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25 février 2024 7 25 /02 /février /2024 00:01

Fernand Marius Beaurain naît le 15 août 1862 à Paris (20e arr.). Il est le fils d’une lingère, qui vit rue Jouye-Rouve, et d’un père non dénommé. Sa mère, née sous ce nom à Brosville (Eure, Normandie), avait elle-même été reconnue ultérieurement pas ses parents, non mariés, et portait le nom de son père, Thuillier, mais continuait d’utiliser le nom de sa propre mère, Beaurain.

Sophie Élisa Thuillier dite Beaurain, alors restauratrice à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) sur l’île Pasquier (act. quai de la Marne), reconnaît officiellement Fernand Marius pour son fils en août 1874 à Joinville. Il est ensuite reconnu par Joseph Émile Bernier en décembre 1882 à Paris (1er arr.). Employé de la Préfecture de la Seine à Paris, originaire de Dun-le-Roi (Cher, Centre-Val-de-Loire), avait reconnu en avril 1880 Émile Gaston, le frère aîné de Fernand Marius. Il prend définitivement le patronyme de Bernier et se fait appeler Marius.

En matière professionnelle, Marius Bernier va être employé de banque, remisier.

Son activité sportive tient manifestement une grande place dans son existence. Il est rameur, affilié à la Société nautique de la Marne, un des plus grands clubs d’aviron de France, basé sur l’Île Fanac à Joinville-le-Pont.

Avec le deuxième grand club parisien, la Rowing-Club, la SN Marne organise chaque année à partir de 1879 un match entre les deux bateaux à huit rameurs plus barreur. C’est une manifestation parmi les plus prestigieuses en France entre Billancourt et le pont de Suresnes, (Seine, act. Hauts-de-Seine) soit 7,200 mètres sans virages. Marius Bernier participe à la course dès 1883 et est chef de nage depuis au moins 1885. Le barreur est Ernest Barberolle (1861-1948), futur médaillé d'argent aux Jeux olympiques d’Anvers (Belgique) en 1920. Leur bateau, qui avait été devancé en 1885, remporte la compétition en mai 1886. La Revue des sports considère que, « avec un chef de nage aussi énergique que M. Bernier, et un 8 aussi expérimenté que M. Barberolle, les jeunes rameurs du centre vont se trouver admirablement dirigés. »

Une équipe de la SN Marne participe, en août 1886, à des régates à Saintes (Charente-Maritime). Mécontente du résultat, la Société nautique de Tours proteste. Marius Bernier reconnaît son rôle : « J’ai été à le premier à proposer l’arrangement parce que je trouvais qu’il était inutile de faire éreinter des équipes sur un parcours de 10 kilomètres pour des prix aussi minimes. »

Les rameurs de la Marne échouent en 1887 face au Rowing-Club puis de nouveau en 1888, mais ils l’emportent en 1889 pour la dernière participation de Marius Bernier en tant que chef de nage. La Revue des sports attribue la victoire au fait que l'entrainement de la Marne a été « très bien dirigé par M. Bernier » et à la disposition d’une embarcation neuve venant du chantier Dossunet, de Joinville.

Amené à travailler régulièrement en province, Marius Bernier ne néglige pas l’aviron des ses déplacements. Il visite ainsi la Société nautique bordelaise en décembre 1889. Puis, s’étant installé à Rouen, il participe à l'entrainement du Cercle nautique de Croisset en 1890, conduisant ce club à progresser fortement dans le classement des Sociétés de France pour les prix remportés, puisqu’il finit cette année-là au troisième rang. Mais le départ de Bernier pour Amiens en 1891 voit le club de la Basse-Seine retomber huitième au classement.

Même s’il est moins présent à Joinville, Marius Bernier reste attaché et apprécié dans son club. Ainsi, il est élu président de la Société nautique de la Marne lors de son assemblée générale du 8 janvier 1892. Quelques jours plus tard, il indique qu’il n'accepte pas ces fonctions. Il reste cependant membre du conseil d’administration.

Annoncé en décembre 1890, le mariage de Marius Bernier avec Marie Louise Antoinette Berthet se réalise en janvier 1891 à Rouen. Elle est native de La Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis), d’un père ingénieur et d’une mère d’origine espagnole. Elle reste vivre en Normandie, ses quatre filles naissant à Rouen entre 1892 et 1897, tandis que lui donne comme adresse celle de son père à Paris puis celle de sa mère à Joinville-le-Pont. Le premier se marie en mars 1883 à Paris (er arr.) 1 avec Marie Arsène Léontine Perreau, tandis que la seconde épouse en avril 1887 à Poitiers (Vienne) Emmanuel Marie René Parent de Curzon, un aristocrate, propriétaire d’un terrain quai de la Marne à Joinville, où ils vivent.

