Suite de la biographie de René Kirbühler
Alors qu’un accord électoral avait été conclu avec les radicaux-socialistes en septembre 1934, l’Union des républicains décide d’y mettre fin en avril 1935, avant le scrutin municipal : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février, des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». Ses candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action. »
René Kirbühler figure de nouveau sur la liste de l’Union des républicains de Joinville, qui comprend neuf sortants et deux anciens conseillers municipaux. Au premier tour, elle arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches républicaines de la majorité radicale-socialiste (26,8%) et deux listes de gauche, les communistes (23,5%) et les socialistes (12,3%). Kirbühler recueille voix 925 pour 2 856 suffrages exprimés (32,4%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.
Au second tour, les deux premières listes se maintiennent, tandis que celles de gauche fusionnent. La droite arrive légèrement en tête, avec 41%, devant la gauche unie à 39%, tandis que les radicaux du maire sortant Briolay régressent à 20%. Le conseil municipal se compose de 25 élus de droite et deux communistes. Kirbühler est élu avec 1 140 voix pour 2 899 suffrages exprimés (39,3%) et 2 924 votants.
Analysant le résultat, les élus de droite considèrent que « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »
Lors de l’élection de la municipalité, Léon Lesestre est élu maire, tandis que Charles Chaussée, Louis Caillon, Jean Béal et René Kirbühler deviennent adjoints, François Decrombecque étant désigné syndic. L’hebdomadaire libéral Union régionale commente : « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains » ; son concurrent radical Voix des communes apprécie : « Kirbühler, tout jeune, plein d’activité ». Au sein de l’exécutif, il est en charge des bâtiments communaux.
On retrouve Kirbühler en tant qu’électeur sénatorial en octobre 1935. Il représente Joinville au banquet des Intérêts Économiques à Saint-Denis en novembre 1935. Sur le plan professionnel, il dirige le syndicat professionnel de l’ameublement.
Continuant à s’occuper du basket, Kirbühler provoque le départ de cette équipe de l'Union et Espérance Sportive de Joinville, dans laquelle elle avait fusionné en 1934, pour recréer l’Espérance Sportive de Joinville en mars 1938. Il devient vice-président du club reconstitué, qui est présidé par H. Chabot. Il comprend les sections suivantes : préparation militaire, marche et natation, athlétisme et basket, escrime, scolaires. Son siège est boulevard de Polangis à Joinville.
René Kirbühler passe, en juin 1939, par l’école militaire d’administration de Vincennes. Il est affecté au début de la deuxième guerre mondiale au 222e régiment régional de travailleurs, puis, en mars 1940, au 213e dépôt d’infanterie, basé à Versailles. Kirbühler poursuit son mandat après sa démobilisation. Il participe notamment, avec l’ensemble du bureau municipal au Noël du maréchal organisé en décembre 1941 par le Secours national d’entraide du maréchal, créé en référence au chef de l’État, Philippe Pétain. Le maire, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France. »
La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par décret, le 21 février 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler sont renommés adjoints, Frédéric Bautsch remplaçant Caillon pour le quatrième poste ; Lesestre avait déjà été maintenu en place, Decrombecque n’est pas renommé. Kirbühler exerce son mandat jusqu’en 1944.
Le jour de la Libération de Joinville, le 25 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération. Ils sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »
Ni l’activité pendant la guerre, ni les six mois d’incarcération ne semblent avoir de conséquences durables pour René Kirbühler. Il devient directeur de l'école professionnelle de la chambre des apprentis de l'ameublement et reçoit, en 1967, une décoration à ce titre.
René Kirbühler se marie en août 1960 à Villejuif (Val-de-Marne) avec Liane Valdemont. Il meurt le 7 juin 1974 à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). Il était âgé de 73 ans.
Décoré de la médaille de bronze de l’Éducation physique en août 1938, il avait également reçu les Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en février 1939 puis comme commandeur en 1967.
Fin
Lettre du comité d’épuration en 1945
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