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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

Une des élèves du ténor Émile Engel, la pianiste et cantatrice mezzo-soprano Jane Bathori est engagée en 1901 à la Scala de Milan. Elle l’accompagne en 1908 au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles où il reprend une saison. En 1906, devenu professeur au Conservatoire de musique de la capitale, il poursuit une activité privée avec elle et tous les deux ouvrent leçons et cours de chant dans un salon de la rue de Londres à Paris.

Après avoir divorcé, en décembre 1907 d’avec Marie Garry, il épouse en mai 1908 à Paris (8e arr.) Jane Bathori (alias Jeanne Marie Berthier), qui a 30 ans de moins que lui. Le peintre Charles Léandre et le compositeur Albert Roussel sont ses témoins.

Au cours de la première guerre mondiale, le fils aîné d’Émile Engel, José, déjà trop âgé pour être dans les troupes de combat, est mobilisé en 1916 dans le génie puis mis à disposition du ministère de l’enseignement. Son fils cadet, René, ingénieur chimiste installé aux États-Unis, est affecté à l’artillerie, détaché à la direction générale des poudres et sert d’interlocuteur aux autorités américaines pour l’armement. Il est nommé lieutenant.

Pour leur part, les époux Engel organisent en janvier 1916 une matinée au bénéfice des soldats aveugles.

Contribuant aux efforts patriotiques, Émile Engel met en musique des œuvres poétiques. Il publie au moins cinq œuvres sur des textes de Paul Déroulède (Le bon Gîte en 1916 et Le Clairon l’année suivante), de M.-H. Chantrel (Le Coq gaulois en 1916), d’Alfred de Musset (Le Rhin allemand en 1917) ainsi que de Victor Hugo (Hymne à la France en 1917).

Après la première guerre mondiale, Émile Engel se consacre presqu’exclusivement à son enseignement, principalement au Conservatoire de Paris, ne chantant qu’à l’occasion de concert avec ses élèves.

Son divorce d’avec Jane Bathori est prononcé en juillet 1921 par le tribunal civil de la Seine « à la requête et au profit du mari ». Ce ne sera pas sa dernière union puisqu’en mars 1925 à Paris (10e arr.), il épouse de nouveau une de ses élèves, Rose Joséphine Daumas, fille d’un typographe de Toulon (Var). La différence d’âge est cette fois de 54 ans ; parmi ses témoins, on retrouve le peintre Charles Léandre, qui réalisera son portrait en 1927. Le nouveau couple vit rue Claude-Vellefaux (10e arr.).

Bien qu’âgé alors de 80 ans, Émile Engel, est toujours professeur en 1927 et se confie en juin lors du concours de chant où se présente ses élèves à un rédacteur de Chantecler, qui le dit marchant péniblement, malade et usé : « Je vais mourir d'une minute à l'autre, tant je suis faible ». Il meurt le 18 juillet 1927 à Paris (10e arr.) dans son domicile de l’avenue Claude-Vellefaux. Son successeur à son poste au Conservatoire de musique de Paris voit sa nomination (décidée antérieurement) publiée le jour même de la disparition d’Engel. Chantecler écrit qu’il « est mort à l'heure même où commençait sa retraite », ayant cependant « connu le réconfort d’une affection et l'un dévouement féminins qui lui ont embelli ses derniers moments ». Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (20e arr.).

Une fille, Marie Françoise Antoinette, naît de manière posthume en septembre 1927 à Toulon (Var), où Rose Engel s’était retirée chez sa mère. Mais sa veuve décède elle-même un mois plus tard, laissant le bébé orphelin à la garde de sa grand-mère maternelle. Elle héritera de la vente d’une vaste villa située près de Dieppe, à Hautot-sur-Mer (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), avec ses deux frères aînés (José a 59 ans de plus qu’elle et René en a 40). José est un peintre, dessinateur et illustrateur ; René, qui va prendre la nationalité des États-Unis, est professeur de géologie à l’Institut de technologie de Californie (Caltech), à Pasadena.

De nombreux journaux rendent hommage à Émile Engel. Comme beaucoup d’autres, Comoedia, met en avant, parmi ses créations, Le Rêve d’Alfred Bruneau à la salle Favart de l'Opéra-Comique. Le Journal souligne la « pénible émotion » que provoque sa disparition chez ses nombreux élèves et amis. La Volonté le décrit comme « un chanteur de grande classe ».

La Grande encyclopédie, publiée en 1894, voyait en lui « un artiste de talent, comédien aussi habile que chanteur expressif et expérimenté ». Outre les tableaux de Charles Léandre et José Engel, le photographe Félix Nadar figure par les nombreux auteurs de portraits de l’artiste.

Fin

Émile Engel et Jane Bathori

 

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

En 1885, le ténor Émile Engel s’engage pour au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il va passer quatre ans. Il fait cependant quelques apparitions sur des scènes estivales, comme en juillet 1886 à Aix-en-Provence. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles en janvier 1888.

S’il travaille en Belgique, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a installé sa famille en banlieue parisienne, à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où naît en juin 1887 son second fils, René. Il expédie de cette adresse un don en mai la même année pour venir en aide aux sinistrés de l’incendie de l'Opéra-Comique et accepte de participer à une représentation en faveur des victimes.

