Début de la biographie de Joseph Routier
Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont naît le 4 mars 1825 à Tailly (Somme). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son époux Alexandre Annibal Routier de Bullemont. La famille de son père est d’une petite noblesse de Picardie, lui-même étant propriétaire terrien.
La famille sera fort nombreuse, puisqu’elle a compté au moins 15 enfants nés vivants. Ils déménagent fréquemment, d’abord dans la Somme, puis à Paris en 1830 et en Belgique à partir de 1834, dans différentes provinces : d’abord celle de Liège, à Fallais, dans la commune de Braives puis en Flandre, à Anvers en 1840. Les parents s’installeront ensuite dans le Luxembourg belge, où ils procèderont à différents essais agricoles, avant de revenir s’installer en France, dans la Meuse, après la fin de la guerre franco-prussienne.
Pour sa part, Joseph Routier de Bullemont est employé, en 1846, au sein des cristalleries du Val-Saint-Lambert, installées près de Liège, sur le site de l’ancienne abbaye de Seraing.
Il quitte la Belgique pour s’installer, début 1848, à Paris. Il s’inscrit probablement à l’université et prend part à la révolution de 1848, qui renverse, en février, le régime du roi Louis-Philippe.
Son frère aîné, Lucien Routier de Bullemont (1822-1904), employé à la préfecture de police de Paris, est adhérent depuis février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Il en devient un des orateurs. Cependant, en février 1850, il collabore avec le nouveau préfet de police, Auguste Carlier, pour lequel il rédige une circulaire aux commissaires de police titrée « Le socialisme, c'est la barbarie ».
Pour sa part, Joseph Timoléon Routier de Bullemont assurera être resté fidèle à ses convictions républicaines. Lors de la deuxième phase de la révolution, en juin 1848, il est membre de la Garde mobile, et domicilié dans la caserne de la Grande-Rue-Verte (Paris 8, act. rue de Penthièvre). La classe ouvrière parisienne s’est soulevée contre la suppression des mesures sociales prises par le gouvernement provisoire, et une partie des gardes territoriaux s’est solidarisée avec les insurgés. Il est inculpé pour sa participation à l’insurrection de Juin 1848. Le 30 juillet, la 3e Commission, qui siège en tant que conseil de guerre, décide de le remettre en liberté.
Selon les archives militaires françaises, il est recensé en 1849 pour le service militaire, ayant été omis sur le tableau de recensement de sa classe, en 1845.
Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Borel d’Hauterive auprès du président de la République, le prince Napoléon. Celle-ci, née Jadin, musicienne, est issue d’une famille d’artistes proches des familles royales depuis plus d’un siècle. Elle est la sœur de Charlotte Louise Jadin, mariée depuis août 1848 à Lucien Routier de Bullemont, frère de Joseph Timoléon. Son mari est un avocat, également historien et éditeur de l’Annuaire de la noblesse.
En attendant son départ pour l’Amérique, Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Peut-être est-elle liée à Élysée, vicomte de Suleau (1793-1871), conseiller d’État, préfet, directeur de l’administration des domaines et administrateur de sociétés, sénateur sous le second empire. Cependant, c’est avec Léonide que Joseph Timoléon embarque au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) le 8 novembre 1852. Ils voyagent jusqu’à San Francisco, via le Cap Horn, un itinéraire de plus de six mois.
Selon le témoignage de Léonide en 1898, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte, les aurait mariés juste après leur arrivée le 31 mai 1853. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon, Claire Augustine, meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.
À suivre
Joseph Routier
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