Alphonse Winoc Lucien Marie Depasse naît le 27 juin 1845 à Armentières (Nord). Il est le fils de Marie Louise Théry Lucien et de son époux, Auguste Joseph Depasse, régent du collège. En 1850, la famille vit dans la commune voisine de Tourcoing.
Devenu comptable et installé, avec ses parents, à Paris, Alphonse Depasse va s’associer avec Louise Clémence Adeline Spilliaert, originaire de Bergues (Nord), veuve d’Henri Constantin Laridan et fabricante en bonneterie. D’abord représentant en 1875, Alphonse Depasse devient associé de la société V. Laridan et Cie, fondée en 1877, en assure la direction au moins depuis 1881 puis reprend l’ensemble de l’activité à son nom en 1884. L’établissement fabrique des châles, sorties de bal, manteaux, gilets de chasse, jupons, bas et chaussettes. Il dispose d’ateliers de production en Picardie, à Puteaux (Seine) et à Roanne (Loire).
En juin 1875 à Paris (3e arr.), Alphonse Depasse avait épousé Fréna Clémence Laridan, fille de sa partenaire d’affaires. À partir de 1881, il va utiliser le nom de Depasse-Laridan pour l’ensemble des activités qu’il mène en rapport avec la bonneterie.
Cette année-là, Depasse-Laridan est secrétaire de la Chambre syndicale de la bonneterie en gros de Paris. Il en devient vice-président entre 1882 et 1886, puis président de 1886 à 1892.
Parallèlement, Depasse-Laridan représente son institution dans le Syndicat général de l'Union nationale du commerce et de l’industrie. Créé en 1866, c’est l’une des plus anciennes organisations patronales en France, après le Groupe des chambres syndicales de l’industrie et du bâtiment (héritier du Groupe de la Sainte-Chapelle, créé en 1821) et du Groupe des syndicats du commerce du bois (remontant à 1826). Le Syndicat général regroupe plus de 90 structures professionnelles. Siégeant au Syndicat général dès 1881, Depasse-Laridan en est secrétaire en 1886 puis vice-président de 1887 à 1891. Enfin, il participe, sans toutefois y exercer de mandat, aux activités de la Chambre syndicale des comptables.
L’activité de Depasse-Laridan dans les organismes professionnels fut très intense. S’attachant à défendre les intérêts économiques des entreprises, il a une préoccupation sociale assez élevée, qui l’amène à se heurter parfois à des patrons ayant une vision plus traditionnelle de leur fonction.
Ses premiers combats, en 1881, sont sur le terrain judiciaire. Il critique le monopole des agréés des tribunaux de commerce, puis plaide pour une refonte du droit des faillites, en faveur d’une limitation des engagements des commerçants sur leur patrimoine privé.
En 1883, il intervient auprès du ministre des postes et télégraphes afin d'obtenir que le prix des colis postaux entre la province et Paris soit le même que pour ceux expédiés en sens inverse, moins chers.
La même année, il défend l’idée qu’il y a une injustice à faire juger les différends entre patrons et employés par les tribunaux du commerce, dans lesquels siègent des représentants des chefs d’entreprises mais pas des salariés, alors que les ouvriers ont accès à des juridictions paritaires avec les prud’hommes. Il revendique donc qu’on élise des représentants des employés dans les Chambres de commerce pour assurer cette représentation. Le projet est contesté par plusieurs de ses collègues, mais Depasse-Laridan obtient leur soutien en assurant qu’il a déjà pour partisans la Chambre syndicale des comptables et le Congrès ouvrier tenu à Lille au mois d'août 1883. Plusieurs journaux, sensibles aux questions sociales, comme Le Globe et La Ville de Paris y sont également favorables. Les patrons du Syndicat général l’adoptent à l'unanimité moins deux voix. L'Union fraternelle des employés approuve encore le projet en avril 1885.
A suivre

commenter cet article …