Suite de la biographie de Georges Émile Briolay
Âgé de plus de cinquante ans, Georges Briolay n’est pas mobilisé pendant la première guerre mondiale. Il poursuit son activité professionnelle et son engagement associatif à Joinville-le-Pont. Il préside toujours le comité radical-socialiste communal et la section locale de la Ligue des droits de l’Homme ; il est aussi un des animateurs locaux de la section des Vétérans et des Anciens combattants de 1870-1871, organisation de secours qui va s’ouvrir aux victime de la Grande-Guerre.
Dans l’hebdomadaire radical Voix des communes Briolay polémique aussi avec la municipalité. Par exemple, en février 1916 il dénonce l’acceptation par la majorité, contre l’avis des conseillers socialistes, de la hausse des prix du gaz écrivant : « Chacun des 8 gaziers nous coûte 1 500 fr. par an. »
S’inquiétant de la cherté des combustibles pour les familles et de l’inaction, dans ce domaine, selon eux, du conseil municipal, Rey et Briolay organisent à partir de juin 1916 l’achat collectif d’une cargaison de 330 tonnes de charbon à Rouen. En juillet, ils rassemblent une centaine de souscripteurs. Les livraisons aux consommateurs s’étalent entre octobre et décembre. Les bénéfices tirés de la vente sont distribués au profit des familles de prisonniers.
Le décès de Rey, en août 1918, laisse Briolay seul responsable actif au sein du comité radical-socialiste. En septembre 1919, il est désigné vice-président de la Fédération radicale-socialiste du canton de Saint-Maur. Dans doute parce que les militants radicaux sont alors moins nombreux, mais aussi dans le contexte d’Union nationale qui fait suite la fin de la guerre, Briolay rejoint, avec quelques radicaux et socialistes devenus indépendants, la liste d’union républicaine et sociale conduite par Henri Vel-Durand, Mermet, le maire sortant, n’ayant pas demandé le renouvellement de son mandat et devant d’ailleurs décéder le jour même du scrutin. Le vote a lieu en novembre 1919.
Les anciens associés des radicaux dissidents lors du second tour des élections municipales 1912, les socialistes SFIO et les libéraux, présentent cette fois des listes concurrentes. Au premier tour, la liste Vel-Durand est en tête avec 44,8% des suffrages exprimés, devant la SFIO à 29,0% et le Bloc indépendant (droite), 26,2%. Ce dernier se retire alors, permettant à Vel-Durand de remporter les 23 sièges à pourvoir avec 65,5%. Briolay retrouve le conseil municipal ; il est arrivé en dernière position des élus avec 935 voix pour 1 518 suffrages exprimés (61,5%) sur 1 537 votants et 2 491 inscrits. Vel-Durand est élu maire, Julien Périn (ex-SFIO) et Arnaud (radical dissident) sont adjoints.
En décembre 1919, Briolay perd son épouse, peut-être victime de la grippe espagnole, alors virulente. Un an plus tard, il épouse à Paris (10e arr.) Pauline Honorine Louise Marvy, elle aussi veuve et native d’Hammersmith, quartier alors industriel de Londres (Royaume-Uni).
En mars 1923, Briolay participe à la fondation de la section de Joinville de la Ligue de la République. Elle a pour objectif de grouper « tous les partis de gauche pour faire échec à la réaction ». Plusieurs conseillers municipaux l’accompagnent : Aubry, Augros, Girot, Graillat, Roux et René Caperon, qui en est le président. En décembre la même année, la Ligue lance un appel : « Devant des adversaires unis, l’union des gauches s’impose ». Briolay décide également de reconstituer le comité du parti radical-socialiste. En janvier 1924, Caperon cède la place à Moutardier.
La Ligue se transforme, en mars 1924 en Cartel des gauches qui s’adresse « Aux démocrates joinvillais » : « Il faut une coalition pour combattre efficacement le Bloc national » ; Briolay en est le président. La section de Joinville de l’Union Socialiste-Communiste (USC) ainsi que le parti socialiste SFIO rejoignent le cartel de même que le comité radical-socialiste.
La Fédération radicale-socialiste de la Seine dénonce, en mars 1924, la création par la député Adolphe Chéron d’un groupe radical dissident.
En ce qui concerne le fonctionnement du conseil municipal, Briolay fait part en novembre 1924 de son mécontentement : « Quelle administration, quelle pétaudière ! Plainte d’un industriel, adjudicataire d’un marché, alors que la commune se fournit chez un autre. Quand je disais que nous étions, nous, les conseillers, le consultatif et non l’exécutif, j’allais certainement un peu vite, car je m’aperçois que nous ne sommes même pas consultés. Ah oui, ça ne se passait pas comme celà dans les anciens conseils ! »
La tension monte et, en décembre 1924, l’hebdomadaire Voix des communes publie un message de Briolay : « Confidences la semaine précédente du maire mettant en cause Briolay dans le train de 1h39 revenant à Joinville. Les voyageurs disent du mal du maire hors de sa présence dans le train qui va à Paris de 11h32. Depuis 5 ans que dure notre mandat, je crois lui avoir apporté mon concours le plus loyal et aurais désiré le terminer de la même façon. Pour les prochaines élections, si je suis candidat, ce ne sera pas sur la même liste que lui et il le sait. Terminons notre tâche et après nous verrons. »
Lors de la désignation en mars 1925 des électeurs sénatoriaux, deux listes sont proposées aux conseillers municipaux : l’une de droite, obtient 8 à 9 voix, l’autre du Cartel des gauches en a 6 ou 7 et ses candidats sont battus. Le scrutin provoque une crise car Caperon et Girot, qui avaient appartenus à la Ligue de la République, se font élire par la droite. Briolay les traite de « renégats » et assure que l’entente impossible avec ceux qui ont soutenu le Bloc national pour ce vote sénatorial.
Les élections municipales de mai 1925 voient s’affronter trois listes. Celle du maire sortant, dite Union républicaine et sociale, a désormais le soutien des formations de droite. Briolay prend la tête du Cartel des gauches (USC, SFIO, radicaux) et le parti communiste présente sa propre candidature. Au premier tour, Vel-Durand est devant avec 47,5% des suffrages exprimés ; les gauches sont à 28,4% et les communistes à 21,1%. Au second tour, la droite emporte les 27 sièges à pourvoir. Vel-Durand est réélu maire et a comme adjoints Stephen Durande, François Provin et Jules Beauvais.
Briolay, qui en est toujours le trésorier, se plaint de ce que le maire écarte les Vétérans de 1870 des cérémonies du souvenir en novembre 1925.
Le décès de Vel-Durand, en septembre 1928, conduit à de nouvelles élections, avec un paysage électoral comparable à celui de 1925. Cependant, cette fois-ci, c’est la liste de la gauche républicaine, conduite par Briolay, qui arrive en premier ; elle comprend un socialiste SFIO et un socialiste indépendant pour les trois postes à pourvoir. Briolay est élu conseiller municipal au second tour, comme ses deux colistiers, malgré le maintien des candidats communistes, avec 793 voix pour 1 667 suffrages exprimés (47,6%) sur 1 677 votants et 2 995 inscrits. À noter qu’au premier tour, le parti communiste avait présenté une candidate, Mme Martin, dont les bulletins n’ont pas été comptés, les femmes n’étant à cette date pas éligibles. Stephen Durande devient maire de Joinville. François Provin et Louis Caillon sont ses adjoints.
À suivre
Georges Émile Briolay
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