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27 avril 2022 3 27 /04 /avril /2022 00:01

Antoine Albert Eugène Dufeutrelle naît le 4 janvier 1865 à Lyon (3e arr.). Il est le fils de Marie Adèle Balmont et de son époux Jean Baptiste Eugène Dufeutrelle, ingénieur de la Compagnie du chemin de fer de Paris Lyon Méditerranée (PLM).

Devenu lui aussi employé du PLM, Antoine Dufeutrelle vit avec ses parents à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue des Ormes. Il est préparateur pour les expériences scientifiques conduites dans le cadre de l’association Polytechnique à Charenton.

Le dimanche 5 septembre 1886, Antoine Dufeutrelle va se promener à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en compagnie de son amoureuse, Hélène Castel. Ils dînent ensemble, dans un restaurant des bords de Marne (l’établissement Hardy) puis se dirigent vers la gare de Joinville, au travers du bois Bénard, partie du Bois de Vincennes qui sépare la rivière de la station de chemin de fer, qu’ils traversent dans la nuit vers dix heures du soir.

Voyant un homme se dresser devant eux, Dufeutrelle se croyant en présence d'un malfaiteur, porta un coup de canne à l'individu, qui l’abattit à bout portant d’une balle de revolver entre les deux yeux. Des promeneurs, accourus au bruit du coup de feu, arrêtent le meurtrier et le remettent à un gendarme appelé par la jeune fille qui accompagnait Dufeutrelle. Il s’agit du maréchal des logis de gendarmerie, Eugène Cabis, de la brigade de Joinville. Du fait des circonstances et de la qualité du meurtrier, la mort de Dufeutrelle eut un écho considérable dans la presse nationale, ainsi que dans les journaux locaux, mais on trouve également des articles à ce sujet dans organes internationaux comme le Taranaki Herald (Nouvelle-Zélande), le South Wales Echo (Pays de Galles), le Nieuwe Amersfoortsche Courant (Pays-Bas) ou le Times (Angleterre). Pour la seule France, le site Rétronews recense plus de 600 publications de presse pour l’année 1886 consacrées à l’affaire dans 69 quotidiens.

L’affaire prend un tour politique, entre des défenseurs inconditionnels de l’armée et, notamment dans les mouvements socialistes-révolutionnaires, des personnes reprochant l’impunité des agents des forces de l’ordre quand ils commettent des crimes ou délits.

Les obsèques d’Antoine Dufeutrelle eurent lieu le 11 septembre 1886 en l’église de Charenton, en présence de 6 000 personnes selon la presse. Deux allocutions furent prononcées, l’une par M. Balacey, responsable de l’association Polytechnique, l’autre par M. Fernando, qui se présentait comme un ami d’enfance et disait parler au nom de la jeunesse de Charenton, il considéra que Dufeutrelle « avait été victime d'un horrible assassinat. »

Laissé d’abord libre, Cabis, après une courte instruction, est finalement incarcéré puis jugé par le deuxième conseil de guerre de Paris les 12 et 13 octobre 1886 car relevant du statut militaire. Il est acquitté par quatre membres du jury contre trois, au bénéfice de la « légitime défense ». La cour a écarté le dossier remis par son père et l’enquête faite par des amis de la victime. Il doit cependant quitter l’armée.

Le père d’Antoine Dufeutrelle annonce vouloir lancer une action civile, faute de condamnation pénale, mais semble y avoir renoncé, Cabis apparaissant comme insolvable.

Antoine Dufeutrelle

 

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