C’est à cette adresse que Marius Bernier meurt le 16 novembre 1898 à Joinville-le-Pont, à l’âge de 36 ans. La déclaration de décès est faite par son beau-père. Elle mentionne qu’il est sans emploi. Selon les archives familiales, il aurait perdu son emploi dans la banque et se serait fait, en 1897, facteur aux Halles Centrales de Paris. Redevenu chômeur, il se serait suicidé. Les dernières années du siècle sont marquées, à l'échelle mondiale par une grande instabilité économique et des crises financières. En France, le scandale de Panama en 1892 avait ébranlé le secteur financier. La faillite de la banque Union Générale, l'une des plus grandes institutions financières françaises, provoque de nombreuses défaillances en 1898. À Joinville-le-Pont, un employé d’une maison de bourse, Émile Berthelot, se suicide également en juin de cette année-là après avoir perdu son poste.

Un autre Bernier, Paul, exerce également des responsabilités au sein de la Société nautique de la Marne, au moins depuis 1883 et jusqu’après 1889. Sans doute né vers 1842, il est avocat à la cour d’appel, et conseiller municipal socialiste de Paris, élu du 6e arrondissement à la fin du 19e siècle, connu pour son engagement laïc. Il ne semble pas avoir de lien familial avec Marius Bernier. Ce dernier n’a pas non plus de relation avec Théodore Bernier (1805-1872), boucher, conseiller municipal de Saint-Maurice (1859-1869) puis de Joinville-le-Pont (1869-1870), qui a donné son nom à une voie de cette dernière commune.

Marius Bernier (arch. fam.)

 

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14 décembre 2023 4 14 /12 /décembre /2023 00:01

Louis Joseph Paul Jules Engel naît le 13 août 1868 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Garry et de François Pierre Émile Engel. Ses parents ne sont pas mariés, mais son père le reconnaît à la naissance et leur union, en octobre 1868, toujours à Joinville, lui donnera un statut légitime. Il utilisera le prénom de José.

La famille de ses parents est ancrée dans les milieux artistiques, notamment musicaux. Du côté maternel, ses deux grands-parents sont professeurs de musique à Bergerac (Dordogne) avant de venir à Paris où son grand-père joue du violoncelle au Théâtre-Lyrique. Marie Garry a eu sœur aînée homonyme, qui est chanteuse soprano.

Le père de José, Émile Engel est un ténor déjà célèbre. Peu après sa naissance, il entreprend une tournée à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Bien que né en France, il a la nationalité luxembourgeoise de son père, avant sa naturalisation en tant que Français vers 1888.

José Engel fait des études de peinture, probablement à l’école des Beaux-Arts de Paris. Il aurait dû être appelé au service militaire avec la classe 1888, mais, la nouvelle nationalité française de son père n’étant pas encore notée, il est toujours considéré comme enfant d’étranger. La rectification du registre des armées prend acte du fait que en 1891, avec ses études, il bénéficie d’un sursis. Il intègre en novembre 1892 le 3e régiment du génie et est démobilisé fin septembre 1893.

Sa première exposition mentionnée dans la presse est celle du Salon de Paris en 1894 ; il y présente un triptyque intitulé Normandie. Il fera de fréquents séjours près de Dieppe et disposera d’une résidence secondaire, Les Lierres, à Pourville-sur-Mer (commune de Hautot-sur-Mer, Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) qu’il mentionne à partir de 1908 comme une de ses adresses.

Vivant jusqu’ici à Paris (9e arr.), rue Victor-Massé puis rue des Martyrs, José Engel par pour six mois en août 1898 à Madagascar, alors colonie française. Il séjourne dans la capitale, Tananarive. De retour en France, il reste à Paris, rue des Martyrs puis rue Constance (18e arr.).

Il épouse en mai 1909 à Paris (18e arr.) Marie Rosalie Poirot, originaire de Lorraine. Ils s’installent rue Coysevox, dans le même arrondissement.

En 1910, Engel présente au Salon d’automne à Paris L'Allée du Manoir Ango, un monument de Varengeville-sur-Mer, voisin de sa villa normande. En 1912, il fixe définitivement son habitat parisien rue de Ménilmontant (20e arr.).

