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15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 00:01

Marguerite Kundmann naît le 23 novembre 1914 à Paris (12e arr.). Elle est la fille de Bension Kundmann et de Chaïna Peila Frankenstein. L’orthographe des noms et prénoms des parents est variable ; on trouve notamment Koutmann et Frankestein pour les patronymes et Benzion ou Chaïna Pula pour les prénoms. Ils font également usage des formes francisées de Benjamin et Pauline.

Bension Kundmann est casquettier, originaire de Berëzovo, dans l’oblast de Tcheliabinsk, en Russie, au sud du massif de l’Oural et en limite de la Sibérie. De confession juive et disposant alors de la nationalité russe, il a pu divorcer d’un premier mariage conclu en France en décembre 1904 sur décision de l’autorité rabbinique de Paris. Il n’est pas remarié, du point de vue de l’état-civil français, à la naissance de Marguerite mais épousera sa mère en juillet 1930 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), ce qui légitimera son origine. Toute la famille (dont Marguerite) obtient, en mars 1927 par décret la nationalité française. 1935

En mai à Paris (17e arr.), Marguerite Kundmann, qui travaille comme sténodactylographe, donne naissance à Hélène Deloche, fille reconnue par Robert Deloche. Ils sont installés ensemble, avec leur fille, en 1936 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, dans le quartier du Centre.

Il est probable qu’il faille l’identifier avec Koudmann qui fait partie d’une liste de 24 collaborateurs du comité central du parti communiste français, qui participent à une souscription « Pour chasser Laval, les fascistes et les renégats » publiée en août 1935 dans le quotidien communiste L’Humanité. Parmi les autres personnes mentionnées figure Deloche.

À partir de juin 1937, Marguerite Kundmann, qui prend désormais le nom de Marguerite Deloche, devient une oratrice fréquemment mobilisée, en tant que représentante du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Fondé à Paris en 1934 lors du Congrès mondial des femmes, présidé par Gabrielle Duchêne. Sa section française compte alors 200 000 adhérentes. Le Comité se situe dans la continuité du Mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel et fait campagne en faveur du Front Populaire en France ainsi que pour les républicains espagnols.

Élu conseiller municipal communiste de Joinville-le-Pont en mai 1935, Robert Deloche devient le représentant du PCF auprès des mouvements communistes en Afrique du Nord ; il est également candidat, sans succès, aux élections législatives de 1936. Un hebdomadaire local très anticommuniste, l’Union régionale, mentionne en octobre 1937 qu’il a « déménagé, laissant femme et enfant seuls » et que ces dernière « vont aller habiter à Montreuil », où résident les parents de Marguerite.

On retrouve Marguerite Deloche à Mâcon (Saône-et-Loire) en juin 1937 puis à Bourges (Allier) en décembre la même année. Dans cette dernière ville, elle intervient au sein de l’hôtel des Syndicats pour dénoncer « le grand malheur de l’Espagne, conséquence de la préméditation fasciste ». Elle relie la situation à « une série d’attentats et d'assassinats » qui a précédé « aussi bien en Italie et en Allemagne qu’en Espagne, la révolution fasciste » et appelle à « la vigilance républicaine. »

En janvier 1938, Marguerite Deloche participe à un « grand meeting avec les orateurs de Front populaire » à Franconville (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Cette année-là, elle prend en décembre la parole dans une assemblée organisée par le Secours populaire à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine) où elle demande « la libération des papas pour les rendre à leurs enfants à l'occasion des fêtes de Noël. »

L’année suivante, elle participe à plusieurs manifestations du mouvement Paix et Liberté en janvier à Sevran (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) et Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), dans cette dernière ville avec Charles Tillon, député et futur ministre. Elle contribue à des meetings du pour l'aide à l’Espagne républicaine en février à Paris (10e arr.) et en mars à Vendôme (Loir-et-Cher).

Le Comité mondial des femmes se dissout après le déclenchement de la deuxième guerre mondiale en octobre 1939. Le mois suivant, Marguerite et Robert Deloche se marient à Pontault-Combault (Seine-et-Marne).

Sur son attitude pendant le conflit, on dispose du témoignage de sa fille Hélène, devenue Mme Robineau et celui de Christiane Dormois, vice-présidente nationale Fédération nationale autonome des pupilles de la nation et des orphelins de guerre (FNAPOG). Du fait que Robert Deloche a été Interné pour faits de Résistance au camp de Châteaubriant, puis s’en est évadé et parce qu’elle est d’ascendance juive par sa mère, Hélène doit vivre « cachée avec sa grand-mère dans la mansarde d’un cabaretier, place de Verdun à Joinville-le-Pont. »

Christiane Dormois décrit Marguerite Deloche comme une « grande résistante parisienne », devenue agente de liaison des Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement de résistance proche du parti communiste.

À la Libération, d’après le récit d’Hélène Robineau, Marguerite Deloche et elle-même accueille avec sa mère les survivants de la Shoah à l’hôtel Lutétia à Paris en 1945. Elles rencontrent l’écrivain Louis Aragon dont Marguerite Deloche devient la secrétaire. Renate Lance–Otterbein, docteur en littérature, indique que c’est Marguerite Deloche qui a tapé Les Communistes, roman d’Aragon paru en 1949.

Elle publie, dans la revue Femmes françaises, proche des communistes, en juillet 1946, une nouvelle sur l’expérience de la déportation.

En tant que responsable de l’association des Amies de La Paix, Marguerite Deloche est une des organisatrices de la journée du souvenir et de la paix organisée le 11 novembre 1947 conjointement avec l’Amicale des Veuves Orphelins, Ascendants, Victimes de deux guerres, l’Association des familles des fusillés massacrés de la Résistance, le CRL, l’ARAC, les Anciens FTP-FFI, Comité Parisien de la FNDIRP, Association départementale des déportés du Travail, Association départementale des anciens prisonniers de guerre.

À Joinville-le-Pont, Robert Deloche, qui a libéré la mairie le 25 août 1944 à la tête d’un groupe de FTP, est devenue président du comité local de Libération et désigné comme faisant fonction de maire, avant d’être élu dans ce poste en 1945 puis réélu en 1947, devenant également conseiller général de la Seine la même année. Il démissionne de ce mandat en janvier 1953, est exclu du parti communiste qui met en cause « les écarts de sa vie privée », puis renonce en mars à son poste de maire ; il est remplacé par Amélie Trayaud, deux mois avant l’échéance électorale.

C’est ce même mois de mars 1953 que le divorce de Marguerite et Robert Deloche est prononcé par le tribunal civil de la Seine.

Marguerite, qui reprend son nom de Kundmann, exploite la librairie Ars Una, située boulevard Malesherbes à Paris (17e arr.) jusqu’en 1967. Elle participe à une souscription publiée en mars 1998 par L’Humanité, qui indique qu’elle réside à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Marguerite Kundmann meurt le 10 janvier 1999 à Paris (8e arr.). Elle était âgée de 84 ans et mère d’une fille.

Portrait présumé de Marguerite Kundmann-Deloche (arch. fam.)

 

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