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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 00:01

Clémentine Thérèse Marie Francey naît le14 novembre 1891 à Cousset (canton de Fribourg, Suisse). Elle est la fille de Séraphine Madeleine Grémaud et de son mari Jacques Alexandre Francey ; elle utilise habituellement le prénom de Thérèse.

Elle est le septième enfant du couple ; sa mère, qui en aura eu probablement trois de plus, décède en septembre 1915, toujours à Cousset, actuellement localité de la commune de Montagny, dans le district de la Broye. Son père, qui avait été agent de la banque d’État de Fribourg puis professeur, est député au Grand conseil fribourgeois entre 1887 et 1917. Il sera ensuite préfet de la Broye 1917 à 1923.

Thérèse Francey suit des études à Fribourg. C’est dans la faculté des lettres de l’université de cette ville qu’elle rencontre Raymond Burgard, originaire de Troyes et d’une famille alsacienne, qui avait été prisonnier civil en Allemagne pendant la première guerre mondiale. Il y obtient une licence qui lui permet d’enseigner en France à partir de 1919. Thérèse Francey réside à Estavayer-le-Lac (act. Estavayer, Fribourg), où elle épouse Raymond Burgard en juin 1920 et où naît sa fille Georgette un an plus tard. Elle obtient son doctorat ès-lettres à Fribourg en 1921 en soutenant une thèse sur Les idées littéraires de Saint-Augustin dans le De doctrina christiana.

Thérèse Francey-Burgard (arch. fam.)

Thérèse Burgard rejoint son époux à Sarreguemines (Moselle), où ils vivent rue de Nomeny ; son fils Marc Édouard y naît. 1921. Les éditions Hofer, de Sarrebruck, publient des extraits de sa thèse en 1923.

Germanophone comme son mari, Thérèse Burgard traduit, avec lui, Afrikanische Plastik, livre paru en 1921 à Berlin, de l’historien de l'art Carl Einstein (1885-1940), né dans une famille juive et qui sera militant anarchiste, engagé dans les brigades internationales pendant la guerre d’Espagne. Leur ouvrage paraît en 1922 aux éditions Georges Crès à Paris, sous le titre La sculpture africaine.

Raymond Burgard est affecté comme professeur au lycée Victor-Schœlcher de Fort-de-France, en Martinique, à ce moment colonie française. Il s’y rend, accompagné de Thérèse et de ses deux enfants, sur le paquebot Pérou, au départ de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) 1er octobre. Ils restent trois ans dans l’île et leur dernier fils, Jean Jacques, y naît en juin 1926.

Après que Raymond Burgard ait été reçu, en août 1928, au concours de l’agrégation en grammaire, il est nommé au lycée Carnot, à Tunis, alors sous protectorat français. Ils y résident quatre ans, Raymond s’implique, comme en Martinique, dans la vie littéraire locale, et il en est de même, semble-t-il, de Thérèse.

Raymond Burgard obtient un poste au lycée Buffon, à Paris, et la famille rentre en métropole à l’été 1932. Elle s’installe rue Pérignon (7e arr.).

Ayant poursuivi une activité historique, Thérèse traduit de l’allemand un livre de l’historien suisse Gustav Schnürer, Kirche und Kultur im Mittelalter. Elle le fait avec Gaston Castella, professeur à l'université de Fribourg et président de la société d'histoire du canton. Conformément à l’usage suisse, elle signe Thérèse Francey-Burgard le livre paru à Paris chez Payot en 1933 sous le titre L'église et la civilisation au moyen âge.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, la famille Burgard va s’engager dans la résistance à l’occupation allemande. Raymond le fait dès l’été 1940 ; il fonde, le 21 septembre, le réseau Valmy, qui édite le journal clandestin éponyme. S’appuyant sur les militants du mouvement catholique La Jeune République du 15e arrondissement, il a un fort écho parmi les lycéens de Buffon (dont font partie ses deux fils) qui manifestent, à son instigation, le 11 novembre 1940. Il collabore à une autre publication clandestine, La France continue, éditée par le diplomate Paul Petit, et est lié au réseau du Musée de l’Homme, fer de lance de la lutte intellectuelle à Paris.

Outre Raymond Burgard, leur fille Georgette et l’aîné des garçons, Marc Édouard, seront tous deux reconnus comme membres des Forces françaises combattantes après le conflit. L’appartement familial sert, à plusieurs occasions, de lieu pour des réunions secrètes. Arrêté le 2 avril 1942, transféré à la forteresse de Sarrebruck, il est condamné à mort par un tribunal allemand puis décapité à Cologne le 15 juin 1944. Le 16 avril 1942, une manifestation de protestation contre son arrestation par des lycéens de Buffon avait conduit à ce que cinq d’entre eux soient fusillés.

Selon des sources généalogiques reprises dans la biographie de son mari publiée sur Wikipédia, Thérèse Burgard aurait posé « pour La femme assise de René Iché représentant l'intense désespoir d'une jeune femme, la tête penchée et le visage enfoui dans sa paume droite ». Le sculpteur est lié aux réseaux du Musée de l’Homme et Valmy.

Thérèse Burgard meurt le 21 février 1948 à Paris (15e arr.) à l’hôpital Necker. Elle était toujours domiciliée dans l’appartement familial de la rue Pérignon. Elle est inhumée le 25 au cimetière parisien du Père-Lachaise. Son mari y sera transféré en septembre 1953.

Sa fille Georgette, épouse Epiney, fut comme elle docteure ès-lettres ; elle s’est, à l’image de son père engagée dans la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. C’est le cas aussi de son fils Marc Édouard, fonctionnaire en France et en Tunisie, administrateur de sociétés en Europe et au Brésil, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, décoré de la Croix de guerre, chevalier de la Légion d’honneur. son troisième enfant, Jean Jacques, fut inspecteur général des Finances, administrateur d’organismes publics ou financiers (Société nationale des chemins de fer français, Commission des opérations de bourse, Association française des banques), professeur également à l'Institut d'études politiques de Paris, écrivain, président du Secours catholique (1997-1998), responsables d’organismes humanitaires et d’organisations professionnelles, officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.

Sculpture de René Iché

 

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