L’embauche à l’Opéra de Paris d’Émile Engel participe de la légende. Elle a fait l’objet de nombreux articles dans la presse, souvent romancés. Le critique musical Henri de Lapommeraye, qui en fut témoin, décrit plus sobrement les évènements dans le quotidien Paris. Le 10 décembre 1889, l’Opéra de Paris reprend Lucie de Lammermoor de Donizetti. La salle est pleine, le président de la République, Sadi Carnot, assistant au spectacle avec son épouse. Le ténor Émile Cossira, qui tient le rôle d’Edgard, a un malaise dès sa première apparition et est incapable de poursuivre. « Eh quoi ! on allait être obligé de renvoyer tous ces spectateurs (…) Comment n'avait-on pas eu le soin de garder au théâtre celui qui doit doubler M. Cossira ? C’était un désastre ». Le jeune secrétaire de l’Opéra, M. Mobisson se serait écrié : « La bataille est perdue, mais il n’est que neuf heures et demie et nous avons encore le temps d’en gagner une avant minuit ! ». Il propose au directeur, Eugène Ritt, de requérir Engel, qu’il a aperçu dans la salle et dont il sait qu’il a chanté Lucie en province comme à l'étranger. Il fait remarquer qu’il n’a pas répété… mais accepte, considérant selon Lapommeraye que « c’est tard, mais c’est amusant ». Il est habillé « comme on peut » et reprend la représentation. À la fin de la représentation, à minuit, Engel reçoit une ovation. Dans les années suivantes, Engel reprit aussi, au pied levé, plusieurs rôles dans des conditions comparables, ce qui lui valut le surnom de Terre-Neuve, du nom d’une race de chiens réputée pour sa capacité de sauvetage en mer

Embauché à l’Opéra suite à cette soirée mémorable, Engel y reste un an. On le retrouve ensuite de nouveau à l’Opéra-Comique. En mars 1894, il interprète le rôle de Siegmond dans la Walkyrie de Wagner au théâtre de la Scala de Milan. Pour Le Monde artiste, « Il y a longtemps, que (l’on) n'avait eu un ténor de cette autorité et de ce style. (…) Engel ne cherche pas à lutter avec ces voix énormes [de ses prédécesseurs] ; il se contente d'être lui-même, c'est-à-dire un musicien excellent ; et de mettre au service des personnages qu'on lui confie, toutes les ressources d'un art très fin et très personnel ». Italia del Popolo, journal italien, le qualifie de « grand artiste » et de « savant commentateur de Wagner. »

En juin 1894, M. Charley, directeur de théâtre de Buenos-Aires, assigne Engel devant le la troisième chambre du tribunal civil de la Seine à Paris. Il lui reproche d’avoir quitté l’Argentine, où il l’avait recruté, sans avoir honoré les engagements de représentations. Le procès est l’occasion d’un débat sur le judicatum solvi, la caution que doivent verser les étrangers qui engagent des actions en France. Engel exige qu’elle soit payée par Charley, natif de Belgique, qui répond : « Il est possible que je sois Belge, mais vous êtes Luxembourgeois et vous n'avez pas le droit d'exiger la caution ». Mais Engel produit un décret, signé du président Carnot, prouvant qu’il détenait désormais la nationalité française.

À Paris au théâtre de La Bodinière (9e arr.), Engel crée en décembre 1896 Une heure de musique, où chaque semaine il donne une audition d’œuvres nouvelles, qui se tient début de soirée. Il programme notamment Saint-Saëns, César Franck, Olonne, Bussy, Bréville. Lui-même met en musique des poèmes de Paul Bourget. Il chante aussi à l’Opéra-Comique ou avec les concerts Lamoureux, à Paris et en province. Enfin, il donne des cours et leçons particulières rue des Martyrs puis boulevard Pereire.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, José Engel, son fils, présente un portrait de lui dans le « musée des artistes », œuvre que le quotidien Le Soir qualifie de « portrait d’une extrême et puissante originalité. »

À suivre

Émile Engel

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 01:01

Début de la biographie d’Émile Engel

François Pierre Émile Engel naît le 15 février 1847 à Paris et est baptisé le lendemain en l’église catholique Saint-Étienne-du-Mont (5e arr.). Il est le fils s’Élisabeth Staat et de son époux François Engel, fabricant de chaussures, une famille qualifiée de bourgeoise par ses biographes, qui tient boutique rue Saint-Martin (3e arr.). Son père étant luxembourgeois, Émile Engel acquerra la nationalité française par naturalisation.

Élève du collège Henri IV (act. lycée) à Paris (5e arr.), il intègre en 1864 les cours de Gilbert Duprez au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Le quotidien Paris en fait la description en décembre 1889 : « Le front intelligent, large et haut du travailleur ardent, obstiné ; l’œil clair, vif, hardi, où perce une malice enveloppée et caressante. Les cheveux rejetés en arrière ; la barbe courte, broussailleuse, cache, à la commissure des lèvres, un pli d’amertume et d'ironie. Un peu du désenchantement du lutteur opiniâtre et invaincu. (…) Avec une voix sans puissance, il est parvenu à la plus grande force d’expression dans la déclamation lyrique ». Il est classé parmi les ténors légers, ceux qui possèdent la tessiture la plus élevée, la plus agile, et la moins puissante dans cette catégorie.

Tout en poursuivant son instruction dans la classe de Duprez, il se produit dans plusieurs salles parisiennes. Il débute en avril 1866 dans un opéra de Duprez, Jeanne d'Arc, donné au cours d’une soirée privée. La même année, il joue en octobre le rôle de Bastien des Rosières au Théâtre-Italien (act. Opéra-Comique, 2e arr.) puis en décembre aux Fantaisies Parisiennes (act. Théâtre des Nouveautés, 9e arr.) Le Chanteur florentin. La presse apprécie de manière critique ses premières prestations. La Liberté lui reproche ainsi « d’ouvrir trop largement la bouche pour les quelques bagatelles qu’il a à dire (…) Excès de zèle qui passera » tandis que La Comédie le qualifie de « grotesque et emphatique ténor. »

Mais, dès l’année 1867, on trouve des commentaires très favorables. Ainsi, dans Le Figaro en décembre, saluant les chanteurs élèves de Duprez, remarque « un jeune ténor nommé Engel, qui chante dans la manière du maître avec une chaleur et un sentiment bien rares aujourd'hui au théâtre. »

Gilbert Duprez présente en mars 1868 un oratorio qu’il a écrit et qu’il interprète, le Jugement dernier, au Cirque des Champs-Élysées lors d’une soirée au profit de l'Asile des vieillards du faubourg Saint-Martin. Engel en est le premier ténor. À ce moment, il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en compagnie de Marie Garry, fille d’un professeur musique, native de Bergerac, âgée comme lui de 21 ans. Ils ont un enfant en août cette année-là à Joinville, le futur peintre José Engel, puis ils se marient dans la commune en octobre. Duprez est leur témoin. Marie Garry a une sœur homonyme, aînée de 5 ans, née en juillet 1841 également dans la sous-préfecture de la Dordogne, qui fut artiste lyrique.