Au début de la première guerre mondiale, du fait de ses 46 ans, José Engel n’est pas immédiatement mobilisé. Il est cependant rappelé en mars 1916 au 1er régiment du génie puis passe en mai au 2e régiment d’artillerie. Il est placé en sursis d’appel en septembre 1917 et chargé d’une mission au sein de la direction de l’enseignement primaire.

Après le conflit, il est membre de la Société des artistes indépendants. Il se fait appeler José Engel-Garry à partir de 1923, reprenant le nom de sa mère dont son père s’est séparé seize ans auparavant.

Il expose très régulièrement dans les salons de Paris et travaille régulièrement comme illustrateur, caricaturiste et affichistes. Outre les sujets qu’il réalise en Normandie, José Engel-Garry s’inspire souvent des séjours qu’il fait en Bourgogne, dans l’Yonne.

José Engel-Garry meurt le 22 décembre 1937 à Paris (20e arr.), à son domicile de la rue de Ménilmontant. Il était âgé de 69 ans et n’a pas eu d’enfant.

Le quotidien Le Temps remarquait lors du Salon de 1938, « d'expressifs portraits (…), œuvres dernières laissées par le probe et regretté José Engel-Garry. »

On trouve des œuvres de José Engel-Garry dans des musées internationaux, comme Benjamin Godard, au musée des Beaux-Arts de Barcelone ; Les Trimardeurs, au musée des Beaux-Arts de Jérusalem ; La Prière, au château de Laeken à Bruxelles. Ses peintures figurent également dans des musées des Beaux-Arts français, comme Soir dans les ruines, à Limoges ; Nocturne, à Nantes ; Jeune fille, à Angers ; Le Vieux fagoteur, à Sens ; Les Joueurs, à Libourne. La Leçon se trouve au musée Gassendi Digne-les-Bains et La Ferme des Loges dans le musée de la Grande Guerre de Meaux.

Don Quichotte, dessin de José Engel, 1895

 

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 00:01

Cyrille Ivanoff naît le 18 janvier 1892 à Kherson (Russie, act. Ukraine).

Selon des sources familiales, Cyrille Ivanoff suit les cours de l’école polytechnique de Kiev (Russie, act. Ukraine) et est diplômé en génie naval. Il poursuit des études en chimie et en botanique pour finalement ouvrir deux parfumeries, une à Odessa et l’autre en Pologne. D’après son petit-fils et homonyme, il aurait recueilli « une petite fortune » de son activité de parfumeur, et aurait décidé de devenir prêtre orthodoxe, dans le rite des Vieux-Croyants.

Il épouse à Kiev Marie Rouleff puis, suite à la révolution bolchévique, également d’après la chronique familiale, il fuit l’Ukraine après 1919, à bord d’un voilier avec sa famille en direction de l’empire Ottoman (act. Turquie), où il se serait présenté au patriarche grec.

Arrivé en France avec un passeport d’apatride, il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside en 1927 quai de la Marne, un quartier comportant une communauté d’origine russe assez importante. En octobre 1927, il rédige un compte-rendu de la deuxième assemblée générale des Vieux-croyants à Paris, qui s’est tenue dans les locaux de l'Union de la jeunesse chrétienne (10, boulevard Montparnasse). Il signe pour le Comité de l'Église, dont l’adresse est à son domicile de Joinville.

La famille comprend les deux aînés, nés à Kherson en 1917 et 1919, et un dernier enfant, né à Paris en 1935. Cyrille Ivanoff se déclare prêtre orthodoxe russe lors des deux recensements de 1931 et 1936, tandis que l’épouse, Marie, est couturière et que l’aîné, Nicolas, qui a environ 17 ans en 1936, est alors apprenti.

Les époux et les deux plus jeunes enfants, mineurs, obtiennent en novembre 1938 la nationalité française par décret de naturalisation. Ils sont toujours domiciliés à Joinville.

Toujours si l’on suit les explications de son petit-fils, Cyrille Ivanoff se serait rendu en Lituanie, à une date inconnue, et aurait été arrêté par les autorités soviétiques qui l’auraient alors déporté dans un camp de prisonnier en Sibérie. Il serait resté détenu 20 ans, avant de pouvoir quitter l’Union soviétique avec l’appui des autorités consulaires françaises.

Ensuite, il aurait voyagé aux États-Unis. Cyrille Ivanoff serait mort en 1982, peut-être au Canada où s’était installé son fils aîné Nicolas, qui y est mort en janvier 2009.

