Salomon Sabkowski naît le 12 avril 1888 à Paris (4e arr.). Ses parents sont des juifs originaires de Pologne, Samuel Sabkowski et Malvina Deitcher, marchands ambulants. Ils vivent rue Saint-Paul, dans le quartier du Marais.
Âgé de 11 ans, Salomon Sabkowski, qui accompagnait son père dans une tournée commerciale à Bayeux (Calvados), meurt dans des conditions non éclaircies, mais qualifiées par plusieurs organes de presse de « crime antisémite. »
Le registre d’état-civil mentionne qu’il a été retrouvé décédé sur la rivière d’Aure, à Bayeux, au lieudit Le Moulin à tan, le 16 août 1899.
Ayant rencontré son père à Montmartre (Paris, 18e arr.), où il vendait du nougat la nuit, le journaliste Jacques Prolo (pseudonyme de Jean Pausader) raconte son « effroyable aventure » dans le quotidien anarchiste de Louis Noir, Le Journal du peuple. D’autres journaux reproduisent l’article, par exemple L'Égalité de Roubaix-Tourcoing ou L'Univers israélite.
En août 1899, Salomon accompagne son père qui profite d’une fête à Bayeux pour y vendre des jouets. Dans la soirée, le père est verbalement agressé et traité de « sale youpin ». Il poursuit cependant son commerce mais, vers une heure et demie du matin, Salomon étant harassé, il le couche, enveloppé dans son pardessus, sur une table sous la tente dressée dans la cour de l’auberge Lecot, rue aux Pommes.
Reparti vendre ses objets sur la place où les danses continuaient, Samuel Sabkowski revint vers trois heures ; il ne retrouva pas son fils. Il fait de vaines recherches, personne n’ayant vu le gamin sortir de l’auberge. Le matin, il s’adressa au bureau de police. Après avoir ouvert les vannes d’un moulin à tan, proche de l’hôtellerie, on découvrit le cadavre. Si le rédacteur estime qu’une enquête s’imposait, le commissaire fut d’un avis différent. Il fit inhumer le corps de l’enfant sans procéder à l’autopsie. Au père, qui s’étonnait, il répondit : « Estimez-vous bien heureux d’avoir retrouvé votre fils. »
Jacques Prolo remarque pourtant que le contexte aurait nécessité une investigation, mentionnant les menaces qu’avait reçues le père e la proximité de bandes racistes à Caen, préfecture du Calvados.
Le Journal du peuple et les organes de presse qui reprennent l’article posent la question : « est-ce un crime antisémite ? »
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