En août 1868, la presse parisienne mentionne l’engagement d’Émile Engel comme premier ténor d’opéra-comique et de traductions à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Citant Placide Ganonge, un critique de ladite ville, La Comédie relate que « La Traviata a été une révélation pour le jeune ténor Engel. Ses accents ont ému, il y a atteint au sommet de l'art ». M. Ganonge assure : « On n'a jamais mieux pris d'assaut un public. Vivent de pareilles violences ! »

Après son séjour américain, Engel participe à un concert de bienfaisance à Paris en avril 1896. Il est en septembre premier ténor du Grand-Théâtre de Genève (Suisse), dirigé par Louis Mankiewicz. Mais La Comédie relève que « Les premiers débuts de la troupe nouvelle ont eu lieu dans des conditions déplorables au point de vue de l'art et de toute justice ». Selon l’hebdomadaire parisien, « Engel, sait chanter ; il phrase d'une façon remarquable et joue mieux que maint comédien ; il devra réussir ». Cependant, dès la fin du même mois, son contrat est résilié après une séance que le journal qualifie ainsi : « scène scandaleuse, cris, insultes, envahissement de l'orchestre. »

Le ténor entame une tournée en province en France. Il est en novembre 1869 à Rennes, où il interprète dans Lucie de Lammermoor de Gaetano Donizetti, le rôle d’Edgard Ravenswood. Les années suivantes, il chante également à Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, Marseille, Lille, Royan et Valence.

Albert Vizentini l’engage en septembre 1876 au Théâtre lyrique national (act. Gaîté-Lyrique, Paris 3e arr.). Il y reprend La Giralda d’Adolphe Adam. Pour l’hebdomadaire culturel Vert-vert, il « a produit un très grand effet (…) par la pureté de sa voix, par le charme, par l'expression de son chant ». Le Petit Journal voit en lui « un ténor qui donne déjà bien plus que des espérances ». Le Constitutionnel commente : « Sa voix est chaude, expressive et d'une pureté rare. Elle ne manque pas d'étendue. Les cordes hautes sonnent avec une virtuosité puissante ; les phrases harmoniques sont traduites avec une tendresse et un charme dont peu de ténors sont actuellement pourvus à l'égal de M. Engel. Ajoutons à cela qu'il a bonne tournure, et que son jeu est signalé par une sûreté précoce. Le succès de M. Engel a été complet ». Cependant, l’arrivée d’Engel, qui remplaçait Victor Capoul, ne fut pas du goût de tout le public, comme en témoigne le Journal des débats : « Quand la direction du Théâtre-Lyrique, à l'expiration de l'engagement du célèbre ténor, dut le remplacer par M. Engel, les recettes baissèrent considérablement. Certes, M. Engel ne manque pas de talent, mais il manque de prestige ; il n'a pas du moins le prestige de M. Capoul, Et pour un ténor, à Paris surtout, la chose principale, la chose essentielle, c'est d'avoir du prestige. »

Mais les difficultés du Théâtre lyrique national n’étaient pas liées seulement à Engel, et il ferma en janvier 1878. Engel avait déjà été recruté par l’Opéra-Comique en septembre 1877. Il y reste deux ans, avant d’entamer un tour des grandes scènes musicales européennes. On l’entend en janvier 1880 à Naples au théâtre San Carlo, puis pendant trois saisons à Londres, dans la salle de Covent-Garden ; il revient en France, au Grand-Théâtre de Lyon en octobre 1881. Il quitte de nouveau le pays pour passer l’hiver 1882-1883 à Saint-Pétersbourg (Russie), où il rejoint M. Vizentini. Il joue ensuite en Espagne, à Barcelone et Madrid.

À suivre

Émile Engel

 

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 00:18

Juliette Simone Muzard naît le 27 mars 1926 à Alger, alors territoire français, aujourd’hui en Algérie. Elle est la fille de Germaine Henry et de son conjoint, Jules Muzard, mécanicien.

Selon le quotidien L’Écho d’Alger, sa mère, native de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) aurait décidé de se rendre à Alger sur le conseil des médecins pour sa santé. Elle était également en procédure de divorce d’avec son premier mari, Henri Jules Lenain ; le jugement mettant fin à leur union est prononcé en juillet 1926 à Paris. Elle était venue avec ses deux aînés, issus de ce mariage. Jules Muzard travaille à Alger comme mécanicien dans une affaire de cultures industrielles, rue Berthezène.

Fin 1926, Germaine Henry et Jules Muzard rentrent en France et s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils se marient dans cette commune en juin 1927. Germaine Muzard crée une école de musique dans la commune voisine de Saint-Maurice. Elle enseigne notamment le violon.

Juliette Muzard se montre immédiatement sensible à la musique, et apprend très vite à jouer du violon. Elle fait, selon la chronique des journaux locaux, sa première prestation publique à Saint-Maurice quand elle a trois ans et demi. Au cours d’un concert de bienfaisance, Juliette monte sur scène et joue le Clair de lune de Werther, l’opéra de Jules Massenet puis le Chœur des chasseurs, d’une autre œuvre lyrique, Le Freischütz de Carl Maria von Weber.