La rue Chapsal et le quai de la Marne à Joinville-le-Pont

 

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 00:01

Antoine Joseph Léon Bouise naît le 2 septembre 1872 à Honfleur (Calvados). Il est le fils d’Aline Ernestine Chouquet et de son époux Pierre Bouise, cordonnier et bottier. La famille s’installe ensuite au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), rue de Bordeaux.

Devançant l’appel pour le service militaire, Antoine Bouise s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1892. Il est affecté au 26e bataillon de chasseurs à pied. En septembre, il est nommé caporal. Il ne fera cependant qu’un an sous les drapeaux puisque, en avril 1893, il est démobilisé en tant que fils unique de veuve, son père étant décédé.

En 1898, Antoine Bouise est à Paris (17e arr.), dans le quartier des Batignolles, rue Nollet. Il est nommé en juin commis dans l’administration des ponts et chaussées. En août, il épouse une parisienne, Henriette Françoise Creyssels. Ils vivent en 1904 dans le 15e arrondissement, place du Commerce.

C’est en janvier 1904 que l’admission d’Antoine Bouise dans la franc-maçonnerie est acceptée. Il rejoint la loge L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste, affiliée au Grand-Orient de France, et qui se réunit à son siège, rue Cadet (9e arr.). Il sera mentionné dans la presse comme en faisant partie jusqu’en 1914.

La loge L'École Mutuelle est mentionnée en 1878 ; elle devient L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste en mai 1897. Quand Bouise la rejoint, elle a pour vénérable Pierre Morel, conseiller municipal de Paris. Elle organise, mi-mai 1904, comme elle l’avait fait plusieurs années précédentes, une Fête du travail dans la salle Wagram (17e arr.), « Pour la glorification du travail et l'affirmation des revendications sociales ». Un grand nombre d’autres loges s’associent à l’initiative, qui se conclut par un banquet et un bal. La presse rend fréquemment compte des activités de L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste. Elle prend des positions publiques, par exemple en publiant un ordre du jour en novembre 1904, critiquant me fait que certains députés francs-maçons n’aient pas voté en faveur de « l’épuration des fonctionnaires factieux », allusion à la situation dans l’armée du fait de l’affaire Dreyfus. On verra également les membres de la loge s’associer à des souscriptions lancées dans le quotidien socialiste L’Humanité, comme en juillet 1907 « pour les familles des camarades incarcérés pour leurs idées » ou en octobre 1909 en faveur de l’érection d’un monument pour la militante révolutionnaire et écrivaine Louise Michel.

Les travaux de la loge portent sur des thèmes sociaux, comme le syndicalisme (1909-1910), la crise sociale (avril 1911), les conditions d'application de la loi sur le repos hebdomadaire (juin 1911) ou la désertion des campagnes à la même date. Les questions économiques figurent à son agenda, avec la crise industrielle (juillet 1910), l'abrogation du privilège des propriétaires (avril 1912), l'administration coopérative (novembre 1912). La thématique de l’éducation est très présente, comme en juin 1910 (la crise d’apprentissage), en mars 1913 (instruction dans une démocratie) ou en juillet la même année (l'éducation dans une démocratie, au point de vue industriel, commercial, agricole et technique) puis en février 1914 (l’éducation sociale dans la profession et les relations de l’art et de la démocratie). Les questions philosophiques font partie des échanges, avec l'idée de solidarité dans Auguste Comte (juillet 1910), la morale (mai 1912), puis le mariage (mars 1914) et la morale laïque (avril 1914).

Une partie importante des tenues est consacrée aux questions militaires comme, en mai 1911, « Le leurre de l'armée indigène » et le droit de vote des militaires de carrière ou l’affaire Marix, traitée en janvier 1913, une histoire de concussion d’un capitaine d'artillerie rapporteur du conseil de guerre.

Probablement du fait de sa composition, les thèmes politiques semblent dominants. On voit la loge inscrire à ses échanges la décentralisation administrative et politique en juin 1910, la vie municipale à l'étranger en mars 1911, les partis politiques sous la République et le fonctionnement du parlementarisme en avril 1912, le bilan des 15 années de mandat au conseil municipal de Pierre Morel en décembre 1912 ou le danger que représenterait pour la République la représentation proportionnelle en décembre 1913 et encore le collectivisme en mai 1914. Juste avant la première guerre mondiale, la loge s’interroge sur « les journaux pour tous » en juillet 1914.

La participation d’Antoine Bouise fait qu’il est mentionné à plusieurs reprises par des publications antimaçonniques, à l’image du quotidien de Drumont, La Libre Parole.

Sur le plan professionnel, il est rattaché au service de la navigation de la Seine. Il quitte Paris pour s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où la famille réside quai Moisson, sur les bords de Marne. Il est transféré au service de la navigation de la Marne en mai 1913, comme adjoint du chef de la division de Charenton-le-Pont. Il reste en poste pendant la première guerre mondiale. Il se qualifie de dessinateur lors du recensement de la population en 1921 puis devient architecte, disposant de ce titre en 1923.

En juillet 1923, Antoine Bouise est l’un des fondateurs et secrétaire adjoint du Club du chien de défense et de police de Saint-Maur. Il est présidé par René Stussi, natif de Constantinople (empire Ottoman, act. Istamboul, Turquie), résidant au Parc-Saint-Maur et également vice-président du club cycliste Joinville sportif. Des clubs comparables existent à Courbevoie, Sartrouville ou Eaubonne en région parisienne, ou en province à Lyon, Lille et Angers. Le vice-président du club est Julien Périn, adjoint au maire de Joinville, ancien militant socialiste avant-guerre.

Antoine Bouise meurt le 17 décembre 1928 à Paris (13e arr.) où il a été hospitalisé. Il était toujours domicilié à Joinville-le-Pont. Âgé de 56 ans et père de deux filles, dont une décédée en bas âge, il est inhumé à Ivry-sur-Seine et ne laisse pas d’actif successoral.

 

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 00:01

Isaac Lewinski naît le 30 octobre 1890 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils s’installeront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky. Isaac prendra « Henri » comme prénom d’usage.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Henri Lewinski est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en octobre 1911 au 3e régiment de zouaves. En octobre 1912 il devient soldat musicien. Il retourne à la vie civile en novembre 1913, mais pour peu de temps car il est rappelé en août 1914 au début de la première guerre mondiale.

Blessé à la tête par des éclats d’obus à Craonne, lors de la première bataille de l'Aisne en septembre 1914, Henri Lewinski est réformé en décembre 1915 pour « blessure de guerre, trépanation, confusion mentale, amnésie, céphalée occipitale, hallucinations ». Son statut de réformé est confirmé en mars 1916, et il obtient en mars 1917 une pension de 300 francs du fait de son état « incohérence mentale, légers tremblements ». En juin 1930, sa dispense de service sera confirmée, en lien avec ses troubles neuropathiques.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Henri est le principal collaborateur de son père. Il s’occupe notamment des installations électriques et de la gestion d’ensemble du studio. Lorsque, fin 1923, la famille comprend qu’elle n’a pas assez de moyens pour développer l’entreprise, même après avoir ouvert une antenne à Paris, c’est Henri qui va négocier la vente de l’activité à la société Pathé-Cinéma, qui en confie l’exploitation en avril 1924 à Cinéromans. Il signe le bail des studios, la famille restant propriétaire du terrain.

À la mort de leur père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Pendant la deuxième guerre mondiale, contrairement à ses frères, Henri Lewinski reste au moins un temps à Joinville, où une carte alimentaire à son nom lui est délivrée. Jules fuit d’abord à Montpellier puis à Aix-le-Bais, où il est arrêté en mai 1944, déporté et tué au camp de concentration d’Auschwitz. Léon qui l’avait accompagné en France meurt à Saint-Maur-des-Fossés en décembre 1944.

Après la deuxième guerre mondiale, Henri Lewinski vit toujours dans le pavillon familial, en compagnie de sa mère. Il prend part, en février 1947, à la constitution d’une société coopérative « ayant pour objet, par la coopération de techniciens et ouvriers, tous intéressés à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise » dans la construction, l’aménagement, la transformation, la décoration de bâtiments, les ouvrages d’art. Elle a pour gérant l’architecte Yvon Boudet.

En juillet 1954, la commune de Joinville-le-Pont s’approprie une partie des terrains Lewinski, dont il est l’héritier, pour la construction, avenue Ratel, sur environ 3 000 m² de l’école maternelle du quartier de Polangis.

Le reste des terrains est cédé en juillet 1959 à la société Franstudio.

Henri Lewinski meurt le 13 août 1976 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 85 ans et ne semble pas avoir été marié.

Atelier de mécanique des studios Pathé de Joinville (ex-Lewinski)

 

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 00:01

Gaston Henri Eugène Desouches naît le 14 novembre 1878 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Louise Bonnard et de son époux Eugène Jules Desouches, employé, qui vivent rue de Villehardouin.

Devenu menuisier, il débute son service militaire en novembre 1899 dans la 7e section de commis-ouvriers, mais est réformé en mars l’année suivante pour surdité.

S’étant établi comme entrepreneur de menuiserie, Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue Thiers, il épouse en décembre 1902 à Boulogne-sur-Mer Jeanne Ernestine Dubois, fille d’un charpentier.

La famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, d’abord dans la zone de La Péniche, où ils sont en 1911 puis avenue du Château (act. avenue Foch).

Pendant la première guerre mondiale, Gaston Desouches, qui réside désormais est mobilisé dans des services auxiliaires en mars 1915 dans la 22e section de commis-ouvriers. La même année, il est nommé caporal en juin puis sergent en novembre. Placé en sursis d’appel, il est affecté à l’entreprise de Raoul Jourdan, entrepreneur de travaux publics, située à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gambetta. Il est associé au capital de cette entreprise. En mars 1918, il est affecté à une entreprise parisienne, Chadlon (4e arr.).

L’entreprise Jourdan-Desouches a obtenu une commande importante de maisons démontables pour le compte du ministère du Blocus et des régions libérées. Elle est vendue, en septembre 1918 à l’Industrielle Foncière, dont le siège est rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Gaston Desouches rejoint la 24e section de commis-ouvriers en septembre 1918 puis est démobilisé en février 1919.

Son épouse Jeanne est, en mars 1918 une des membres du comité de la société de l’Allaitement maternel, une institution caritative de Joinville-le-Pont. Elle en devient vice-présidente et assume la responsabilité de l’association à la disparition de sa présidente d’honneur, Mme Lenormand en décembre 1921. Elle est encore engagée dans l’action sociale dans la même association comme dame enquêteuse en décembre 1923.

Gaston Desouches est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste du Bloc indépendant. Elle est conduite par Jules Beauvais, bijoutier, conseiller municipal sortant, de tendance libérale, et le docteur Georges Bitterlin, militant de l’Action française (royaliste). Elle s’oppose à une liste menée par Henry Vel-Durand, adjoint sortant, libéral dissident, qui regroupe également des radicaux-socialistes et des socialistes dissidents, ainsi qu’à une liste socialiste SFIO.

Au premier tour, la liste arrive en troisième position avec 26,2%, derrière celle de Vel-Durand à 44,8% et la gauche à 29,0%. Desouches obtient 405 voix (23,9%) pour 1 694 suffrages exprimés sur 1 715 votants et 2 491 inscrits. Le Bloc indépendant retire sa candidature avant le second tour et n’a pas d’élu.

Desouches est toujours résident à Joinville et patron d’une entreprise de menuiserie en 1921, mais il ne l’est plus en 1926. Il déplace son activité à Lyon (3e arr.) où il est actif en 1931.

Gaston Desouches meurt le 2 avril 1965 à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées). Il était âgé de 86 ans, veuf, père de deux enfants et domicilié à Lourdes, dans le même département. Il ne laisse pas de succession.

Il n’a pas de lien avec Ernest Desouches (1839-1929), industriel dans la soie à Saint-Maurice (France) et Varsovie (Pologne) puis directeur de société d’assurance, républicain et artisan du rattachement du quartier de Gravelle à Joinville-le-Pont (1876-1878).

Une villa à Polangis

 

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2 décembre 2023 6 02 /12 /décembre /2023 00:01

Jeanne Ernestine Dubois naît le 1er décembre 1880 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Elle est la fille d’Élisabeth Fourrier et de son époux, Jean François Dubois, charpentier. Ils vivent rue des Écoles.

Elle épouse, dans cette ville en décembre 1902, Henri Eugène Desouches, entrepreneur de menuiserie. Ils vivent à Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue Thiers.

La famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, d’abord dans la zone de La Péniche, où ils sont en 1911. Jeanne Desouches y exploite une blanchisserie. Ils déménagent ensuite avenue du Château (act. avenue Foch), dans le même quartier

Pendant la première guerre mondiale, Jeanne Desouches s’engage dans une association caritative au sein de la section de Joinville et Saint-Maurice de la société de l’Allaitement maternel. De nature laïque et comprenant parmi ses adhérentes beaucoup d’épouses ou filles d’élus municipaux, elle vient en aide à des femmes en difficultés.

En mars 1918, Jeanne Desouches est membre du comité de la section, présidée par Louise Lenormand. À la mort de cette dernière, en décembre 1921, elle assume la responsabilité de l’association en tant que vice-présidente. Elle continue d’y exercer la fonction d’enquêtrice en décembre 1923, Jeanne Gobert étant alors la présidente.

