Fin de la biographie d'Alphonse Depasse.
Attaché au développement de l’apprentissage, Depasse-Laridan essaie, en 1886, de convaincre ses collègues de l’utilité de faire des expositions annuelles des travaux de toutes les écoles professionnelles. Si la Chambre syndicale de la bijouterie l’appuie, plusieurs autres professions sont réticentes et le Syndicat général lui-même reste dans une prudente réserve.
Suite au rapport présenté en juin 1886 d’une commission d'enquête nommée par la Chambre des députés sur « la crise commerciale et industrielle », Depasse-Laridan s'élève la « manie de la sténographie », s’inquiétant que le constat fait par les employeurs français que, à égalité de qualité, ils sont obligés de vendre plus cher que les Allemands, soit porté à la connaissance de ces derniers. Estimant que les parlementaires sont ignorants des questions économiques, Depasse-Laridan plaide pour la mise en place d’un Conseil supérieur économique.
La même année, Depasse-Laridan soutient la création d’une « marque de fabrique nationale » pour protéger des imitations les produits d’origine française, comme le cognac.
Toujours en 1886, Depasse-Laridan s’adresse à la Chambre de commerce de Troyes (Aube), haut-lieu du textile en France, pour lui proposer qu’elle crée une école nationale professionnelle de bonneterie, que la Chambre syndicale de la bonneterie parisienne financerait également, avec les organismes consulaires de Nîmes, Amiens et Roanne. Le projet aboutira trois ans plus tard.
À partir de 1888, se lance dans une propagande pour le mutualisme, dans lequel il voit le seul moyen pour défendre les « petits commerçants honnêtes » face aux grands magasins. Il prend l’initiative de fonder La Mutuelle Commerciale en avril 1888 et en devient le président ; mais ce sera un échec, et la société est dissoute dès août 1889.
Depasse-Laridan fait partie des commissions d’admission des articles de bonneterie et de lingerie pour l’exposition internationale de Melbourne en 1888 et l’exposition universelle de Paris pour le centenaire de la Révolution. Il contribue aussi à l’exposition des arts de la femme de 1892.
Lors d’une séance de la Chambre syndicale de la bonneterie qu’il préside toujours en mai 1891, Depasse-Laridan accueille avec faveur l’intervention d’un de ses collègues, M. Bernheim qui propose de créer des institutions en faveur des ouvriers. Il cite les pensions de retraite, les sociétés de secours mutuels et les assurances contre les accidents.
Ce sera pratiquement la dernière contribution d’Alphonse Depasse au débat social national puisqu’en 1892, il abandonne ses mandats syndicaux et cesse son activité de fabricant. Il quitte la rue des Bourdonnais à Paris (3e arr.) où il résidait et s’installe avec sa famille à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue des Cliquettes (act. rue Émile-Moutier). Depasse reprend sa profession de comptable et son nom patronymique. Il reste lié à la bonneterie, car il est en 1911 chef de comptabilité chez Bernheim et avait été désigné président d’honneur de la chambre syndicale.
Son activité publique est plus orientée vers le terrain local. Il participe au comité radical-socialiste qui soutient la candidature d’Adolphe Maujan, député puis sénateur radical-socialiste modéré, sous-secrétaire d’État à l'Intérieur dans le gouvernement Clemenceau en 1906. Il y discute la question de la participation des ouvriers et employés aux bénéfices des entreprises. Ce thème lui était cher, car il avait adhéré en 1890 à la Société de la participation aux bénéfices. Mais il constate en 1909 qu’il est « sans grand succès », ce qu’il attribue à la méfiance de l’ouvrier sur les déclarations de l’employeur.
Sensible aux situations humanitaires, Depasse était membre de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge française) de 1886 à 1889.
Pendant la première guerre mondiale, il prend la succession du Dr Pierre Vallat, mobilisé comme ses deux vice-présidents, en tant que président de la Mutualité scolaire de Joinville. Elle compte 165 adhérents en 1916-1917 et assure, pour une cotisation de trois francs par an, des indemnités en cas maladie d’enfant. La moitié des versements, soit 10 centimes par semaine, sont conservés pour constituer un livret pour la retraite.
Depasse s’exprime à plusieurs reprises entre 1916 et 1918 dans les deux principaux journaux locaux, les hebdomadaires Gazette de l’Est et Voix des communes. Il y évoque sa mutuelle et la société de l’Allaitement maternel, dans laquelle milite son épouse.
En novembre 1919, Depasse est candidat lors des élections municipales de Joinville-le-Pont, sur la liste du Bloc indépendant, conduite par Jules Beauvais. La liste rassemble des conservateurs et des libéraux, qui s’étaient alliés au second tour en 1912 avec les radicaux dissidents et les socialistes pour battre les radicaux-socialistes sortants. Après la guerre, le maire (qui meurt le soir du deuxième tour) n’était pas candidat et son ancien adjoint, Henri Vel-Durand, reprit le flambeau, avec le soutien cette fois des radicaux-socialistes. Devancée au premier tour par la liste Vel-Durand et par les socialistes, le Bloc indépendant se retire avant le second tour et n’a pas d’élu.
Depasse avait obtenu 401 voix pour 1694 suffrages exprimés (23,7%) avec 1715 votants sur 2491 inscrits.
Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en 1895, Alphonse Depasse, qui résidait à Joinville et était âgé de 74 ans en 1919, meurt à une date inconnue. Son épouse était toujours active dans des associations humanitaires de la commune en 1928. Ils avaient eu deux enfants.
Le frère d’Alphonse, Hector Depasse (1842-1911), homme de lettres, résidant à Neuilly-sur-Seine, fut conseiller municipal de Paris de 1881 à 1890, chef de cabinet du ministre de l'Instruction publique Eugène Spuller en 1893-1894 puis député de la Seine de 1906 à 1911. Il était membre du groupe radical-socialiste.
Hector Depasse, député de la Seine

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