Le succès de Juliette encourage ses parents à la présenter dans de nombreuses manifestations publiques. La presse parisienne mentionne sa présence dans une quinzaine de spectacles entre 1931 et 1935 – elle n’a alors que neuf ans.

Elle est associée aux attractions enfantines du Théâtre du petit monde, dont Pierre Humble, est le directeur. Elle participe ainsi au gala de l'Enfance organisé dans le cadre de l’Exposition coloniale en septembre 1931 à Vincennes où elle joue notamment la Méditation de Thaïs, de nouveau de Massenet. Elle accompagne une opérette pour enfants, Bicot, Suzy et Cie, en octobre la même année. Puis on la retrouve pour une comédie, Zig et Puce, jouée au Théâtre National Populaire en novembre. Le même mois, elle est à l’affiche du Théâtre de l'Empire à côté de Mistinguett dans un gala de solidarité.

Le Théâtre du Bon Petit Diable l’accueille en février 1932 pour le Ballet de la Rose et du Papillon, où les quatre artistes mobilisés ont, ensemble, moins de trente ans ; elle a cinq ans et demi. Elle se produit en mai au Cirque d'Hiver avec un mime de sept ans pour la fête annuelle des Éclaireurs de France (scouts).

Après avoir fait plusieurs émissions de radio, elle passe dans la salle de la Mutualité, à l’occasion de concerts de bienfaisance pour les services sociaux de la préfecture de police ou ceux du métro.

À Joinville, elle est mobilisée pour la fête de soutien à la Mutualité scolaire en décembre 1933, puis à l’occasion de la distribution des prix annuels de l’école du centre en août 1934 et encore, en novembre pour un gala de la section locale de la Ligue aéronautique.

Le quotidien Le Jour remarque son « talent précoce » au Théâtre des Bons-Enfants en octobre 1934. Elle prend part, cette même année, au concours Léopold Bellan, dont les deux cents concurrentes ont de 14 à 20 ans, alors qu’elle n’en a que 8. Elle présente le 4e concerto en ré mineur du compositeur belge Henri Vieuxtemps.

Dans L’Écho d’Alger, qui voit en elle en 1935 une compatriote, Juliette indique se préférences : Bach, Mozart, Beethoven et Massenet. Sa mère souligne qu’elle excelle à interpréter Bach. Une matinée pour la Caisse des écoles Jules-Ferry en avril à Chelles, en Seine-et-Marne, puis son succès en juin 1935 au concours supérieur de musique sont les dernières mentions de son activité dans les journaux.

Son père meurt en août 1937 à Joinville, où ils vivent toujours. Il avait 56 ans et elle en avait 11.

Juliette Muzard meurt le 27 juillet 2021 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 85 ans.

Juliette Muzard en 1934 ou 1935 (8 ans)

 

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Léon Emmanuel Tallet naît le 12 septembre 1914 à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente maritime). Il est le fils de Jeanne Louise Cadot et de son mari Emmanuel Jean Amédée Tallet, hôtelier et maître d’hôtel

Avec sa mère, Jean Tallet vit en 1926 chez sa grand-mère maternelle à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Champignol, avenue Parmentier. Ses deux parents sont devenus secrétaire dans la même entreprise, mais ils vivent séparément, son père résidant à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il meurt en 1932 hospitalisé à Paris, en ayant repris le métier de cuisinier.

Pour sa part, Jean Tallet suit les cours au collège à Saint-Maur puis fait des études.

C’est probablement lui qui est présenté dans la presse locale comme membre de la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger. Active notamment à Joinville-le-Pont depuis 1927, la ligue y fait campagne, en mai 1935, en faveur de Léon Lesestre, candidat de la droite contre le maire sortant radical-socialiste Georges Briolay et contre la coalition socialiste et communiste. Il publie un appel dans le journal libéral l‘Union régionale : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »

Après son élection au poste de maire, Jean Tallet s’exprime au nom du comité d’arrondissement des Jeunesses patriotes : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. Le National en vente le dimanche au marché et à l’église. »

C’est encore sans doute lui qui, sous la signature J. Tallet, adresse un message de soutien au dirigeant du mouvement royaliste Action française en novembre 1936.

Toujours domicilié à Saint-Maur avec sa mère, Jean Tallet fait son service militaire, probablement en 1936. Son comportement pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connu ; il existe cependant un Jean Tallet, qui n’est pas identifié plus explicitement, sur la liste des Dossiers administratifs de résistants éditée par le Service historique de la Défense. Contrairement à d’autres mouvement d’extrême-droite, les organisations liées à Pierre Taittinger ont fourni des résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme lui-même.

Ce fut le cas de Louis Richard (1896-1971), employé de chemin de fer, candidat conservateur à Joinville-le-Pont (1929), syndicaliste CFTC, décoré de la Médaille militaire. En 1935, il militait avec Jean Tallet.

Jean Tallet s’engage dans l’armée active (peut-être dès son service militaire) et devient sous-officier. Il a le grade d’adjudant en 1946. Après le décès de sa mère en 1968, il réside dans la caserne de Reuilly à Paris (12e arr.). Il y est économe en 1970.

Revenu à Saint-Maur, il épouse dans cette ville en juin 1975, à 60 ans, une de ses anciennes voisines, Simonne Francine Paudrat, sa cadette de 17 ans, qui avait suivi des études de droit.

Jean Tallet meurt le 9 juin 1994 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 79 ans.

Léon Lesestre, sympathisant de l’extrême-droite et maire de Joinville-le-Pont

 

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 01:01

Gaston Alfred Jean Riou naît le 28 août 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de d’Hermance Coralie Denière, journalière, et de Jean Riou, alors militaire, chasseur 9e bataillon, stationné au fort de Gravelle, dans le Bois de Vincennes, sur le territoire de Joinville. Ses parents ne sont alors pas mariés mais leur union a lieu à Joinville en mai 1864. À ce moment, ses parents sont tous deux tailleurs d’habits et résident rue du Pont. Ils y sont encore lors du décès de leur deuxième enfant, en mars 1866. En 1872, la famille est installée dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue du Pont-de-Créteil.