Avec son mari menuisier, Jeanne Desouches vit à Lyon (Rhône, 3e arr.) en 1931. Ils déménagent ensuite dans les Hautes-Pyrénées, à Lourdes. Elle y meurt à une date inconnue, son mari étant veuf lorsqu’il disparaît lui-même en avril 1965.

 

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 00:01

Ernest Desouches naît le 23 octobre 1839 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Julie Fayard et de son mari, Louis Guillaume Desouches, négociant en bois. Il voit le jour en même temps qu’un jumeau, qui porte le prénom paternel Louis Guillaume, et qui ne semble pas avoir vécu longtemps ; ils étaient les septième et huitième – et derniers – enfants du couple. Le père était lui-même fils d’un ancien garde-meuble de l’empereur et du roi ; il avait fait breveter, en 1837, des appareils mécaniques servant au débitage, poinçonnage, fendage et empilage du bois. Il décède quand Ernest a 14 ans.

Il devient également négociant et épouse en novembre 1864 à Paris (11e arr.) Jeanne Louise Marguerite Blondel, fille d’un graveur. Ils vivent rue Saint-Maur-Popincourt.

En 1871, la mairie de Paris loue à Ernest Desouches une filature de Soie, située dans le quartier de Gravelle, aux limites des communes de Saint-Maurice et Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). L’adresse est sur la première de ces villes, rue des Usines. Un élevage de vers à soie est présent sur le site. En septembre 1872 la société Ernest Desouches et Cie est constituée pour exploiter l’activité, et il en est le gérant. C’est elle qui acquiert les terrains et bâtiments, quand le conseil municipal de Paris les met en vente en juillet 1872.

En janvier 1876, Ernest Desouches est élu, sous l’étiquette républicaine, délégué du conseil municipal de Saint-Maurice pour les élections sénatoriales.

Il est probablement à l’origine d’une pétition d’habitants du quartier de Gravelle, demandant que celui-ci soit détaché de Saint Maurice et réuni à la commune de Joinville. La revendication est présentée au conseil municipal de Paris en novembre 1876 par son frère aîné Eugène Desouches, marchand de bois, conseiller municipal de Paris depuis 1871, représentant le quartier Saint-Merri. Le conseil de Paris fait également office de conseil général du département de la Seine ; il donne suite à la pétition, et une partie du quartier, avec des terrains voisins de Saint-Maur-des-Fossés, est rattaché à Joinville en 1877. L’usine aura désormais son siège dans cette ville.

Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878, Desouches et Cie obtient une médaille de bronze pour ses produits de filature et déchets de soie. Ernest Desouches est un des fondateurs de l’Association de l’industrie française, fondée en juillet cette même année.

Il s’associe, en décembre 1891, aux démarches à propos du prix des fils lancées par des industriels de Lyon, du Nord, de Troyes et des Vosges, grandes régions textiles.

Selon des sources familiales, Ernest Desouches fait l’acquisition, en 1894 d'une filature de soie à Sielce, aujourd’hui quartier de l'arrondissement de Mokotów à Varsovie (Russie, act. Pologne). Sa troisième fille, Suzanne, épouse le capitaine de cavalerie Victor Juchnowsky, qui exerce alors la fonction de commissaire de police de Varsovie.

La famille Desouches revient en France au début du 20e siècle, mais Suzanne reste sur place et son mari meurt à Moscou, peu après le renversement du gouvernement impérial en mars 1917. Elle sera rapatriée par la Croix-Rouge en 1921, avec ses deux plus jeunes enfants, tandis que les aînées reviendront par leurs propres moyens, toujours selon les archives familiales.

Ernest Desouches est en 1921 directeur de l’Assurance du Travail et vie dans la quartier Necker de Paris (15e), rue Edmond-Guillout. Devenu veuf en juillet 1923, il vit avec sa benjamine Denise ainsi que la cadette Suzanne et les quatre filles de cette dernière, rapatriées après la révolution bolchévique.

Ernest Desouches meurt le 24 janvier 1929 à Paris (15e arr.), à son domicile. Il était âgé de 89 ans et père de cinq enfants. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

Il n’a pas de lien avec Gaston Desouches (1878-1965), entrepreneur de menuiserie et candidat conservateur à Joinville-le-Pont.

Eugène Desouches, conseiller municipal de Paris (1871-1878), frère d’Ernest Desouches

 

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14 novembre 2023 2 14 /11 /novembre /2023 00:01

Léon Lewinski naît le 15 août 1892 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils vivront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Léon est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en décembre 1913 au 130e régiment d'infanterie. Il est donc sous les drapeaux au début de la guerre début août 1914. Mais il est rapidement fait prisonnier, le 22 août, et emprisonné en Thuringe. Il séjourne d’abord dans village d’Ohrdruf puis dans le vaste camp de prisonniers de Langensalza, érigé à proximité, qui va accueillir 28 000 prisonniers, principalement français et russes. Les conditions de vie dans le camp sont difficiles, deux épidémies de typhus provoquant un millier de décès en 1915. Léon Lewinski sera lui-même malade et transféré, sous les auspices de la Croix-Rouge, en Suisse où il est hospitalisé en juillet 1918. Il est rapatrié peu après l’armistice, le 20 novembre 1918. En février 1919, il sera reconnu comme souffrant de bronchite chronique et de bégaiement et affecté dans la réserve à des services auxiliaires non armés ; il sera réformé en avril 1933, du fait d’une instabilité cardiaque et d’une forme légère de tuberculose, qui le classent avec un taux d’infirmité de 10%.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Léon est toujours fourreur, mais il assiste le reste la famille dans la gestion du studio. Son atelier, qu’il partage avec Jules, est situé à l’ancienne adresse familiale du boulevard Beaumarchais. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, en application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Léon et Jules fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains, où ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré en mai 1944 au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) d’où il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne).

Bien qu’il ait survécu à l’occupation allemande, Léon Lewinski meurt le 2 novembre 1944 à Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville-le-Pont où il était revenu depuis Aix-les-Bains. Il était âgé de 52 ans et n’était pas marié.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1929. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 22:13

Jules Lewinski naît le 13 janvier 1897 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg ancienne couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent boulevard Beaumarchais, dans le quartier Saint-Ambroise, qui abrite une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Jules est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en janvier 1918, avec sa classe, alors qu’il était à ce moment employé de banque. Il sert d’abord dans le 104e régiment d'infanterie, puis dans le 101e.

Son comportement lui avait valu une citation à l’ordre du régiment, qui lui sera notifiée trois jours avant l’armistice : « Très bon soldat, courageux, s’est particulièrement distingué au cours de combats du 5 au 13 octobre 1918, se dépensant sans compter pour assurer la liaison avec les éléments voisins sous de violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses. »

Il est démobilisé en mai 1919 alors qu’il sert dans le 16e régiment d'infanterie. Les autorités militaires vont décider cependant que c’était à tort qu’il avait été rendu à la vie civile, et il est rappelé en janvier 1920 pour poursuivre pendant un an son service au sein du 46e régiment d'infanterie.

Après son retour à la vie civile, Jules devient fourreur, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne ; il travaille dans l’atelier de son frère Henri, à l’adresse familiale du boulevard Beaumarchais.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Jules assiste la famille dans la gestion du studio, dont s’occupe principalement son frère aîné Isaac, dit Henri. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage. Jules se présente comme négociant depuis 1931.

Jules Lewinski épouse au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) en décembre 1931, Cécile Suzanne Kahn, fille d’un casquettier et d’une marchande. Ils vivent dans cette ville rue Jules-Lecesne puis cours de la République. Leur mariage sera rapidement dissous par divorce, lors d’un jugement de décembre 1933 du tribunal civil de la Seine, à Paris. Jules revient alors s’installer dans la demeure familiale de Joinville.

À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Lors de la deuxième guerre mondiale, Jules Lewinski est mobilisé au sein du 220e régiment d’artillerie. Il est fait prisonnier et interné en Allemagne au Stalag III-A de Luckenwalde, dans le Brandebourg, où il est répertorié en décembre 1940. Le camp regroupait des militaires de dix pays différents. 5 000 d’entre eux, surtout des Soviétiques, y périrent à cause du froid et des privations. Il rentrera en France à une date non connue.

En application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Jules et Léon fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains et ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il arrive le 23 mai 1944. Il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) par le convoi n° 75 qui quitte Drancy le 30 mai 1944. Il meurt à son arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) le 4 juin 1944.

En mars 2008, un arrêté du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants décide l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès. Le nom de Jules Lewinski figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 25, colonne n° 9, rangée n° 1).

Depuis novembre 1918, Jules Lewinski était décoré de la Croix de guerre. Il ne semble pas avoir eu d’enfant.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1925. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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