Suite de la biographie de Henry Coëylas
La toile donnée par Henry Coëylas au Salon de Paris de mai 1890 L’Atelier de maroquiniers de la rue Croulebarbe, est considéré dans La Nation par Alexandre Duchemin comme la meilleure composition de la salle : « Jamais l’artiste n’a été mieux inspiré et jamais il n’a traité un sujet avec autant de maestria et de sûreté ». Selon Olivier Merson (1822-1902) peintre et critique d'art, qui écrit dans Le Monde illustré, « Son tableau est tout bonnement très vrai. Une odeur sui generis vous prend au nez quand on le regarde ; vous sentez que vous êtes bien avec des gens qui lavent, brossent et ratissent des peaux ». L’œuvre est achetée par la Ville de Paris.
Continuant dans la représentation du travail, Coëylas expédie au Salon des Champs-Élysées en mars 1891 Les Trieuses de la cartonnerie Lourdelet à Aubervilliers, que le quotidien Le Public assure être « Un très beau tableau plein de vie et de vérité. »
En janvier 1892, Coëylas participe au concours pour la décoration de la salle à manger de l’Hôtel de Ville, avec un grand plafond qui représente la synthèse des Halles.
S’intéressant à l’histoire, Coëylas remet au Salon des Champs Élysées d’avril 1894 Marie-Stuart et François II qui est décrit ainsi dans Le Public : « La gracieuse et malheureuse reine était à l’époque choisie par le peintre dans tout l’éclat de sa beauté (1550). Son pauvre petit mari de seize ans, le roi François II, tout malingre, s’appuie contre elle d’un mouvement câlin et la contemple avec adoration. »
Une immense toile, représentant Une Séance du Conseil municipal de Paris, est réalisée en 1897. Il fait figurer les 80 conseillers, deux préfets et une soixantaine de personnes de l’administration ou de journalistes. Son travail est jugé assez sévèrement dans la presse parisienne. Pour L’Éclair, M. Coeylas « a fait un gros effort, mais un effort devant lequel les passions désarmeront ». L’avocat Léon Roger-Milès (1859-1928), signataire de l’article, estime que « cela manque de gaîté : je sais bien que beaucoup de têtes d’élus manquent de caractère ; c’est là une qualité que ne peut pas donner le suffrage universel ». Assurant que la toile est « d’un intérêt relatif », il conclut, en historien, en pensant à ce que pourront dire les futurs spectateurs : « Était-ce donc possible que ces gens-là fussent quelque chose, puisque leur souvenir n'est plus rien aujourd’hui ! »
Dans L’Événement, le romancier Léo Claretie (1862-1924) est encore plus sévère : « M. Coeylas a condamné une grande toile qui ne lui avait rien fait à supporter les figures de tous les conseillers municipaux en séance pour la discussion du budget de 1897. Voilà-t-il pas un événement à fixer sur le lin ? L’effet est piètre. C'est tout noir, vert et rouge, noir pour les redingotes, vert pour les banquettes, et rouge par les murs. »
Une des toiles les plus reproduites de Cœylas est celle qu’il montra au Salon de 1903, Au Muséum, Laboratoire de Taxidermie, Reconstitution du Dronte. Le dronte, ou dodo de l’île Maurice, est un animal disparu, dont la reproduction par le taxidermiste parisien est devenue célèbre.
On retrouve des travaux de Coeylas lors des expositions de la Société des artistes français, dont il était membre : en avril 1904, Le Gave, puis en 1906, Le Coin d'église. Il cesse de figurer sur les annuaires avec mention de son activité de peintre en 1913. Il réside alors rue de Navarre, dans le 5e arrondissement.
Pendant la première guerre mondiale, en juin 1916, Henry Coeylas répond à une enquête, lancée par la revue Les Annales politiques et littéraires sur le mot « poilu » et son remplacement éventuel par un autre mot exprimant la même idée. Il propose le mot diamant : « C'est peut-être moins sonore, mais plus riche de vérité. Diamant en grec, signifie indomptable : l'héroïsme de nos défenseurs n'est-il pas aussi pur, aussi brillant, aussi limpide, aussi résistant que le diamant ? (…) Les trois règnes de la nature auraient ainsi trois vocables dans l'armée, les représentant : Le règne animal : Marsouin, le règne végétal : Bleuet, le règne minéral : Diamant. »
Après-guerre, Henry et Jeanne Coëylas s’installent à Draveil (Seine-et-Oise, act. Essonne), à proximité de leur fils cadet.
L’aîné, Auguste, né en novembre 1875, docteur en médecine et dentiste, meurt pendant la première guerre mondiale en novembre 1914, mais sans doute pas du fait du conflit car il n’était pas mobilisé.
Le second, René, né en juin 1879 fut également artiste, en tant que dessinateur et sculpteur. Il devint fonctionnaire, notamment au ministère des finances et dans des instances publiques et ministérielles. Il fut un militant socialiste très actif au sein de la SFIO à Paris, en Seine-et-Oise (et notamment à Draveil) ainsi que dans le Var. Résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, René Coëylas fit fonction de maire de Saint-Raphaël à la Libération (1944-1945) puis fut conseiller municipal de cette ville (1947-1959) où il mourut en août 1961.
Henry Coëylas meurt le 12 avril 1923 à Draveil, à son domicile du boulevard Beauséjour, à l’âge de 78 ans. Il est incinéré le 16 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (20e arr.) et inhumé dans la tombe familiale, dans la 60e division. Il était décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie depuis janvier 1904.
En 2024, le Musée de Bruges (Belgique) présente une œuvre de Henry Coeylas dans le cadre de son exposition Rebel Garden. Son travail est également rappelé en, mars 2024, lors d’une nouvelle présentation du dodo de l’île Maurice au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
Fin
Henry Coëylas, L’Atelier de taxidermie
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