Effectuant son service militaire, probablement en 1883, Gaston Riou est mobilisé dans le 84e régiment d'infanterie. Il quitte l’armée avec le grade de sergent major et effectuera comme sous-officiers plusieurs périodes dans la réserve.

Au moins à partir de 1892, il est négociant en vin, installé rue du Bois-Guimier, dans le quartier du Vieux Saint-Maur. Il acquiert également en 1900 auprès de son frère cadet, Fernand, un entrepôt de bière.

En août 1892 à Saint-Maur, Gaston Riou épouse Alexandrine Léonie Duplessis, fille de bouchers dans la même ville.

Accompagné de Léon Roy, Gaston Riou est le fondateur en 1900 de l’Amicale des anciens élèves des écoles de Saint-Maur-des-Fossés, société mutuelle et post-scolaire, dont il est le président. Il participe également à l’administration de la Caisse des écoles et du patronage laïque.

Toujours dans le domaine mutualiste, Gaston Riou est le trésorier de la société d’assurance La Fraternelle de Nogent-Joinville. Il préside l’Union des commerçants et industriels de Saint-Maur.

Pendant la première guerre mondiale, Gaston Riou s’intéresse au problème du financement des entreprises. Il exerce la fonction de correspondant de la Banque de France. Il s’intéresse à la loi du 13 mars 1917, portée par le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, Étienne Clémentel, qui autorise la constitution d’établissements financiers coopératifs et de sociétés de caution mutuelle.

À la fin du conflit, pour contribuer à l’accès au crédit des artisans, commerçants et petits industriels, il fonde, en octobre 1919 à Vincennes, avec Louis-Alexandre Dagot, Ambroise Leuret et Paul Muris, la Banque populaire de la banlieue Est, s’inspirant d’un modèle né à Angers en 1878. Aucun des quatre fondateurs n’a d’expérience professionnelle en tant que banquier. Gaston Riou en est administrateur délégué puis vice-président. À côté de l’agence centrale de Vincennes, qui démarre ses activités en décembre 1919, deux bureaux auxiliaires sont installés à Nogent-sur-Marne et Saint-Maur ; ils deviennent des agences à part entière en 1924. Ayant démarré avec trois salariés en 1919, la banque en compte 365 en 1930, dont le fils cadet de Gaston Riou, Germain.

Rebaptisée ultérieurement Banque régionale d'escompte et de dépôts puis BRED Banque populaire, l’établissement est dans les années 2020 la plus importante des banques populaires françaises, au sein du groupe BPCE. Après avoir été implantée à Créteil, elle a installé ses bureaux en 2014 à Joinville-le-Pont.

Lors des élections municipales de novembre 1919 à Saint-Maur-des-Fossés, Gaston Riou, figure sur la liste d’Union républicaine des anciens combattants et des comités d’action économique et d’intérêts généraux conduite par Auguste Marin, maire sortant, autrefois radical-socialiste et allié, dans la logique d’union ayant prévalu pendant la guerre, avec une partie des conservateurs et libéraux saint-mauriens.

Dans le domaine professionnel, Gaston Riou exerce son mandat de direction de la Banque populaire au siège de Vincennes en 1921. Il est ensuite agent général de la compagnie d’assurance La Nationale.

Comme Gaston Riou, Auguste Marin et un autre colistier, Émile Galtier, son futur concurrent, sont natifs de Joinville. La liste d’Union républicaine emporte dès le premier tour les 30 sièges à pourvoir, avec 53% des suffrages face à la liste socialiste à 31% et à une liste d’intérêt local.

Lors du scrutin, Gaston Riou arrive en tête du vote avec 3 603 voix sur 6 450 votants et 10 846 inscrits, soit 55% des votants. Marin n’arrive qu’en 29e position, avec 3 317 votes. Lors du conseil municipal qui suit l’élection, Marin est réélu maire, deux adjoints sont élus, Naudin et Chaligné, tandis que Riou complète la municipalité en étant désigné en tant que syndic.

Sur la même liste, Gaston Riou est réélu en mai 1925. Le nombre de postes d’adjoint ayant été augmenté, il est nommé troisième des cinq adjoints au maire. Il est désigné en juin 1927 comme représentant cantonal des sociétés de secours mutuels pour la gestion des allocations militaires de la banlieue.

Lors du scrutin de mai 1929, qui voit de nouveau la victoire de Marin, Gaston Riou est reconduit, arrivant au 4e rang des candidats. Il se retrouve deuxième adjoint au maire. Il représente Saint-Maur en mai 1929 dans la commission locale professionnelle, qui supervise l'enseignement technique.

L’élection de 1935 voit, à 78 ans, une sixième reconduction de Marin au poste de maire, même s’il arrive une nouvelle fois uniquement en 25e position dans l’élection. Gaston Riou arrive au huitième rang lors du premier tour, recevant 5 880 votes, soit 49% des 12 001 suffrages exprimés sur 12 347 votants et 15 547 inscrits. Il est réélu au second tour.

La majorité municipale écarte cependant sa reconduction au conseil municipal, l’hebdomadaire l’Union régionale signalant que ça se passe « sans douleur mais non sans injustice », jugeant que « Riou est un vieux saint-maurien bien connu, un honnête homme. »

Gaston Riou meurt le 3 janvier 1939 à Saint-Maur-des-Fossés, à l’âge de 76 ans, à son domicile de la rue Émile-Zola, dans le quartier d’Adamville. Il était toujours agent général d’assurance et conseiller municipal ; l’assemblée locale de Saint-Maur prononce son éloge le 7 janvier.

