaine d’année avant leur arrivée.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens