Victor Rogeaux naît le 22 juin 1862 à, Allennes-les-Marais (Nord), dans la Flandre française. Il est le fils de Marie Françoise Cabre, épicière et de son mari Auguste Rogeaux, cultivateur.
Victor est le plus jeune des huit enfants du couple. Comme au moins trois de ses six frères et son unique sœur, il est instituteur (deux autres garçons sont cultivateurs). Passé par l’école normale de Douai, il signe en 1882 un engagement de dix ans dans l’enseignement public, ce qui le dispense d’effectuer son service militaire.
Il épouse, en septembre 1890 à Lille Berthe Marie Delpierre, pl. du Théâtre, parents Lille. Contrat de mariage Me Desrousseaux, Lille. Témoins Charles Rogeaux, 45 ans, instituteur, Roubaix, frère, Émile Rogeaux, 37 ans, chef de bureau à la préfecture, frère, Félias Mazenghien, 54 ans, menuisier, Lille, oncle épouse, Gustave Vantieghem, 57 ans, tapissier, Lille, oncle épouse.
À l’issue de son contrat, il va à Paris où il est, à l’instar de son sixième frère, employé de préfecture en 1893, en tant que secrétaire suppléant dans les commissariats de police. Il est promu secrétaire, c’est-à-dire adjoint du commissaire, en juin 1894, affecté d’abord à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis), puis le mois suivant à Levallois (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il revient à Paris, affecté en avril 1896 au quartier de la Maison-Blanche (13e arr.).
Promu en septembre 1898 inspecteur principal des gardiens de la paix, il poursuit sa carrière en tant officier de paix dans le 20e arrondissement en avril 1899.
Le premier poste de commissaire de police des communes de la Seine de Victor Rogeaux est, en septembre la même année celui de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il doit y organiser en avril 1901 ce que Le Petit Journal appelle « Une chasse aux ours ». Deux plantigrades blancs s’étaient échappés de cages mal fermées, stationnés sur l'île Robinson, sur la Seine, dépendant de la commune de Clichy, et semblaient se diriger vers le fleuve. Le commissaire et ses six agents ne réussissaient pas à les en empêcher et les tirs qu’ils faisaient pour les effrayer semblaient les pousser à faire face. Alors que Rogeaux se décidait à les abattre, la propriétaire arriva et réussit à les ramener vers leurs enclos. Un agent fut, cependant, blessé, sans gravité, d’un coup de griffe.
Un escroc, qui se baptisait lui-même Le Messie est arrêté par Rogeaux en août 1901, après avoir escroqué de nombreuses victimes en prétendant être capable de pratiquer la magie noire.
Ce n’est pas un animal, mais un humain, qualifié de « fou furieux » par le quotidien La Politique coloniale, qui s’en prit, en juillet 1902, au commissaire Rogeaux. Il lui brisa deux doigts, armé d’un grand banc en bois et le frappa au bas-ventre. Il fallut six agents pour maîtriser le forcené.
Quittant le nord-ouest pour le sud-est du département, Rogeaux prend en janvier 1904 la suite de Napoléon Pacifique Orsatti en tant que commissaire de police à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Une trentaine de personnes étaient rattachées au commissariat, qui comprenait des communes plus importantes que la ville siège, comme Saint-Maur, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Bry-sur-Marne.
Le mois suivant son arrivée, la grève des tramways est endeuillée par la mort d’un jeune garçon, écrasé par un non-gréviste, à La Varenne (Saint-Maur). Cinq cents personnes forment le convoi funéraire, parmi lesquelles se trouvent 360 grévistes en costume de travail, dont les membres du Comité syndical. Craignant des incidents, Rogeaux avait pris des mesures d'ordre très importantes. Mais la manifestation se déroula sans incident jusqu’au cimetière où Bounet, adjoint au maire de Saint-Maur et membre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire prononça quelques paroles.
Devant de nouveau s’occuper d’animaux, M. Rogeaux récupéra en novembre 1904 un troupeau de mouton errant dans Joinville tandis que le berger, ivre, ne s’intéressait qu’à une pendule qu’il venait de dérober à un restaurateur.
La principale usine métallurgique de la région constatait la disparition de grandes quantités de matières premières. Deux inspecteurs de la Sûreté se firent embaucher pour quinze jours, déguisés en ouvriers et purent indiquer les voleurs au commissaire Rogeaux, qui arrêta huit personnes.
Promu au titre de commissaire de police de la Ville de Paris, Rogeaux prend en décembre la responsabilité du quartier des Enfants-Rouges (10e arr.). Il est remplacé à Joinville par Louis Defert.
Le commissaire est associé à une opération qui vise le syndicaliste Émile Pouget et son journal la Voix du Peuple en février 1906. Rogeaux se charge de visiter l’ancien siège de l'Association internationale antimilitariste, dont le militant anarchiste était proche.
Atteint d’une maladie de foie, Rogeaux quitte son service en juin 1907 et va suivre un traitement dans une propriété qu’il a à Madeleine-lez-Lille (Nord). Il y meurt le 27 août 1907, à l’âge de 45 ans. Le quotidien Le Journal vante « ses hautes qualités d’intégrité et de cordiale bienveillance. »
Le gourou-escroc de Clichy, arrêté par le commissaire Rogeaux
/image%2F1166198%2F20230528%2Fob_be085f_gourou-escroc-de-clichy.png)
commenter cet article …