Gaston Riou avait obtenu de nombreuses décorations, dont trois au titre de la Mutualité avec le bronze en mars 1912, l’argent en février 1921 et l’or en mars 1925. Dans les Palmes académiques, il était officier d'académie en juillet 1912 puis officier de l’instruction publique en juin 1913. Enfin, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en août 1927 au titre du ministère du commerce pour son rôle à la Banque populaire.

Les époux Riou ont eu trois fils. L’aîné, Roger (né en 1893) fut lieutenant pendant la première guerre mondiale, décoré de la Croix de guerre et chevalier de la Légion d’honneur. Le second, Marcel (1898-1981) a été directeur à la Banque de France. Le dernier, Germain, travaillait en 1931 à la Banque populaire.

L’Amicale des Anciens Élèves de Saint-Maur-Centre rendit hommage en octobre 1950, à l’occasion de son cinquantenaire, à ses deux fondateurs, Gaston Riou et Léon Roy.

La direction de la Banque populaire à Vincennes (dont Gaston Riou)

 

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 21:53

M. Klein est un conseiller municipal élu à Joinville-le-Pont (1945-1947) sur la liste d’union des forces de gauche.

Les des premières élections municipales qui suivent la Libération de la plus grande partie du territoire national français, quelques jours avant la fin de la deuxième guerre mondiale, ont lieu le 29 avril 1945. À Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le score est acquis dès le premier tour, et il n’y a donc pas lieu de convoquer de nouveaux les électeurs le 13 mai. Depuis septembre 1944, la commune est administrée par une délégation spéciale, composée sur proposition du Conseil parisien de Libération, après avis du conseil local de Joinville. La délégation est présidée par Robert Deloche (communiste), qui fait fonction de maire, et a des vice-présidents, jouant le rôle d’adjoints, communiste, socialiste, radical-socialiste et indépendant.

Lors du scrutin, pour la première fois, les femmes ont le droit de vote. Le conseil élu en avril 1945 reconduit 17 sortants qui siégeaient dans la délégation spéciale sur 27 élus dont une femme). On compte trois femmes parmi les 10 nouveaux élus. L’assemblée municipale se réparti entre 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux-socialistes et 9 « indépendants de gauche », parmi lesquels on retrouve des démocrates-chrétiens du MRP. Deloche est réélu maire.

Un des conseillers municipaux masculins est nommé Klein et fait apparemment partie du groupe radical-socialiste.

Il est possible qu’il s’agisse de Bernard Klein, né Bernhard Dreyfus, alias Bernard Kersaint (1875-1948), voyageur de commerce, conseiller municipal radical-socialiste de Joinville-le-Pont (1929-1935), franc-maçon, animateur de manifestations sportives de lutte, boxe et aviron. Cependant, Il n’est pas inscrit sur la liste électorale de la commune pour cette année-là et, à son décès en novembre 1948, il est domicilié à Paris.

Parmi les électeurs joinvillais de 1945, on peut répertorier les personnes suivantes :

Eugène Klein naît le 17 juin 1876 à Paris (18e arr.). Il est marié à Clémence Lucienne Sternuite puis à Marie Steyer mécanicien à la compagnie des Chemins de fer du Nord. Il vivait rue de Créteil. Eugène Klein meurt le 28 avril 1952 à Paris (12e arr.).

Henri Louis Klein est né le 27 avril 1895 à Paris (10e arr.). Après avoir été blessé à plusieurs reprises pendant la première guerre mondiale, il a épousé à Joinville en juillet 1928 Suzanne Juliette Schwerzig. Il est monteur en bronze, réside avenue du Chalet et dispose pendant la deuxième guerre mondiale d’une carte d’alimentation avec son adresse à Joinville. Henri Louis Klein meurt le 9 juillet 1982 à Créteil (Val-de-Marne).

Henri Charles Klein voit le jour le 8 janvier 1887 à Reims, Marne, dans une famille de tapissiers, métier qu’il exercera à Joinville-le-Pont comme son père l’avait fait. Dispensé de service militaire et exempté pendant la première guerre mondiale pour « faiblesse générale », il vit dans le quartier de Polangis avec une partie de sa famille, avenue du Parc. Marié avec une tapissière, Renée Catherine Sarrelangue, il meurt le 3 mai 1956 à Paris (11e arr.), étant toujours domicilié à Joinville.

Maurice Pierre Klein, frère d’Henri Charles est également natif de Reims, le 29 octobre 1888. Il exerce le même métier familial, de tapissier et se marie avec Marie Thérèse Henriette Louage. Bien que signalé lui aussi comme ayant une « faiblesse organique », il effectue son service militaire puis est mobilisé au début de la première guerre mondiale dans des unités non combattantes. Il termine le conflit dans l’aviation, en tant que caporal. Il réside dans le quartier de Polangis, avenue Jamin. Décédé le 17 janvier 1973 à Créteil (Val-de-Marne).

Le fils de Maurice Pierre Klein, Pierre Jean Klein, ne figure pas sur la liste électorale conservée aux archives départementales du Val-de-Marne pour l’année 1945. Il est né le 26 août 1922 à Joinville-le-Pont. Marié avec Christiane Marcelle Aimée Morissard, il meurt le 12 juin 2020 aux Les Rosiers-sur-Loire, commune déléguée de Gennes-Val-de-Loire (Maine-et-Loire). En mars 1983, il a été élu, sous l’étiquette RPR (droite, gaulliste) sur la liste de Pierre Aubry (div. droite) qui remporta l’élection municipale de Joinville-le-Pont, face au maire sortant communiste, Guy Gibout. Pierre Klein, alors âgé de 60 ans, se présentait comme retraité. Il siégea jusqu’en 1989.

Commémoration de la fin de la guerre an mai 1945 à Joinville-le-Pont

 

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5 octobre 2023 4 05 /10 /octobre /2023 01:11

Pierre Jules Guillet naît le 26 juin 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, où sa famille s’est récemment installée. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales. Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Pierre Jules ; il est probablement musicien.

Parmi les témoins de la naissance de Pierre Jules, qui se présentent en mairie de Saint-Mandé, outre son grand-père Jean Simon Guillet, figure le grammairien et homme de lettres Charles Pierre Chapsal, qui réside alors à Paris (3e arr.), boulevard Beaumarchais.

En septembre 1835, Chapsal acquiert le château de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Pour sa part, Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme attenante au château, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville. Chapsal et Pierre Gustave Guillet resteront liés, ce dernier déclarant le décès du premier en 1858.

C’est à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville, que Pierre Jules Guillet fait ses études à partir de 1848. Il obtient un 2e prix à la fin de sa deuxième année en 1850 puis est reçu, en octobre 1853 au deuxième rang sur 72 reçus. À son entrée dans l’établissement, il a signé un engagement dans l’armée. Il intègre le 3e escadron des équipages, sa compagnie étant basée à Constantine (Algérie) avec le grade d’aide vétérinaire de 2e classe, qui le range parmi les officiers d’état-major. Il sert avec le même grade au 1er régiment de cuirassiers, basé à Lille (Nord) en 1857 puis l’année suivante au 2e régiment de carabiniers, stationné à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Promu, dans la même unité, vétérinaire en 2e en septembre 1858, il a un nouveau casernement à Vendôme (Loir-et-Cher). Il est transféré en 1865 dans les carabiniers de la garde impériale, à Melun (Seine-et-Marne). Il devient vétérinaire en 1er en août 1866 au sein du 7e régiment de dragons à Verdun (Meuse), son grade étant équivalent à celui de commandant. Il rejoint, en décembre 1869, le régiment des cuirassiers de la garde impériale, à Saint-Germain (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère aîné, Jean Clément, alors chef d’escadron et qui sera plus tard général, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France un message, envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, il était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Il est libéré suite à la signature de la paix, en avril 1871. Il sert alors au 12e régiment de cuirassiers basé au Mans (Sarthe) puis au 14e régiment d'artillerie à Tarbes (Hautes-Pyrénées). C’est dans cette unité qu’il prend sa retraite en décembre 1873, après plus de 25 ans de service militaire et sept campagnes. Il indique être domicilié en Algérie.

Pierre Jules Guillet figure dans le Livre d'or de la Légion d’honneur en tant que souscripteur ayant contribué à la reconstitution du Palais de cette institution, détruit pendant les derniers moments de l’insurrection de la Commune de Paris, le 23 mai 1871. Il participera à une autre levée de fonds, en février 1886 pour élever un monument à la mémoire d’Henri Bouley (1814-1885), qui fut son professeur à l'École vétérinaire d'Alfort, dont il fut le directeur.

Entre 1889 et 1893, Pierre Jules Guillet séjourne durant le premier semestre en Algérie, puis le reste de l’année chez sa sœur Caroline, épouse d’un tapissier, Ernest Pierre Tétrel, qui vivent rue de Seine à Seine-Port (Seine-et-Marne).

Pierre Jules Guillet meurt le 26 avril 1905 à Seine-Port. Il est âgé de 73 ans et déclaré comme étant rentier. Depuis mars 1870, il est chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire.

Le domaine de Polangis à Joinville-le-Pont vers 1886

 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Clément Gustave Guillet naît le 3 août 1829 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales.

Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Jean Clément ; il est probablement musicien. La famille s’installe en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, puis, en 1835, de l’autre côté du Bois de Vincennes, à Joinville-le-Pont. Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme de Polangis, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville.

En août 1848, à l’âge 19 ans, il s’engage dans l’armée et est affecté au 1er régiment du génie, en tant que sapeur. Pour sa génération, il est d’assez grande taille (1 m. 82). Ayant déjà une bonne éducation, il intègre, après concours l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines), en novembre 1850. C’est la 34e promotion de l’établissement, fondé par Napoléon en 1802, alors basée à Fontainebleau. Elle porte le nom de Kabylie. En octobre 1852, il est diplômé, au 27e rang des 270 élèves, et nommé sous-lieutenant au 1er régiment de chasseurs. Mais il poursuit son cursus en intégrant en janvier 1853 l’École d’application d’état-major, située à Compiègne (Oise). Il sort (7e sur 30) et rejoint le 41e régiment d’infanterie de ligne. Nommé lieutenant d’état-major en octobre 1854, Guillet fait un stage dans l’infanterie au 40e de ligne à Rome (Italie) puis un autre dans la cavalerie au 4e dragons, à Limoges (Puy-de-Dôme).

Nommé capitaine en octobre 1856, il est pris comme aide de camp par le général Joachim Ambert, qui était également écrivain. En mai 1859, le capitaine Guillet intègre l’état-major de l’armée d’Italie, qui va permettre l’unification du pays en combattant l’empire autrichien. Revenu en France en juin 1860, il devient l’aide de camp du général Lapérouse à Lyon. Il est appelé à participer en mai 1863 à une autre expédition, celle au Mexique, en soutien à l’empereur Maximilien. Il restera presque quatre ans sur place. Son comportement lui vaudra trois citations : en novembre 1863, pour la bataille de Maravatio-Tacámbaro, dans laquelle la légion belge, alliée des impériaux mexicains et des français, sera battue par les troupes républicaines ; en janvier 1865, pour les combats de Las Higueras ; puis en mai de la même année, pour ceux de La Pasion. Il est rapatrié en mars 1867 avec le retour des troupes françaises.

Toujours capitaine, il rejoint l’état-major général de la garde impériale, avec laquelle il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Il combat pour la défense de Metz en août et septembre, mois où il est promu chef d’escadron (commandant). Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère cadet, Pierres Jules, également officier vétérinaire, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France le message suivant, qui sera envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, le message était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Après la signature de la paix, en avril 1871, il revient en France et est affecté à l’armée de Versailles, qui combat la Commune de Paris insurrectionnelle. Il est envoyé à Dijon (Côte-d'Or) en novembre 1873 comme chef d’état-major de la 15e division d’infanterie.

C’est à la fin de cette mission qu’il épouse, en février 1876 à Paris (8e arr.) Marguerite Madeleine Pagès. Le nouveau couple s’installe à Paris, où il est appelé au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la guerre, en février 1876. Il y est chargé de la statistique et de l’étude des armées étrangères. Promu lieutenant-colonel en août la même année, nommé chef d’état-major de la 10e division d’infanterie à Rennes.

En novembre 1880, Guillet quitte pour un temps les fonctions d’état-major pour prendre, avec le grade de colonel, la tête du 91e puis du 95e régiment d’infanterie à Bourges (Cher).

Redevenu chef d’état-major du 7e corps d’armée à Besançon (Doubs) en mars 1886, il obtient, en conservant ce poste, le grade de général de brigade en juillet la même année. Dans la capitale de la Franche-Comté, le général Guillet est une personnalité publique en vue, participant à de nombreuses cérémonies officielles ou actions caritatives. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée active en août 1891, à l’âge de 62 ans.

Il ne va cependant pas cesser son activité militaire. Dans le cadre de réserve, il est appelé pour diriger des manœuvres impliquant troupes régulières et réservistes territoriaux. C’est le cas en septembre 1892 à Orléans (Loiret) puis en mai 1893 à Belfort et de nouveau en septembre la même année, avec son ancien 7e corps d’armée.

Au moment où il a quitté ses fonctions d’active, le général Guillet, domicilié à Besançon, est désigné comme délégué régional de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il renonce à cette fonction en février 1893, mais accepte d’être élu vice-président du comité de Besançon de cette association en mai la même année.

Jean Guillet meurt le 26 juillet 1898 à Besançon, dans son domicile de la Grande-Rue. Il était âgé de 68 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

Dans la Légion d’honneur, Jean Guillet était chevalier depuis novembre 1863, officier en novembre 1872 et commandeur en mai 1889. Il avait reçu les médailles commémoratives de la campagne d’Italie et de la campagne du Mexique. Il disposait également de la médaille de la Valeur de Sardaigne depuis mars 1860 et de la décoration Notre-Dame de Guadalupe du Mexique depuis novembre 1867.

Le chanoine Joseph Eugène Payen (1853-1938), aumônier militaire du 7e corps d’armée, officier de la Légion d’honneur, a publié en 1904 à Besançon Le Général Guillet 1829-1898 Quarante-quatre ans de vie militaire au XIXe siècle 1848-1892 (éd. Jacquin).

Le général Guillet à Orléans en septembre 1893

 

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30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 01:01

Pierre Louis Gustave Guillet naît le 16 brumaire an 10 (8 novembre 1801) à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Florence Thoury et de son époux Jean Simon Guillet. Son père est alors danseur l’Opéra de Paris. Il deviendra ultérieurement professeur de danse à l’Académie Royale de Musique, maître de ballets à l’Opéra-Comique et auteur de livrets de pièces musicales

Pierre Guillet commencera aussi une activité artistique, peut-être en musique au Conservatoire de Paris. Il fait peut-être un service militaire après 1821. En septembre 1828, il épouse à Paris (3e arr.), en l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement, Elisabeth Louise Clémence Brot, fille d’un ingénieur des mines.

La famille vit d’abord rue Sainte-Anastase (3e arrondissement), puis quitte Paris. Ils sont installés en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue. Pierre Guillet se déclare toujours artiste.

Ils vont traverser le Bois de Vincennes pour s’installer dans la commune proche de Joinville-le-Pont, où il devient fermier exploitant de la ferme de Polangis, prenant en novembre 1835 un bail de 12 ans. Ils y résident en 1836. Le quartier de Polangis, sur la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec 18 personnes recensées cette année-là sur les 611 de la commune. Il y a seulement deux habitations : le château de Polangis, et la ferme attenante où la famille Guillet vit avec deux charretiers et un domestique. Le château est la propriété du grammairien Charles-Pierre Chapsal, professeur au lycée Louis-le-Grand, qui sera maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858).

La ferme avait été achetée en 1815 par André François Miot de Melito, ancien ministre et ambassadeur, mais il ne l’occupa pas. Le terrain est principalement sur Joinville-le-Pont, mais également en partie sur la commune de Champigny. Outre les bâtiments d’habitations, elle dispose de 83 hectares de terre labourable. Le fermage annuel net est de 5 500 francs.

En juin 1837, la ferme est mise en vente. C’est probablement Guillet qui s’est porté acquéreur lors de l’adjudication en avril 1838. Pour en poursuivre l’exploitation, une société en nom collectif, sous la raison Guillet et Payen, est fondée en avril 1839. L’associé de Guillet, Joseph Léon Payen, s’installe lui aussi dans les vastes bâtiments de la ferme. Ils cesseront leur association et dissoudront la société en décembre 1842. Guillet continue l’activité agricole et embauche Jean-François Louis Grivet en tant que nourrisseur-cultivateur. Ce-dernier cessera la fonction en juin 1849, suite à des difficultés financières.

Pierre Guillet meurt le 24 août 1876 à Joinville, alors rentier et résidant toujours dans la ferme. Il était âgé de 74 ans et père de quatre enfants. Ses deux fils aînés furent militaires, le premier, Jean Clément, en tant que général de brigade faisant notamment des campagnes en Italie et au Mexique, le second, Pierre Jules, comme vétérinaire. Ils combattirent pendant la guerre franco-allemande de 1870 et furent faits prisonniers.

Détail de la carte de Cassini 1750, ferme de Polangis.

 

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